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L'abbé avait toujours eu l'âme d'un héros.
Sa soutane l'avait protégé en 1940. Maintenant qu'il est vieux, il coule des jours paisibles dans une maison de retraite trois étoiles près de Genève. Et ne cesse de rendre grâces au sort qui fut le sien pendant la guerre...
Mais revenons à sa soutane. Avec ce laissez-passer sur le dos, à l'époque il avait pu profiter des largesses de l'ennemi. Fier homme d'Église, courageux collaborateur, il fut traité avec des particulières faveurs par les Allemands à qui il avait fait "affaire". Sa spécialité d'alors : fournir des renseignements sur des caches juives en échange de quelques saucissons et un peu de beurre qu'il revendit à pris d'or au marché noir. Après la guerre on l'avait appelé l'abbé "collabo". La honte ne l'étouffa point. A force d'intrigues (il était malin l'abbé), il avait fait museler mauvaises langues par Rome qui les menaça d'excommunication. L'abbé retrouva une réputation sans tache en troquant sa noire soutane contre une chemise blanche : d'abbé il devint banquier.
Il commerça avec l'Allemagne vaincue, s'enrichit, s'acheta un passé tout neuf, tout blanc avant de reprendre la soutane.
Aujourd'hui il est heureux l'ancien abbé dans sa maison de retraite en Suisse. Parfois il dit des messes le dimanche en compagnie des pensionnaires.
Pour le salut des pécheurs, dit-il sans rire.
Zouba
Sa soutane l'avait protégé en 1940. Maintenant qu'il est vieux, il coule des jours paisibles dans une maison de retraite trois étoiles près de Genève. Et ne cesse de rendre grâces au sort qui fut le sien pendant la guerre...
Mais revenons à sa soutane. Avec ce laissez-passer sur le dos, à l'époque il avait pu profiter des largesses de l'ennemi. Fier homme d'Église, courageux collaborateur, il fut traité avec des particulières faveurs par les Allemands à qui il avait fait "affaire". Sa spécialité d'alors : fournir des renseignements sur des caches juives en échange de quelques saucissons et un peu de beurre qu'il revendit à pris d'or au marché noir. Après la guerre on l'avait appelé l'abbé "collabo". La honte ne l'étouffa point. A force d'intrigues (il était malin l'abbé), il avait fait museler mauvaises langues par Rome qui les menaça d'excommunication. L'abbé retrouva une réputation sans tache en troquant sa noire soutane contre une chemise blanche : d'abbé il devint banquier.
Il commerça avec l'Allemagne vaincue, s'enrichit, s'acheta un passé tout neuf, tout blanc avant de reprendre la soutane.
Aujourd'hui il est heureux l'ancien abbé dans sa maison de retraite en Suisse. Parfois il dit des messes le dimanche en compagnie des pensionnaires.
Pour le salut des pécheurs, dit-il sans rire.
Zouba
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