Moïra de Julien Green
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Péché de chair
Roman écrit en 1950, Moira m’avait beaucoup impressionné à l’époque (j’avais 14-15 ans). Il faut dire que le roman était depuis peu sorti de l’index au Québec. Il faut dire aussi que l’éducation puritaine fut celle de plusieurs jeunes Québécois avant les années 1960. Bref, on pouvait se reconnaître dans les traits de ce Joseph Day, cet « esprit pur » en butte au « péché de la chair », comme on le disait à l’époque. « Autrefois, son père lui disait que le corps menait à l’enfer et l’âme au ciel. C’était vrai : le corps était l’ennemi du chrétien. »
Joseph Day a 19 ans, fréquente une université du sud des États-Unis. Ce puritain rêve de sauver les âmes. Vraisemblablement, il n'a jamais quitté le giron familial, car le libertinage des étudiants universitaires qu’il côtoie le désarme complètement. Lui-même contrôle mal une sexualité brûlante (bi-sexualité ?) qu’il tente de nier de toutes ses forces, sexualité inscrite jusque dans la couleur de ses cheveux roux et de sa peau blanche. « Elle le voyait de profil, … et malgré elle il lui parut beau, bien qu’il fut roux. C’est cela qui la troublait, cette chevelure de flamme, ce teint d’une blancheur laiteuse… » Day, qui préfère ne pas voir l’attirance qu’il exerce sur les autres, homme et femme, réagit violemment aux avances amicales ou même aux provocations des autres garçons, espérant ainsi éteindre cette sensualité à fleur de peau qui est la sienne. Un jour, il apprend que son copain Simon s'est suicidé, mais il ne fait pas le lien entre le suicide et l’amour homosexuel qu’il lui vouait. Il préfère ne pas voir, ne pas comprendre.
Pour cet « ange exterminateur », le mal apparaîtra sous les traits de Moira, Ève tentatrice et louve dévoreuse. Cliché, sans doute, mais tellement chrétien… « Elle se tenait debout à quelques pas de lui et glissait posément les doigts dans l'échancrure de sa robe. » A vrai dire, le mal est déjà bien ancré dans l’esprit de Joseph Day et Moira n’est que l’instrument entre les mains du Malin, comme il l’avoue à son copain David : « «Toi, tu as trouvé Dieu et il ne te sera jamais ôté, mais moi, je tremble à tout moment de le perdre, parce qu’il me semble que je suis plongé dans le péché jusqu’aux yeux. Je brûle, David. Si je ne tombe pas avec une femme, c’est que Dieu m’en préserve… mais je désire horriblement ce péché que je ne commets pas. Tu ne sais pas ce que c’est cette faim du corps. J’ai quelquefois l’impression d’être séparé d’avec ma chair, et c’est comme s’il y avait en moi deux personnes, dont l’une souffrirait, et l’autre regarderait souffrir. »
Ce qui me frappe à la lecture de ce roman d’un « autre âge », c'est de voir comment la religion, en séparant la chair et l’esprit, en démonisant le corps, nous forgeait des identités schizophréniques qui n’arrivaient à composer avec la sexualité qu’au prix d’une grande culpabilité. Ce roman bien écrit, jamais lourd, m’a replongé dans ces temps de ma jeunesse. Il me semble que c'est un roman qui vieillit bien, mais il faudrait voir ce qu'en pense la génération des plus jeunes, si loin de telles problématiques.
Les éditions
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Moïra [Texte imprimé], roman Julien Green
de Green, Julien
Fayard / Oeuvres de Julien Green
ISBN : 9782213598420 ; 44,77 € ; 08/01/1997 ; 264 p. Relié
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Là où mène Dieu ?
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 60 ans) - 23 octobre 2025
Le jeune homme, considéré comme doué compte tenu du milieu rural d’où il sort, est en réalité imprégné d’une morale religieuse rigoriste qui suscite tantôt l’ostracisme, tantôt la moquerie de ses pairs. La plupart de ses condisciples sont des bourgeois cultivés, émancipés et plus en phase avec une société sécularisée.
