Bernard2
avatar 14/10/2006 @ 14:02:41
En complément à mon commentaire négatif sur l’ouvrage, il me semble nécessaire de développer quelques aspects d’économie. En effet, qu’un livre puisse à ce point se tromper – et nous tromper – est grave. Un certain nombre de précisions s’impose.
- Les « soixante huitards », lorsqu’ils ont commencé à travailler, faisaient des semaines de 48 heures (8 heures par jour jusqu’au samedi soir). J’en ai parfaitement le souvenir, me classant dans cette catégorie, et ayant commencé à travailler fin 1971, après mes études et mon service militaire.
- Leurs efforts ont permis des gains de productivité, et ont conduit à supprimer le travail du samedi après-midi. C’était un avantage très appréciable, améliorant de manière sensible les conditions de vie.
- La poursuite de l’effort a fait gagner les fameuses « quarante heures » : un week-end de deux jours entiers.
- Dans cette démarche de progrès, le passage aux 35 heures aurait pu être considéré comme une nouvelle avancée. Hélas, les manœuvres politiques (des deux côtés) ont faussé la donne.
- Quoi qu’il en soit, prétendre que dans les entreprises, on travaille 35 heures est une marque d’ignorance. Ou de mauvaise foi. Tout le monde sait que la réalité est bien différente. Dire que les heures supplémentaires ne sont pas comptées est évidemment plus conforme à la réalité.
- La diminution régulière du temps de travail est le fruit des efforts fournis. La conséquence directe en est l’augmentation du coût horaire du travail. C’est normal, souhaitable, et mesure les gains de productivité.
- Or, ces gains ont été volés – c’est le mot approprié – à ceux qui ont permis qu’ils se réalisent. La mondialisation débridée a tout gâché : on a enlevé le travail à ceux dont le coût horaire était – et rappelons que c’était logique – jugé désormais trop élevé. Et on a confié ce travail à une main d’œuvre bon marché (Chine, Roumanie, etc). Le résultat était inévitable : grave crise dans le monde des entreprises. Un sabordage en toute conscience !
Pourtant, malgré ces décisions totalement suicidaires, force est de constater que :
- Le PIB, c'est-à-dire la richesse nationale, reste à peu près constante, et réussit même à progresser légèrement. Les politiques osent d’ailleurs s’en féliciter, alors qu’ils agissent en sens exactement contraire…
- La population française évolue, mais assez faiblement.
- L’inflation est maîtrisée.
Ce qui revient à dire que la richesse par habitant est à peu près constante. Par habitant, il faut bien sûr comprendre TOUS les habitants : jeunes, vieux, travailleurs ou non.
Dire que l’on ne peut pas financer les retraites est donc un mensonge. Dire que les actifs doivent travailler plus longtemps (plus d’heures par semaine, plus d’années de cotisations) est également un mensonge. C’est d’ailleurs l’absurdité du raisonnement qui met en lumière la contradiction entre ce discours malhonnête et la réalité des départs en retraite anticipée décidés par les entreprises !
La réalité est que ce qui n’est pas donné aux uns va dans la poche des autres (puisque, rappelons-le, le total varie peu). C’est bien ce qui se passe : la fourchette des revenus ne cesse de s’élargir. Ce qui est pris d’un côté (chez les plus nombreux), est accaparé par d’autres, qui se gavent. On le sait un peu, mais c’est comme l’iceberg…
La démonstration est implacable. Donc, ou bien ce livre se veut le complice de cette escroquerie vis-à-vis de la majorité des Français, ou il est un tissu d’âneries. A chacun de choisir.

Saint Jean-Baptiste 14/10/2006 @ 20:21:32
Je ne suis pas économiste et je n'ai pas lu le livre, donc c'est le moment d'appliquer le grand principe : c'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa g...
;-)
Bernard 2, moi aussi j'ai commencé avec les 48 heures et 12 jours de congés payés.
Mon père disait : de mon temps, c'était 48 h et 4 jours de congés par an.
La grande conquête sociale depuis les congés payés, c'est le congé du samedi. Ça a transformé la vie des gens.
Pour moi, il fallait en rester là.

