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Comment décrire ce chef-d’œuvre absolu ? En le qualifiant de chef-d’œuvre absolu… sans doute !
L’histoire est celle de Jesse James (Brad Pitt), bandit célèbre qui défraya la chronique américaine entre 1866 (la première attaque de banque du gang mais aussi de l’histoire) et 1882 (date de sa mort). Ce film est presqu’exclusivement centré sur Jesse James, sur son charisme, sur sa « folie », sur ses phobies, sur sa relation avec les gens mais aussi et surtout avec lui-même, ses fantômes, ses peurs. C’est une introspection qui, sans que je sois à même de vous dire si elle est vraie ou fausse, est absolument grandiose, fantastique et émouvante au plus haut point. En face de Jesse, se campe Robert Ford (Casey Affleck), un admirateur des premiers jours mais qui ne fera partie de sa bande qu’à partir de 1880.
Entre les deux hommes d’étranges et complexes liens se tissent. Certes il y a l’admiration exacerbée de la part de Ford et cela flatte l’ego de Jesse James, mais au-delà de cette admiration, y a-t-il de la jalousie ? ou pire que cela ? une envie de prendre sa place ? de devenir Jesse James !? Et Jesse, malgré sa grande intelligence et sa très bonne connaissance de l’homme et de l’âme humaine, ne sait pas exactement comment départager le bon côté du mauvais. On a parfois l’impression qu’il garde cette relation avec Robert comme une sorte de pénitence pour les mauvaises actions qu’il a commises, sachant, au fond de lui, qu’un homme de sa trempe ne pourra jamais mourir autrement que trahi par l’un des siens !
Encore une fois, je n’étais pas présent à l’époque (!) et je ne peux pas non plus préjuger de la véracité du film, mais la présentation de la relation qui en est faite est réellement la considération que Jesse James gardait sous la main un serpent à sonnette du nom de Robert Ford, ceci ayant le double avantage de garder un œil sur l’instrument de votre mort, mais aussi, le cas échéant de pouvoir l’éliminer le moment opportun. Ce qui me fait dire cela est clairement la scène où l’on voit Jesse James jouer avec des serpents, devant Robert Ford un peu effrayé, avant de les décapiter, montrant par là son pouvoir sur les choses et sa « non-peur » devant la mortalité qu’elles portent en elles.
Bien sûr, cette relation évolue, il a dû y avoir une sorte d’amour-haine entre eux et au moment où j’écris ces lignes, la scène du meurtre bien ancrée dans mes neurones, je ne peux pas encore déterminer si c’était un suicide de Jesse James et donc, un acte d’amour perpétré par Robert Ford ou si c’était une bravade de Jesse-trompe-la-mort, une bravade de trop et un acte de peur et de lâcheté de la part de Robert Ford qui a vu dans ce meurtre le seul moyen d’échapper lui-même à la mort.
Renseignements pris sur le net (évidemment, cela vaut ce que ça vaut), Robert Ford aurait eu l’intention de tuer Jesse James depuis fort tôt dans leur relation, pour l’argent d’une part mais aussi pour s’approprier une part de la gloire et de l’aura que Jesse avait… mais je n’aime pas cette version des choses ! Car même si le criminel Jesse James est finalement celui que nous aimons, et qu’on ne peut s’empêcher de détester un homme qui, pourtant, a débarrassé l’état d’un ennemi public, je ne peux croire en l’unique mesquinerie et lâcheté de Robert Ford, c’est trop simpliste, c’est trop « bête »…
Bah, ne regardons pas les faits mais la beauté des images (double sens)…
Et parlons-en, des images ! Tout ce film est une suite d’images et de photos, toutes plus belles les unes que les autres, les paysages sont évidemment magnifiques, mais ils sont proprement magnifiés par l’œil de la caméra qui filme des ambiances, des accélérations, des ralentis, des jeux de couleurs… mais aussi des hommes, des regards… Roger Deakins (le « cinematographer ») signe ici sa meilleure performance !
