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BISTROT
Lundi dix heures trente. Heure creuse.
Le patron fait ses comptes. Ou son tiercé. Ou son loto… Enfin, une affaire d’argent.
Le garçon astique son comptoir.
L'homme est assis près de la vitre, à l'écart des rares clients.
Quel âge peut-il avoir ? Quarante ans tout au plus. Peut-être moins, mais sa fatigue le vieillit.
Habillé muraille. Ni bien ni mal.
Il tient son journal posé grand ouvert devant lui sur la table. Il a un crayon à la main.
Offres d'emploi.
Il tourne les pages rapidement, preuve d'une longue habitude.
Que cherche-t-il ? Selon quels critères ? Est-il vendeur ? ingénieur ? informaticien ?
Parfois, il hésite, suit du bout du crayon le texte d'une annonce.
Une piste ? Un espoir ?
Non, il ne coche pas.
ll est trop vieux. Ou trop jeune.
Trop d'expérience. Ou pas assez.
Ou bien c'est trop loin. Comment payer le voyage, si jamais il était convoqué ?
Maintenant, il tourne la page, et reprend sa lecture diagonale.
Le garçon s’approche de lui, son plateau à la main.
Excédé visiblement que l'homme ne déplace pas plus rapidement son journal, pour pouvoir poser la tasse de café.
-Pardon ! - dit l'homme en repliant trop brusquement son journal.
Collision. Café‚ renversé sur la table, sur le sol, sur le journal.
- Pardon, je suis désolé - redit l'homme.
Le garçon s'éloigne à grands pas. De dos, il a l'air encore plus furibard. Revient avec une éponge, essuie le sol d’abord, puis la table, qu'il laisse sale et humide.
- Un autre ? demande-t-il le dos tourné, en retournant vers son comptoir.
- S'il vous plaît, oui ! - , répond l'homme en évaluant les dégâts causés à son journal, qu’il plie, tant bien que mal, avant de le poser à côté de lui sur la banquette.
-
En attendant sa deuxième tasse, il regarde au dehors.
Le café arrive ; il y met un sucre et tourne sa cuiller sans regarder, perdu dans ses pensées. Un moment se passe.
Le garçon revient l'air toujours furieux :
- J'encaisse...
- Combien ça fait ?
- Cinq euros...
- Cinq euros ? Un café ?
- Pas un café ! Deux !
- Ah oui, c'est vrai...
Il tire de sa poche un billet qu'il tend au garçon.
Celui-ci rend la monnaie à gestes saccadés, puis retourne au comptoir astiquer quelques verres. L'homme trie sa monnaie ; laisse un pourboire ; boit le café en lisant ce qui lui reste de journal.
Une femme rentre dans le café. Légèrement essoufflée. Elle s'assied en face de lui. Ils parlent à presque voix basse. Elle sourit en penchant la tête sur son épaule et passe doucement sa main sur le visage de l'homme, qui sourit à son tour.
Le garçon s'approche et demande, avec un geste du menton, ce qu'elle désire boire.
- Rien merci, on s’en va....
Le garçon s'en retourne. Elle se lève, le rejoint et lui demande où sont les....
Le garçon lui rétorque d'une voix forte que "c'est réservé‚ aux consommateurs."
C'est décidé : je change de café.
Lundi dix heures trente. Heure creuse.
Le patron fait ses comptes. Ou son tiercé. Ou son loto… Enfin, une affaire d’argent.
Le garçon astique son comptoir.
L'homme est assis près de la vitre, à l'écart des rares clients.
Quel âge peut-il avoir ? Quarante ans tout au plus. Peut-être moins, mais sa fatigue le vieillit.
Habillé muraille. Ni bien ni mal.
Il tient son journal posé grand ouvert devant lui sur la table. Il a un crayon à la main.
Offres d'emploi.
Il tourne les pages rapidement, preuve d'une longue habitude.
Que cherche-t-il ? Selon quels critères ? Est-il vendeur ? ingénieur ? informaticien ?
Parfois, il hésite, suit du bout du crayon le texte d'une annonce.
Une piste ? Un espoir ?
Non, il ne coche pas.
ll est trop vieux. Ou trop jeune.
Trop d'expérience. Ou pas assez.
Ou bien c'est trop loin. Comment payer le voyage, si jamais il était convoqué ?
Maintenant, il tourne la page, et reprend sa lecture diagonale.
