Da sofy 20/04/2006 @ 04:53:39
"Non, il y a seulement une lectrice qui ne perçoit pas 1984 comme un roman d'anticipation, mais comme un livre ô combien d'actualité; un livre qui présente de façon ordonnée, concentrée et cohérente une multitude d'éléments, de principes et de fonctionnements présents dans tous les systèmes politiques, y compris dans nos démocraties; un livre qui lui rappelle que les principes de démocratie et d'Etat de droit sont très fragiles, y compris (et surtout) lorsqu'il s'agit de défendre les causes les plus honorables."(mieke)

tu vois, mieke, il y en a une deuxième lectrice, qui pense comme ça. car il est clair que la pente glissante vers le totalitarisme, c'est avant tout la tendance humaine à gober tout, y compris la morale qu'on lui mâche par avance sans même qu'il n'en fasse sa propre critique. mais le gros problème dans tout cela, c'est que nous sommes enfermés de toutes parts (si je puis dire) dans cette vision uniforme des choses, ne serai-ce que par le biais des phénomènes de masse, comme la mode. la vérité est que bien que l'on est tous plus ou moins conscience que ce roman s'approche de la réalité, on oublie de se dire qu'allégoriquement, on a largement dépassé les bornes de la ressemblance; nous vivons effectivement dans une dictature des moeurs, et c'est en partie pour cette raison, parce que l'on nous instruit dès la naissance que le nazisme est mal, sans daigner nous justifier pourquoi (oui, c'est tellement évident!...) que tant de personnes sont désaxées, ou encore que moi-même, malgré mon pascifisme total (enfin autant que possible) j'ai déjà été tentée, par pur esprit de contradiction (car "c'est de mon âge", n'est-ce pas?), de défendre des points de vue politiquement incorrects ("oui, après tout, pourquoi ça serai mal de baiser des pauvres gamins?") en feignant l'ignorance de ma propre morale. je pense que la leçon à tirer d'un tel livre est, avant tout message politique (bien que par extension on revient à cela), l'idée que toute vision préconçue (les fameux "préjugés") demande un perpétuel remaniment, car à force de s'ériger des lois toujours plus précises, on en vient à oublier les deux phrases fondamentales en matière de morale (selon moi bien sûr); "tous les hommes naissent libres et égaux en droits", et "la liberté de chacun s'arrête là où commence celle de l'autre". d'après moi, à partir du moment où on comprend et on assimile ces deux notions, on est à l'abri de tout totalitarisme.

par ailleurs, et je pense que je risque d'être accusée d'esprit de contradiction (à mon propre égard), je pense qu'on pourrai se demander à qui, ou même à quoi profite ce système de pensée, et même ce système politique. certain me dirons en toute logique "aux gouvernants". mais voyez-vous, cette réflexion m'est venue en étudiant le système politique d'hitler et de mussolini. et si l'on s'y penche vraiment, j'aimerais que l'on m'explique exactement en quoi cela est profitable... je ne vais pas m'étendre sur les intérêts des dictateurs à créer une dictature, car pour moi, the point is; c'est à nous que profite ce système. la terrible moral de orwell dans son oeuvre pour moi se résume aussi à cela. ce type de régime nous profite personnellement, car dans ce monde "moderne" où nous savons lutter contre toutes les maladies, la nouvelle mode est d'avoir des "états d'âmes"; or le totalitarisme est le guérisseur de l'âme puisqu'il permet d'en faire abstraction. plus encore, il offre la chance aux peuples opprimés de mener un combat (pour la liberté) et donc avoir un but, un rêve à atteindre et d'éprouver des sentiments (notament la colère contre le "parti"); en résumé, le fait de leur interdire de vivre leur fait naître l'espoir de gagner cette liberté de vivre, sans avoir à se soucier réellement de ce qu'ils feraient de cette liberté.

en résumé (tu parles d'un résumé!!) voici ma pensée, plutôt défaitiste j'avoue, sur la vie et son intérêt. malheureusement elle est très digne de mon âge, et de ma situation... et sur ce il me plairait d'avoir vos avis sur ces petites réflexions d'adolescente aigrie que j'espère un minimum pertinentes (les réflexions, pas l'adolescente, ce qui est lié me direz-vous...)