Les 35 heures pour tous est, selon moi, une décision démagogique. Ça ne peut pas s'appliquer dans tous les secteurs. Comme tu dis très bien, c'est le plus souvent compensé par les heures supplémentaires qui font monter excessivement les coûts, face à la concurrence.

Mais de toutes façons, j'ai l'impression que la réduction des heures de travail a ses limites.
Ça force la plupart du temps les travailleurs à fournir la même quantité de travail mais en moins de temps. Ça donne un climat de surtension perpétuel : dans certains secteurs on fait la course contre la montre du matin au soir aux dépens de la qualité et de la sécurité.

De plus, quand on demande au personnel : voulez vous travailler moins ou, travailler plus et gagner plus, la réponse est toujours : travailler plus et gagner plus. Surtout chez les plus jeunes.
Mais ton propos n'est pas là.
Tu dis que les fruits des efforts fournis par la productivité ont été accaparés : c'est très juste ! Ils ont profité aux capitalistes, en fait aux actionnaires.
Mais à mon avis, ces progrès proviennent non pas de la diminution du temps de travail mais du progrès des machines qui remplacent la main d'œuvre, ou des délocalisations là où la main d'œuvre est moins chère.

En fait, je n'ai pas compris le rapport que tu fais entre les 35 h et la productivité et le PIB.
Je trouve que, dans la plupart des cas, les réductions du temps de travail ne font qu'aggraver les conditions de travail sans réduire le chômage.

Sinon pour ta conclusion qui, si je comprends bien, démoli la thèse du livre, je suis tout à fait de ton avis : on saura toujours financer les retraites mais il faudra trouver l'argent ailleurs !
Mais je pense que la France (et c'est la même chose en Belgique) est réfractaire à toutes réformes. Je pense aux réformes voulues par Raffarin, entre autres, qui n'étaient qu'un début et dont personne n'a voulu entendre parler. Et pourtant ces réformes partaient dans le bon sens, me semble-t-il.

Mae West 14/10/2006 @ 21:18:43
Très intéressant poiNt de vue, de ceux dont on manque cruellement à la lecture des quotidiens et aux infos de la télé, parcequ'ils vont à l'encontre des idées reçues, ou plus exactement des idées qu'on veut nous imposer, avec cette fameuse "pensée unique"à la clef.

Tu avais écrit un excellent article suR ce thème,

http://critlib.com/i.php/forum/sujet/4042

on en redemande

Aria
avatar 15/10/2006 @ 01:16:29
Merci Bernard2 pour ton analyse. Je suis totalement d'accord avec ce que tu dis.

Denis Jeambar, l'auteur du bouquin, surfe sur la vague du "Français, tous des feignants", ce que notre ex-Premier Ministre, Monsieur Raffarin, adorait aller raconter à l'étranger, au Québec notamment.

Il y aurait beaucoup à dire sur les 35 heures.
Je dirai seulement que c'est assez facile de travailler 60/70 heures par semaine quand on les fesses sur une chaise, qu'on a un travail intelligent et que l'on aime. Mais 35 heures à la chaîne, dans le bâtiment, comme couvreur, dans les rues à manier le marteau-piqueur, ou à courir partout comme une aide-soignante dans un hôpital ou une maison de retraite... (sans compter les 2h1/2- 3 h de transport en commun en Région parisienne) certains devraient essayer juste une semaine.

Saule

avatar 15/10/2006 @ 10:06:35

Il y aurait beaucoup à dire sur les 35 heures.
Je dirai seulement que c'est assez facile de travailler 60/70 heures par semaine quand on les fesses sur une chaise, qu'on a un travail intelligent et que l'on aime. Mais 35 heures à la chaîne, dans le bâtiment, comme couvreur, dans les rues à manier le marteau-piqueur, ou à courir partout comme une aide-soignante dans un hôpital ou une maison de retraite... (sans compter les 2h1/2- 3 h de transport en commun en Région parisienne) certains devraient essayer juste une semaine.

