Provis

avatar 20/10/2009 @ 14:37:25
Cela dit, pour des textes littéraires, j'ai toujours pensé que la traduction devrait être faite par DEUX personnes : une qui parle parfaitement la langue originale et une autre qui a vraiment le sens du français. Après tout, tout le monde n'est pas Baudelaire...
Personnellement je n’irais pas jusque là. C’est surtout dans la langue d’arrivée, que le locuteur doit être parfaitement familier avec la langue. Autrement dit, à mon avis, la formulation dans la langue d’arrivée est une étape bien plus difficile que la compréhension dans la langue de départ (on peut arriver à comprendre très bien une langue sans pouvoir s’y exprimer de façon parfaite).

Saule

avatar 20/10/2009 @ 16:39:43
A la commission, les traducteurs vont toujours vers leur langue. Il y a deux langues pivot, l'anglais et le français: ça veut dire que les textes sont toujours traduit de l'original vers ces deux langues pivots. Ensuite, la langue pivot peut être utilisée comme source vers une autre langue.

Pour prendre un exemple débile, un texte écrit en tchèque pourrait être traduit en anglais (par un anglophone) et ensuite de l'anglais vers le slovaque (par un slovaque).

Mais pour la littérature, il faut en plus avoir une affinité avec l'auteur qu'on traduit. Par exemple Michel Cazenave est un traducteur attitré de Jung car il connait sa pensée. Diane de Margerie est une excellente traductrice de Wharton car non seulement elle est écrivain mais en plus elle connait très bien la pensée de Wharton. Même chose pour Yourcenar qui traduisit Mishima.

Provis, mea culpa pour "Il l'a revit". Le traducteur, Jean-Pierre Naugrette, a bien écrit "Il la revit" (je suis le seul à faire la faute).

Saule

avatar 20/10/2009 @ 16:50:06
Pour le plaisir (je vous laisse traduire)

"Genius is of small use to a woman who does not know how to do her hair."
"One felt that if she had been prettier she would have had emotions instead of ideas"

Micharlemagne

avatar 20/10/2009 @ 16:58:00
Pour le plaisir (je vous laisse traduire)

"Genius is of small use to a woman who does not know how to do her hair."
"One felt that if she had been prettier she would have had emotions instead of ideas"

Le génie est de peu d'usage à une femme qui ne sait comment se coiffer.
On sent que si elle avait été plis jolie, elle aurait eu des émotions plutôt que des idées.

Je ne vois pas la difficulté...

Micharlemagne

avatar 20/10/2009 @ 16:59:10
"Plus jolie"... J'ai été influencé par la mise en plis de notre première cliente...

Saule

avatar 20/10/2009 @ 17:28:16
Aucune difficulté, c'est juste des jolies images, c'était pour le plaisir de l'humour de Wharton

Voila la traduction de J-P Naugrette, assez semblable à la tienne quoiqu'il prenne un peu plus de liberté avec la première..

- A quoi sert le génie chez une femme qui ne sait pas comment se coiffer?
- On se disait que si elle avait été plus jolie, elle aurait eu des émotions au lieu d'idées.

Il faut lire tout le texte sur http://www.gutenberg.org/files/267/267-h/267-h.htm : c'est très compliqué à traduire.

Hexagone
avatar 24/10/2009 @ 19:42:45
Moi aussi avant de m'acheter le livre dans une édition différente je trouvais l'écriture très bien ! En lisant les 50 premières pages, j'ai surtout aimé le style "oral" de Dostoïevski. Dans certain passage je ne lis plus dans ma tête mais parle de façon loquace. Mais c'est en lisant la 1ère page de l'édition Folio que j'ai vu qu'il y avait de grosses différences.

Après avoir comparé les 3 premières pages du roman dans les 3 éditions différentes (Livre de Poche, Folio, Acte Sud) je peut affirmer avec certitude que la traduction de André Markowicz est de loin la mieux !
Le traducteur ajoute des précisions importantes au récit (que n'ont pas les autres éditions), emploi les mots exactes (datcha à la place de villa) et globalement arrive mieux à faire passer une idée, une impression.

Donc, pour conclure, je déconseille l'édition Folio, nul comparé à l'édition Livre de Poche, et elle même moyenne comparé à l'édition Acte Sud.

@+


Markowicz sera l'invité de " Ca peut pas faire de mal " samedi prochain sur france inter à 18h10.

