Pannonica de Pauline Guéna

Pannonica de Pauline Guéna

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Guermantes, le 26 novembre 2007 (Bruxelles, Inscrit le 18 mars 2005, 76 ans)
La note : 6 étoiles
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Autour de Monk

Ce livre aurait tout aussi bien pu s’appeler « Thelonious » tant la figure de Monk y est présente presque à chaque page., mais bon, va pour Pannonica.
On se souviendra que la baronne Pannonica de Koenigswarter fut, des années 50 aux années 80, l’égérie, la mécène, la providence de multiples musiciens de jazz américains qui trouvèrent auprès d’elle un asile providentiel (cf ma critique de son livre "les musiciens de jazz et leurs trois voeux"). Ainsi en fut-il de Charlie Parker qui mourut dans son appartement de l’hôtel Stanhope en 1955 et de Thelonious Monk qui vécut les dernières années de sa vie reclus chez Pannonica et y mourut en 1982. Et c’est plus précisément des relations entre ces deux êtres hors du commun que ce livre nous entretient, à travers le regard de personnages de fiction et en se focalisant sur trois moments bien précis de leur destinée.
C’est tout d’abord une jeune femme noire, un peu paumée -Ruby- qui, un peu par hasard, entre en contact avec Pannonica et Monk et se trouve mêlée à leurs virées nocturnes dans l’univers des clubs de jazz new-yorkais et ce, à une époque (de novembre 55 à mai 57) où Monk, à la suite de problèmes de drogue, se retrouve privé de sa carte de musicien et donc interdit d’exercer sa profession à New-York. Ruby ne sortira pas indemne de cette sulfureuse confrontation mais elle y aura au moins acquis l’amour de la musique de jazz.
La deuxième partie nous fait un peu remonter dans le temps puisqu’elle se situe à Paris du 1er au 8 juin 1954 : c’est la première venue de Monk en France, à l’occasion d’un festival de jazz à la salle Pleyel et c’est à ce moment qu’à lieu la première rencontre entre Monk et Pannonica accourue de Londres expressément pour l’entendre jouer. Cet épisode est vu à travers les yeux de Moune, une jeune Française entraînée dans ce tourbillon par son frère, fou de jazz (et de paradis artificiels). Elle se liera d’amitié avec Monk et la baronne et se laissera séduire par Jean, un jeune homme assez falot.
Dans la dernière partie (New-York, automne 82), Chine, la fille de Moune et de Jean, retrouve une Pannonica vieillissante vivant plus dans le souvenir du monde du jazz qu’elle a connu autrefois que dans sa réalité présente. Sa maison, envahie par des dizaines de chats, sert aussi d’ultime refuge à un Monk dont les problèmes psychologiques se sont aggravés au point de le murer dans un silence complet et une solitude pathétique. Mais Chine est une jeune personne pleine de vie. Elle rencontrera, dans un club, un pianiste génial, qui n’est autre que le fils de Ruby et, peu à peu, de tendres liens se tisseront entre eux.
Mélange de réalité et de fiction, ce livre ne m’a qu’à demi convaincu. Les personnages fictifs m’apparaissent bien conventionnels et la belle figure de Pannonica n’est guère abordée en profondeur (à quand une vraie biographie de cette femme exceptionnelle ?) En revanche, Monk est mieux traité et l’on peut dire que sa figure de géant écrase véritablement le roman (ceux qui voudraient en savoir plus sur lui liront avec profit, chez Actes Sud « Blue Monk » de Jacques Ponzio et François Postif, dont Pauline Guéna s’est largement inspirée, ou la belle étude que le pianiste Laurent Dewilde lui a consacré aux éditions « L’Arpenteur » sous le simple titre « Monk »). On fera encore crédit à Pauline Guéna d’avoir donné à son récit une construction ingénieuse tout en déplorant le style assez plat de son écriture

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