Cette confrontation va rendre Joseph, qui par son allure semble devoir plaire à la gent féminine, à la fois asocial, irascible, voire violent.
Tourné vers l’âme, le corps étant l’ennemi des chrétiens et le mariage associé à une fornication honteuse, Joseph va sombrer dans une forme de repli sur lui-même malgré le soutien de David, ami sincère qui se destine à devenir pasteur et qui va tenter de l’amener vers la raison.
Elément remarquable, on n’évoque une des causes de cette folie incarnée par le personnage de Moïra qu’à la moitié du roman ; la première rencontre entre Joseph et Moïra n’intervenant qu’au chapitre X de la seconde partie.
Moïra, jeune femme, belle et stylée ; fille de sa logeuse, va provoquer un tiraillement inextricable et des problèmes de conscience à notre catholique de l’extrême qui associe la femme à l’incarnation du diable. Le lecteur se doute que Joseph ne va pas se laisser faire par le démon, mais n’imagine pas forcément le drame qui va s’en suivre.
Etonnant classique de la littérature française, bien qu’écrit par l’américain Julien Green, qui fut un auteur majeur ayant traversé le 20ème siècle.
De prime abord persuadé qu’il s’agissait d’une traduction, ma culture générale contenant une défaillance sur le caractère atypique de cet écrivain. Ayant eu un doute face au don du traducteur de transcrire un tel style, j’ai donc pu lire qu’il s’agissait bien du texte original écrit en français.
Un pierre à l’édifice de ma culture littéraire, sans aucun doute.
La religion qui abîme et déforme
Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 54 ans) - 10 octobre 2025
Donc, Julien Green nous fait suivre un jeune homme, Joseph Day, qui semble sortir pour la première fois de son milieu familial pour intégrer une université. Malheureusement pour lui, l’intégration se fera difficilement, d’abord par son apparence physique qui le fait remarquer de tout le monde, cheveux roux et teint laiteux, qui lui vaudra préjugés, moqueries et attirances de la part des autres. Ensuite et surtout par sa conformation psychologique, née d’une éducation familiale religieuse qu’on peut qualifier d’extrémiste et qui a déformé sa personnalité, lui faisant croire par ex que « le corps est l’ennemi du chrétien » et de ce fait, voit la sexualité (et la sienne propre donc) comme la voie de la perdition vers l’enfer et ses flammes éternelles. Mais il arrive dans un milieu jeune et estudiantin, dont les conversations reflètent les préoccupations de leur âge, les filles, la boisson, l’amusement, toutes choses éloignées de celles de Joseph, qui sont tournées vers Dieu, la Bible, le péché, l’enfer.
Ainsi, tout le roman n’est qu’une longue contradiction entre Joseph et le petit monde de cette université, qui ne partagent pas les mêmes valeurs morales et religieuses. Pourtant, Joseph essaiera tant bien que mal de s’y frayer son chemin, et il sera aidé, plus qu’il ne l’aura cru, par certains de ses camarades, et particulièrement l’un d’eux, David, religieux comme lui mais d’une façon plus mesurée et raisonnable. Mais le péché de la chair, surtout celle de sa propre chair, ne se laisse pas facilement oublier, et sa rencontre avec la personne de Moïra, jeune femme aux mœurs libres, qu’il trouve attirante malgré lui, parviendra-t-elle à faire céder ses réticences nées d’une conception étriquée de la religion. C’est là tout le drame de ce roman.
Toutefois, autant les deux tiers du roman étaient prenants psychologiquement, autant le dernier tiers devient trop prévisible, émoussant un peu l’intérêt qu’on portait jusque-là. Il reste que l’ensemble est une réussite, le lecteur s'attachant facilement au parcours de ce Joseph Day, bourreau parce que victime à son propre insu.