Micharlemagne

avatar 28/10/2009 @ 13:08:31
Il y a quand même des traducteurs qui abusent (un peu) :
je lis dans la traduction de "Roma Aeterna" de Robert Silverberg, traduit de l'anglais (Etats-Unis) [sic] par Jean-Marc Chambon : "Je me voyais déjà passer mes années d'exil dans une petite villa confortable au bord de la mer, à savourer quelques dattes bien tendres et goûter les meilleurs cognacs de la région". Or, la région dont il est question est l'Arabie et nous sommes, en théorie, en l'année 1365 AUC, soit en 612 après J.C..
Gros à parier que dans le texte anglais (Etats-Unis...) se trouve le terme "brandy". Sauter sur la première traduction de "brandy" (cognac) pour l'intégrer telle quelle, je trouve cela un peu fort de... moka.

Alina 08/02/2016 @ 08:04:11
Bonjour a appreciateurs de Dostoevsky!
Je suis etudiante russe et j'ecris la these sur les deux traductions de "Crime et Chatiment" de Victor Derely et d'Elisabeth Gurtique. J'ai un difficulte, je ne peux pas telecharger la traduction d'Elisabeth Gurtique ou acheter dans les librairies: il y a les autres editions, mais ce que j'en ai besoin il n y a pas.
Si vous voulez et pouvez m'aider, je vous demande de m'envoyer ce livre.
Email alinaakopova.93@mail.ru

Myrco

avatar 08/02/2016 @ 18:32:54
Bonjour Alina,

Je suis allée voir ce que je possédais comme traduction. J'aurais aimé pouvoir t'être utile mais la mienne est de Pierre Pascal. Puisque tu dois être au fait de la question, connais-tu cette traduction et si oui qu' en penses-tu ?
Par ailleurs, il semble qu'actuellement on valorise les traductions de Markowicz qui seraient plus fidèles au niveau de langue de Dostoïevski. Cela me ferait plaisir d'avoir ton opinion à ce sujet.

Saule

avatar 08/02/2016 @ 19:29:31
On avait parlé de Elisabeth Guertik ici : http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…

Pour La Guerre et la paix, il semble qu'elle était la meilleure traductrice.

Je crois en effet que l'édition de poche de Crime et Chatiment traduite par elle est épuisée, il faudrait chercher chez les bouquinistes, et peut-être chez priceminister (il y a plein d'éditions, difficile de savoir laquelle est traduite par Guertik).

Saint Jean-Baptiste 08/02/2016 @ 19:45:04
On avait parlé de Elisabeth Guertik ici : http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…

Pour La Guerre et la paix, il semble qu'elle était la meilleure traductrice.


Les extraits donnés par Dirlandaise dans ce forum étaient de toute première qualité. Mais ils étaient « d'une Russe ». On n'a jamais su qui c'était et c'est bien triste parce que cette Russe avait retrouvé la vraie poésie de l'original dans une traduction plutôt littéraire mais sans trop s'éloigner de la traduction très littérale de Henry Mongault chez Gallimard.

Provis

avatar 09/02/2016 @ 11:46:56
Alina, il est très possible que j'aie le livre que tu cherches, « Crime et châtiment » dans la traduction par Elisabeth Guertik (c’est moi qui t’ai écrit hier).

A vrai dire, je ne suis pas tout à fait sûr, il faut d’abord que je retrouve le livre, que j'ai rangé dans un grenier il y a quelques temps.. :o)

En tout cas tu as bien raison de t’intéresser à Elisabeth Guertik, c’est une excellente traductrice !

Alina 10/02/2016 @ 07:59:13
Myrco, je ne sais pas ce traducteur, P.Pascal. J'ai choisi la traduction de V.Derely et la traduction d'E.Guertik parce qu'ils sont tres differents. C'est V.Derely qui a effectue la premiere traduction (en 1884. dans 18 ans apres la parution de l'original en russe) et E.Guertik l'a fait en 2008. Ces deux traducteurs sont de differents epoques. Alors qui est plus proche vers la langue de Dostoevski, son contemporain ou E.Guertik? C'est pourquoi il me semble tres interessant de les comparer.

J'ai analyse quelques pages de la traduction de V.D et je peux deja dire qu'elle n'est pas precis.
Voici un exemple: (C'est le debut de l'oeuvre) le mot "каморка" V.D.traduit comme "une petite chambre meublée" sans donner le style, le registre familier et le sens negatif de ce mot. etc.

Saule, merci. Ce forum est tres utile pour moi.

Provis, c'est tres gentil, mais j'ai deja trouve ce livre dans un magasin a Moscou. Le weekend je l'acheterai)

Saule

avatar 10/02/2016 @ 09:01:08
Pour la petite chambre meublée, il me semble que Markowicz utilise cagibi, ce qui donne bien le sens négatif du mot (cfr un message plus haut). Peut-être que le mot cagibi n'existait pas en 1884 ? Il me semble qu'un autre parlait de chambre mansardée. Je regarderai dans ma traduction ce soir. Dis nous comment traduit Guertik.

Radetsky 10/02/2016 @ 10:04:04
@Alina

Voici un exemple: (C'est le debut de l'oeuvre) le mot "каморка" V.D.traduit comme "une petite chambre meublée" sans donner le style, le registre familier et le sens negatif de ce mot. etc.

Je crois qu'en français aujourd'hui on aurait traduit par "piaule", au besoin en utilisant une périphrase ou un adjectif comme "minable" ; voire même une "cambuse", "soupente".
Le dictionnaire de L. Scerba et M. Matoussevitch traduit "каморка" comme "chambrette" (mais une chambrette c'est mignon) ou comme "cagibi" ce qui est plus proche.
Les Viennois ont une expression assez adaptée me semble-t-il, en parlant de "Bassäne Wohnung" : mot à mot un local où il faut mettre des bassines au sol afin de recueillir les infiltrations de pluie...Mais c'est peut-être excessif dans le cas de "каморка".

Provis

avatar 10/02/2016 @ 11:19:43
Provis, c'est tres gentil, mais j'ai deja trouve ce livre dans un magasin a Moscou. Le weekend je l'acheterai)

Ah ! J’ai retrouvé le livre hier soir, c’est bien une traduction par Élisabeth Guertik (édition « Le Livre de Poche »). Si le magasin veut te le vendre plus de 10 euros, je me ferai un plaisir de t'envoyer mon exemplaire.. :o)

Bon courage pour la suite de toute façon, et tiens-nous au courant ! Comme tu l’as vu, le problème de la traduction est une question qui nous intéresse beaucoup…

Provis

avatar 10/02/2016 @ 11:24:49
Pour la petite chambre meublée, il me semble que Markowicz utilise cagibi, ce qui donne bien le sens négatif du mot (cfr un message plus haut). Peut-être que le mot cagibi n'existait pas en 1884 ? Il me semble qu'un autre parlait de chambre mansardée. Je regarderai dans ma traduction ce soir. Dis nous comment traduit Guertik.
Alina n'a pas encore l'édition de Guertik à disposition, ce soir j'essaierai de trouver le passage dans mon exemplaire..

Provis

avatar 10/02/2016 @ 18:17:49
Voici le tout début de la traduction de Guertik :

"Au début de juillet, par une chaleur torride, un jeune homme sortit à la fin de la journée de la chambre qu’il occupait dans la ruelle S. et lentement, d’un air indécis, se dirigea vers le pont K. Sa chambre se trouvait sous les combles d’une haute maison de cinq étages et ressemblait davantage à un placard qu’à un logis.
Dans l’escalier, il avait réussi à éviter une rencontre avec sa logeuse. Celle-ci, qui lui louait la chambre avec pension et service, occupait elle-même un logement à l’étage au-dessous, et chaque fois qu’il sortait, il devait obligatoirement passer devant sa cuisine dont la porte était presque toujours grande ouverte sur l’escalier. …."

Saule

avatar 10/02/2016 @ 19:32:22
Ah, cette chère Guertik :-). Je n'avais pas réalisé que c'était une traduction si récente (Alina dit en 2008), je pensais que c'était une vieillle traduction. Elle s'en sort bien je trouve. D. Ergaz (Folio classique), en 1950 (enfin je crois), dont je donne le début ici, me semble moins sobre. Je préfère la traduction de Guertik sur ce passage.

"Par une soirée extrêmement chaude du début de juillet, un jeune homme sortit de la toute petite chambre qu'il louait dans la ruelle S... et se dirigea d'un pas indécis et lent vers le pont K...

Il eut la chance de ne pas rencontrer sa propriétaire dans l'escalier.

Sa mansarde se trouvait sous le toit d'une grande maison à cinq étages et ressemblait plutôt à un placard qu'à une pièce. Quant à la logeuse qui lui louait la chambre avec le service et la pension, elle occupait un appartement à l'étage au-dessous, et le jeune homme, lorsqu'il sortait, était obligé, de passer devant la porte de sa cuisine, la plupart du temps grande ouverte sur l'escalier".

NB: il y a une virgule en trop dans "lorsqu'il sortait, était obligé, de passer..." c'est une erreur de l'éditeur je suppose.

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