Au niveau des acteurs, point n’est besoin de rappeler que Brad Pitt est un acteur excellent qui campe un Jesse James plus vrai que nature, et en tout cas, plus beau, plus grand et plus charismatique que le vrai (d’après les photos). Il rajoute une dimension incroyable à une légende vivante, il le rend plus épais, plus vivant, plus spirituel, plus mystique, il réussit à faire de Jesse James un homme en quatre dimensions au lieu des trois habituelles. Bref, il réussit une performance qui laisse pantois ! Mais cela dit, et la critique est unanime (au vu des différents awards remportés), celui qui ressort du film est sans conteste le jeune Casey Affleck qui réalise ici l’exploit indéniable de rivaliser avec Brad Pitt-le-crève-écran. Par souci d’honnêteté, je me dois d’avouer que si je reconnais sans doute aucun ses qualités d’acteur, je n’ai pas du tout aimé son jeu, cette représentation d’un simplet un peu niais, vous voyez, à la Hugh Grant, le gars qui est toujours moqué, toujours mal à l’aise dans son costume, avec les yeux qui tombent et les pieds toujours prêts à se faire marcher dessus… bah, je n’aime pas ce genre de lambin et cela a gâché un peu mon plaisir… mais cela renforce également cette sensation décrite un peu plus haut : il ne pouvait y avoir que de la lâcheté dans son geste, il devait y avoir bien plus…
Cela dit, cela reste un film complètement sidérant, d’une ambiance lourde et prenante, où tout participe à l’interaction du spectateur dans la vie de Jesse James : les images, la musique, et la voix off… surtout la voix off qui relate des extraits (présupposés véridiques) de la vie de Jesse James. Impressionnant !
Le film dure 2h30… et j’ai hâte de me procurer la version de 4 heures, c’est-à-dire la première « director’s cut » mais qui a ensuite été amputée pour que cela convienne plus au grand public. Et, à propos du réalisateur, Andrew Dominik, on peut dire que cette première œuvre (seconde en fait, il a fait Chopper en 2000) est une merveille de direction d’acteur et de caméra, c’est réellement du GRAND ART et j’ose croire qu’il ne s’arrêtera pas là.
Bref, vous aurez compris au terme de cette (longue) critique que c’est un chef d’œuvre absolu qui est sans aucun doute sur le podium des meilleurs films de tous les temps.
P.
L’histoire est celle de Jesse James (Brad Pitt), bandit célèbre qui défraya la chronique américaine entre 1866 (la première attaque de banque du gang mais aussi de l’histoire) et 1882 (date de sa mort). Ce film est presqu’exclusivement centré sur Jesse James, sur son charisme, sur sa « folie », sur ses phobies, sur sa relation avec les gens mais aussi et surtout avec lui-même, ses fantômes, ses peurs. C’est une introspection qui, sans que je sois à même de vous dire si elle est vraie ou fausse, est absolument grandiose, fantastique et émouvante au plus haut point. En face de Jesse, se campe Robert Ford (Casey Affleck), un admirateur des premiers jours mais qui ne fera partie de sa bande qu’à partir de 1880.
Entre les deux hommes d’étranges et complexes liens se tissent. Certes il y a l’admiration exacerbée de la part de Ford et cela flatte l’ego de Jesse James, mais au-delà de cette admiration, y a-t-il de la jalousie ? ou pire que cela ? une envie de prendre sa place ? de devenir Jesse James !? Et Jesse, malgré sa grande intelligence et sa très bonne connaissance de l’homme et de l’âme humaine, ne sait pas exactement comment départager le bon côté du mauvais. On a parfois l’impression qu’il garde cette relation avec Robert comme une sorte de pénitence pour les mauvaises actions qu’il a commises, sachant, au fond de lui, qu’un homme de sa trempe ne pourra jamais mourir autrement que trahi par l’un des siens !
Encore une fois, je n’étais pas présent à l’époque (!) et je ne peux pas non plus préjuger de la véracité du film, mais la présentation de la relation qui en est faite est réellement la considération que Jesse James gardait sous la main un serpent à sonnette du nom de Robert Ford, ceci ayant le double avantage de garder un œil sur l’instrument de votre mort, mais aussi, le cas échéant de pouvoir l’éliminer le moment opportun. Ce qui me fait dire cela est clairement la scène où l’on voit Jesse James jouer avec des serpents, devant Robert Ford un peu effrayé, avant de les décapiter, montrant par là son pouvoir sur les choses et sa « non-peur » devant la mortalité qu’elles portent en elles.
