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PETITES ROUTES
les petites routes se distinguent des grandes par une moindre largeur : deux véhicules conduits par des individus raisonnablement alcoolisés, ont peu de chances de s'y pouvoir croiser.
Les survivants se rendent alors dans un proche bistrot de village afin d'y remplir un constat amiable, et quelques verres d'un excellent vin de pays.
Ainsi naissent les souvenirs et les amitiés solides.
Hormis ces avatars de tôle froissée et quelques nids de poule jalousement entretenus, les petites routes ont le charme de la France profonde.
Méprisant la ligne droite, elles présentent, même dans les plus mornes plaines, d'énigmatiques sinuosités, virages, courbures, dont les trajectoires semblent n'obéir à aucune loi.
Abandonnant à contrecoeur l'asphalte autoroutier, l'automobiliste citadin y doit un jour ou l'autre risquer ses pneus.
L'heure est grave.
Dans l'habitacle, l'ambiance s'est tendue. Madame a sorti la carte Michelin, et d'un ongle verni, suit le tracé jaune qui va d'ici à là-bas.
- C'est très simple. Tu prends la D 674 sur la gauche, juste après un pont et tu vas jusqu'à un calvaire... Ou une église... Enfin... Un machin... Là, on fait environ cinq cents mètres, et on prend encore à gauche, la D 672A pendant huit kilomètres. On arrive à un village, et puis là….
- ...Et là, on demandera… Enfin, si on y arrive ! Parce qu'avec tes explications…
Terra incognita. L'automobiliste est nerveux. Crispé à son volant, il scrute l'accotement. Chaque taillis, chaque haie, cache un possible danger : une poule prête à bondir, une moissonneuse-batteuse, un paysan fourchu.
Tout cela n'est guère rassurant.
Au compteur, la vitesse n'excède pas les vingt cinq kilomètres par heure.
- Et c'est déjà beaucoup ! - estime tante Louise qui, de l'arrière de la berline, fait son intéressante au prétexte qu'elle connaît l'endroit, pour y être venue déjà.
C'était pour le mariage d'un cousin de Marie-Ange. De la famille, pour ainsi dire...
- Hé oui… C'était en 36 ! Ou peut-être même 35 ! Je ne sais plus très bien.
Une bien belle fête à l'en croire. Une fête d'avant la guerre. Une époque où on savait encore s'amuser.
Mais voilà... Marie-Ange est morte, elle qui était tellement gaie. Foudroyée en quelques jours. Il faut dire qu'on manquait de tout : c'était la guerre... Hitler... Les Allemands...
- Remarquez, il y en avait de très corrects. Tiens, justement, une fois, je me souviens...
On les connaît, Tante Louise, tes vieilles histoires…
Et celui-là ! Qu'est ce qu'il peut bien foutre au milieu de la route avec sa caravane ?
Tiens, eh bien justement ! Un Allemand !
- Et celui-là, Tante Louise, tu trouves qu'ils est korrect ?
On double enfin.
Long coup de klaxon vengeur.
Vieille Mercedes tractant la caravane, conduite par Herr papy ,un peu hagard.
A côté de lui, carte à la main, Fraulein fait également office de navigatrice.
- Regarde-les, ces salauds ! Non seulement ils se croient chez eux, mais en plus ils sont paumés. C'est un comble !
- Calme-toi, Raymond ! On est perdu aussi.
A l'arrière, tante Louise s'est rendormie sur ses souvenirs couleur Damia-vert-de-gris-robe-à-fleurs, qui s'estompent à force de temps qui passe.
- Salauds de Boches !
Petite réplique sans importance. Dans la Peugeot retombe le silence.
Europe ou pas, la France est bien profonde. Et nos petites routes, tortueuses.
Pour mille ans.
les petites routes se distinguent des grandes par une moindre largeur : deux véhicules conduits par des individus raisonnablement alcoolisés, ont peu de chances de s'y pouvoir croiser.
Les survivants se rendent alors dans un proche bistrot de village afin d'y remplir un constat amiable, et quelques verres d'un excellent vin de pays.
Ainsi naissent les souvenirs et les amitiés solides.
Hormis ces avatars de tôle froissée et quelques nids de poule jalousement entretenus, les petites routes ont le charme de la France profonde.
Méprisant la ligne droite, elles présentent, même dans les plus mornes plaines, d'énigmatiques sinuosités, virages, courbures, dont les trajectoires semblent n'obéir à aucune loi.
Abandonnant à contrecoeur l'asphalte autoroutier, l'automobiliste citadin y doit un jour ou l'autre risquer ses pneus.