C'est exact. En fait le malentendu provient du fait que le mot travail recouvre deux activités très différentes : celle que tu décrits et pour laquelle on paye très mal et l'activité des cadres de haut-niveau (ou autres fonctions pseudo-intellectuelles) qui est en réalité plus un hobby qu'un travail : assister à des réunions, voyager, jouer au golf avec son collègue PDG d'une autre grosse boite,... Activité gratifiante sur le plan de la considération sociale, sur le plan intellectuel et en plus super bien payée.
En général ceux qui critiquent les 35 heures sont ceux de la deuxième catégorie.

Saint Jean-Baptiste 15/10/2006 @ 11:49:08
c'est assez facile de travailler 60/70 heures par semaine quand on les fesses sur une chaise. Mais 35 heures à la chaîne, dans le bâtiment, comme couvreur, dans les rues à manier le marteau-piqueur, certains devraient essayer juste une semaine.
Ça, c'est bien vrai et c'est bien dit, Aria !
C'est pour ça que c'était une erreur d'imposer les 35 heures dans tous les secteurs.
Il y a des secteurs où on travaille à la commande et d'autres à la pièce.
Le meilleur exemple sont les restaurants : à certaines périodes, vacances, week-end, festivités, 70 h ne suffisent pas et à d'autres moments, 35 h c'est encore trop.
Il faudrait beaucoup plus de liberté dans le travail : laisser travailler plus, quand il y a plus de commandes : les horaires souples, en fait, qui permettraient à ceux qui veulent de gagner plus et d'assurer la survie des entreprises.
Mais ça, les syndicats y sont farouchement opposés, du moins en Belgique.

Et si Raffarin a dit que les Français étaient des fainéants, il s'est conduit comme un imbécile et un grossier merle !
Comme quoi, ces gars la sont comme tout le monde : parfois intelligent, parfois stupide, n'est-ce pas !

Jlc 15/10/2006 @ 17:28:08

Et si Raffarin a dit que les Français étaient des fainéants, il s'est conduit comme un imbécile et un grossier merle !
Comme quoi, ces gars la sont comme tout le monde : parfois intelligent, parfois stupide, n'est-ce pas !


Tu parles d'or SJB. Le problème c'est que ce sont ces gens là qui prétendent nous gouverner. Comment voulez-vous qu'après ça on ne glisse pas de la démocratie représentative à la démocratie d'opinion avec les risques et les dérapages qu'elle peut engendrer.

Provis

avatar 15/10/2006 @ 18:09:29
Denis Jeambar, l'auteur du bouquin, surfe sur la vague du "Français, tous des feignants", ce que notre ex-Premier Ministre, Monsieur Raffarin, adorait aller raconter à l'étranger, au Québec notamment.

Il y aurait beaucoup à dire sur les 35 heures.
Je dirai seulement que c'est assez facile de travailler 60/70 heures par semaine quand on les fesses sur une chaise, qu'on a un travail intelligent et que l'on aime. Mais 35 heures à la chaîne, dans le bâtiment, comme couvreur, dans les rues à manier le marteau-piqueur, ou à courir partout comme une aide-soignante dans un hôpital ou une maison de retraite... (sans compter les 2h1/2- 3 h de transport en commun en Région parisienne) certains devraient essayer juste une semaine.

Est-ce que tu as essayé les deux, Aria ??
De toute façon nos hommes politiques ne passent pas leur semaine les fesses sur une chaise .. :o)

Aria
avatar 15/10/2006 @ 22:35:16
Oui, j'ai essayé les deux Provis !