Le garçon s’approche de lui, son plateau à la main.
Excédé visiblement que l'homme ne déplace pas plus rapidement son journal, pour pouvoir poser la tasse de café.
-Pardon ! - dit l'homme en repliant trop brusquement son journal.
Collision. Café‚ renversé sur la table, sur le sol, sur le journal.
- Pardon, je suis désolé - redit l'homme.
Le garçon s'éloigne à grands pas. De dos, il a l'air encore plus furibard. Revient avec une éponge, essuie le sol d’abord, puis la table, qu'il laisse sale et humide.
- Un autre ? demande-t-il le dos tourné, en retournant vers son comptoir.
- S'il vous plaît, oui ! - , répond l'homme en évaluant les dégâts causés à son journal, qu’il plie, tant bien que mal, avant de le poser à côté de lui sur la banquette.
-
En attendant sa deuxième tasse, il regarde au dehors.
Le café arrive ; il y met un sucre et tourne sa cuiller sans regarder, perdu dans ses pensées. Un moment se passe.
Le garçon revient l'air toujours furieux :
- J'encaisse...
- Combien ça fait ?
- Cinq euros...
- Cinq euros ? Un café ?
- Pas un café ! Deux !
- Ah oui, c'est vrai...
Il tire de sa poche un billet qu'il tend au garçon.
Celui-ci rend la monnaie à gestes saccadés, puis retourne au comptoir astiquer quelques verres. L'homme trie sa monnaie ; laisse un pourboire ; boit le café en lisant ce qui lui reste de journal.
Une femme rentre dans le café. Légèrement essoufflée. Elle s'assied en face de lui. Ils parlent à presque voix basse. Elle sourit en penchant la tête sur son épaule et passe doucement sa main sur le visage de l'homme, qui sourit à son tour.
Le garçon s'approche et demande, avec un geste du menton, ce qu'elle désire boire.
- Rien merci, on s’en va....
Le garçon s'en retourne. Elle se lève, le rejoint et lui demande où sont les....
Le garçon lui rétorque d'une voix forte que "c'est réservé‚ aux consommateurs."
C'est décidé : je change de café.
Bravo et merci Gudel de rester et de poster... Allez, je lis puis je commente.
Ben zut alors! 2 personnes, 2 cafés, elle aurait pu quand même... Sale type! Petite tranche de vie ordinaire, mais là je ne trouve pas ton style tranché habituel. C'est presque trop lisse, sans grand intérêt quand au sujet que tu veux traiter. Cela dit ça peut être bien pour démarrer une histoire+ longue parce que, quand même, on s'attache un tout petit aux 2 personnes et j'aurais aimé les suivre un peu plus longtemps. A condition qu'il leur arrive des trucs intéressants. Allez va, persiste!
Cela dit ça peut être bien pour démarrer une histoire+ longue
Mentor, on n'est pas obligé d'écrire la Comédie humaine à chaque fois qu'on va au café tout de même...
Moi, je l'aime bien ce conte réaliste de l'ignominie ordinaire. Des tableaux comme celui-là contiennent tout finalement; au lecteur de les relier à son expérience.
Juste un truc. Je me demande si ça ne fonctionnerait pas encore mieux en écourtant le début, la présentation du client, l'insistance sur sa recherche d'emploi, est-il trop ceci ou pas assez cela, etc ? On a un peu trop la sensation que tu cherches à faire pleurer les foules et, à la limite, la foule (moi...) résiste un peu. Si tu ne faisais que suggérer subtilement que le mec est chômeur et un peu paumé, le lecteur pourrait fantasmer lui-même sur le contexte et adhérer beaucoup plus en fin de compte. Le lecteur, il est comme ça, tout fier d'avoir trouvé lui-même et déjà ému de sa propre intelligence et de sa délicate sensibilité... Enfin, si les autres lecteurs me ressemblent un peu.
Conclusion ? J'aime bien.
moi j'aime beaucoup mais tout comme Mentor j'aimerais bien une suite on reste un peu sur notre fin. C'est simple, j'aime beaucoup.
J'aime bien le fait que ça commence par "il" et que ça finisse par "je". J'aime bien cette histoire qui n'en n'ai pas une et la manière dont tu la racontes. Même impression que Bolcho pour le début: un rien trop insistant le zoom sur le personnage. Beaucoup aimé l'allusion au dos furax du serveur, pour moi, des détails de ce genre valent plus que n'importe quelle description savante
Petite histoire de l'ignominie ordinaire. C'est tout à fait comme le dit Bolcho.
