Lucretia 09/12/2005 @ 22:13:30
Pourquoi lui et pas un autre? Pourquoi sa littérature plutôt que sa philosophie? Pourquoi sa philo plutôt que sa littérature? Pourquoi une deception après une lecture de Sartre?
Pourquoi l'aimez-vous, pourquoi le détestez-vous?

Shelton
avatar 09/12/2005 @ 22:34:02
Mais, Lucretia, comme c'est toi qui déclare dans ton profil aimer Sartre, c'est toi qui dois commencer à nous dire pourquoi...

Shelton
avatar 09/12/2005 @ 22:41:37
J'avais commencé à parler de Sartre, une fois...
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/8958

Saint-Germain-des-Prés

avatar 16/12/2005 @ 16:50:09
C'est l'homme qui m'intéresse, celui qui présente ses multiples facettes : écrivain et philosophe, mais aussi noceur, amant, fils, ami de toujours. Je l'aborde à travers Simone de Beauvoir qui est mon dada et j'apprends plein de choses grâce à eux. Ce n'est pas tant que je l'aime ou pas, c'est plutôt qu'il m'intéresse.

Lucretia 16/12/2005 @ 19:16:00
Je l'aime car il représente un écrivain humain avec ses vices et ses qualités indéniables. Je l'aime car il a une prose très philosophique et en même temps abordable, ce qui donne une virtuosité sans faille.
Je l'ai abordé, un jour, par La nausée, il m'a semblé raconter la vérité sur l'absurdité de la vie. Puis, enfin, avec la philosophie de l'Existantialisme.

Felixlechat

avatar 16/12/2005 @ 21:55:09
La phrase que je préfère: "Il ne faut pas désespérer Billancourt". C'est magnifique!

Saule

avatar 17/12/2005 @ 11:54:24
J'ai essayé de lire la nausée de Sartre, c'est un des rares livres dont je ne suis pas arrivé au bout. Un autre classique dont je ne suis pas venu à bout c'est l'oeuvre au noir de Yourcenar.
Je préfère nettement Camus, surtout la chute.

Kornibus3 23/12/2005 @ 14:33:28
Je dois dire que j'ai du mal à comprendre le rejet dont Sartre est actuellement l'objet, en France principalement. On lui reproche ses prises de position en faveur de l'URSS. Là-dessus il faut savoir que l'engagement communiste de Sartre est loin d'être inconditionnel. Il a toujours eu une vision critique du PC, ce qui lui a d'ailleurs valu l'animosité de ses principaux responsables. Certes il a apporté son soutien au bloc de l'est, mais c'était à une époque où, ne l'oublions pas, le monde des idées politiques était strictement bipolaire : on était pro-soviétique ou réactionnaire. Sartre a choisi son camp, mais, je le répète, avec la distance critique qu'on attendait de lui. Il suffit de relire la deuxième partie de l'Existentialisme est un humanisme ou Critique de la Raison dialectique pour mesurer tout ce qui le sépare de l'orthodoxie marxiste-léniniste.
D'autre part, une théorie en vogue actuellement voudrait qu'un certain nombre de ses oeuvres littéraires aient "mal vieilli". Ainsi les Chemins de la liberté sont particulièrement attaqués, par Claude Allègre ou d'Ormesson notamment. Pourtant l'aisance dont il fait preuve pour articuler philosophie et littérature, la qualité indéniable des dialogues, la finesse des descriptions psychologiques et la pertinence des analyses historiques me semblent indéniables. Ces critiques me semblent donc sans fondement, et la vacuité des conceptions littéraires de leurs auteurs semblent davantage cacher une haine idéologique non avouée.

Le texte d'Allègre :
http://lexpress.fr/idees/tribunes/…

Le rat des champs
avatar 28/12/2005 @ 11:45:16
Je pense qu'il est difficile de comprendre les philosophes athées du XXe siècle comme Sartre ou Camus en faisant abstraction de l'époque où ils ont vécu. Le monde semblait absurde après la guerre de 40 et ses millions de morts, et nombreux furent ceux qui nièrent l'existence d'un Dieu qui avait permis tant d'horreurs.
Ce qui caractérise Sartre par rapport à Camus, ce fut l'engagement politique qui avec le recul semble plutôt une réaction contre le nazisme qu'une admiration sans bornes pour le stalinisme, dont comme beaucoup en ce temps, il ignorait les méfaits.
C'est toujours pareil, une idéologie est souvent trahie par ceux qui sont au pouvoir et utilisée pour opprimer laors qu'elle se voulait libératrice. On peut dire la même chose du christianisme que du marxisme.
J'ai beaucoup d'admiration pour Sartre et Camus, deux auteurs d'une très grande générosité.

Shelton
avatar 28/12/2005 @ 12:54:34
Bien d'accord avec ce qui vient d'être écrit... J'oserais ajouter que les erreurs des uns et des autres ne doivent pas nous empêcher de continuer à vouloir rendre le monde meilleur... Certes tous ces mots en "isme" ont souvent conduit à la mort, la privation de liberté, les condamnations en tout genre, les dirigismes, dictatures et autres catastrophes... et pourtant l'homme (l'être humain pas le mâle) doit continuer à chercher le bonheur, l'amour, la vérité...
Ah, comme la philosophie est difficile... mais si bonne à construire...