Saule

avatar 20/04/2006 @ 12:35:55
Bonjour Da Sofy et bienvenue, un peu en retard il est vrai mais il y a tellement d'arrivées et de départs qu'on ne peut plus suivre. En tout cas tes critiques sont très intéressantes et quant à ce que tu dis dans ce post je dois dire que je partage assez bien ton avis.

Il est certain que la plupart des gens se contentent de suivre l'avis de la masse, sans esprit critique. La masse réagit sur base de préjugés, sans réellement penser ni connaitre le fond du problème. Ce qui est confortable dans un certains sens, comme tu le mentionnes, et c'est d'ailleurs ce qui rend la recherche d'un bouc émissaire si pratique (en général l'étranger). Et c'est vrai que par esprit de contradiction on a parfois envie de prendre le contre-pied, ça m'arrive aussi, ce n'est pas une question d'age :-)

Quant au politiquement correct c'est un sujet délicat, on en sait quelque chose sur le site pour avoir été confronté à des cas limites justifiant ou pas une censure, avec des avis divergents.

Don_Quichotte
avatar 20/04/2006 @ 18:07:48
On peut supposer que même sans avoir un esprit de contradiction particulièrement prononcé on peut remettre en question la société et ses moeurs, avoir juste assez de liberté pour penser permet de manière directe une remise en cause. D'un point de vue existentialiste, on part du point de vue apriori qu'il n'y a pas de morale pré-établie (Principalement dans existentialisme-athée, car sans perfection transcendantale il est logique qu'une valeur universelle ne peut exister) et donc que chaque homme à sa propre morale à créer.

Evidemment dans nos sociétés, et à fortiori dans une monde totalitaire ou Big Brother nous regarde constemment, il est impossible d'imaginer que chaque individu se crée une morale à lui (Ce qui serait somme toute la base du surhomme Nietzschéen, une création de ses propres valeur sans les antiques conceptions manichéenes), donc une uniformisation des pensées peut nous amener à un système où une sorte d'autocrate paternaliste gouvernerai pour le bien commun, c'est à dire en supprimant la liberté. Maintenant quant à savoir si l'homme s'inflige cela justement pour ressentir plus pleinement le gout de la liberté et de la lutte contre celui qui l'opprime, je reste trés sceptique, je vois plus cela dans une l'optique de Hobbes où c'est une acceptation des peuples. (voir " le Discours de la servitude volontaire" de La Boétie)

Echemane
avatar 21/04/2006 @ 13:25:13
Bonjour, Da Sofy,

je trouve tes réflexions très pertinentes! mais, d'une certaine façon, seulement si on les prend isolément, parce que je ne comprends pas du tout le raisonnment global. Mon avis est que tu te mélanges un peu les pinceaux, et voici pourquoi:

tu nous dit "je pense qu'on pourrai se demander à qui, ou même à quoi profite ce système de pensée". de quel système de pensée parles-tu? de ceui dans lequel nous sommes?

Plus loin, tu proposes une réponse : "c'est à nous que profite ce système" tout en parlant des dictatures! selon toi les dictatures sont donc les systèmes capables de résoudre nos états d'âmes qui sont créés par nos démocraties occidentales modernes....

j'ai beau retourner le problème en considérant que, comme tu dis, nous vivons dans une "dictature des moeurs", auquel cas cette dictature est un remède à nos états d'âmes, la question demeure de savoir d'où viennent nos états d'âme si nous nous sommes dans une dictature? et qui sont ces peuples qui ont la chance de mener un combat? (qu'on ne me parle pas des altermondialistes!)

Peut-être que j'ai mal compris, mais essaie de remettre un peu d'ordre dans tes idées. continue d'observer le monde comme tu le fais, analyse et pose toi des questions. tu verras que certaines réponses finiront par surgir, mais elles sont rarement celles que l'on attend...

Saule

avatar 21/04/2006 @ 14:01:53
Je crois que les dictatures profitent aux peuples en ceci que les gens ont besoin de se soumettre, c'est un peu la théorie de Dostoïevski dans le grand inquisitateur. Les gens ont peur de la liberté, ils disent qu'ils veulent être libre, mais c'est un voeu pieu, comme les juifs lors de la sortie d'Égypte qui regrettent l'esclavage car en esclavage ils mangeaient des oignons.