Oui, changer de café, ça s'impose. Comme les cafés où l'on s'est pris d'affreuses nouvelles en pleine poire. En changer.
Moi, l'écriture me convient bien et j'adhère.
Oui, changer de café, ça s'impose. Comme les cafés où l'on s'est pris d'affreuses nouvelles en pleine poire. En changer.
Moi, l'écriture me convient bien et j'adhère.
c'est exact... a la relecture, je pense que l'ellipse aurait convenu
Cela dit ça peut être bien pour démarrer une histoire+ longue
Mentor, on n'est pas obligé d'écrire la Comédie humaine à chaque fois qu'on va au café tout de même...
Moi, je l'aime bien ce conte réaliste de l'ignominie ordinaire. Des tableaux comme celui-là contiennent tout finalement; au lecteur de les relier à son expérience.
Juste un truc. Je me demande si ça ne fonctionnerait pas encore mieux en écourtant le début, la présentation du client, l'insistance sur sa recherche d'emploi, est-il trop ceci ou pas assez cela, etc ? On a un peu trop la sensation que tu cherches à faire pleurer les foules et, à la limite, la foule (moi...) résiste un peu. Si tu ne faisais que suggérer subtilement que le mec est chômeur et un peu paumé, le lecteur pourrait fantasmer lui-même sur le contexte et adhérer beaucoup plus en fin de compte. Le lecteur, il est comme ça, tout fier d'avoir trouvé lui-même et déjà ému de sa propre intelligence et de sa délicate sensibilité... Enfin, si les autres lecteurs me ressemblent un peu.
Conclusion ? J'aime bien.
Bon ton texte Gudel, moment que pour ma part, j'aime, fait de ces tous(t) petits riens, qui font, qui sont, la vie. Un moment, un constat, une envie. Bref j'aime.
Beaucoup moins ta mise en page. Ici, tu trouveras un petit glossaire qui peut t'aider :
http://perso.wanadoo.fr/marieste/index.htm
Beaucoup moins ta mise en page. Ici, tu trouveras un petit glossaire qui peut t'aider :
http://perso.wanadoo.fr/marieste/index.htm
Yali, ton site est vraiment bien fait.
Par rapport à la mise en page : moi c'est l'inverse de ce que tu dis. Je lis rarement tes textes ou ceux de Tistou, car vous serrez trop le texte et ça me rend la lecture vraiment difficile. Alors que quand c'est aéré comme Gudel, c'est beaucoup plus agréable pour moi.
J'aime bien ce texte de Gudel, mais je suis un peu frustré, j'attendais plus de la fin. Comme quoi on devient exigeant !
Par rapport à la mise en page : moi c'est l'inverse de ce que tu dis. Je lis rarement tes textes ou ceux de Tistou, car vous serrez trop le texte et ça me rend la lecture vraiment difficile. Alors que quand c'est aéré comme Gudel, c'est beaucoup plus agréable pour moi.
J'aime bien ce texte de Gudel, mais je suis un peu frustré, j'attendais plus de la fin. Comme quoi on devient exigeant !
Oui bien moi aussi je m'attendais à mieux ; je reste sur le coup du Pincefroidure qui m'avait laissé une impression d'innovation extraordinaire !
Comme quoi on devient, c'est vrai, beaucoup trop exigeant ! Parce que ce texte n'est pas mal du tout !
Mais c'est bien d'avoir persisté Gudel !
Comme quoi on devient, c'est vrai, beaucoup trop exigeant ! Parce que ce texte n'est pas mal du tout !
Mais c'est bien d'avoir persisté Gudel !
Yali, ton site est vraiment bien fait.
Par rapport à la mise en page : moi c'est l'inverse de ce que tu dis. Je lis rarement tes textes ou ceux de Tistou, car vous serrez trop le texte et ça me rend la lecture vraiment difficile. Alors que quand c'est aéré comme Gudel, c'est beaucoup plus agréable pour moi.
J'aime bien ce texte de Gudel, mais je suis un peu frustré, j'attendais plus de la fin. Comme quoi on devient exigeant !
Pas facile de trouver une solution Saule sans sortir de CL. Toutefois, j'y pense depuis un moment : une solution téléchargeable en pdf, avec police lisible et mise en page adéquate. Faut juste que je trouve le temps ;-)
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