La cérémonie des adieux de Simone de Beauvoir

La cérémonie des adieux de Simone de Beauvoir

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 20 août 2007 (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 898ème position).
Visites : 7 738  (depuis Novembre 2007)

Sartre sous les projecteurs

On l’aura compris grâce à ce titre évocateur : Simone de Beauvoir relate dans ce dernier tome de son autobiographie la fin de la vie de Sartre. Ceux qui la connaissent savent qu’ils sont à l’abri des tremolos. J’ai donc été d’autant plus surprise de fondre en larmes… C’est justement sa retenue habituelle qui fait que les quelques mots qu’elle se permet au sujet de leur séparation nette (ils étaient profondément incroyants l’un et l’autre, point de retrouvailles célestes donc…) secouent le lecteur à ce point. « Sa mort nous sépare. Ma mort ne nous réunira pas. C’est ainsi ; il est déjà beau que nos vies aient pu si longtemps s’accorder. »

Le texte couvre les années 70 à 80, et parle des activités toujours nombreuses de Sartre tout en évoquant ses problèmes de santé. La cécité qui l’atteint progressivement le prive de l’intense plaisir de la lecture. Quant à l’écriture, il est contraint à tracer des lettres incertaines et illisibles. Bien sûr, dans cette « Cérémonie des adieux », Simone saisit l’occasion de mettre en lumière des aspects de Sartre connus uniquement de ses proches : « Sartre était beaucoup trop orgueilleux pour être jamais tombé dans la vanité. », …

Le livre présente ensuite longuement des entretiens qui datent des mois d’août et de septembre 1974 menés par Simone. Sartre se plie volontiers à ce jeu qui lui permet de clarifier certaines de ses positions politiques et autres attitudes littéraires (comme le refus du Nobel). Ce qui fait la richesse de ce dialogue, c’est qu’il se joue entre de vieux amis, que la personne qui pose les questions connaît déjà les réponses pour avoir partagé la vie de l’interviewé, et que du coup elle ne laisse passer aucun flou, elle le titille, le tarabuste, apporte des précisions.

A côté de la politique et de la littérature, tous les domaines importants pour Sartre seront évoqués. La philosophie bien sûr (une réflexion sur la liberté notamment), mais également son enfance, ses amitiés masculines (le lien qui a existé avec Camus, entre autres) et féminines, sa sexualité, son rapport à l’argent, … Les férus de Sartre boiront certains détails qui paraîtront anodins aux autres (ses habitudes d’écriture par exemple).

On obtient donc un livre qui a surtout valeur de document, dédié par l’auteur à ceux qui aiment Sartre. Simone se fait très discrète, dirigeant le texte, le pointant exclusivement sur la personne de Sartre. Elle n’est ici que la courroie de transmission…

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Les éditions

  • La Cérémonie des adieux [Texte imprimé], août-septembre 1974 Simone de Beauvoir
    de Beauvoir, Simone de
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070378050 ; 10,30 € ; 03/03/1987 ; 624 p. ; Poche
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Les dernières années de Sartre

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 3 février 2019

Dans ce dernier récit de ses mémoires, Simone de Beauvoir relate les dernières années de Sartre. Elle assiste impuissante à son déclin physique, sa baisse d'activité générale, malgré le plaisir qu'il continue à prendre dans ses engagements, prises de positions et conférences. Elle l'accompagne tant bien que mal, en lui minimisant l'évolution de son état, qui ne l'empêche pas de beaucoup boire, fumer et de continuer à vouloir séduire de jeunes femmes. La presse commence à se rendre compte de quelque chose et commence à inspecter.
Ce récit court est retracé, comme à l'habitude de l'auteure, d'un style sec, qui prend ici des allures quasi-cliniques, dans tous les sens du terme ; cela ne l'empêche pas toutefois de faire état de son désarroi, par des formules laconiques, récurrentes chez elles, voire lapidaires, mais au moins les choses restent-elles claires. Cet hommage, distancié pour mieux en rendre compte, reste sensible, d'autant que la philosophe n'a pas cru bon filer ses mémoires au-delà de la disparition de son célèbre compagnon, qui ponctue cette série d'écrits. Il paraît donc important à plusieurs titres.

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