Quant à la dictature des préjugés, ça a ceci de commode que ça évite de se poser des questions (da sofy parlait des états d'âme), c'est plus facile d'agir selon une doctrine toute faite que selon sa conscience. D'ou la mise en garde de Mieke et Da Sofy par rapport à certains sujets 'intouchables' (racisme, pédophilie,...) ou il y a une diabolisation et une réaction tellement émotive qu'on en vient à condamner les gens sur bases de ce qu'ils sont et non pas ce qu'ils font. Ces diabolisations c'est quelque chose qu'on voit tout le temps, que ce soit Bush qui veuille partir en guerre mais à l'inverse l'anti-américanisme primaire aussi, dans les débats sur les sujets éthiques aussi, etc...

Saint Jean-Baptiste 22/04/2006 @ 00:06:52
Etes-vous victime de la dictature des préjugés et de la doctrine toute faite ?
Un petit test :
Dites-vous à propos de :
Bush : C'est le plus c.. et le plus grand criminel de la terre !
Ben Laden : Mieux que Bush, en tous cas...
Le 11 septembre : Oui, c'était pas très bien, mais il faut comprendre que...
Saddam Hussein : C'était un dictateur, oui, un peu si on veut, mais...
Les Musulmans : Ah oui, ils ont raison, il faut venger le Prophète, il faut tuer tous les Danois...
Salman Rushdie : Ces versets existent, d'accord, mais il aurait dû savoir qu'on ne peut pas en parler, ça mérite bien la mort...
Bush : C'est le plus c.. et le plus grand criminel de la terre !
Les frères Happart : Des salauds, ils tuent les canards !
La formule 1 : Supprimer, interdire, faut tout interdire : les voitures, les moteurs, les avions...
La corrida : faut tuer les toreros...
Les politiciens : tous des fils de putes !
Les putes : Des filles bien, un peu mieux que les autres même...
Les curés : tous des pédés !
Les pédés : Des gens bien, un peu mieux que les autres même...
Bush : C'est le plus c.. et le plus grand criminel de la terre
La censure : Non, non, surtout ne rien censurer ...sauf quand je vous le dirai
Mère Térésa : bof, oui, mais, elle aurait mieux fait de se taire...
Staline : pas parfait, d'accord, mais mieux que Jean-Paul II quand-même !
Jean-Paul II : Le pire de tous ...à part tous les autres.
L'Iran : Ils ont le droit d'avoir la bombe et d'en faire ce qu'ils en veulent, na !
Brigitte Bardot : une conne !
Bush : C'est le plus c.. et le plus grand criminel de la terre

Voilà, si vous avez dit tout ça, vous êtes un type bien, tout à fait fréquentable, continuez, ne pensez plus à rien, vous êtes "correct".

Mae West 23/04/2006 @ 09:09:14
Je trouve cette discute particulièrement intéressante.
Je ne vais pas trop développer car ça me prendrait trop de temps, juste deux ou trois pistes de réflexion par rapport au texte de da Sofy et de ceux qui ont répondu ensuite

Notre système de pensée, est "vérolé" (si j' ose dire ;) bien à l'amont des préjugés orchestrés par les medias et le système éducatif

En effet, avant même de chercher à voir, à décrire, à étudier une chose, on décrète d'abord si c'est un bien ou un mal.
Ensuite on commence à prétendre s'en faire une idée et à l'argumenter.

On pourrait accuser l'éducation et les médias de cette propension au pré-jugement manichéen mais il n'y a pas que ça / le terreau pour ce qu'on nomme communément "la pensée unique" est déjà tout prêt :
Nous faisons dès nos premiers pas l'expérience personnelle de la notion de bien et de mal à travers ce qui est bon ou mauvais pour nous : comme les premiers chasseurs cueilleurs ont pu juger si les champignons, les plantes ou les animaux consommés étaient bons ou mauvais selon les états d'empoisonnement plus ou moins avancés qu'ils éprouvaient.
L ' enfant, même si on ne lui dit rien, n'ira pas se piquer deux fois aux rosiers. Mais il décrètera que les roses sont décidément "méchantes".
Il n'est pas possible d'éviter cette tendance, ce manichéïsme de base, qui fait partie de l'apprentissage même de la vie. Un loup s'il pouvait exprimer sa pensée aurait lui aussi ses "préjugements" de ce qui est bien ou mal, pas seulement liés à son instinct.
Ensuite l'éducation et la société renforcent la tendance et si la religion s'en mêle, cela peut aller jusqu'au fanatisme,
Il est important ici de préciser qu'il n'est pas forcément besoin de religion *théïste* pour aboutir au fanatisme et que "la mort de dieu", n'a rien changé à la maldonne :
. Le terrorisme comme le totalitarisme s'accomodent parfaitement du manichéïsme extrême (Les extrémismes de parti aussi d'ailleurs ;) et la démagogie, cette baguette magique des dirigeants démocratiques, en fait ses choux gras : voir G Bush et son axe du bien, mais aussi les querelles de parti à l'échelle locale.*