Bien sûr, cette relation évolue, il a dû y avoir une sorte d’amour-haine entre eux et au moment où j’écris ces lignes, la scène du meurtre bien ancrée dans mes neurones, je ne peux pas encore déterminer si c’était un suicide de Jesse James et donc, un acte d’amour perpétré par Robert Ford ou si c’était une bravade de Jesse-trompe-la-mort, une bravade de trop et un acte de peur et de lâcheté de la part de Robert Ford qui a vu dans ce meurtre le seul moyen d’échapper lui-même à la mort.
Renseignements pris sur le net (évidemment, cela vaut ce que ça vaut), Robert Ford aurait eu l’intention de tuer Jesse James depuis fort tôt dans leur relation, pour l’argent d’une part mais aussi pour s’approprier une part de la gloire et de l’aura que Jesse avait… mais je n’aime pas cette version des choses ! Car même si le criminel Jesse James est finalement celui que nous aimons, et qu’on ne peut s’empêcher de détester un homme qui, pourtant, a débarrassé l’état d’un ennemi public, je ne peux croire en l’unique mesquinerie et lâcheté de Robert Ford, c’est trop simpliste, c’est trop « bête »…
Bah, ne regardons pas les faits mais la beauté des images (double sens)…
Et parlons-en, des images ! Tout ce film est une suite d’images et de photos, toutes plus belles les unes que les autres, les paysages sont évidemment magnifiques, mais ils sont proprement magnifiés par l’œil de la caméra qui filme des ambiances, des accélérations, des ralentis, des jeux de couleurs… mais aussi des hommes, des regards… Roger Deakins (le « cinematographer ») signe ici sa meilleure performance !
Au niveau des acteurs, point n’est besoin de rappeler que Brad Pitt est un acteur excellent qui campe un Jesse James plus vrai que nature, et en tout cas, plus beau, plus grand et plus charismatique que le vrai (d’après les photos). Il rajoute une dimension incroyable à une légende vivante, il le rend plus épais, plus vivant, plus spirituel, plus mystique, il réussit à faire de Jesse James un homme en quatre dimensions au lieu des trois habituelles. Bref, il réussit une performance qui laisse pantois ! Mais cela dit, et la critique est unanime (au vu des différents awards remportés), celui qui ressort du film est sans conteste le jeune Casey Affleck qui réalise ici l’exploit indéniable de rivaliser avec Brad Pitt-le-crève-écran. Par souci d’honnêteté, je me dois d’avouer que si je reconnais sans doute aucun ses qualités d’acteur, je n’ai pas du tout aimé son jeu, cette représentation d’un simplet un peu niais, vous voyez, à la Hugh Grant, le gars qui est toujours moqué, toujours mal à l’aise dans son costume, avec les yeux qui tombent et les pieds toujours prêts à se faire marcher dessus… bah, je n’aime pas ce genre de lambin et cela a gâché un peu mon plaisir… mais cela renforce également cette sensation décrite un peu plus haut : il ne pouvait y avoir que de la lâcheté dans son geste, il devait y avoir bien plus…
Cela dit, cela reste un film complètement sidérant, d’une ambiance lourde et prenante, où tout participe à l’interaction du spectateur dans la vie de Jesse James : les images, la musique, et la voix off… surtout la voix off qui relate des extraits (présupposés véridiques) de la vie de Jesse James. Impressionnant !
Le film dure 2h30… et j’ai hâte de me procurer la version de 4 heures, c’est-à-dire la première « director’s cut » mais qui a ensuite été amputée pour que cela convienne plus au grand public. Et, à propos du réalisateur, Andrew Dominik, on peut dire que cette première œuvre (seconde en fait, il a fait Chopper en 2000) est une merveille de direction d’acteur et de caméra, c’est réellement du GRAND ART et j’ose croire qu’il ne s’arrêtera pas là.
Bref, vous aurez compris au terme de cette (longue) critique que c’est un chef d’œuvre absolu qui est sans aucun doute sur le podium des meilleurs films de tous les temps.
P.
Pas grand chose à rajouter à ta critique ;-)
Excellent film, vraiment. Peut-être quelques longueurs, cela dit ?
Les deux acteurs principaux sont vraiment éblouissants. Brad Pitt convient parfaitement (vraiment un bon acteur), et j'ai découvert un Casey Affleck qui remplit à la perfection son rôle de second dévoué à son idole. Rien à voir avec son grand frère dont les films laissent parfois (souvent?) à désirer. Son jeu est certes un peu "niais", mais cela renforce son rôle de suiveur. Mais rien à voir avec Hugh Grant, cela dit ! Ici, le personnage apparaît beaucoup plus fourbe et torturé. C'est quelqu'un qui rêve de briller, mais qui n'a pas le charisme pour le faire.