Mae West 05/01/2006 @ 14:20:25
J'ai essayé de lire la nausée de Sartre, c'est un des rares livres dont je ne suis pas arrivé au bout. Un autre classique dont je ne suis pas venu à bout c'est l'oeuvre au noir de Yourcenar.
Je préfère nettement Camus, surtout la chute.


La nausée, je l'ai balancé dans la Seine quand j'avais 20 ans, tant ça m'a énervée, je l'ai lu à 30 et j'ai trouvé ça génial ( car ça racontait ce que j'avais ressenti à 20) à 40 je l'ai encore lu et ça m'a donné envie d'en savoir plus sur Sartre, alors j'ai lu les chemins de la liberté, les mots, et d'autres oeuvres; mais je n'ai pas trouvé le courage de lire "l'être et le néant".
Moi aussi je préfère Camus, pour le message, qui garde une ouverture vers l'ineffable, et une idée du bonheur dans l'abandon. (ce qui ne veut pas dire baisser les bras, mais "s'abandonner" ) Si des oeuvres comme "l'existentialisme est un humanisme" ou "la mort dans l 'âme" de Sartre nous enseignent la résistance, face à l'opression sur terre , ici et maintenant, le message du mythe de Sisyphe ou de la peste, de Camus est plus universel et sans parler d'amour, il en comprend et intègre les couleurs de base.
Mais je pense que Sartre est un philosophe-témoin (et acteur) dur, d'une époque dure, et à ce titre irremplaçable et tout à fait fréquentable, ce ne fut ni un stalinien, ni un complice des purges. Encore moins un adepte de la politique de "la tête sous l'aile", bien qu'on lui ait reproché, comme à d'autres intellectuels français, de taire les exactions et les mensonges en ex URSS . Il suffit de lire "les mains sales " pour comprendre de quelle démarche intellectuelle et morale son attitude participait . C'est d'ailleurs à cette morale intellectuelle de l'engagement dans l'utopie historique et à sa fragilité , au fond, que l'exemple de Sartre nous renvoie .

J'ai vu sur l'autre forum (Vos écrits de loupbleu, dont je ne suis que le fil "débats billevesées etc..) que tu cherchais un ouvrage abordable sur Hüsserl. Mais comme je suis interdite d'accès de ce site ( paraît-il sur décision majoritaire du groupe mais toi, je ne pense pas que tu sois concerné) je te réponds sur celui-ci :
J'ai (enfin ! après avoir gaspillé 25 euros dans la retranscription érudite d'un cours de Patocka fort hermétique ) trouvé un ouvrage bien fait et accessible sur Hüsserl, et passionnant :
"Hüsserl et l'énigme du monde", de Emmanuel Housset. (points, collection essais)
Sinon, pas mal aussi en complément, "Husserl" de Nathalie Depraz, chez armand Colin, collection "synthèses"
bien amicalement, mae
roger.rabbit2@club-internet.fr

Saule

avatar 05/01/2006 @ 16:04:01
J'ai (enfin ! après avoir gaspillé 25 euros dans la retranscription érudite d'un cours de Patocka fort hermétique ) trouvé un ouvrage bien fait et accessible sur Hüsserl, et passionnant :
"Hüsserl et l'énigme du monde", de Emmanuel Housset. (points, collection essais)
Sinon, pas mal aussi en complément, "Husserl" de Nathalie Depraz, chez armand Colin, collection "synthèses"

Merci Mae, je prends note des références.

En fait je m'intéresse à Husserl via Edith Stein dont je lis une très bonne biographie (celle de Elisabeth de Miribel). Cette Elisabeth de Miribel conseille aussi un livre d'introduction à la phénoménologie mais je n'ai pas sous la main pour vérifier et c'est ancien. Edith Stein était phénoménologue (c'était l'assistante de Husserl) puis après sa conversion elle a essayé de rapprocher la philosophie de Saint Thomas d'Aquin avec celle de Husserl.

J'ai trouvé ici et là des articles sur internet sur la phénoménologie mais rien de très pédagogique (pour ne pas dire complètement abscon parfois !).

Kornibus3 09/01/2006 @ 18:52:53
Effectivement l'ouvrage de Housset est très bon, à la fois précis et pédagogique. La meilleure introduction à Husserl demeure à mon avis le livre de Paul Ricoeur : A l'école de la phénoménologie. Mais le mieux est encore de lire Husserl dans le texte ! Il exige une lecture attentive et rigoureuse mais reste tout à fait accessible... Commencer par les Méditations cartésiennes me paraît être une bonne option.

Saule

avatar 09/01/2006 @ 22:56:53
Merci. J'ai trouvé celui de Nathalie Depraz à la bibliothèque mais malgré tout l'intérêt que je porte à Husserl je ne possède pas les bases pour comprendre de quoi on parle ! Il me faut quelque chose de moins avancé.

