La confession impudique de Junichirô Tanizaki
( Kagi)
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

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Duplicité et lascivité
Un homme vieillissant ne possède plus la vigueur suffisante pour satisfaire les besoins de sa femme.
Comme en plus celle-ci est d'un caractère extrêmement lascif (elle est chaude si vous préférez) et qu'en outre elle possède un organe exceptionnel, notre homme est d'autant plus frustré de ne pas pouvoir rivaliser avec elle sur le plan sexuel.
Sa femme étant très pudique il est hors de question d'aborder le sujet directement. Il choisit de consigner ses pensées dans un journal intime, journal qu'il laisse en évidence en espérant que sa femme le lira. Par ailleurs sa femme écrit elle-même un journal intime, en supposant également que son mari le lira.
L'auteur nous livre en alternance le contenu de ces deux journaux par l'intermédiaire desquels les deux époux se livrent à un jeu pervers et dangereux. Il aura le mérite de permettre à l'homme de retrouver une sexualité débordante mais ce ne sera pas sans conséquences funestes.
On reste pantois devant tant de duplicité et de lascivité. Il n'en reste pas moins que Tanizaki est un des grand écrivains japonais du siècle passé et que ce livre est très bien écrit. Dans un registre plus classique j'ai préféré le très beau 'Quatre soeurs' du même auteur.
Les éditions
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La Confession impudique [Texte imprimé] Junichiro Tanizaki traduit du japonais par G. Renondeau
de Tanizaki, Junichirô Renondeau, Gaston (Autre)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070369133 ; 6,90 € ; 04/02/1977 ; 181 p. ; Poche -
La Clef : La Confession impudique
de Tanizaki, Junichirô Bayard-Sakai, Anne (Traducteur)
Gallimard
ISBN : 9782070427604 ; 7,60 € ; 20/03/2003 ; 195 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (5)
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Sournois

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 39 ans) - 26 novembre 2013
L’occidentalisation du Japon et une certaine fascination pour les femmes, thèmes récurrents de l’œuvre de Tanizaki sont de nouveau présents au sein de cette confession impudique.
Que dire d’un tel roman ? Tout simplement que le procédé par journaux intimes interposés employé par l’auteur est terriblement efficace jusqu’à un point essentiel de l’histoire. Une fois ce point franchi, effectivement le roman perd de son intérêt. L’analyse des personnages est fine et tout réside dans la description des sentiments, des attentes, des manipulations et des envies de ce couple singulier.
Parfois j’ai eu l’impression de lire les liaisons dangereuses en version made in Japan. Le livre n’a d’ailleurs que peu vieilli tant le sujet des relations homme/femme est intemporel. Le style est simple et concis, efficace rendant la lecture aisée et agréable.
Un roman qui laisse un petit goût amer au fond de la bouche pour sa sournoiserie.
Pervers mais dignes

Critique de Grubzul (Montreuil sous Bois, Inscrite le 17 octobre 2008, 60 ans) - 17 décembre 2008
D’étranges jeux sexuels nous sont dévoilés dans une mise en scène scabreuse où chacun manipule l’autre -et même les autres-, où le dégoût, le refoulement et la jalousie deviennent les moteurs du désir et du plaisir dans une société japonaise où il est d’usage de rester hypocritement digne en toute circonstance jusque dans la chambre à coucher mais où « … chacun avec des arrière-pensées différentes, se donne un mal fou pour obtenir que ma femme se déprave le plus possible ». Hypocrisie toujours quand Madame se prétend fidèle à son mari au prétexte qu’elle l’aide à retrouver sa virilité égarée en suscitant sa jalousie : je te fais redevenir homme, ce qui me lave de mes écarts. CQFD.
Une sexualité assouvie principalement dans le fantasme d’une déconcertante désuétude : le doigt de pied qui dépasse de la couverture perçu comme une invitation à la débauche, le lobe de l’oreille d’un blanc propre à déclencher une libido débordante, les jambes érotiquement arquées de l’épouse, le tout sans l’ombre d’un mouvement, d’un souffle ou d’un murmure comme le ferait une femme aimant s’adonner aux jeux de l’amour. Ikuko a des besoins insatiables mais ne sait rien des gestes amoureux ni des préliminaires, ne savourant son plaisir résolument contenu que dans le noir dans une débordante passivité, autant dire qu’elle a autant de tempérament qu’un poulpe, du moins en présence de son mari qu’elle dit adorer mais qui la rebute physiquement. Une femme pudibonde au point de n’avoir jamais vu sa propre nudité ni celle de son époux dont elle ne connait visuellement que le visage et vaguement le torse, lesquels ne lui inspirent qu’un sentiment d’effroi.
Tout au long de l’histoire on reste coincé entre je sais que tu sais que je sais mais on fait comme si aucun ne savait. Et la perversité continuera après la dernière ligne du roman puisque trois des personnages devront finalement « cohabiter » sexuellement pour préserver l’honneur familial. Un comble !
Un roman où le vice et la vertu s’interpénètrent pour donner libre cours à un fantasme trouble, celui qu’on ne peut dévoiler sans s’entacher mais qui se laisse à lire à l’esprit tordu de l’autre dans un pacte muet où se mêlent les pensées les plus viles, de celles qu’il nous arrive d’effleurer parfois mais qu’on ne laisse pas s’incruster. L’intérêt de ce livre est que l’auteur nous laisse entrevoir qu’on pourrait (tous) succomber à la perversité si on laissait notre côté obscur prendre le pouvoir.
Erotisme bourgeois dans le Japon d'après-guerre

Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 63 ans) - 18 janvier 2008
Autant dire que les charmes secrets sont, depuis, un peu éventés !
Mais l'idée, même si elle est d'époque, est plutôt originale.
D'un âge avancé, Monsieur commence à faiblir et peine à satisfaire Madame.
Histoire d'entretenir sa propre jalousie et donc sa flamme, il entreprend de tenir un journal intime racontant ses fantasmes.
Et en laissant soigneusement traîner la clef du tiroir, il s'assure que Madame lira bien ses «secrets».
[...] Plus j'affirmerai ne pas l'avoir lu, plus elle croira le contraire. Si, ne l'ayant pas lu, je passe quand même pour l'avoir fait, autant le lire, pourrais-je me dire, mais malgré tout je maintiens absolument ne pas l'avoir lu.
Pour ne pas être en reste, sa femme gourmande ouvre elle aussi un journal intime (à l'époque, on n'appelait pas encore ça des blogs).
[...] Autrement dit, désormais, je m'adresserai indirectement à lui par ce moyen. Ce que je serais trop honteuse de lui dire en face, je peux ainsi le lui transmettre.
Contrairement à ce qu'on pourrait supposer, cette situation n'est pas le prétexte à différentes descriptions plus ou moins osées (on est en 1956 au Japon, et pas en 1968 à San Francisco).
Certes on n'y parle pas que de fleurs et de petits oiseaux (Madame est quand même dotée, je cite page 13, « d'un organe absolument exceptionnel », sic !), mais tout le charme de ce badinage libertin repose sur la position alambiquée des deux personnages et des tiers qu'ils veulent bien mêler à leurs jeux : c'est la règle du «je sais que tu sais que je lis ...» (jeu c'est que tu lis ... ?) avec toutes ses déclinaisons.
Comment amener l'autre (qui lira forcément ce que l'on écrit soi-disant en secret) à comprendre ce qu'il doit faire ou accepter (sachant qu'on lira ensuite ce qu'il aura écrit en secret, ...).
Du sexe oui, mais du sexe cérébral ! Une sorte de marivaudage à la mode nipponne, dans le cadre bourgeois et officiellement bien-pensant d'un couple japonais de l'immédiat après-guerre.
Le tout est de savoir qui manipulera l'autre, qui saura faire preuve de la plus grande duplicité et finalement, qui écrira le dernier mot dans son journal intime ... page 196.
On n'en dit pas plus pour ne pas trop en « dévoiler » mais sachez qu'on aurait presque pu classer ce petit bouquin dans les polars ...
La femme selon Tanizaki

Critique de Duncan (Liège, Inscrit le 21 février 2004, 42 ans) - 10 novembre 2004
Que ce soit dans les "Quatre soeurs", "Un amour insensé" ou "Le coupeur de roseaux"...
La femme manipulatrice qui fait perdre sa raison à l'homme (ici, sa vie... et sciemment d'ailleurs, sur les conseils avisés de l'amant...). La femme à deux visages, l'épouse et la maîtresse ; la fidélité et la duplicité. Et l'homme en "victime".
Je partage l'avis de Darius: le livre est très intéressant jusqu'à la mort du mari... ensuite, c'est nettement plus "ennuyeux" et "brouillon" (heureusement cette partie "finale" est fort brève)
Un très bon roman mais, dans ce style, j'ai malgré tout préféré "un Amour insensé" du même auteur...
Les confessions d'un vieil homme..

Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 17 décembre 2001
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