Un roman de facture classique mais d'une grande tension, habité par le conflit entre une soif de pureté et des pulsions inconscientes
Critique de Eric Eliès (, Inscrit le 22 décembre 2011, 51 ans) - 24 septembre 2016
Dès les premiers jours, Joseph a dû mal à tolérer les regards des autres étudiants, notamment sur son aspect. En fait, Joseph se sent très différent des autres étudiants car son éducation religieuse très rigoureuse et sa soif de Dieu lui font mépriser les loisirs des autres étudiants, qui pensent surtout à fréquenter les bars et la maison close de la ville tandis que lui, que certains étudiants évoquent comme un « puritain » ou un « refoulé », se réfugie dans la lecture de la Bible. Dans la pension, seul Simon, étudiant en art à l'homosexualité latente et refoulée, cherche à le fréquenter (pour discuter, dessiner son portrait, etc.), malgré l'attitude taciturne de Joseph, qui oscille entre une hostilité ouverte et un désir de pardonner et d'aimer les autres. Joseph ne sent proche que de David, un étudiant qui se destine à une carrière de pasteur et qui, ému par la religiosité de Joseph, veut le prendre sous sa coupe et l'invite à déménager dans sa pension à l'écart, où une veuve dispose de chambres pour des étudiants studieux.
Le drame surviendra lors de l'arrivée de Moïra, jeune femme à la réputation sulfureuse qui est la fille adoptive de Mrs Dare et se prête à une manigance montée par les étudiants pour humilier Joseph.
Tous les personnages semblent porter un secret ou être habités par un feu intérieurs qui les dévorent. Joseph : sa foi violente et inquiète ; Mrs Dare : sa fille adoptive Moïra ; Simon : son homosexualité latente (jamais explicitée mais sous-entendue à petites touches) ; David : son désir de Dieu ; etc.. En effet, les monologues intérieurs des personnages, ainsi que les ébauches de leurs lettres, s'avèrent très différents de leurs discours et de leurs attitudes, emplis de lapsus et de gestes manqués (ex : le chandail oublié qui provoque la rencontre de Joseph et de Moïra). La force de ce roman, à l'intrigue classique et à la progression linéaire, est d'intégrer une dimension inconsciente qui crée une tension et donne une profondeur peu commune à la psychologie des personnages.
Par ailleurs, le roman est hanté par le thème de la damnation et de la rédemption. Comme Raskolnikov, Joseph se sent ''supérieur'' aux êtres réprouvés qu'il fréquente et croit que son destin serait de les sauver or les seuls êtres, outre David qui offre le contraste d'une religiosité fervente mais raisonnée, qui s'avèrent sensibles à son attitude sont Simon et Moïra, qui vont finalement devenir ses victimes. Contrairement à Dostoïevski, Green n'évoque pas la future rédemption de Joseph (même si elle semble s'amorcer) car son personnage, n'ayant pas su par orgueil véritablement se fier à autrui, ne dispose d'aucune Sonia pour l'aider dans son chemin de souffrance. Avide de trop de pureté, Joseph a nié sa part humaine (les discours des autres étudiants, bien que cyniques, ne sont pas dépourvus de sens) et s'est détruit en entraînant ceux qui auraient pu l'aimer.
Désir d'absolu...
Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 83 ans) - 25 novembre 2014
Roman admirable que j’ai dévoré en quelques heures!
Le sujet principal du roman est l’impossibilité pour Joseph Day, le personnage central, de concilier sexualité et spiritualité.
Le récit dépasse largement la simple question psychologique des débats intérieurs du personnage pour rejoindre la question métaphysique du rapport entre le monde contingent et le désir d’absolu.
Un des aspects pour moi le plus fascinant de ce récit est que malgré que le roman fût écrit en français, toute son atmosphère, sa tension, son climat de violence, en même temps que l’inquiétude spirituelle de son personnage principal, jusqu’à l’angoisse qui l’imprègne, fussent autant imprégnés de la culture religieuse américaine, plus précisément du strict et dominant christianisme fondamentaliste prévalant dans la «Bible Belt» des États du sud des États-Unis, aussi connu sous le vocable «Deep South».
Julien Green, de son vrai nom Julian Hartridge Green ayant été étudiant de l’University of Virginia, au début des années vingt.