J'ai fait des études supérieures, tout de suite engagée comme cadre. J'ai travaillé des 60 heures par semaine et plus en période de forte activité. Je dois dire qu'étant mère de famille et maîtresse de maison avec très peu d'aide ménagère, j'ai ramé...Et vers l'âge de 40 ans, épuisée, notamment par les temps de transport, j'ai pu passer à 80%, mais parce que j'étais plutôt bien payée. Ca me permettait de faire 100% du boulot (en travaillant chez moi le soir, une bonne partie des mercredis, soi-disant de repos...) en étant payée 80%. Tout bénef pour la boîte, qui du coup s'est largement ouverte aux demandes de 80% des mères de famille.

J'ai aussi travaillé, en renfort "sur le tas", comme on disait. Des horaires décalés 5h30/14h30, 15h/23h30. J'ai failli me tuer sur l'autoroute en m'endormant de fatigue.

Ayant travaillé dans les Ressources Humaines entre autres, j'ai reçu en entretien des centaines d'ouvriers non qualifiés, des peu qualifiés...

Je suppose que tu penses à la vie de certains cadres qui sont vidés. Bien sûr, je connais. Mon mari a travaillé à l'export : levé à 5h pour prendre le 1er avion, réunion sur réunion, stress du commercial qui doit vendre 10% de plus que l'année précédente...avion de 22h en retard, séminaires le week-end...
On n'arrive pas à mon âge sans avoir connu bien des cas de figure.

Parmi tous les gens que je connais, personne ne travaille moins de 50h par semaine. Dans la boîte de mon fils, la grosse plaisanterie, quand quelqu'un quitte le boulot à 18h30, c'est de lui dire "tu as pris ton après-midi ?"

Tous ces discours stupides à la Jeambar ressemblent à s'y méprendre à ce que l'on disait sur les chômeurs à une époque : des feignants qui ne faisaient rien pour s'en sortir !

Alors, je pousse mon coup de gueule.
C'est tellement facile le management par la culpabilisation .

Je ne parle que de ce que je connais, de façon générale ;-)

Aria
avatar 15/10/2006 @ 22:48:09
Et les conneries sur les "soixante-huitards", on en a pour un moment à en parler, aussi !
Combien de gens ont réellement fait 68, ont gardé leurs belles idées révolutionnaires ?
1968, ça a duré six mois, c'est tout !

Bolcho
avatar 15/10/2006 @ 23:42:05
Et les conneries sur les "soixante-huitards", on en a pour un moment à en parler, aussi !
Combien de gens ont réellement fait 68, ont gardé leurs belles idées révolutionnaires ?
1968, ça a duré six mois, c'est tout !



Aria !!
On ne dit jamais "soixante-huitards" ! On dit toujours "soixante-huitards attardés" voyons. Le monde a bougé que diable ! Les soixante-huitards ont popularisé le "69" bizarrement (comme quoi ils n'étaient pas si attardés que cela : un an d'avance...), l'égalité des sexes (dont le précédent en est une image en quelque sorte... parlante), la méfiance face aux hiérarchies, la fumette (à petites doses quand on compare à aujourd'hui), et surtout ils ont lu Marx et/ou Bakounine. Dire d'eux qu'ils sont des attardés signifie à quel point rêver d'un monde plus égalitaire est devenu risible : suffit aujourd'hui de faire partie des écraseurs plutôt que des écrasés, et tout ira bien.
Ces six mois-là, c'est toute une vie.

Aria
avatar 16/10/2006 @ 07:08:22
Bolcho, comme tu dis, rêver est devenu risible. Ben, mon pov Monsieur, la vie l'est devenue bien triste, si on est sûr que plus rien ne changera et qu'on mourra tous écrasés par la dictature des fonds de pension ;-)

Nos enfants ne nous haïront pas, ils ne comprendront pas comment après une grande vague d'idéalisme, nous leur laissons un monde où, comme tu le dis si bien, il faut juste faire partie de ceux qui ne se font pas écraser. Apprenons-leur au moins à résister aux écraseurs, à avoir conscience de leurs droits !