Ils n'ont pas celui de Ricoeur à la bibliothèque, mais je vais l'acheter. De toute façon c'est un travail au long cours et il me faudra plus de deux semaines pour en venir à bout !

Quant à lire Husserl dans le texte, je n'en suis pas encore là. J'ai essayé dans son article pour l'encyclopédie britanica qui est disponible sur internet ( http://hfu.edu.tw/~huangkm/phenom/… ) mais c'est totalement incompréhensible.

Sinon il y a aussi un ouvrage de Vincent Aucante qui vulgarise un peu Edith Stein et que je relis.

Mae West 12/01/2006 @ 10:21:06
Merci. J'ai trouvé celui de Nathalie Depraz à la bibliothèque mais malgré tout l'intérêt que je porte à Husserl je ne possède pas les bases pour comprendre de quoi on parle ! Il me faut quelque chose de moins avancé.



Oui, j'avais écrit que c'était "en complément" en fait ça fonctionne un peu comme un lexique. Mais je pense qu'on peut essayer de lire un peu de Hüsserl dans le texte, même si on n'a l'impression de ne rien comprendre, cela permet de se pénétrer un peu de la pensée de l'auteur, de s'imprégner ; j'ai fait ça avec la phénoménologie de Hegel : je n'ai pas tout lu, c'est pas que j'aie compris, mais j'ai saisi ensuite beaucoup mieux sa démarche intellectuelle et ce que les décrypteurs de son texte me disaient.
Pareil d'ailleurs, si on pense à Spinoza ou Kant ( pour Kant, j'ai eu la flemme mais il faudra quand même bien que je fasse l'effort un jour ! ) .

Saule

avatar 12/01/2006 @ 11:13:00
Tu as tout à fait raison. Au début je ne comprenais rien, ensuite en lisant à petite dose, en fouillant sur internet, en y revenant souvent, je commence à comprendre de plus en plus.

Pour autant qu'on soit réellement intéressé, la plupart des choses sont accessibles à celui qui fait l'effort. Il y a des exceptions quand même, par exemple Lacan. mais lui c'est différent, lui il fait exprès d'être incompréhensible !

Smokey

avatar 14/08/2008 @ 17:56:32
Bonjour à tous!

Je me permets de remonter Sartre à la surface...
Le topic portait-il avant tout sur Sartre en tant qu'homme ou sur Sartre en tant qu'écrivain?

Parce qu'en tant qu'homme, désolé pour ses fidèles, mais c'était un sale c...Mais un écrivain de génie.

C'est d'ailleurs une question que je me pose sur Sartre (comme pour Simone de Beauvoir): comment un écrivain peut-il être aussi différent dans ses actes humains et dans le message qu'il répand à travers son écriture?

En effet, si vous prenez Simone, et le deuxième sexe, quelle revendication! Dommage que ce soit elle qui faisait la popote à Jean-Paul quand il rentrait du travail, on y aurait presque cru!

Débézed

avatar 14/08/2008 @ 18:25:27
J'ai essayé de lire la nausée de Sartre, c'est un des rares livres dont je ne suis pas arrivé au bout. Un autre classique dont je ne suis pas venu à bout c'est l'oeuvre au noir de Yourcenar.
Je préfère nettement Camus, surtout la chute.


Deux livres que j'ai lus et j'ai trouvé le Sartre assez moyen mais le Yourcenar est, pour moi, excellent !

Je ne connais pas assez Sartre pour avoir un avis très tranché, "Le mur" m'avait impressionné à 18 ans, dernièrement "La nausée" m'a fait hausser les épaules, le téléfim m'a confirmé ce que je pensais depuis un certain temps le mythe a nettement dépassé le personnage et il doit beaucoup à Simone. Je n'ai pas étudié le philiosophe donc je m'abstiens sur cet aspect de la question !

Hannibal
avatar 16/08/2008 @ 20:03:01
Sartre n'a jamais été un bon romancier mais en tant que philosophe, c'est une référence. Quant à Camus c'est le contraire: c'est un excellent romancier mais un mauvais philosophe (il a toujours nié le fait d'être philosophe, cette étiquette l'a toujours agacée). La Chute est un chef-d'oeuvre, Camus y a atteint la perfection dans le style, c'est aussi une oeuvre de circonstance car elle est un réponse ou plutôt une attaque contre les auteurs des Temps Modernes (l'ironie est assez visible dans cette oeuvre).

Saint-Germain-des-Prés

avatar 16/08/2008 @ 22:30:23
En effet, si vous prenez Simone, et le deuxième sexe, quelle revendication! Dommage que ce soit elle qui faisait la popote à Jean-Paul quand il rentrait du travail, on y aurait presque cru!


Smokey, si je peux permettre, lis les livres autobiographiques de Simone de Beauvoir ainsi que la tonne de biographies écrites à son sujet avant de prononcer de tels propos. Je ne sais pas si ces préjugés absolument infondés et radicalement à côté de la plaque doivent me faire rire ou pleurer...

J'admets ne pas être 100% objective car je suis une fan de Simone. Mais franchement, renseigne-toi!!!!!!!!

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