L'heure est grave.
Dans l'habitacle, l'ambiance s'est tendue. Madame a sorti la carte Michelin, et d'un ongle verni, suit le tracé jaune qui va d'ici à là-bas.
- C'est très simple. Tu prends la D 674 sur la gauche, juste après un pont et tu vas jusqu'à un calvaire... Ou une église... Enfin... Un machin... Là, on fait environ cinq cents mètres, et on prend encore à gauche, la D 672A pendant huit kilomètres. On arrive à un village, et puis là….
- ...Et là, on demandera… Enfin, si on y arrive ! Parce qu'avec tes explications…
Terra incognita. L'automobiliste est nerveux. Crispé à son volant, il scrute l'accotement. Chaque taillis, chaque haie, cache un possible danger : une poule prête à bondir, une moissonneuse-batteuse, un paysan fourchu.
Tout cela n'est guère rassurant.
Au compteur, la vitesse n'excède pas les vingt cinq kilomètres par heure.
- Et c'est déjà beaucoup ! - estime tante Louise qui, de l'arrière de la berline, fait son intéressante au prétexte qu'elle connaît l'endroit, pour y être venue déjà.
C'était pour le mariage d'un cousin de Marie-Ange. De la famille, pour ainsi dire...
- Hé oui… C'était en 36 ! Ou peut-être même 35 ! Je ne sais plus très bien.
Une bien belle fête à l'en croire. Une fête d'avant la guerre. Une époque où on savait encore s'amuser.
Mais voilà... Marie-Ange est morte, elle qui était tellement gaie. Foudroyée en quelques jours. Il faut dire qu'on manquait de tout : c'était la guerre... Hitler... Les Allemands...
- Remarquez, il y en avait de très corrects. Tiens, justement, une fois, je me souviens...
On les connaît, Tante Louise, tes vieilles histoires…
Et celui-là ! Qu'est ce qu'il peut bien foutre au milieu de la route avec sa caravane ?
Tiens, eh bien justement ! Un Allemand !
- Et celui-là, Tante Louise, tu trouves qu'ils est korrect ?
On double enfin.
Long coup de klaxon vengeur.
Vieille Mercedes tractant la caravane, conduite par Herr papy ,un peu hagard.
A côté de lui, carte à la main, Fraulein fait également office de navigatrice.
- Regarde-les, ces salauds ! Non seulement ils se croient chez eux, mais en plus ils sont paumés. C'est un comble !
- Calme-toi, Raymond ! On est perdu aussi.
A l'arrière, tante Louise s'est rendormie sur ses souvenirs couleur Damia-vert-de-gris-robe-à-fleurs, qui s'estompent à force de temps qui passe.
- Salauds de Boches !
Petite réplique sans importance. Dans la Peugeot retombe le silence.
Europe ou pas, la France est bien profonde. Et nos petites routes, tortueuses.
Pour mille ans.
bon! j'aime vraiment ton style!
maintenant, passons aux choses sérieuses. Chacun ici est fou de lecture, chacun ici aime écrire, chacun ici envoie ses textes et aime qu'on les commente... beaucoup ont un certain talent. L' échange est à la base du forum.
Je t'oriente donc sur le catalogue de Yali que tu pourras trouver dans un post en haut de page. CATALOGUE DU FORUM "VOS ECRITS".
Et là, je te conseille pour commencer d'aller voir les textes de:
- Bolcho "propos sur le téléphone portable"
- Kilis "midi mange toutes les ombres"
- Yali "ça déménage"
(liste réduite et personnelle et je m'excuse auprès de ceux que je n'ai pas cité)
tu trouveras plein d'autres auteurs, plein d'autres textes, quelques perles... Bonne lecture et vraiment bienvenue!
maintenant, passons aux choses sérieuses. Chacun ici est fou de lecture, chacun ici aime écrire, chacun ici envoie ses textes et aime qu'on les commente... beaucoup ont un certain talent. L' échange est à la base du forum.
Je t'oriente donc sur le catalogue de Yali que tu pourras trouver dans un post en haut de page. CATALOGUE DU FORUM "VOS ECRITS".