Mae West 16/10/2006 @ 08:53:55
Je suis avec intérêt ce fil, et je dois dire que les remarques de Bolcho et Aria me vont droit au coeur et à la tête : chez moi ça marche de pair
et évidemment le corps suit :
Oui les soixante huitards ont réhabilité le 69, ça n'a l'air de rien, mais ça a fait autant de mal baisant(e)s et mal baisé(e)s en moins, et ça c'est bien pour la paix des ménages et des peuples ;)
Oui, ils ont lu Marx et Bakounine, auteurs attardés bien connus des anars nanars. Mais aussi Erich Fromm, un ringard assurément, qui autour des années 70 dénonçait déjà la dérive catastrophique de " l'homo consumerans" et parlait de revenu minimal et de logement pour tous. Et ils ont écouté Dumont s'égosiller en vain de conférence en conférence pour promouvoir une économie qui ne pillerait ni le tiers monde ni la planète. Bon d'accord c'était un peu radical, un genre de croissance zéro, mais si on avait un peu suivi ce que disait Dumont et d'autres olibrius dans son genre (dépassé )on n'aurait eu ni la vache folle, ni les ogm, déjà ça, et peut-être bien qu'on n'en serait pas non plus à se tordre les mainsde désepoir devant le trou de l'ozone et le réchauffement planétaire ....
Etc ...Etc...

Un autre point me paraît important au sujet des 35 heures :
Dans des services comme le mien (il se trouve que je suis infirmière en maison de retraite) la masse de travail a doublé en quinze ans car de plus en plus les gens entrent dans ce genre de structure en dernière instance, donc déjà impotents ou grabataires Mais la masse salariale, elle, n'a suivi que l'augmentation du smic, pas l'augmentation de la charge et les 35 h n' y sont pour rien, car nous restons, au moins les temps partiels, sur la base de 38 . Je dois donc effectuer en 7h30 par jour le travail de deux infirmières. Le plus drôle c'est que j'y arrive, mais je sors du travail à l'état de carpette, bien et je ne garantis pas que je pourrai aller au delà de 6O ans à tenir ce genre de rythme sans devenir un danger pour la santé de mes pensionnaires et pour la mienne. Et pourtant je ne travaille qu' à 75%, et pourtant j'ai une bonne caisse et je fais des trucs qui me donnent la pêche, et pourtant je ne me "casse pas le dos" comme les aides soignantes . Il faudrait que j'aille jusqu' à 65 ans, si je veux une retraite correcte (mais je n'irai pas, tant pis!)
Pardon de n'avoir l'air de parler que de moi, mais c'est parce que je sais bien que c'est ailleurs la même chose à peu de chose près, au moins dans le public, sinon les problèmes professionnels que rencontre ma petite personne ne vaudraient pas cinq lignes, je suis une privilégiée, j'ai pas besoin de travailler à temps plein pour vivre correctement, c'est un tel luxe !
De toutes façons bon an mal an personne ne travaille à temps plein chez nous tôt ou tard les infirmières et aides soignates à temps plein se font mal, ou attrapent une cochonnerie de microbe, tout ça parce qu'elles arrivent à un état de fatigue trop limite*
Si bien qu'en temps réel avec les congés maladie sur l'année , c'est à 80 ou 85 % qu'elles auront travaillé effectivement, en temps, mais sur des postes à 200% de charge de travail.
Je laisse aux forts en calcul le soin de voir ce que ça représente, si on convertit tout ça en heures : en fait, pas loin de 60 h par semaine, au pifomètre :0)

*( perso, en bientôt 6ans, j'ai été malade en tout 5 semaines, et chaque fois c'était à la suite de périodes où les collègues étant absentes, j'avais dû faire plus que du temps plein )

Guigomas
avatar 16/10/2006 @ 11:51:53
Fort bien tout ça, mais on ne sait toujours pas de quoi parle le bouquin de Jeambar et Remy ni pourquoi leurs enfants les haïront !

