Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon de Alphonse Daudet

Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon de Alphonse Daudet

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Mallollo, le 26 février 2009 (Inscrite le 16 janvier 2006, 41 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (24 934ème position).
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Tartaring de Tarascong

Alphonse Daudet, ou Tartarin de Tarascon (et vice-versa), c'est d'abord le soleil, l'accent méridional chantant, et un côté vieillot dans l'écriture, qui rappelle l'époque où on lisait la Comtesse de Ségur.

Tartarin de Tarascon, comme son nom l'indique, vit à Tarascon. Et n'a jamais mis les pieds hors de Tarascon. Ou en rêves, lorsqu'il s'imagine aventurier, baroudeur, chasseur de fauves. Il faut dire que Tartarin-Quichote et Tartarin-Sancho n'ont pas les mêmes ambitions dans la vie, ce qui peut être gênant quand il s'agit de deux faces... d'un même Tartarin!
Tartarin-Quichote se rêve fort, intrépide, baroudeur, manie l'épée et les fusils d'une main, repousse les ennemis, vaillamment. Tartarin-Sancho, lui, aime l'épaisseur de son fauteuil, son jardin paisible, est un as de la chasse à la casquette.

Ces deux demis-bonshommes se côtoient tranquillement, jusqu'au jour où les Tarasconnais, n'en pouvant plus d'entendre le brave Tartarin se vanter de vouloir partir chasser le lion en Algérie, finissent par l'y pousser, remettant en cause sa bravoure. C'est Tartarin-Sancho qui cède, Tartarin-Quichote qui empaquette armes et conserves.

La suite de l'histoire, je ne la raconterai pas... il y est question de voyage difficile, d'amitié princière, de découvertes d'autres moeurs, d'autres animaux (et des lions?), d'amoûûûr, de trahison, de vol, de chasse au lion (au lion, vraiment?) puisque c'est le but de ce voyage, de quiproquos, de chameau et d'un retour héroïque.

Si je me demande ce que j'en ai pensé, je me dis que j'ai passé là un bon moment. Une lecture sympathique et savoureuse, qui sent bon le sud. Un récit court, qui se prête bien à la lecture à haute voix, Daudet ayant ce talent de conteur qu'on rencontrait tellement plus souvent à l'époque où les livres étaient plutôt dits que vus. J'ai particulièrement aimé les derniers chapitres, qui racontent l'épisode du chameau fidèle! Par contre, les considérations d'époque et l'utilisation systématique de certains termes et expressions raciales (les nègres, les mauresques, les clichés du « bon sauvage », etc.) me mettent toujours un peu mal à l'aise. Autre époque, autres moeurs; mais cet aspect-là du récit a énormément vieilli...

Un petit extrait tout de même pour donner envie de goûter à ce style si "daudesque":

« Tartarin », fit l’ancien capitaine avec autorité, Tartarin, il faut partir ! » Et il restait debout dans l’encadrement de la porte — rigide et grand comme le devoir.

Tout ce qu’il y avait dans ce « Tartarin, il faut partir ! » Tartarin de Tarascon le comprit.

Très pâle, il se leva, regarda autour de lui d’un œil attendri ce joli cabinet, bien clos, plein de chaleur et de lumière douce, ce large fauteuil si commode, ses livres, son tapis, les grands stores blancs de ses fenêtres, derrière lesquels tremblaient les branches grêles du petit jardin ; puis, s’avançant vers le brave commandant, il lui prit la main, la serra avec énergie et, d’une voix où roulaient des larmes, stoïque cependant, il lui dit : « Je partirai, Bravida ! »

Et il partit comme il l’avait dit. Seulement pas encore tout de suite… il lui fallut le temps de s’outiller.

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Farce de Tarascon

8 étoiles

Critique de Jordanévie (, Inscrite le 27 septembre 2022, 48 ans) - 6 avril 2024

A Tarascon, on peut pousser l'exagération au plus haut point.
Tartarin de Tarascon en est la preuve. C'est un joyeux luron, un brin peureux tout de même, qui est passionné d'aventures.
Sa naïveté va lui servir au mieux lors de ses péripéties rocambolesques.
Même la chasse aux lions pourtant réputée dangereuse va être tournée en fable comique par Tartarin.
Tartarin a peur de tout mais pour ne pas perdre la face, le valeureux va se trouver embarqué dans des histoires les unes plus folles que les autres.
Agréable moment passé en compagnie du très célèbre Tartarin de Tarascon.

Se laisse lire

1 étoiles

Critique de Lolita (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans) - 30 mars 2014

Autant j'ai beaucoup aimé les "Lettres de mon moulin", autant je me suis encore plus délectée des "Contes du lundi", autant je n'ai pas du tout accroché avec cette oeuvre de Daudet.