Anecdote relative: dans l’important « Journal » de Julien Green, il y a une réflexion curieuse: lisant une traduction en langue anglaise de son roman, il la trouve supérieure au texte original!
Peut-être par un regret de n’avoir pas été un écrivain « américain » à part entière…
Un grand livre donc, que son angle sublime place dans la lignée des grandes dramaturgies.
La chair contrainte
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 78 ans) - 22 août 2009
Mais, ce petit pauvre, hypersensible, puritain à l’extrême et naïf comme un enfant, ne peut supporter que ses collègues évoquent les choses de la chair, même seulement pour les nommer, qui les agitent tous à cet âge. Il se réfugie donc auprès de son ami qui veut devenir pasteur, pour ne pas sombrer lui aussi dans les travers charnels qui l’aiguillonnent et le terrorisent. Mais, son ami aime une fille et sombrera donc, un jour, dans des activités lubriques qu’il ne peut supporter ni même concevoir, jusqu’au jour où son destin bascule quand l’impudente Moïra pénètre dans sa vie.
Ce livre peut-être autobiographique même si Green le refuse, est un combat de la foi contre la chair en ébullition, de Dieu contre le diable qui agite nos hormones. Il soulève quelques questions fondamentales : comment aimer en gardant la foi ? comment aimer sans se corrompre ? comment vivre sans aimer ?
En filigrane, se pose aussi la question de l’homosexualité, le héros est courtisé par des garçons, il fascine, il attire, il séduit sans s’en rendre compte. La chair est repoussante quand elle est féminine mais la possibilité d’une relation homosexuelle n’est jamais évoquée donc jamais crainte, ni jamais condamnée. Cependant l’homosexualité est toujours très présente même si elle n’est que sous-entendue.
Le combat à la mort et à la vie de la foi puritaine contre le démon de la chair conduira notre étudiant jusqu’au bout de son fanatisme pour gagner, il l’espère, sa rédemption et garder la certitude de compter parmi ceux qui seront sauvés lors du jugement dernier.
Un livre simple, clair, peut-être un peu trop démonstratif où la chair n’est pas assez rebelle même si c’est elle qui mène le drame et dénoue la tragédie. Peut-être plus un témoignage qu’une histoire car une histoire ne laisserait pas tant de place à la pudeur et à certaines absences par trop révélatrices. Mais aussi un bel exemple d’obscurantisme religieux.
...le soupçon l'effleurait qu'il était perdu, comme les autres.
Critique de Corail (Ottawa, Inscrite le 8 mars 2008, 65 ans) - 8 mars 2009
Joseph, le personnage central de Moïra, est un jeune protestant aux origines modestes, parti étudier en ville. Sa soif d'apprendre indissociablement liée à son amour sans bornes pour Dieu et le désir de le servir le guide dans toutes ses décisions ou presque.... Il choisit par exemple d'étudier le grec afin de lire les Évangiles dans la langue d'origine. Il réagit aussi violemment à la lecture du Roméo et Juliette de Shakespeare qu'il voit comme une histoire indécente et fort éloignée de l'amour, du moins la conception qu'il se fait de l'amour. En effet, comment l'amour pourrait-il pousser à des gestes aussi extrêmes, raisonne-t-il. Le mot, la notion même d'amour romantique ou érotique le fait rougir de honte. Mais ce jeune homme puritain se nie-t-il et se ment-il à lui-même en refusant d'admettre l'existence du volcan en gestation dans les profondeurs de son être? Évidemment, le combat intérieur entre les valeurs spirituelles ou religieuses et la chair n'est un thème ni nouveau ni original, plusieurs autres l'ayant abordé avant lui; toutefois Julien Green le rend si bien, avec une telle perspicacité que le lecteur ne s'en trouve nullement blasé : "(...)Toi, tu as trouvé Dieu et il ne te sera jamais ôté, mais moi, je tremble à tout moment de le perdre, parce qu'il me semble que je suis plongé dans le péché jusqu'au yeux. Je