Bernard2
avatar 16/10/2006 @ 15:15:11
Parce que nous leur coûtons cher (ils financent nos retraites). Et que d'autre part - autre sujet du livre - nous avons gaspillé les matières premières, le pétrole par exemple.

Mieke Maaike
avatar 16/10/2006 @ 16:08:42
Parce que nous leur coûtons cher (ils financent nos retraites). Et que d'autre part - autre sujet du livre - nous avons gaspillé les matières premières, le pétrole par exemple.

Ceci dit, je trouve que la génération baby-boom (papy boom aujourd'hui) a quand même été "le cul dans le beurre" (permettez-moi l'expression) pendant toute leur vie. Nous les plus jeunes savons très bien que nous n' atteindrons jamais le niveau de vie de nos parents, même en bossant comme des malades et en jonglant avec des contrats de travail précaires. Quand ma mère me raconte que quand elle a commencé à travailler, elle donnait sa démission pour partir en vacances sachant qu'elle retrouverait du travail dès son retour, ça me parait assez surréaliste et ce n'est pas vraiment ce que moi j'ai vécu en arrivant dans la vie active au milieu des années '90...

Mieke Maaike
avatar 16/10/2006 @ 16:22:44
Ou encore une ancienne collègue au seuil de la pension qui me racontait que dans les années '60, les employés avaient droit à deux heures de pause de midi + 1 heure de pause pour faire les magasins, et que si les patrons ne prévoyaient pas ce type de mesures, ils ne trouvaient personne qui acceptaient de travailler pour eux.

Guigomas
avatar 16/10/2006 @ 16:27:05
« Des retraites à payer, une nation paresseuse, une planète abîmée... Un jour, nos enfants auront 20 ans, 30 ans, 40 ans. Alors, pleins d'espoir et affamés d'avenir, ils comprendront que nous, les baby-boomers, leur avons laissé une société usée et mitée.
Ce jour-là, ils nous haïront. Et ils auront raison. Nous avons eu tous les atouts en main, nous avons grandi dans une société en pleine croissance. Pourtant, nous sommes la première génération qui laissera moins à la suivante que ce qu'elle a reçu de la précédente. Et c'est le pire qu'on puisse faire à ses enfants : leur léguer des dettes.
Il ne s'agit pas de peindre le futur en noir. Mais de jeter un regard lucide sur ce que nous avons fait et de lancer les chantiers de l'avenir. Avant qu'il ne soit trop tard. »

Voilà ce que j’ai trouvé au sujet du bouquin. J’ai alors pensé au bandeau qui ornait la couverture de la biographie d’Ardisson (mais qui peut bien être intéressé par la biographie d’Ardisson ?) qui s’appelait « Confessions d’un baby-boomer ». Sur le bandeau il était écrit « On n’a pas changé le monde mais on s’est bien marré ». Je pense que ça résume assez bien la vie de cette génération.

Bernard2, tu écris :

C’est bien ce qui se passe : la fourchette des revenus ne cesse de s’élargir. Ce qui est pris d’un côté (chez les plus nombreux), est accaparé par d’autres, qui se gavent. On le sait un peu, mais c’est comme l’iceberg…

Ce qu’on sait moins, mais dans le même ordre d’idée, c’est que l’écart des salaires entre trentenaires et quinquagénaires était de l’ordre de 1 à 3 il y a une trentaine d’années, et qu’il est maintenant de 1 à 7.

Bolcho écrit plus haut que rêver d’un monde plus égalitaire, aujourd’hui, est devenu risible. Que l’« ambition » ou l’« idéal » est de faire partie des écraseurs plutôt que des écrasés. Comment est-ce possible ? Comment une génération qui avait non seulement, comme indiqué dans le résumé du livre, « tous les atouts en main » mais aussi des idéaux de justice et d’égalité, a-t-elle pu se couler si facilement dans le moule de l’hyper consommation hyper capitaliste ? C’est une question à laquelle je ne trouve pas de réponse.