Lecture amusante mais je n'en garde aucun souvenir périssable, comparé aux autres oeuvres précédemment citées.

J'adore

10 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 41 ans) - 10 mai 2009

J'adore Daudet, particulièrement les "Lettres..." et ce court roman de galéjade, totalement délirant et envoûtant. On suit les aventures (ou plutôt, mésaventures...) de ce méridional vantard et cocasse avec plaisir. Un vrai petit chef d'oeuvre !

Sérieuse faribole.

8 étoiles

Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 9 mai 2009

Qu'il est sympathique ce pauvre couillon de Tartarin, bonne mère.
Fanfaron, hâbleur, maître de la vantardise, fier à bras et fort en gueule comme peuvent l'être les gens du cru. Car enfin, qu'est ce que ces tartarinades sinon le plus doux reflet des âmes du pays. Pas une cigale, pas un grillon dans ce récit, créatures trop débiles pour le héros. Il lui faut un défi à sa mesure, un fauve, le roi des animaux, le LION. De galéjades, en couillonneries, cette histoire est aussi rafraîchissante qu'une anisette sous les platanes. Que dire des laudateurs du héros, les notables du village, qui à force d'escagasser le brave Tartarin, l'homme aux " doubles muscles", vont le contraindre à partir mener son aventure. Tous les personnages se font écho pour tisser cette merveilleuse fable méridionale, aux " accents d' huile d'olive". Ne nous en voulez pas trop amis de Mistral, Roumanille, Daudet, Pagnol, des Tartarins il y en partout, le vôtre est le plus emblématique.

« Es uno galejado… »

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans) - 22 avril 2009

Dans ma prime adolescence, à l’époque de la communale, déjà dévoreur de livres, j’avais éprouvé une grande frustration à la lecture des aventures de Tartarin de Tarascon et de Daudet. Dans ma campagne jurassienne, je rêvais de fauves géants et terrifiants et de chasses homériques et héroïques, mais dans ce livre il n’y avait rien que des histoires sans intérêt, de la parlotte, du blabla, etc… c’est tout !

Sur le conseil d’amis lecteurs aussi assidus qu’acharnés, j’ai repris ce livre pour une nouvelle lecture et bien m’en a pris. Bien sûr, j’ai aimé cette satire de ces fiers à bras et forts en gueule qui savent tout, ont tout vu, tout connu et sont convaincus que le monde est trop étroit pour eux et leur talent, comme ce brave Tartarin, champion de la chasse à la casquette et animateur adulé des soirées locales, qui rêvent de chasses héroïques face aux grands fauves d’Afrique. Et, comme à force d’y penser, on finit par y croire, Tartarin ne peut résister à la pression populaire qui le désigne comme le héros de la chasse aux lions, et s’embarque pour l’Algérie où il a choisi de chasser ce grand fauve. Et l’aventure tout aussi rocambolesque que picaresque entraîne notre héros dans des situations toutes plus désopilantes les unes que les autres mais toutes aussi ridicules pour le candide chasseur.

Cette gentille satire a été très mal acceptée par la population de Tarascon qui l’a reçue comme une sorte d’insulte à son endroit et Daudet a dû batailler ferme pendant de nombreuses années pour expliquer qu’il n’avait aucune mauvaise intention à l’endroit des habitants da la ville mais qu’il souhaitait simplement écrire un divertissement. « Es uno galjado… » explique-t-il dans une note en fin d’ouvrage. Toutefois Daudet n’arrivera pas à nous faire croire que c’est une simple galéjade qu’il a écrite et qu’il n’a pas pensé à ceux qu’ils stigmatisent quand il rapporte : « Pour ma part, mon émotion est toujours la même, quand à propos d’un passant de la vie, d’un des mile fantoches de la comédie politique, artistique ou mondaine, j’entends dire : « C’est un Tartarin … », ceux qui débarquent dans nos provinces qu’ils croient encore reculées, avec leur uniforme ou leur costume guindé pour pavaner et épater les foules ébaubies sans crainte du ridicule le plus profond.

Et, au-delà de la satire sociale, ne pourrions-nous pas penser que Daudet nous invite aussi à croire que les hommes sont bien tels que nous les voyons et non tels qu’ils croient être ? « L’homme du Midi ne ment pas, il se trompe. Il ne dit pas toujours la vérité, mais il croit la dire… » et il finit par y croire pour de bon, comme tous les hommes d’ailleurs, et c’est peut-être comme ça que se construisent les renommées, les réputations et les légendes et que les Tartarins et autres pantins envahissent et envahiront toujours notre espace vital.

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