Prendre le contrepied est tout à fait impossible, car à ce moment là la sanction du jugement de la communauté va tomber sous forme de rejet du fauteur de dires : On ne peut décemment pas dire que c'est bien d'être pédophile ou Nazi même pour argumenter, "pour rire" ou pour poser la question "pourquoi on dit que c'est forcément mauvais". Cela revient à l'enfant qui demande "pourquoi mémé sent mauvais ?" en plein repas de famille, regards gênés , oeil courroucé du père.
La sanction de la communauté de pensée ( du politically correct, sorte d'extension du vieux blasphème ) renvoie aussi au "mes parents ne m'aiment plus" de l'enfant qui s' essuie un regard mauvais parce qu'il a demandé pourquoi mémé sentait mauvais. Comme on n'a pas envie d'être mal aimé de la communauté, on évite généralement de "blasphémer".
On ne peut en tous cas pas jouer les contradicteurs politically incorrects à plein temps.

Bien sûr le matraquage médiatique abrutit, mais pas que, c'est cela que je voulais dire.

On devrait s'arrêter de se dire d'abord, a priori, si c'est noir ou blanc, avant de prétendre argumenter, et même avant de chercher à connaître une chose.
C' est ce que Husserl appelle la suspension du jugement .
Ce serait peut-être la seule solution valable.

J'en finirai avec mon philosophe chouchou, Spinoza
"Ce n'est pas parce qu'une chose est bonne que nous la désirons, c'est parce que nous la désirons que nous la jugeons bonne"

La guerre selon Bush en est une illustration.

Une autre idée, que j'ai eue plusieurs fois est celle-ci : la crise de confiance des citoyens des démocraties envers leurs dirigeants semble être une mauvaise chose, et pourtant, c'est peut-être le signe d'une bonne chose. Je parle pour mon pays:

Nous sommes encores très oedipiens dans notre rapport à la démocratie
Nous avons cru dépasser notre adolescence en coupant la tête à un roi, mais ce n'était que le début , maintenant il va falloir couper les têtes de l'Etat , au moins symboliquement
J'entends par là que nous sommes en phase de devenir des adultes, politiquement, mais que cela ne se fera pas sans une remise en cause radicale des institutions et de la démocratie parlementaire.



*Récemment j'ai été choquée de voir comment un parti utilisait les "affaires" pour mettre dans le même sac deux candidats du parti opposé qui luttent entre eux pour un siège de conseiller qu'ils ont perdu en les traitant de "ripoux" en première page du magazine régional :
Tous deux ont ét"é condamnés en effet, l'un pour un dessous de table de 20millions de francs et l'autre pour un financement de parti de un million de francs, ce qui n'est pas tout à fait la même chose. La moindre des choses serait de laisser ces deux candidats s'entre déchirer pous ce siège sans en profiter pour se faire plus blancs que le blanc par contraste, parce que nous , on n'a pas de candidats qui ont ce type de casseroles, du moins dans notre région.

Je prends cet exemple parce que c'est le parti pour lequel je vote d'habitude qui fait cet amalgame, et les ripoux en question sont du parti pour qlequel je ne vote pas ..mais tout de même, le type des 1 millions n' a pas mis d'argent dans sa poche, c'est un député valable et dévoué à ses administrés, et l'autre est un vrai truand qui s'en est mis plein les poches : son scandale avait fichu une merde pas possible au conseil régional, empêchant des choses importantes de se réaliser il y a dix ans. mais c'est ça le principe de la désinformation, ce n'est pas qu'on n'informe pas, ni qu'on invente des faits, c'est qu'on dit plus fort ou moins fort les choses sela lon le tour de pensée qu'on veut donner à l'info.et ça aussi , c'est un des moteurs de "la pensée unique" des démocraties modernes.

Antihuman

avatar 01/11/2011 @ 15:36:29
C'est l'intérêt de l'oeuvre "1984", qui n'entre dans aucun débat politique !!.. Tout le monde n'est pas George Orwell; hélas pour le pauvre De Gouge.. ;)

De plus ce n'est pas la première fois qu'on tente de récupérer un livre.

DE GOUGE
avatar 02/11/2011 @ 19:29:46
C'est l'intérêt de l'oeuvre "1984", qui n'entre dans aucun débat politique !!.. Tout le monde n'est pas George Orwell; hélas pour le pauvre De Gouge.. ;)



Antihuman !
tu n'as pas tout compris : c'est justement pour expliciter le fait que 1984 n'est pas lié à une idéologie politique, mais est bien intemporel et universel que je me suis permis de dire que je n'étais pas en accord avec ton raccourci de "néo communisme" pour parler de tout type de totalitarisme.
Désolée si je t'ai vexé ! Mais ta réaction est étonnante !
Relis mieux et tu verras que l'on peut être en désaccord sur un point précis avec toi sans remettre en cause les fondamentaux !

Et je ne me sens pas "pauvre" pour autant .....

DE GOUGE
avatar 03/11/2011 @ 22:45:35
Tout le monde n'est pas George Orwell; hélas pour le pauvre De Gouge.. ;)




Et, Antihuman !
si tu avais un peu de culture, tu saurais que De GOUGES s'appelle OLympe et est une femme ( celle qui a inventé "les droits de la femme et de la citoyenne" : je ne te ferai pas l'injure de te donner la date !)! J'ai juste supprimer le S final !
Il n'y a que toi pour ne pas avoir compris .................

Magicite
avatar 18/06/2012 @ 14:19:29
Remontage de vieux post mais 1984 est un livre qui mérites d'en parler.

St Jean Baptiste ton exemple est comme tout les exemples, arbitraire, donc sans réelle réflexion ni vérité. Ce n'est pas parce que Bin Laden et Saddam sont des tyrans que Bush ne l'est pas, pas parce que la cigarette tue que l'alcool ne le fait pas. Opposer des dictats, l'autoritarisme et le terrorisme de Bush, Saddam ou bin Laden c'est pas la bonne façon de raisonner, ils sont pas antagonistes mais plutôt pareil. C'est ce qu'illustre Orwell par le changement d'ennemi entre Eastasia, Eurasia et Oceania.
La couleur d'une dictature ne change rien au fait que les peuples sont utilisé et appauvris par leur dictateur.
Rushdie, Térésa(pas ma mère), les pédés, les putes, la formule 1 et la corrida...un peu la même réflexion mais à un autre degré.

. La conclusion d'Orwell ayant connu et vécu plusieurs systèmes politiques range en classes dominantes et dominés les sociétés.
Mais ce n'est qu'une partie du message. L'appauvrissement intellectuel(du langage par la novlangue), la perte du sens par le prêche du contraire de la vérité('L'ignorance c'est la force', ministry of love ou minluv pour le département de la répression) et de valeurs qui ne sont pas conformes au système sont les outils de contrôle de la pensée, d'uniformisation.

Difficile de pas voir un parallèle avec la vacuité des médias de masses ou plus récemment un 'Ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire' au nom aussi long qu'il est incompréhensible et dont le but est de mener à bien des expulsions.

La minute de la haine, rien à voir avec le football?
La téléréalité?

Mae West:
Nous sommes encores très oedipiens dans notre rapport à la démocratie...


Idée intéressante dont je prendrait l'a contrario:
La répression, les lois et interdictions plus elles sont affirmées moins elle laisse au citoyen la liberté du choix, de son affirmation et de la maturité de ces choix. Le tout sécuritaire fait de nous des enfants par le fait même que la loi impose que nous sommes incapables de savoir ce qui est bien pour nous et que nous ne pouvons vivre sans nous faire bobo, sans risque, sans nous assumer. Plus l'ordre est autoritaire est sécurisant, moins la société est adulte et capable de ses propres choix.

Que penser d'une société de délateur(chasse aux sorcières du macarthisme, patriot act, vigie pirate), qui à l'instar de 1984 va jusqu'à dénoncer/soupçonner voisin et famille d'un crime de la pensée(contre la pensée unique), d'une agression non contre les personnes mais contre l'idéal de la société.

Big Brother est une figure éminemment paternelle, rassurante autant que dominatrice, incarne et sublime les instincts guerriers et belliqueux. La force n'est pas dans l'individu mais dans son chef. N'est ce pas cela dans toute les idéologies politiques?
Les drapeaux sont en recrudescence dans les urnes du monde, la démocratie des peuples demande l'autoritarisme et la mise en avant de boucs émissaire(et il partit dans le désert emportant tous les méfaits du monde).

La ferme des animaux, du même auteur est une nouvelle précurseur(trice?) de 1984 et présente déjà le pouvoir comme des cochons profiteurs, faisant travailler les autres(animaux) pour eux. C'est la constance de tout système dirigeant, de tout les pouvoirs.


Beaucoup d'idées dans ce roman, chef d’œuvre entre anticipation et cynisme/lucidité. A ma première lecture j'ai trouvé ce roman trop noir et désespéré, le héros et son amoureuse étant broyé par le système, la révolte elle même fomenté en tant qu'ennemi, que piège à l'espoir.
Au fil des lectures et en version originale, l'idylle est une oasis poétique(brève mais exaltée) qui donne un peu de souffle dans ce monde brutal et cadenassé. Faut il y voir que l'espoir vient dans la rebellio, même si celle ci est vouée à l'échec?

Saint Jean-Baptiste 19/06/2012 @ 00:08:09
Magicite
C’est évident que mes exemples étaient arbitraires, mon but était de relever quelques idées toutes faites qu’on peut ressortir impunément dans toutes discussions.

Je n’ai pas lu 1984, mais j’avais lu la Ferme des Animaux et j’avais trouvé que l’allégorie était un peu lourde et que l’auteur enfonçait beaucoup de portes ouvertes.
Mais je suis d’accord avec toi pour condamner toutes les dictatures. Même si le dictateur était parfait le régime est condamnable. Et « la dénonciation des outils de contrôle de la pensée » n’est plus à faire mais, au moins en démocratie, on peut en discuter.

Pour ce qui est des (copier-coller) 'Ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire' au nom aussi long qu'il est incompréhensible et dont le but est de mener à bien des expulsions…. » je ne suis pas d’accord du tout. Tu fais un procès d’intention tout à fait gratuit.
À mon avis, ces ministères avaient pour but de résoudre des problèmes cruciaux pour la société. Le tort a été de les livrer au grand public qui manque de maturité pour en parler sereinement. Une autre solution, évidemment, est de dire qu’il n’y a pas de problème. C’est peut-être une autre manière de les résoudre mais je ne crois pas que ce soit la bonne.


Le reste de ton post s’adresse à Mae West mais je doute qu’elle en prendra connaissance, on ne la voit plus.
Mais quand tu dis : « Plus l'ordre est autoritaire est sécurisant, moins la société est adulte et capable de ses propres choix » tu as peut-être raison. Mais il ne faut pas perdre de vue que ceux qui vivent dans une insécurité permanente vivent dans une société injuste où règne la loi du plus fort. Il n’y a aucune raison de permettre que certains quartiers vivent dans la sécurité et d’autres pas. La délinquance, quelle soit grande ou petite, doit être combattue partout et sans rémission. C’est la première condition d’une société juste et équitable. Il faut espérer qu'avec les pleins pouvoirs la France y arrivera.

Pieronnelle

avatar 19/06/2012 @ 01:18:26
Pour qu'une société soit juste et équitable il faut faire en sorte qu'il n'y ait PAS de délinquance. S'il y en a c'est que la société est injuste quelque part et il faut essayer de comprendre pourquoi.
Je ne vois pas en quoi les "pleins pouvoirs" pourraient changer quelque chose autrement que dans la répression. Et la répression rejoint le régime totalitaire . Réprimer sans comprendre c'est condamner une société à vivre dans la peur et l'injustice...
Oui une société ne peut devenir adulte en se faisant assister par l'Ordre autoritaire en occurrence la police ou l'armée dans nos systèmes. On peut mettre tous les cadenas qu'on veut, disséminer des policiers partout, tant que les conditions dans lesquelles se créent la délinquance ne seront pas analysées puis supprimées la société ne pourra être juste et égalitaire.

Saint Jean-Baptiste 19/06/2012 @ 15:49:54
Pour qu'une société soit juste et équitable il faut faire en sorte qu'il n'y ait PAS de délinquance. S'il y en a c'est que la société est injuste...

Ce que tu dis est l’avis général, c’est ce que tout le monde dit : c’est la société qui est coupable de tout. C’est le thème favori des chansons raps. Et, si tout le monde le dit, c’est, forcément la vérité !

Mais moi je ne suis pas d’accord, et tant pis pour moi. Je ne vois pas en quoi la société est responsable quand quatre solides gaillards bousculent une vieille dame pour lui voler son argent.
Je crois que chacun a une conscience qui lui dit ce qui est bien et ce qui est mal. Et chacun a une liberté d’action et une volonté qui le rend responsable de ses actes.

Les parents doivent apprendre à leurs enfants à ne pas mentir, ne pas voler, ne pas frapper, ne pas faire aux autres ce qu’ils ne veulent pas que les autres leur fassent, etc…
Mais aujourd’hui beaucoup de parents apprennent à leurs enfants que tout est permis du moment qu’on ne se fait pas prendre.
Dès lors, c’est à l’école à se substituer aux parents, dans la mesure du possible.

La France de Gauche a aujourd’hui les mains libres pour mener à bien sa politique. Et, miser sur l’enseignement en nommant plus de profs, est certainement une bonne mesure. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut à la fois enseigner les valeurs et, s’assurer qu’elles oient respectées sur le terrain, en renforçant la sécurité et en condamnant les coupables.

Sinon c’est la jungle et ce n’est pas la société qui est coupable mais les gouvernements qui ne tiennent pas leurs promesses.

Pieronnelle

avatar 19/06/2012 @ 16:14:15
Je ne dis pas que la Société est responsable SJB, je dis seulement qu'il y a une raison à la délinquance, tu le reconnais d'ailleurs toi-même en faisant ressortir le rôle des parents. Mais pourquoi les parents sont-ils devenus ainsi, pourquoi ont-ils baissé les bras. Nos parents nous ont appris des valeurs, nos instits aussi. Pourquoi tout est différent? Ce sont les causes SJB qu'il faut connaitre pour faire en sorte que cela change . C'est comme colmater une fuite sans chercher à savoir d'où elle vient.
Ce n'est pas la société en tant que telle qui est responsable mais bien ceux qui la construisent et quand la voyoucratie, le manque de respect envers les hommes qui travaillent, l'exclusion de la plupart de ce monde du travail, dirigent cette société quel exemple !!
La répression ne peut être une fin en soi. On va remplir les prisons? On va sécuriser une certaine frange de la population, et après ?On va mettre des digicodes partout, surprotéger une partie de la population qui a tout à perdre parce qu'elle est riche ? Et petit à petit la frange moyenne ira rejoindre bientôt celle qui n'avait presque rien, plus de repère, plus d'espoir... la solution n'est pas de vivre dans des blockhaus sécurisé mais bien de faire en sorte que tous puissent vivre librement dans la rue, dans leur vie.
Mais on préfère penser qu'il est trop tard, que ceux qui sont mauvais vont rester mauvais ! C'est ça le défaitisme!
C'est un boulot en profondeur, et pour cela il faut vouloir changer la société. C'est un énorme chantier mais il est bien là l'espoir non ?

Stavroguine 19/06/2012 @ 16:37:47
C'est marrant, un des sujets du bac de philo cette année était, je crois : "Est-on plus libre sans l'Etat ?"

Vous avez quatre heures...

(J'aime assez ce sujet. Mais mon préféré reste celui des L "Toute croyance est-elle contraire à la raison ?". Ca, c'est un beau sujet, mais pour le coup, on est hors-sujet.)

Saint Jean-Baptiste 20/06/2012 @ 11:48:37
C'est marrant, un des sujets du bac de philo cette année était, je crois : "Est-on plus libre sans l'Etat ?"

Vous avez quatre heures...

(J'aime assez ce sujet. Mais mon préféré reste celui des L "Toute croyance est-elle contraire à la raison ?". Ca, c'est un beau sujet, mais pour le coup, on est hors-sujet.)

Ici, nous passerions tous ces bac de philo avec la plus grande distinction…
;-))

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