brûle, David. (...) je désire horriblement ce péché que je ne commets pas. (...) J'ai quelquefois l'impression d'être séparé d'avec ma chair, et c'est comme s'il y avait en moi deux personnes dont l'une souffrirait, et l'autre regarderait souffrir." Et ceux parmi les lecteurs qui ont grandi dans un contexte religieux semblable à celui de Joseph revivront peut-être certains souvenirs en lisant des lignes comme celle-ci : " Depuis son enfance, il se déshabillait dans le noir et il évitait toujours de jeter les yeux sur son corps, (....). Autrefois, son père lui disait que le corps menait en enfer et l'âme au ciel. "
Le style de Julien Green ici vaguement réminiscent de celui de Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris fait partie de ces écritures qui ne semblent pas reprendre leur souffle entre les phrases. Même quand ces dernières expriment de puissants sentiments comme la colère ou la passion, elles n'élèvent pas la voix mais restent imperturbables de sang-froid à chaque instant. Et pas de verbiage, là s'arrête bien sûr la comparaison avec Hugo : dans les phrases de Green, même les superflues sont essentielles car une assurance de la pensée, dénuée de doute, les caractérise. Ses locutions courtes vont droit au but, elles affirment catégoriquement même dans la subjectivité comme si le lecteur se tenait devant l'évidence même et serait mal avisé d'en questionner la pertinence. Quant aux métaphores, si elles n'accrochent pas l'attention par leur beauté, elles captent en revanche l'intérêt par leur bien-fondé et leur netteté : " On eût dit que la nouvelle de cette mort tournait autour de lui, cherchant en vain une ouverture par ou pénétrer jusqu'à son cerveau. " Avec bonheur également, les descriptions méticuleuses, très visuelles et presque olfactives frappent le lecteur par leur acuité comme celle-ci : " Elle éclata d'un rire convulsif qui lui secoua les épaules et le ventre, sa grande bouche s'ouvrit sur une double rangée de dents jaunies par le tabac, mais pas la moindre lueur de gaieté ne brilla dans ses yeux clairs." Si le lecteur n'arrive pas à voir cette femme et à palper les sentiments qui l'habitent, c'est qu'il est totalement dépourvu d'imagination.
Julien Green était, à n'en pas douter, un écrivain de talent. Ce qui étonne chez lui, si on connaît sa ferveur et son attachement à la religion catholique, est cette dénonciation apparente de l'emprise, pour ne pas dire la tyrannie, que de telles croyances exercent sur ses adeptes. Cette ambivalence, évidente dans Moïra, en est aussi sûrement l'élément gagnant.
Drame du garçon qui ne veut pas subir sa condition d'homme...
Critique de Manon (Paris, Inscrite le 31 juillet 2005, 36 ans) - 1 août 2006
Joseph Day est le jeune puritain par excellence, celui qui se veut pur, éthéré, désincarné alors qu'il n'est qu'un être de chair et de sang comme les autres. Moira peut paraître caricaturale sous son enveloppe de "femme fatale tentatrice" mais elle est entourée en réalité d'un halo mystérieux qui la rend beaucoup plus profonde qu'il n'y paraît.
Ce que j'ai aussi beaucoup apprécié dans ce roman, c'est qu'on lit les quelques 200 pages en apnée, en gardant son souffle, un sorte d’oppression nous submerge au filigrane du roman jusqu'au dénouement fatal. Tout dans ce Green est ambigu, pernicieux : les personnages, l'atmosphère et surtout les sentiments exacerbés du protagoniste (qui refuse de voir son homosexualité sous les traits de Praileau). L'ambiance puritaine, rigoriste m'a un peu fait penser au livre "le cercle des poètes disparus" ou encore au film (chef d'oeuvre !) la fièvre dans le sang.
Pour répondre à Vigno, je trouve que ce "Julien Green" a très bien vieilli, la preuve est que je l'ai lu avec réel plaisir et ne l'ai pas du tout trouvé vieillot. Au contraire. Très actuel. A lire.
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