Pendragon
avatar 08/07/2009 @ 11:44:06
Commençons par le pitch qui vous exprimera d’emblée le style du film : Audrey (Halle Berry) est mariée avec Brian (David Duchovny), ils ont deux enfants et sont parfaitement heureux. Brian a un ami d’enfance, Jerry (Benicio Del Toro) qui est un héroïnomane qui s’enfonce et se perd de plus en plus. Audrey n’aime pas Jerry, elle ne comprend pas son mari qui le voit, l’aime, le protège. Brian répond simplement « c’est mon ami ». Brian meurt soudainement… Audrey invite Jerry aux funérailles. Tous deux sont évidemment dévastés mais réagissent de manières différentes. Quelques temps se passent et Audrey demande à Jerry de venir habiter le garage aménagé de sa maison… pour elle, pour les enfants, pour le fantôme de Brian. Il accepte…

Le film montre le rapport entre les personnages, entre ces différentes peines qui s’expriment ou ne s’expriment pas, le film montre la douleur, montre la haine, l’amour, montre le combat contre l’héroïne, contre la mort, contre la perte, contre les pertes, toutes les pertes…

Bien entendu, ce genre de film est imaginé au moins autant qu’il n’est vu ! Il y a une personnification qui s’opère et une transposition de nos propres sentiments au travers des réactions des protagonistes, mais cela reste un film d’une justesse extrêmement précise, justesse d’ailleurs mise en valeur par le jeu impeccable de Berry et Del Toro qui signent là, tous deux, probablement leur meilleure performance à ce jour. Signalons à ce propos que Del Toro est un acteur qui se bonifie incroyablement avec le temps, j’en veux pour preuve chronologique : The Indian Runner, The Usual Suspects, Snatch, Traffic, The Pledge, 21 Grams (magnifique également), Sin City, Things We Lost in the Fire… Quant à Halle Berry, elle est belle certes, mais elle nous prouve ici, qu’au moins, elle n’est pas que ça. Sa gradation et l’évolution qu’elle nous montre dans ses divers ressentis est exceptionnelle ! Duchovny (le Fox Mulder d’X Files) n’a finalement qu’un petit rôle, mais il l’interprète correctement, avec beaucoup de pudeur et de mise en retrait. Bref, du grand art !

La manière de filmer est classique, un peu plus théâtrale que cinématographique, avec une succession de scènes fixes plutôt que des plans continus et beaucoup de close ups très rapprochés qui ponctuent les scènes en question. Cette manière rajoute en intensité et en intimité, incluant le spectateur à la scène pour le faire passer du côté de l’acte plutôt que de le laisser en observateur neutre et impartial.

La réalisatrice est une petite nouvelle dans le monde hollywoodien en ce sens qu’elle avait un bon bagage danois (elle est née à Copenhagen), mais je n’ai pas eu l’occasion de voir ses réalisations précédentes. Cela dit, avec un producteur comme Sam Mendes (réalisateur d’American Beauty quand même), on pouvait s’imaginer qu’elle n’était pas manchote de la caméra.

Signalons enfin les bonnes performances des deux enfants, du voisin (John Carroll Lynch) et de Kelly (Alison Lohman que l’on vient de voir dans Drag me to Hell) qui soutiennent efficacement tant les personnages principaux que l’intrigue, ajoutant une touche de réalisme certaine.

Bref, c’est un excellent film, magnifiquement interprété qui mérite amplement sa place au sein de votre dvd-thèque.

P.

Page 1 de 1
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier