Saule

avatar 21/12/2008 @ 11:15:10
Il y a un article très pertinent dans le Monde Diplomatique de décembre qui parle de cette nouvelle mode qu'on les patrons d'écrire des livres (au titre souvent alarmiste et tapageur) pour critiquer le capitalisme. Le titre de l'article est "Quand le patronat accuse le capitalisme", c'est écrit par François Chesnais.

Il explique le phénomène des patrons (Patrick Artus est directeur des études d'une banque) qui critiquent le capitalisme. Il y parle notamment d'un autre livre de Artus, critiqué sur ce site, "Le capitalisme est en train de s'auto-détruire". Je cite l'article :

"Il s'agit d'abord, bien sûr, de ne pas laisser aux seuls anti-libéraux et aux alter-mondialistes le monopole d'un filon éditorial porteur. Ceux-ci ne seront jamais cités, pas plus que les universitaires dont les travaux sont utilisés". Il s'agit ensuite de damer le pion aux critiques, en montrant qu'on est aussi conscient des dysfonctionnements du système, tout en étant capable d'avancer des solutions avec la légitimité qui sied aux gens qui voient les choses de l'intérieur." Ou encore, il qualifie ce genre de livre de "Variétés savantes du "Il faut que tout change pour que rien ne change", leurs ouvrages combinent acuité du diagnostic et innocuité des remèdes."

Je n'ai pas lu le livre de Artus que tu critiques, sur les banques centrales, mais je suis très circonspect quand tu dis qu'il brille par la clarté et l'esprit de synthèse. J'ai plutôt l'impression que c'est de la vulgarisation facile. N'importe qui peut raconter ce qu'il dit la, c'est le b.a.b.a des cours d'économie. Ce genre de discussions sur la politique des banques centrales, leur indépendance,.. revient régulièrement. Pour l'instant la mode est keynésienne : politique de dépenses gouvernementales pour relancer l'économie, diminution des taux d'intérêts. Et donc Artus va dans le même courant : les banques centrales ne doivent pas être obsédées par la lutte contre l'inflation... bref je me demande si ce n'est pas un peu du "il faut que tout change pour que rien ne change" (gardons nous de trouver les vrai coupables quoi).

Bon je répète je n'ai pas lu le livre et ne compte pas le lire, mais il n'en reste pas moins que j'ai un doute sur la légitimité de son auteur. Je te conseille plutôt les publications de Attac, qui sont de la vulgarisation nettement plus engagée et d'une grande valeur théorique.

Saint Jean-Baptiste 22/12/2008 @ 12:10:36
Je ne lirai pas non plus ce livre de Arthus parce que je sens que c'est du réchauffé, du "déjà lu" cent fois.
Mais il faut bien dire que les publications des anti-libéralisme et alter mondialistes sont toutes les mêmes aussi : ça nous raconte à longueur de pages que tout va de plus en plus mal, que le Libéralisme va anéantir la planète et que tout est foutu. Mais ça ne donne jamais un remède sérieux.

En 1929 le Capitalisme est tombé en crise pour ne pas avoir respecté les règles essentielles de l'économie. Mais dès 36 la machine était relancée. C'est bon qu'il y a eu la guerre ; mais de 45 à aujourd'hui le système a assuré une prospérité inégalée dans l'histoire du monde. Du moins pour ceux qui ont adopté ce système.
Nous sommes maintenant dans une crise profonde parce que les Américains ont transgressé les lois du Libéralisme et les Européens ont suivi bêtement.
Mais le système ne changera pas pour autant : il faudra se serrer la ceinture pendant 5 à 10 ans et puis ça repartira.
On prendra toutes les précautions pour que l'erreur d'aujourd'hui ne se reproduise plus mais nous serons toujours à la merci d'une autre erreur. Aucun système n'est infaillible.
Il n'y a pas d'alternative convenable au Libéralisme et au système Capitaliste.
Mais il ne faut pas désespérer : sur CL on cherche...

Saule

avatar 22/12/2008 @ 18:28:31

Nous sommes maintenant dans une crise profonde parce que les Américains ont transgressé les lois du Libéralisme et les Européens ont suivi bêtement.

Oui c'est exactement le discours ambiant chez les ultra-libéralistes ! Tout va mal, le système a perdu les pédales,.. et le remède : encore plus de libéralisme. C'est bien la technique employée par les patrons et autres capitalistes qui se mêlent d'écrire des livres alarmistes sur l'état du système. Au moins évitons de lire ces âneries, il suffit de savoir que la conclusion sera : surtout ne rien changer (à la limite remettre une dose de libéralisme), ça va passer, et de toute façon il n'y a pas d'alternative.


Il n'y a pas d'alternative convenable au Libéralisme et au système Capitaliste.
Mais il ne faut pas désespérer : sur CL on cherche...

Bon c'est clair qu'on ne va compter sur toi pour faire la révolution ! N'empêche, tu représentes, je pense la grosse majorité silencieuse dans les pays riches. Ce que tu penses est tout à fait honorable. Toi au moins tu n'as pas le culot d'écrire des livres tapageurs (vous avez vu la couverture du livre) pour dire : "vous voyez ce qui arrive ? C'est la faute des banques centrales". C'est il me semble le pire de l'hypocrisie. Ou comment on prend les gens pour des cons...

Saint Jean-Baptiste 22/12/2008 @ 21:13:29
Je ne comprends pas qu'on s'alarme sur l'état du système et qu'on propose comme remède encore plus de libéralisme. Mais personnellement je n'ai vu ça nulle part. Je vois plutôt qu'on est disposé à prendre toutes les précautions pour éviter de refaire les mêmes erreurs.

Sinon, je suis d'accord pour dire que rien ne changera. Pour moi, c'est faute d'une alternative crédible.
Mais ne t'y trompe pas ! Je veux un monde meilleur.
Tu pourras compter sur moi le jour où tu feras la révolution. Mais il faudrait d'abord trouver un autre système plus juste et plus équitable.
Je continue à chercher...

Saint Jean-Baptiste 22/12/2008 @ 22:18:40
Je n'ai encore rien trouvé... ;-(((
Mais je viens de voir que Franklin Roosevelt avait trouvé quelque chose : il proposait de donner une allocation mensuelle de l'équivalent de 1250 euros à tous les ménages américains à condition qu'elle soit dépensée sur le mois.
C'était un moyen pour sortir de la crise de 1929.
Il était donc fidèle au grand principe du Libéralisme américain : l'argent est fait pour rouler.
...Une idée à creuser, non ?

Saule

avatar 22/12/2008 @ 22:44:11
Une taxe sur les transactions financières. Reversement de 50% du produit de la taxe au pays du Sud. Il n'y a aucune raison d'ordre économique qui va à l'encontre de cette taxe. Par contre il y a un égoïsme évident de la part des gens qui ont le pouvoir.

C'est juste un exemple de solutions, il y en a d'autres. Mais ce n'est pas dans le livre de Altus que tu vas les trouver !

Saint Jean-Baptiste 23/12/2008 @ 11:03:28
Reversement de 50 % ? Oui ! Je dirais même reversement de la totalité.
Mais il faudrait en même temps mettre en place un organisme chargé de répartir équitablement cet argent dans des dispensaires, des installations hygiéniques, des écoles... Et que des gens intègres s'installent dans ces pays pour réaliser tout ça. Retour aux colonies en quelque sorte ? Ah ! non, c'était très mal les colonies...
Alors tout l'argent qu'on donnera aux pays du sud servira à acheter du matériel de guerre construit en Afrique du Sud ou en Europe ou en Amérique. Autant donner l'argent directement à ces firmes, alors, non ? .

Je crois qu'il faut trouver autre chose...

Saule

avatar 23/12/2008 @ 13:35:59
Repose sur tes deux oreilles, le capitalisme n'est pas près de changer. Le consensus est général dans les pays riches, encore plus après la crise financière je pense. Et comme ce sont les riches qui décident...

Attention, je ne sais pas mieux que toi ! Peut-être que le capitalisme n'a pas d'alternatives après tout. Cependant il reste les inégalités qui vont croissantes (entre le nord et le sud mais aussi à l'intérieur des pays riches). Et puis il reste le problème de la fuite en avant, vers toujours plus de croissance et de consommation. Donc, non, je trouve ça triste d'avoir un tel manque d'idéal (je ne parle pas de toi en particulier, mais de notre société prospère et égoïste).

Cependant mon intention première dans ce post était d'attirer l'attention sur la légitimité de l'auteur du livre. Il y a des lectures plus relevantes quand il s'agit de la politique des banques centrales. Et franchement j'ai plus confiance dans l'avis de Guy Quaden (notre gouverneur de la BC) que de l'opinion de Altus qui, tout malin qui soit, n'a pas empêché la descente aux enfers de sa banque !

Provis

avatar 23/12/2008 @ 14:36:13
J Nous sommes maintenant dans une crise profonde parce que les Américains ont transgressé les lois du Libéralisme et les Européens ont suivi bêtement.
Mais le système ne changera pas pour autant : il faudra se serrer la ceinture pendant 5 à 10 ans et puis ça repartira.
J’aimerais bien savoir quelles les lois du Libéralisme ont transgressé les Américains ??
J’ai toujours pensé que le libéralisme n’avait pas de lois, excepté celles très formelles de la protection de la propriété privée et de la possibilité de tout entreprendre ?

Le crise pourrait avoir un côté bénéfique, en ce qu’elle pourrait provoquer une vraie prise de conscience des problèmes de la planète, et orienter vers des solutions à long terme (que, sinon sur les grands principes, je ne connais pas.. je veux dire que je ne connais pas plus que toi, SJB.. :o) ..).

Hélas, les premiers moments de stupeur passés, après la crise, on ne voit pas grand-chose d’autre qu’une laborieuse tentative de replâtrage. On dit qu’on n’y est pour rien, que c’est une crise de la mondialisation (qu’est-ce que ça veut dire dans le détail ?), on bouche les trous et on renfloue les entreprises privées défaillantes (banques foireuses, industrie automobile, …) avec les impôts des contribuables.
Comment se fait-il que l’industrie automobile, américaine en particulier, avec tout le fric qu’elle s’est mis de côté depuis des décennies, n’arrive a subvenir à ses propres besoins en investissements, et qu’il soit nécessaire (dixit Bush) de la subventionner avec les deniers publics ?
Une nouvelle fois le libéralisme le démontre de lui-même : privatisation des bénéfices, mutualisations des pertes.

Saule a bien raison. Le drame du libéralisme, c’est qu’il ne peut marcher que sur des taux de croissance largement positifs, qui ne peuvent être obtenus que par l’accroissement de la consommation, de la pollution, l’appauvrissement des ressources naturelles, et la plus ou moins lente destruction de la planète.

Les dégâts de la crise sont devenus tellement évidents que les libéraux qui gouvernent le monde ne peuvent plus les nier. Alors tout au contraire, comme si l’accusateur ne pouvait pas être le coupable, ils dénoncent eux-mêmes de prétendus excès, ils désignent des boucs émissaires, parachutes dorés et entreprises qui délocalisent (cf. Sarkozy dans son discours d’hier au Brésil).
D’abord ils tentent de faire croire qu’ils n’y sont pour rien, et ensuite ils prétendent soigner les excès du libéralisme par un peu plus de libéralisme.

C’est vrai qu’ils nous prennent pour des c…., mais sans doute ont-ils un peu raison ??

Saint Jean-Baptiste 23/12/2008 @ 19:11:25
Je pense que les Américains ont transgressé les lois du Libéralisme en les laissant tomber.
Ils ont parlé d'auto-régulation du Libéralisme ; autrement dit tous les coups sont permis. Le but de toutes activités est devenu : faire du fric, beaucoup de fric et tout de suite.
Les banques américaines ont créé un excès de crédit. Pour s'en sortir, ils en ont fait des fonds de placement qu'ils ont refilés aux banques européennes.
Ils ont faussé le système sur toute la ligne.
C'est ici que je regrette de ne pas avoir fait de hautes études financières, je vous en mettrais plein la vue... ;-))

Mais en fait, les choses sont simples : l'argent doit servir une entreprise et l'entrepreneur doit rester le maître du jeu.
Or maintenant ce sont les actionnaires qui ont tout à dire. On le voit bien en Belgique avec le procès Fortis.
Mais les actionnaires veulent toujours plus d'argent et tout de suite, même au dépens de l'industrie.

C'est ceux qui ont l'argent qui font la loi. Et c'est ça qui est injuste. Ce n'est pas du tout les inégalités. Dans une société idéale tout le monde devrait avoir sa part mais les inégalités sont inévitables et ne sont pas une injustice.

Saule

avatar 23/12/2008 @ 21:08:08
On peut dire que tu es un idéaliste du capitalisme (lol). Mais selon moi tu as une vision du capitalisme à papa qui est un peu démodée. Le mythe de l'entrepreneur de papa qui mène sa petite entreprise pour le bien être des employés, c'est une douce nostalgie.

Saint Jean-Baptiste 23/12/2008 @ 21:32:00
Mais selon moi tu as une vision du capitalisme à papa qui est un peu démodée.

Est-ce ma vision qui est démodée ou moi ? Ne t'étrangle pas de rire, s'il te plait.

Revenons à nos chères lectures : dans son livre "monument" Les Mangeurs d'Étoiles, Romain Gary déclare qu'un idéaliste est un gars qui trouve qu'ici bas ce n'est pas assez bien pour lui, alors il décide de tout faire sauter...
Tu t'es reconnu ?
;-))

Saule

avatar 23/12/2008 @ 21:40:29
J'ai lu les racines du ciel, j'ai vraiment beaucoup aimé. Le mangeur d'étoile, c'est l'histoire des cerf-volants ? J'aimais un peu moins.

Saint Jean-Baptiste 23/12/2008 @ 22:09:10
Non, non, ça n'a rien à voir avec les cerfs volants.
C'est un livre gigantesque qui se passe chez les dictateurs d'Amérique latine.
Un de mes livres préférés.
Ça m'étonne que Tistou ne l'ait pas encore critiqué, c'est pourtant, si je ne me trompe, notre spécialiste de Romain Gary.

Saint Jean-Baptiste 24/12/2008 @ 15:44:05
« La finance doit être mise au service de l'économie et l'économie au service de l'homme »
Albert II Roi des Belges – discours du 23 décembre 2008.

En toute modestie, je ferai remarquer que c'est, en d'autres mots peut-être, ce que j'ai toujours dit.

Ça ne m'étonnerait pas que notre bon Roi vienne chercher son inspiration sur notre site favori...
;-))

Béatrice
avatar 27/12/2008 @ 12:20:19
@Saule
Artus enseigne à l’Ecole Polytechnique et à la Sorbonne, d’où ma bonne foi ... ou ma naïveté.

Béatrice
avatar 27/12/2008 @ 12:21:31
Source : Charlie Hebdo

Il faut pas jeter Rama Yade avec l’eau des droits de l’homme

Hommage : Un lycée portera le nom du dernier poilu, Lazare Ponticelli. Afin de rapprocher le plus les conditions de vie des tranchées, il n’y aura pas de toilettes, pas de chauffage, et les élèves qui sèchent les cours seront fusillés pour l’exemple

Pour éviter le vol de nouveau-né, une capsule de couleur le marque de manière indélébile lorsqu’on essaie de le sortir de la pouponnière. Après, c’est impossible de le revendre sur eBay

Robert Hue crée son parti, le Nouvel Espace Progressiste. Après Hue, qui relance le NEP, Marie-George Buffet n’a plus qu’à se laisser pousser la moustache et à assassiner Trotski

L’Oréal va supprimer 500 postes. Le bigoudi plonge à la Bourse de Tokyo

Euh ... je me suis trompé de fuseau. J’aurais dû le poster sur La blague du jour

Saule

avatar 28/12/2008 @ 17:16:59
@Saule
Artus enseigne à l’Ecole Polytechnique et à la Sorbonne, d’où ma bonne foi ... ou ma naïveté.

Oui, ce n'est probablement pas un imbécile. C'est juste à prendre avec circonspection !

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