La meilleure part des hommes de Tristan Garcia

La meilleure part des hommes de Tristan Garcia

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Spiderman, le 29 septembre 2008 (Inscrit le 14 juin 2008, 61 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 541ème position).
Visites : 4 492 

La meilleure part ... de la critique germanopratine

Ce roman est intéressant et son écriture chaotique en phase avec les conflits décrits. La narratrice est crédible (qui est capable de distinguer le sexe d'une écriture, et encore plus son orientation sexuelle ???) et la fiction a des liens avec une terrible réalité : « Paris, années Sida », ainsi que l'indique le bandeau. La maladie est vécue soit comme une ordalie, l'enjeu d'une roulette russe, arborée comme un oriflamme, un cadeau transmis entre initiés... soit comme un combat fédérateur contre l'immobilisme médical et idéologique à travers une politique globale de santé. Le cruel débat intellectuel est pertinent entre partisans de la prévention et opposants presque paranoïaques, établissant des liens souvent délirants entre homophobie, antisémitisme et islamisme radical.
Mais voilà, tout se passe donc dans un petit cercle parisien ... assez bien décrit pour attirer la critique littéraire nombriliste et voici toute la nomenklatura médiatique qui se précipite autour de ce petit prodige : quelle merveille, ce jeune normalien est né en 1981 et il est hétérosexuel ... Ce serait donc aussi difficile de se mettre dans la peau de personnages différents de soi, d'être un romancier ?
Cela chatouille tellement tous ces mecs des années sida de se reconnaître dans tel ou tel : William serait-il Guillaume, Dominique serait Didier et Jean-Michel, Alain ?? Quel intérêt pour le lecteur ? Aucun, et l'auteur ne le revendique même pas.
Il n'empêche : plus de deux pages dans Têtu (n°136, p.24 à 26) tandis que L'Express salue la « naissance d'un écrivain » (n° 2981, p. 69).Les Inrockuptibles (n°670, p.117) ne peuvent s'empêcher de titrer "Dustan or not Dustan" un article très pertinent sur le geste littéraire du romancier, qui n'est pas documentaire, tout en l'illustrant d'une photo de ... Guillaume Dustan. On sera plus indulgent avec Dominique Fernandez qui avait déjà proclamé « La gloire du paria »(Grasset, 1987) et pour qui ce premier roman suffit à dépister « un authentique romancier » (Le Nouvel Observateur n°2287, p. 104-105); le personnage de Will offre de plus une certaine cohérence avec les conceptions de l'Académicien au sujet de la singularité homosexuelle et de la richesse créatrice qui en résulte.
D'autres auteurs, que ces médias ignorent avec obstination, ouvrent depuis des années de nouvelles voies dans l'écriture d'un monde où les pédés occupent une vraie place, au milieu de questions, d'aventures, de débats au moins aussi riches que les récents écrits d'un « premier de la classe ». A côté du petit nouveau (bienvenue au club, il va falloir y rester !), comment ne pas faire référence à ces valeurs sûres et vraiment novatrices que sont des écrivains de la trempe de Jean-Paul Tapie, Olivier Delorme ou Eric Jourdan ?

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Les éditions

  • La meilleure part des hommes [Texte imprimé], roman Tristan Garcia
    de Garcia, Tristan
    Gallimard
    ISBN : 9782070120642 ; 11,00 € ; 25/08/2008 ; 305 p. ; Broché
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Vivre seul, mourir seul

6 étoiles

Critique de Ben75011 (Paris 11e, Inscrit le 19 février 2014, 35 ans) - 8 juin 2015

Ce livre est une fiction mais qui s'ancre dans un contexte passé ayant parfaitement existé.
La narratrice Liz (Elisabeth), journaliste, fréquente principalement trois personnes tout au long de l'ouvrage. Leibovitz, son amant (hétérosexuel, de gauche), Dominique, homosexuel engagé de gauche, qui sort avec Will, jeune homo un peu singlé.

Tout l'intérêt de l'ouvrage réside dans le fait qu'il retrace les très sombres années de l'explosion du VIH (et fatalement le SIDA) depuis la fin des années 70 jusqu'en 2005. Avec le point de vue des communautés homosexuelles (celles qui prônent la prévention et celles qui assimilent cela à de la castration).

Je n'ai pas aimé la narration de l'auteur (très vivant, mais trop fouillis), il y a beaucoup de discours, les personnages (heureusement qu'il y en a peu) changent tout le temps, il faut bien suivre.
Sinon l'ouvrage est intéressant pour le fond, à lire pour en apprendre plus sur le VIH, et l'histoire du mouvement homosexuel à Paris durant ces terribles années.

Ce que j'ai retenu de cet ouvrage, c'est qu'on n'est jamais très entouré finalement que de ses amis les plus proches, et qu'il faut bien savoir prendre soin d'eux. Et que, malgré la progression de la recherche, le VIH aboutit encore malheureusement au Syndrome d'Immuno Déficience Acquise (SIDA) et les conséquences que nous connaissons tous.

Homos, hétéros, continuons à nous protéger. En tous temps, en toutes occasions.

La meilleure part des hommes

6 étoiles

Critique de Livrespourvous (, Inscrit le 6 mai 2010, 57 ans) - 6 mai 2010

Bon, tout d’abord on est bluffé par le talent narratif de Tristan Garcia. C’est un livre coup de poing qu’on accepte dans toute sa force et son propos, et c’est miraculeux.
C’est aussi le relief des trente dernières années et cela peine, car rien n’est vraiment resté et tout semble avoir glissé dans la mémoire éphémère.

La meilleure part des hommes est l’histoire de 3 héros : Elisabeth Levallois, journaliste à Libération, la narratrice du roman ; Dominique Rossi, ancien militant de gauche, journaliste aussi à Libération, fondateur du Stand, mouvement homosexuel contre le sida ; Willie, jeune paumé, écrivain provocateur, qui obéit aux caprices de la mode.
Bien sûr, Elisabeth dite Liz, présente à Dominique, Willie.
Les deux hommes auront une liaison de quelques années puis Willie se mettre à haïr Dominique, au point de lui reprocher de lui avoir refilé le sida.

Le décor est la période de 1980 à 2007, le Palace bien sûr, les morts du sida à la fin des années 80, le début du Sidaction.
Stand, c’est Act Up, mouvement salutaire et violent. Rossi emprunte certains traits à Didier Lestrade et derrière Willie, on reconnaît un peu Guillaume Dustan.
Sans oublier l’amant marié de Liz, Jean-Michel Leibowitz, derrière lequel on devine un peu de Bernard-Henri Levy.

Il manque peut-être dans ce livre, de vrais sentiments, car la vie de ces trois héros est finalement assez aseptisée, ce n’était sans doute pas le propos de Tristan Garcia.
Mais ce roman se lit très bien et très vite, même les passages sur le racisme et l’homophobie.

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