Un lointain pays de Daniel Mason

Un lointain pays de Daniel Mason
( A far country)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Philduch, le 16 juin 2007 (Aix en Provence, Inscrit le 17 février 2006, 56 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 066ème position).
Visites : 3 732  (depuis Novembre 2007)

Une âme gracieuse

L’une des réussite de ce roman consiste en l’évocation d’un pays du Sud, qui, s’il n’est pas nommé, n’en paraît pas moins très « réel » (on pense au Brésil) : population rurale misérable, harcelée par les propriétaires terriens, régulièrement affamée par la sécheresse, poussée à migrer vers les mégalopoles grouillantes, où les villas de luxe sécurisées se tiennent à quelques encablures de bidonvilles sans cesse plus étendus. Les voyous y sont nombreux, la police violente, les politiciens corrompus, l’air pollué, et pourtant la vie continue, d’un petit boulot à un autre, avec les moyens du bord.
Isabel est une jeune fille sensible, pure, introvertie, âme gracieuse dont le frère, Isaias, a choisi de quitter sa province natale pour tenter sa chance en ville. Restée plusieurs mois sans nouvelles, anxieuse de retrouver la présence bienfaisante de l’être qui lui est le plus cher au monde, Isabel part à sa recherche.
Au-delà du désarroi bien compréhensible d’une « fille de la terre » confrontée aux pièges de la grande ville, va naître dans le cœur d’Isabel un sentiment d’impuissance, un mal-être que l’absence de son frère ne peut à elle seule expliquer. La malédiction, peut-être, d’une classe de population toute entière condamnée à la survie, dépossédée de ses rêves, impuissante à sortir de la misère ; une génération perdue dont chaque individu, pourtant, est unique, avec ses aspirations, ses liens familiaux, ses espoirs.
Malgré quelques scènes très réussies, comme le trajet en camion vers la ville, l’assassinat d’un rupin dans les ruelles délabrées des bidonvilles, ou même la virée nocturne d’Isabel, l’intensité narrative du récit est loin d’être constante. Le style sans fioritures est à la fois limpide et moderne, mais le second tiers de l’histoire (la phase d’attente indécise et lancinante d’Isabel, ses longues promenades avec Hugo, le bébé d’une cousine) constitue le « ventre mou » du roman.
Ne boudons pas notre plaisir, toutefois : qu’un auteur américain s’intéresse à ce type de sujet est plutôt rassurant : loin de ces pléthores d’ouvrages dont le thème principal est la débauche des classes aisées, l’ennui, la perte des valeurs morales et des repères d’une société pourrie-gâtée. Il faut dire que Daniel Mason, biologiste de formation, a passé un an dans la jungle du Myanmar, à faire des recherches sur la malaria. « Open minded » comme ils disent par là-bas… Un auteur à suivre, en tout cas, dont « un lointain pays », son second roman, a été encensé par la critique outre-atlantique.

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Les éditions

  • Un lointain pays [Texte imprimé], roman Daniel Mason traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Chapman
    de Mason, Daniel Chapman, Isabelle (Traducteur)
    Plon / Feux croisés (Paris)
    ISBN : 9782259196970 ; 21,50 € ; 23/01/2007 ; 316 p. ; Broché
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Bidonville et solitude

6 étoiles

Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 56 ans) - 28 août 2007

C’est l’histoire d’Isabel et d’Isaias. Leur enfance, plus que pauvre mais pourtant heureuse. Dans un pays très chaud et très pauvre lui aussi, où on parle peu, parce que le langage du corps, des gestes, des odeurs est suffisamment éloquent. Et ensuite seulement celui de la langue, si tant est que le langage parlé s’avère vraiment nécessaire. Mais la sécheresse, la guerre, la famine surtout, sévissent. Le premier, Isaias part « à la ville », vivre de son violon (dit-il). Il envoie un peu d’argent au début, puis plus rien, et plus de nouvelles. A quatorze ans, Isabel est envoyée elle aussi chez sa cousine de la ville. Elle s’y occupera du bébé pendant que Manuela travaille, et cherchera Isaias, si elle peut. Elle l’a toujours si facilement trouvé, dans la nature, reliée à lui par une connexion un peu mystérieuse. Tout comme elle voit le destin des gens à travers certains supports, par bouffées qui lui font très peur. Mais la ville, c’est très différent de tout ce qui a fait sa vie jusqu’à présent. Et la solitude…

Dès le début, on entre dans une sorte de moiteur un peu étouffante, une narration à la troisième personne, des problèmes, des misères, des soucis, qui, on s’en doute bien, ne vont pas nous emmener vers un épilogue joyeux et optimiste.
Honnêtement*, ce n’est pas passionnant, ni écrit dans un style que j’apprécie particulièrement; mais pourtant on est là jusqu’au bout, pas moyen d’arrêter en cours, une sorte de mélopée un peu angoissante et minante, qui a son charme.

A vous de voir.

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