Bref, un film à voir. Bon courage pour la version de 4h, néanmoins ;-)
Excellent film, vraiment. Peut-être quelques longueurs, cela dit ?
Les deux acteurs principaux sont vraiment éblouissants. Brad Pitt convient parfaitement (vraiment un bon acteur), et j'ai découvert un Casey Affleck qui remplit à la perfection son rôle de second dévoué à son idole. Rien à voir avec son grand frère dont les films laissent parfois (souvent?) à désirer. Son jeu est certes un peu "niais", mais cela renforce son rôle de suiveur. Mais rien à voir avec Hugh Grant, cela dit ! Ici, le personnage apparaît beaucoup plus fourbe et torturé. C'est quelqu'un qui rêve de briller, mais qui n'a pas le charisme pour le faire.
Bref, un film à voir. Bon courage pour la version de 4h, néanmoins ;-)
Pareil, ça faisait longtemps que j'attendais cette critique et pas grand chose à rajouter, si ce n'est que je trouve le jeu de Affleck très bon dans ce rôle de petit qui se rêve grand. On voit bien dans la fin du film, après l'assassinat, quand tout le monde le méprise et le traite de lâche que plus que l'argent, c'est la gloire qui le motivait, d'où cette relation d'amour haine avec Jesse, et voyant qu'il ne pourrait pas devenir Jesse, il l'a tué en espérant en tirer du prestige. Et je trouve que Affleck rend parfaitement ça, plus que niais, Ford est fourbe et il faut pas oublié que c'est un jeune (même pas 20 ans il me semble) dont l'expérience criminelle est encore vierge quand il rejoint la bande de Jesse, c'est donc normal qu'il réagisse un peu bêtement devant ces bandits endurcis - même si le gang est fait de seconds couteaux, la bande originale de Jesse ayant été décimée à travers le temps. Ford est un lâche et un fourbe, mais malgré tout un ambitieux. Et je trouve que ce paradoxe est parfaitement rendu par le jeu de Affleck. Quelque part, c'est un Don Quichotte (qu'on peut aussi voir comme un niais à certains égards): il a découvert Jesse James dans les comic books et veut maintenant être à son tour un héros de roman. Il n'a juste pas l'étoffe nécessaire et se retrouve déphasé et perdu par rapport à la réalité.
A très, très grand film. Ne les ayant pas tous vus, je ne sais pas s'il est sur le podium du meilleur film de tous les temps, mais il est bel et bien sur mon podium personnel !
Et l'attaque de train reste à ce jour ce que j'ai vu de plus beau au cinéma, esthétiquement parlant !
A très, très grand film. Ne les ayant pas tous vus, je ne sais pas s'il est sur le podium du meilleur film de tous les temps, mais il est bel et bien sur mon podium personnel !
Et l'attaque de train reste à ce jour ce que j'ai vu de plus beau au cinéma, esthétiquement parlant !
Tiens, je me faisais la réflexion suivante l’autre jour : comment se fait-il que suite à l’assassinat de Jesse James les gens se soient tellement proclamé en sa faveur et aient à ce point détesté Robert Ford ? C’est vrai après tout, Jesse James avait 17 meurtres à son actif, il avait dévalisé banques, trains et diligences pendant 20 ans et voilà que le brave Robert Ford débarrasse le Kansas, le Kentucky et autre état avoisinant de cette menace… et pourtant c’est lui qui est haï !
En dehors du fait que la mémoire humaine est courte et qu’une fois le danger écarté, on ne se souvient plus que du « thrilling » éprouvé et en mettant également de côté le charisme de Jesse James ; d’ailleurs, en tentant de généraliser ce fait, ma réponse serait que les gens pardonnent plus la violence que la lâcheté et la trahison, parce que tout le monde a une part de violence en soi, mais tout le monde n’a pas forcément de la lâcheté et certes pas de la trahison en soi…
Cela dit, relativisons quand même, après tout, il n’avait « même pas » un meurtre par an à son actif, c’est donc, toute proportion gardée, une menace minime par rapport aux divers dangers qui sévissaient à l’époque… je suppose que cela a aussi contribué à lui pardonner ses méfaits…
Vous en pensez quoi ?
