Edith Cresson, la femme piégée de Élisabeth Schemla

Edith Cresson, la femme piégée de Élisabeth Schemla

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Veneziano, le 19 octobre 2008 (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans)
La note : 7 étoiles
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Comment durer en politique

Pour paraître légitime et durer en politique, il est nécessaire de tenir des troupes au sein de son parti, connaître et utiliser les codes de l'administration que l'on est appelé à gérer et maîtriser la cohérence et la solidarité de l'équipe que l'on dirige, surtout s'il s'agit d'un gouvernement. C'est la morale primordiale de l'histoire d'Edith Cresson.
Et l'auteur ne peut pas le cacher elle-même, elle qui fait tout pour dresser un dossier à décharge en faveur de cette femme pour qui elle semble hurler son admiration ; et ce livre apparaît donc comme un catalogue, ordonné chronologiquement, des circonstances atténuantes de ce passage-catastrophe à Matignon.
Et il est bien vrai qu'Edith Cresson n'est pas responsable de tous les maux dont elle a eu à souffrir : elle est finalement la victime de sa nomination, due comme une sorte de récompense de sa fidélité à François Mitterrand. Si le geste a priori assez beau, de la part de ce dernier, il s'avère assez léger, en la faveur de quelqu'un qui n'est à la tête d'aucune chapelle et qui n'a marqué son emprunte qu'à la mairie de Châtellereault.
Elle est donc lâchée de tous, dans sa propre équipe qu'elle n'a pas choisie, et par son parti. De plus, les médias plutôt proches de la majorité ne pardonnent pas le limogeage de Rocard et tirent à boulets rouges sur une proie assez facile.
A cela, s'ajoute une accumulation de bourdes de communication, une mauvaise maîtrise de l'oral, une gestion déplorable de la haute administration, un bagoût naturel, qui a en soi son charme, mais qui l'amène à des déclarations à l'emporte-pièce à contre-courant total de la contenance qu'une telle fonction impose.

Si ce passage a permis un déclic des mentalités, comme l'a prouvé l'enthousiasme subséquent à sa nomination, il est arrivé trop tôt, vu le flop de discours et de blagues sexistes dont elle a fait l'objet. Il est assez longuement fait état de sa caricature au Bébête Show, la montrant comme une nunuche pendue aux crochets du Président, ce qui n'est pas très digne, mais qui n'est qu'une caricature, qu'il faut savoir ignorer.

Ce témoignage est étrange. Si le combat que mène l'auteur est courageux et sa vision émouvante, le travers de cet ouvrage est de trop se livrer à l'émotionnel et de ne pas se assez clairement affirmer que le passage à une haute fonction politique nécessite de jouer des codes, des procédures et usages, qu'Edith a plus ou moins volontairement pris à rebrousse-poil, ce qui a tué l'opportunité et la pertinence des réformes menées. Qui plus est, elle s'est mis à dos son parti en voulant développer les PME d'une manière assez droitière, libérale.
En somme, si ce livre est intéressant, le regard de l'auteur manque de recul, et aussi ne date-t-il que d'une année après le départ d'Edith Cresson de Matignon. De plus, les circonstances précises et le contexte électoral, au lendemain des régionales de 1992, n'est pas exploité.

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