Le dernier baiser de James Crumley

Le dernier baiser de James Crumley
( The last good kiss)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Grass, le 27 septembre 2006 (montréal, Inscrit le 29 août 2004, 46 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 503ème position).
Visites : 7 139  (depuis Novembre 2007)

Le dernier baiser qui a compté pour toi/C'était il y a des années

Merci à Folio pour ces nouvelles éditions de Crumley, sans quoi je me demande si j'en aurais un jour entendu parler. C'est un peu au hasard que je m'y suis lancé, et je suis absolument pas déçu. L'inspecteur C.W. Sughrue est une totale réussite. D'abord, il se promène en El Camino, et c'est pas rien. Vétéran du Vietnam, il fait maintenant dans le privé, retrouve des enfants fugueurs, règles des affaires de divorce qui tournent au vinaigre, des petits contrats. Alcoolique confirmé, c'est aussi un être capable de devenir profondément désagréable si le coeur lui en dit. Et ça lui dit souvent. Petit, chauve et bedonnant, il semble néanmoins être flanqué d'un charme assez puissant pour se retrouver avec des avances de presque toutes les femmes qu'on croisera dans le livre. Chapeau.

Sughrue doit retrouver Abraham Trahearne, vétéran lui aussi, devenu poète et alcoolique professionnel, qui de temps en temps décide de s'enfuir pour faire la tournée des bars des états du Midwest. Chose faite dans le premier chapitre, Sughrue le retrouve dans un petit bar, s'ensuit une légère fusillade où Trahearne est blessé au cul. Sughrue attendra la fin de sa convalescence pour le ramener à la maison et durant ce temps, se fait proposer un contrat par Rosie, la tenancière du bar. Retrouver sa fille, enfuie il y a dix ans. Elle lui donne 87 dollars et lui demande de faire ce qu'il peut. Et voilà, Sughrue ne peut refuser et se lance sur la piste de Betty Sue Flowers, finalement flanqué de Trahearne et de Fireball Roberts, le bouledogue alcoolique de Rosie.

"En sortant de l'hôpital, j'ai décidé que Trahearne n'était pas le mauvais cheval. Au moins avec lui on ne s'ennuyait pas. Il avait le chic pour provoquer plein de choses autour de lui: sang, fusillade, une nuit au trou, et maintenant une admiratrice tout ce qu'il y avait de mordue, avec des jambes en serpette mais néanmoins sexy. Pour un peu je me serais surpris à espérer qu'il se fasse à nouveau la malle. Le plus tôt possible. Et souvent. Une fois tous les cinq ou six mois. Peut-être qu'il pourrait passer me prendre en partant, pour que je n'aie pas à rater toute une partie de la rigolade en me cassant le cul pour lui cavaler après."

L'écriture de Crumley emprunte une poésie que l'on ne voit que trop peu souvent dans le genre. Un langage sensible qui rend le détective encore plus attachant. Ma seule réticence se situe au niveau de la traduction, pas mauvaise en soi, mais beaucoup trop truffée de termes trop Français pour être compris par un étranger. Et ce ne sont pas nécessairement des mots que l'on trouvera dans le dictionnaire. Et puis merde, on a pas envie de fouiller dans le dictionnaire à chaque page non plus quand on lit un polar.

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whisky à gogo

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 75 ans) - 24 juin 2018

Un détective privé, un vieil écrivain alcoolique en cavale, sa jeune et volage épouse, son ex, toujours amoureuse et dont la beauté brave les années, le tout assorti d'un bouledogue accro à la bière, tel est le cocktail réjouissant que nous sert James Crumley dans ce polar hors du commun, haut en couleurs, oscillant sans cesse entre drame et fantaisie. Aucun des personnages n'est ce que l'on croit, donnant de l'épaisseur à la dimension psychologique du récit, qui va bien au-delà d'un simple divertissement. Une certaine vision de l'Amérique, loin des clichés véhiculés par Hollywood, mais aussi un regard profond porté sur les choses de l'amour, leur mystère insondable…