En dehors du fait que la mémoire humaine est courte et qu’une fois le danger écarté, on ne se souvient plus que du « thrilling » éprouvé et en mettant également de côté le charisme de Jesse James ; d’ailleurs, en tentant de généraliser ce fait, ma réponse serait que les gens pardonnent plus la violence que la lâcheté et la trahison, parce que tout le monde a une part de violence en soi, mais tout le monde n’a pas forcément de la lâcheté et certes pas de la trahison en soi…
Cela dit, relativisons quand même, après tout, il n’avait « même pas » un meurtre par an à son actif, c’est donc, toute proportion gardée, une menace minime par rapport aux divers dangers qui sévissaient à l’époque… je suppose que cela a aussi contribué à lui pardonner ses méfaits…
Vous en pensez quoi ?
J'aime bien ton analyse.
Sur le net, j'ai trouvé le passage suivant :
"Homme du sud, ancien guérillero, Jesse aurait agi au nom d'une cause, noble et tragique : se venger de l'Union qui avait gâché sa vie avant de le marquer dans son corps. Ses concitoyens, de plus en plus urbanisés, de plus en plus coincés et réduits à une vie d'une désolante banalité, voyaient en lui le dernier des aventuriers. Un mythe vivant..."
Robert Ford serait donc celui qui a tué l'homme qui les faisait rêver, celui en qui ils pouvaient s'évader d'un quotidien morose. Jesse James serait vu comme un révolté, et au travers lui, c'est leur propre révolte que ses concitoyens pouvaient vivre.
Sur le net, j'ai trouvé le passage suivant :
"Homme du sud, ancien guérillero, Jesse aurait agi au nom d'une cause, noble et tragique : se venger de l'Union qui avait gâché sa vie avant de le marquer dans son corps. Ses concitoyens, de plus en plus urbanisés, de plus en plus coincés et réduits à une vie d'une désolante banalité, voyaient en lui le dernier des aventuriers. Un mythe vivant..."
Robert Ford serait donc celui qui a tué l'homme qui les faisait rêver, celui en qui ils pouvaient s'évader d'un quotidien morose. Jesse James serait vu comme un révolté, et au travers lui, c'est leur propre révolte que ses concitoyens pouvaient vivre.
Je suis d'accord avec vous deux. D'une part, en effet, les hommes pardonnent plus facilement la violence que la lâcheté. Ca remonte pas à Jesse James, mais déjà à Rome, quand Jules Cesar est assassiné, les mêmes qui la veille s'élevaient contre le dictateur qu'il était devenu ont forcé ses assassins à quitter Rome comme des fugitifs.
Second point, dans le cas particuliers de Jesse James, au-delà du criminel, il était une légende vivante. La plupart des gens, comme Robert Ford, le connaissait plus pour être un héros de BD qu'un dangereux criminel. Pour la plèbe, Jesse James était donc ce Robin des Bois, l'incarnation de l'image romantique et schilerienne du bandit, le bel aventurier renégat qui vit selon ses propres règles sans rendre de compte à personne. Et donc, ce n'est pas un criminel que Bob Ford a tué, c'est un héros de BD, c'est l'Homme, celui que les garçons veulent devenir et avec qui les femmes veulent coucher. Et comble de tout, Ford n'a pas seulement tué une légende, il l'a tuée lâchement (ce qui est indéniable : tirer dans son dos sur un homme désarmé, même dans l'hypothèse où Jesse James était "consentant", ça reste pas très reluisant). Au vu de tout ça, je pense qu'il y a de quoi s'attirer l'opprobre.
Second point, dans le cas particuliers de Jesse James, au-delà du criminel, il était une légende vivante. La plupart des gens, comme Robert Ford, le connaissait plus pour être un héros de BD qu'un dangereux criminel. Pour la plèbe, Jesse James était donc ce Robin des Bois, l'incarnation de l'image romantique et schilerienne du bandit, le bel aventurier renégat qui vit selon ses propres règles sans rendre de compte à personne. Et donc, ce n'est pas un criminel que Bob Ford a tué, c'est un héros de BD, c'est l'Homme, celui que les garçons veulent devenir et avec qui les femmes veulent coucher. Et comble de tout, Ford n'a pas seulement tué une légende, il l'a tuée lâchement (ce qui est indéniable : tirer dans son dos sur un homme désarmé, même dans l'hypothèse où Jesse James était "consentant", ça reste pas très reluisant). Au vu de tout ça, je pense qu'il y a de quoi s'attirer l'opprobre.