Et là, je te conseille pour commencer d'aller voir les textes de:
- Bolcho "propos sur le téléphone portable"
- Kilis "midi mange toutes les ombres"
- Yali "ça déménage"
(liste réduite et personnelle et je m'excuse auprès de ceux que je n'ai pas cité)
tu trouveras plein d'autres auteurs, plein d'autres textes, quelques perles... Bonne lecture et vraiment bienvenue!
je vais aller voir ça... pardon de n'être pas encore très réactif... Ce maniement et ces procédures sont nouveaux pour moi... Ca va venir. Merci en tous cas de ces témoignages de bienvenue !
bon! j'aime vraiment ton style!
maintenant, passons aux choses sérieuses. Chacun ici est fou de lecture, chacun ici aime écrire, chacun ici envoie ses textes et aime qu'on les commente... beaucoup ont un certain talent. L' échange est à la base du forum.
Je t'oriente donc sur le catalogue de Yali que tu pourras trouver dans un post en haut de page. CATALOGUE DU FORUM "VOS ECRITS".
Et là, je te conseille pour commencer d'aller voir les textes de:
- Bolcho "propos sur le téléphone portable"
- Kilis "midi mange toutes les ombres"
- Yali "ça déménage"
(liste réduite et personnelle et je m'excuse auprès de ceux que je n'ai pas cité)
tu trouveras plein d'autres auteurs, plein d'autres textes, quelques perles... Bonne lecture et vraiment bienvenue!
Moi aussi j'aime ta manière. Cependant y a des trucs qui me gênent dans ce texte-ci... que je m'expique... oui, c'est un peu trop stéréotypé pour moi: le mari qui conduit et sa madame-un-rien-potiche à côté... hum!
:-))))
:-))))
:-))))
marrant! moi je n'ai pas eu cette impression; j'ai plutôt perçu le conducteur comme un coniaud classique...
marrant! moi je n'ai pas eu cette impression; j'ai plutôt perçu le conducteur comme un coniaud classique...
oui, ou classe hic!
Le texte m'a fait beaucoup rire : je trouve que les comportements de ces automobilistes sur les petites routes de campagne de la France profonde sont parfaitement représentés; avec la bonne femme qui indique sur la carte, le camping car qui bloque la route, les poules qui traversent, la tension qui monte dans la voiture...
C'est du vécu !!! :-))
Et moi, cela m'évoque plein de chose, notament quelques virées familliales en voiture... !!
Exquis !!
C'est du vécu !!! :-))
Et moi, cela m'évoque plein de chose, notament quelques virées familliales en voiture... !!
Exquis !!
Ahhh... j'adore ce texte-ci, plus simple pour mes petites neurones... De l'esprit, des dialogues bien menés, un ton acide... Bravo ! On veut un roman vindiou !!
- Salauds de Boches !
C'est pas gagné, hein?
Foin de lugubre là encore. Réflexion sociétale sur base de petites routes sinueuses, de cartes Michelin et de caravanes bouchonneuses. Qui ne roule qu'aux USA (ou au CANADA j'imagine?) ne comprendra pas. Ah le charme vieillot et lourd d'histoire de notre vieille grand-mère Europe. Et France en particulier.
Kilis a flashé sur Bobonne qui copilote et Blaireau qui conduit. Pas si images convenues que cela puisque chez moi, c'est moi qui copilote! Et qui se fait une spécialité toute Tistouienne d'annoncer droite ou gauche en fonction du premier qui me vient à l'esprit, qui ne correspond pas forcément à ce que je décrypte (très bien) sur la carte (Michelin aussi). Mais je m'égare!
Ton style d'écriture nous devient rapidement familier Gudel, et il semble nettement apprécié. Je dirais tendance Bolcho revisité Balamento, avec probablement d'autres ingrédients. Mais bon, laissons du temps aux goûteurs!
C'est pas gagné, hein?
Foin de lugubre là encore. Réflexion sociétale sur base de petites routes sinueuses, de cartes Michelin et de caravanes bouchonneuses. Qui ne roule qu'aux USA (ou au CANADA j'imagine?) ne comprendra pas. Ah le charme vieillot et lourd d'histoire de notre vieille grand-mère Europe. Et France en particulier.
Kilis a flashé sur Bobonne qui copilote et Blaireau qui conduit. Pas si images convenues que cela puisque chez moi, c'est moi qui copilote! Et qui se fait une spécialité toute Tistouienne d'annoncer droite ou gauche en fonction du premier qui me vient à l'esprit, qui ne correspond pas forcément à ce que je décrypte (très bien) sur la carte (Michelin aussi). Mais je m'égare!
Ton style d'écriture nous devient rapidement familier Gudel, et il semble nettement apprécié. Je dirais tendance Bolcho revisité Balamento, avec probablement d'autres ingrédients. Mais bon, laissons du temps aux goûteurs!
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