Minoritaire

avatar 16/02/2012 @ 07:41:26
Pendant la nuit du onze
Au douze octobre
Perdu amour en ronce
Et robe sobre
Amour en fin de course
Né au printemps
Égaré dans la brousse
De l’air du temps

Du carrefour des solitudes
Au boulevard des incertitudes
Par quels détours de rues en rues
Avais-je laissé mes pas me perdre
Jusqu’à cette façade funèbre
Du Bureau des Amours Perdues

Sur quelle voie sans issue
Me fourvoyai-je
Avec cette ingénue
Dans quel piège
De cafés de la gare
En bistrots louches
J’ai cherché au hasard
Cette sainte nitouche

Et c’est en désespoir de cause
Que je placardai cette annonce
Parmi d’autres moins ambiguës
Punaisées sur un mur blafard
Où couraient mouches et cafards
Du Bureau des Amours Perdues

Pendant la nuit du onze
Au douze octobre
Perdu amour en ronce
Et robe sobre
Amour aux yeux de braise
Et de ténèbre
Amour au goût de fraise
Où peut-il être

Je n’eus jamais de ses nouvelles
Mais à frayer ce ministère
Ma raison trouva son salut
Car n’ayant rien de mieux à faire
Je devins un agent modèle
Du Bureau des Amours Perdues

Ne désespérez pas
Car en ce temple
Si vous gardez la foi
A mon exemple
Vous pourrez commencer
Par le début
Mendiant au Bureau des
Amours Perdues

Minoritaire

avatar 16/02/2012 @ 07:43:06
Un peu de retard. Et puis, ce n'est pas vraiment un texte écrit pour la circonstance, ni tout récent. Mais c'est quand même (presque) une exclu.

Pieronnelle

avatar 16/02/2012 @ 11:01:02
Superbe!!
Il y a de l'Aragon dans le chant et les mots...

"Pendant la nuit du onze
Au douze octobre
Perdu amour en ronce
Et robe sobre
Amour en fin de course
Né au printemps
Égaré dans la brousse
De l’air du temps"

"Pendant la nuit du onze
Au douze octobre
Perdu amour en ronce
Et robe sobre
Amour aux yeux de braise
Et de ténèbre
Amour au goût de fraise
Où peut-il être"

Rien que ces deux font la beauté du poème!

Bravo! dommage que tu aies mis "Saint Valentin"... car il ne s'inscrit pas vraiment dans l'exercice mais s'il ça t'a donné l'envie de le publier alors tant mieux pour nous!

Nathafi
avatar 17/02/2012 @ 19:36:52
Il me plaît beaucoup ton poème, je le vois bien chanté, aussi, la musique émanant d'un orgue de Barbarie...

Tistou 17/02/2012 @ 23:11:01
Oui, l'ensemble me parait bien réussi, à moi aussi. Plus le corps d'une chanson qu'un poème. Ambiance désespérée, désabusée, je n'ai pas trop envie de tomber nez à nez avec ce Bureau !
La forme est réussie, avec un bon rythme. L'intérêt est soutenu jusqu'au bout. Tout se tient.

Ca, ça fait bizarre à prononcer à haute voix :

"Et robe sobre"

JEyre

avatar 18/02/2012 @ 10:00:02
Et bien pour le lire il m'aura fallu le dire ! Besoin de le déclamer à haute (pas tant que ça je suis au boulot!) voix ce joli billet doux.

Valadon
avatar 18/02/2012 @ 22:20:19
Ca me plait beaucoup, tres original, ca coule bien, j'aime cet equilibre entre les mots qui s'offrent pour ce qu'ils sont, avec limpidite, et une maniere de les mettre ensemble qui ne les revelent pas totalement...Oui, il y a un petit quelque chose d'autrefois dans ton texte, comme s'il sortait d'un vieux film en noir et blanc...

R. Knight
avatar 18/02/2012 @ 23:02:32
Rien qu'un mot : SPLENDIDE.
J'ai frémis tout le long de ton poème. C'est pure, magnifique, formidable cette dévotion à sa belle ! Et cette fluidité dans les vers, dans les mots, dans les syllabes. Cela se lit d'une traite et ne nous laisse en aucun cas insensible ! Qu'il semble fabuleux et dérisoire ce 'Bureau des Amours Perdues'. L'homme est peut-être mendiant, mais riche de l'âme ! Quelle puissance... Quelle poésie.
Alors là je dis juste : CHAPEAU !

Clamence 19/02/2012 @ 16:37:41
Du Aragon, et du Villon...j'ai beaucoup aimé : ça coule, et c'est subtil et profond, la répétition scande l'ensemble, ça chante..., et m'enchante...merci à toi!

Antinea
avatar 09/03/2012 @ 23:09:05
Hum... "Cette ingénue, cette sainte nitouche" c'est pas le grand amour ! Mieux valait sans doute ne pas la retrouver !
A part cela, j'aime beaucoup ce "Bureau des amours perdues", et la fin " commencer par le début, être mendiant au bureau des amours perdues", que je trouve humble et magnifique.

Lobe
avatar 04/03/2018 @ 13:05:43
Pendant la nuit du onze
Au douze octobre
Perdu amour en ronce
Et robe sobre
Amour en fin de course
Né au printemps
Égaré dans la brousse
De l’air du temps


Cette strophe est magnifique!

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