Il y a quand même une réflexion philosophique là derrière, parce que si vous regardez bien l’histoire, les « grands criminels », pour autant qu’ils soient plus ou moins individualistes et aventuriers (et donc pas des Hitler ou des Ben Laden) ont toujours été admirés, quels que soient, finalement, leurs crimes ! Jesse James, Butch Cassidy, Sundance Kid, Dillinger, Bonnie & Clyde, Baby Face Nelson, … ou même, plus près de nous, Mesrine ont toujours eu un impact positif sur le public alors qu’ils volaient et parfois tuaient…
Bien sûr, si nous avions été nous-mêmes victimes de vol ou de meurtre, ce qui suit n’est pas applicable, mais tant que les victimes étaient « les autres » (ce qui démontre, en sus, le caractère égoïste de l’homme), ces gangsters étaient « héroïfiés » parce qu’ils étaient avant tout des « outlaw », des gens qui vivaient selon une liberté absolue, au-dessus de toute forme de carcan, moral, religieux, légal, …
Ma réflexion est donc que l’être humain place la liberté d’action au-dessus d’une forme « absolue » de bien et de mal (absolue dans le sens où il paraît évident que tuer de sang froid pour dévaliser une banque est « mal ») et poussant plus loin ma réflexion, je me demande ce qui peut pousser l’être humain à avoir à ce point besoin de personnification de la liberté, sorte de parangon libertaire ou de matérialisation d’un rêve, d’un idéal… sommes-nous à ce point prisonniers de nos vies que nos « dieux mortels » doivent être des hors-la-loi ?
P.
Bien sûr, si nous avions été nous-mêmes victimes de vol ou de meurtre, ce qui suit n’est pas applicable, mais tant que les victimes étaient « les autres » (ce qui démontre, en sus, le caractère égoïste de l’homme), ces gangsters étaient « héroïfiés » parce qu’ils étaient avant tout des « outlaw », des gens qui vivaient selon une liberté absolue, au-dessus de toute forme de carcan, moral, religieux, légal, …
Ma réflexion est donc que l’être humain place la liberté d’action au-dessus d’une forme « absolue » de bien et de mal (absolue dans le sens où il paraît évident que tuer de sang froid pour dévaliser une banque est « mal ») et poussant plus loin ma réflexion, je me demande ce qui peut pousser l’être humain à avoir à ce point besoin de personnification de la liberté, sorte de parangon libertaire ou de matérialisation d’un rêve, d’un idéal… sommes-nous à ce point prisonniers de nos vies que nos « dieux mortels » doivent être des hors-la-loi ?
P.
ma réponse serait que les gens pardonnent plus la violence que la lâcheté et la trahison, parce que tout le monde a une part de violence en soi, mais tout le monde n’a pas forcément de la lâcheté et certes pas de la trahison en soi…
Vous en pensez quoi ?
Je ne partage pas vraiment ton avis là dessus. Il me semble que la trahison et la lâcheté font autant partie de l'être humain que la violence, suffit de voir le nombre d'infidélité ou de mensonge, il me semble que ça concerne la majeure partie des gens.
Et je ne suis pas sûr que le statut de héros est donné aux gens qui usent (ou abusent, au choix) de leur liberté au maximum, en tout cas je ne pense pas que ce soit le premier critère qui compte pour les gens, c'est plus le côté spectaculaire ou aventureux il me semble. J'ai l'impression que la plupart des gens sont plus effrayés qu'attiré par la liberté totale.
Sinon j'ai bien apprécié le film (sans le mettre dans mes chefs d'oeuvres absolus), chouettes images, bons acteurs, scénar pas trop naze.
c'est parfois à se demander pourquoi faire de longues critiques de films, alors qu'il suffit de dire "chouettes images, bons acteurs, scénar pas trop naze"...
:-(
:-(
lol Tu attends que tout le monde aie le même comportement que toi Pendragon? Ou qu'on applaudisse ton effort? Désolé de te décevoir mais tu as l'habitude avec moi hein! ;op
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