A boire

7 étoiles

Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 76 ans) - 25 janvier 2014

Dans un coin de ma mémoire sélective se trouve James Crumley que je considère comme un « caïd » du genre « polar ».
Cela faisait longtemps que je n’avais plus lu de son œuvre et ‘Le dernier baiser’, un de ses premiers romans daté de 1978 m’a de nouveau fait passer un bon moment. L’humour est une marque de fabrique de Crumley ainsi que les personnages hors du commun mais néanmoins pas « extraordinaires» du tout. Juste des ivrognes invétérés, un chien alcoolique (c’est à peu près la même chose), des femmes fascinantes, un détective intègre -si pas plus (il rembourse son salaire car il n’est pas content de son travail), têtu, humain et sensible … qu’on imagine pouvoir un jour rencontrer sur le tabouret d’un minable bar californien ou sur les routes poussiéreuses de l’Ouest au volant de sa Camino.
J’avais pourtant été plus accroché par « La danse » ou « Le canard » … si je me souviens bien !

La fleur, le chien et le grizzly

10 étoiles

Critique de Poignant (Poitiers, Inscrit le 2 août 2010, 57 ans) - 17 janvier 2014

C.W Sughrue, ancien du Vietnam devenu privé dans le Montana, vivote avec des divorces et des véhicules impayés. L’ex-femme d’Abraham Trahearne, écrivain volage et alcoolique au physique de grizzly, lui demande de retrouver son ex.
C’est dans le bar miteux de Rosie, dont l’attraction est un bouledogue buveur de bière, que Sughrue retrouve Trahearne. Rosie supplie alors notre privé de retrouver Betty Sue Flowers, sa fille disparue depuis 10 ans…

Paru en 1978, « Le dernier baiser » est le deuxième polar de James Crumley, trois ans après "Fausse piste".
La recette est toujours très alcoolisée, épicée de femmes attachantes et parfois fatales, avec un zeste de mafioso œuvrant dans le porno.
Mais surtout, quelle ambiance! Le loufoque sublime le sordide, l'humour et l'ironie décapent les bas-fonds d’une société américaine post hippie et Vietnam réunis. Les paumés sont joyeux et profitent de la vie, les névroses sont légères et l’occasion de boire bien plus qu’un verre.
Bref, on peut consommer ce Crumley sans modération, puisqu’on ne risque ni maux de tête, ni gueule de bois. Juste un petit coup de blues quand c’est terminé, parce que c’est passé trop vite et que c’était trop bon.

Vous avez dit seconde chance ?

9 étoiles

Critique de Montgomery (Auxerre, Inscrit le 16 novembre 2005, 52 ans) - 29 septembre 2008

Polar mythique, « Le dernier baiser », s'inscrit dans un cadre sombre et désabusé, comme il se doit, de l'après Vietnam. L'alcool, qui coule à flots autant dans les verres du privé CJ Sughrue et du plumitif Trahearne, que dans la gamelle du chien Fireball, entraîne le lecteur dans l'univers porno-hippie des années 1970.

Atteints d'une bougeotte viscérale, les personnages de Crumley n'ont de cesse de tomber puis de se relever pour mieux replonger ensuite dans leurs pires travers. Sughrue malgré une expérience conséquente de la vie, une incrédulité que l’on pourrait croire toute épreuve, se fait mener en bateau comme le premier venu. Derrière le personnage de Betty Sue, que Sugrhue se charge de retrouver dix ans après sa disparition, se dessine le parcours d'une rédemption comme l'Amérique aime à les conter. Mais sous la plume de Crumley, les « happy end » n'ont pas le droit de cité et Sughrue , quand viendra le tragique dénouement, aura une fois de plus la désagréable impression d'avoir été manipulé...

J'avais gardé par devers moi cette critique. De la lecture de ce "Last good kiss", je garde un bon souvenir. Au moins Crumley va-t-il pouvoir trinquer avec Betty Sue et certainement plus d'une fois.

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