Haute-Terre de John McGahern

Haute-Terre de John McGahern
(High Ground)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Dirlandaise, le 26 août 2006 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans)
La note : 9 étoiles
Visites : 4 104  (depuis Novembre 2007)

Chroniques irlandaises

Recueil de dix courtes nouvelles savoureuses dans le plus pur style McGahern. On entre de plain-pied dans chacune des histoires qui relate une tranche de vie de gens simples ou plus raffinés, tous habitant l’Irlande bien sûr. Des couples se forment comme dans (Jour férié). Une jeune femme est séduite et abandonnée lorsqu’elle apprend à son amoureux qu’elle est enceinte (Eddie Mac). Elle sera soutenue et protégée par son employeur, un homme riche ne s'intéressant qu’à l’astronomie, qui l’aide à élever sa fille mais finit par se choisir une épouse conforme à son rang (La conversion de William Kirkland). Un jeune enseignant se voit offrir un poste de directeur d’école par un homme d’affaire influent qui désire se débarrasser du vieux directeur actuel, alcoolique et inefficace mais aimé de ses concitoyens (Le jaune). Un jeune homme renonçant à la prêtrise, demande en mariage une femme rencontrée dans un pub et doit affronter une terrible déception (Comme tous les autres hommes). Un jeune homme, travaillant chez un colonel à sa retraite, se voit offrir la chance de faire une belle carrière dans l’armée britannique (Au temps jadis).

Histoires banales me direz-vous mais John McGahern nous les livre toutes d’une écriture douce-amère, mélancolique et parfois corrosive. Une lecture teintée du pessimisme caractéristique de McGahern qui n’épargne aucun de ses personnages et leur fait vivre des douleurs morales, des déceptions amères ainsi que des choix déchirants. De belles descriptions de paysages irlandais et de la vie en ville, avec un minutieux souci du détail font de ce livre une œuvre forte qui laisse une impression durable dans la mémoire.

« Lorsque Annie May l’aperçut pour la première fois, le dimanche où Mary vint à la maison, Mary Kennedy se tenait sous le hêtre pourpre de la grande allée. Elle portait un sac en bandoulière. William Kirkwood lui souriait. L’émoi des semaines passées, les voyages à Dublin, le besoin de chemises repassées et de chaussures cirées — tout devenait clair. La douleur qui emplit sa poitrine monta jusqu’à ses tempes, lui enserrant le front dans un étau. Le fait que ce n’était la faute de personne, que c’était tout à fait naturel, ne rendait la chose que plus pénible. Elle ne pouvait même pas ressentir de la colère. » (La conversion de William Kirkland)

« Alors ils se rabattirent sur les petits rituels qui nous aident mieux à supporter la vie que n’importe quelle drogue. Il paya à la caisse puis l’attendit pendant qu’elle arrangeait son foulard, sourit tristement en s’écartant pour lui laisser la rampe, ouvrit la grande porte à bascule au bas de l’escalier. Ils marchèrent lentement en direction de l’arrêt d’autobus. À l’arrêt ils essayèrent de prévoir le temps qu’il ferait le soir en se basant sur les sombres nuages à l’ouest. Ce qui était certain, en tout cas, c’est qu’il allait à nouveau pleuvoir. Lorsque l’autobus arriva, ils se serrèrent la main. Il attendit jusqu’à ce que tout le monde soit monté et que l’autobus ait redémarré. » (Comme tous les autres hommes)

« Sa main tremblait sur le bras du fauteuil, la même main qui jadis, il y avait bien longtemps, sortait la montre dès que les premiers coups de l’angélus parvenaient jusqu’à nous, par-dessus la bruyère et le pâle souchet couleur de blé de Gloria Bog. » (La montre en or)

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