La compagnie des eaux de Jean-Luc Outers

La compagnie des eaux de Jean-Luc Outers

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Kinbote, le 29 octobre 2001 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 917ème position).
Visites : 3 331  (depuis Novembre 2007)

Eloge de la femme enceinte

Deux frères, Maxime et Valère. L’un est fasciné par la rondeur, les œufs et leur devenir. L'autre par les trous, dont un en particulier qu'il emploie à combler : celui, colossal, de la dette publique de l'état belge.
Dans le même ordre d'idée, Valère possède une attirance pour les femmes enceintes. Il perd parfois la femme avant terme ; c'est de toute façon un amour programmé pour s’éteindre, se dégonfler au moment de la conception. Valère n’aime le corps des femmes que fécondé par les autres. A l'enterrement de son père, il éprouve une troublante attirance pour Eva, la femme de son frère Maxime, qui attend un deuxième enfant. Bientôt il aura une liaison avec elle, une liaison tendre et charnelle, jamais triviale, ponctuée de baignades à la piscine communale et de siestes à deux.
Malgré le sujet, le propos n'est jamais scabreux, mais toujours déférent pour les femmes enceintes, à qui le livre est dédié . Celui-ci se clôt sur une belle image, un tableau, celui de Valère s'envolant tel un ballon d’hélium au milieu de femmes enceintes venues donner du pain aux canards.
On a l'impression que Jean-Luc Outers a épuisé son sujet, que les personnages ont un peu été asservi à cette fin et qu'ils n'ont pas, eux, dans l’aventure, prisonniers d’une symbolique trop prégnante, eu le loisir de s'écarter de la ligne fixée. Mais on s’en aperçoit à peine tant Outers a le talent de nous fait glisser sur le coussin d’air d’un style plaisant à ravir.

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Les éditions

  • La compagnie des eaux [Texte imprimé], roman Jean-Luc Outers
    de Outers, Jean-Luc
    Actes Sud / Un Endroit où aller.
    ISBN : 9782742732395 ; 20,90 € ; 20/02/2001 ; 267 p. ; Relié
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Eaux retenues, eaux libérées...

9 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 68 ans) - 6 avril 2002

Superbe livre.
Kinbote parle à juste titre du symbolisme de la scène finale. Mais les symboles sont omniprésents dans ce livre : l'eau, les oeufs sont les principaux. Les deux frères marqués de prénoms romains : Valère et Maxime. Comme l'empereur Valère-Maxime. Deux faces du même être, comme le dieu romain Janus. Comme les jumeaux Castor et Pollux, nés de l'OEUF de Léda... Eaux : liquide amniotique, océan, larmes, sueur, pluie, piscine, Compagnie des Eaux... Cette admirable scène où la femme enceinte nage dans une piscine : le bébé qu'elle porte, baignant dans le liquide amniotique, "nage au carré". Le titre initialement prévu pour le roman était : "Tout corps plongé dans un liquide..." Fantasme de cet homme incapable de faire l'amour à une femme autre qu'enceinte. Ecoulement du Temps, aussi : le Temps baudelairien qui "mange la vie", "qui vous laboure le corps de ses grandes aiguilles". Le Temps qui nous enlève les êtres les plus chers, tel le père dont la montre dit l'absence. Il est vrai que "la douleur rôde toujours du côté de l'amour".

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