Antinea
avatar 16/10/2006 @ 16:53:18
Qu'aurait-on fait à la place de nos parents, grand-parents ?
"Après moi, le déluge !" comme disait Louis XV.
Sans doute que nos parents ont eu le derrière dans le beurre (les 30 glorieuses, c'est ça non ?) même si je reconnais, comme beaucoup ici, qu'ils ont travaillé pour y arriver, et souvent sans compter leurs heures. Tant que mes parents (génération baby-boom, prochainement papy-boom) ne savent pas s'arrêter. Ils ont bossé comme des malades et ont souvent eu le fruit de leur travail. Et tant mieux.
Nous, qui sommes au début de notre vie active, nous savons que cela ne sera pas le cas pour nous. La faute à qui ? Et bien à tous, je pense ! On veut tout et toujours moins cher ! C'est comme ce que je disais sur le forum sur l'effet de serre ("Une vérité qui dérange"): on achète à bas prix des choses qui mériteraient plus de notre investissement pour pouvoir se payer une semaine au ski ! Combien de fois j'ai entendu quand j'étais au collège, il y a plus de 15 ans maintenant, "Mes parents attendent l'argent des bourses pour louer l'appart aux sports d'hiver" ! Une fois passe, mais systématiquement tous les ans, franchement ! Ce que je veux dire par là, c'est que d'un côté, on aligne les biffetons pour des futilités et de l'autre on achète un T-shirt fait par des gosses à l'autre bout du monde et après on s'étonne que l'usine textile d'à côté ferme ses portes et flanque à la porte tous les salariés ! A force de tirer la couverture à soi, elle va finir par se déchirer ! Nous n'avons pas assez d'emploi en France et pourtant ... les métiers manuels (ex couvreur, plombier...) sont en manque d'effectifs, les infirmières et aide-soignantes aussi, les médecins dans les hôpitaux également. Le recherche (je presse pour ma paroisse), qui a si mauvaise presse, est aussi bien mal traitée car elle ne rapporte pas "tout de suite". Le problème c'est qu'elle rapporte plus tard, que les investissements d'aujourd'hui sont les marchandises, notre crédibilité et notre utilité sur le plan international de demain (aussi bien fondamentale qu'appliquée, l'une n'existe pas sans l'autre de toutes façons). Mais voilà, on veut plus des sous, tout de suite, à tous les niveaux, toujours plus, encore plus !!!!!! Sans parler des salaires astronomiques de certains chefs d'entreprise ... Bref en gros, nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis et gueulant à tout va "j'ai droit à ci, à ça !".
Cela va faire 2 ans que je vis à l'étranger parce qu'en France je n'ai pas de boulot, et je ne sais pas si j'aurai un jour la chance de revenir. Tous mes collègues ont soit fait de même (USA, Europe) soit ont opté pour des petits boulots. Les jeunes veulent bosser ! N'en déplaise à ceux qui disent qu'on ne fout rien !
Et puis, franchement, si j'avais été dans le cas de mes parents, j'aurais sans doute fait de même. Pas plus maligne. Après tout, il y a une chose qui en géneral est vraie, nous avons eu une enfance plus douce qu'eux, non ? Au sortir de la guerre, leurs parents ne devaient pas avoir beaucoup les moyens.
Maintenant que nous sommes dans le caca, il faut réagir parce que personne ne va le faire pour nous.

Mieke Maaike
avatar 16/10/2006 @ 16:56:31
Guigomas, je me pose exactement la même question. Et je trouve tonjours assez simpliste que la génération de nos parents nous reproche d'être terre à terre, de vouloir tant bien que mal trouver sa place dans la société et parfois se battre pour l'avoir et ne pas tomber dans la pauvreté, quand eux-mêmes au même age vivaient dans une période de plein emploi où ils pouvaient se permettre d'aller à pied jusque Katmandou la fleur à l'oreille et le joint au bout des lèvres en sachant qu'à leur retour, les patrons se batteraient pour les engager et auraient un niveau de vie rarement égalé dans l'histoire de l'humanité.

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