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Le soleil, maintenant guilleret, donnait à l’atmosphère citadine une allure coquine, d’école buissonnière. Les gens se croisaient en souriant, vaguement étonnés de ne plus faire la gueule. La ville pourtant … mais … le soleil, une torpeur, presque le début du bonheur.
Nicéphore Nyet était heureux. Il remontait la rue des Clichés-détournés, bientôt ce serait la rue Sous-l-Eau. Dans la rue Sous-l’Eau il y aurait un immeuble, au n°9, un immeuble de cinq étages. Et tout en haut, l’appartement d’Esther. Esther Métisme. Il se répètait le nom silencieusement. Ses lèvres articulaient amoureusement le prénom adoré, mais butaient toujours sur Métisme. Quel drôle de nom ! Métisme. Une Irlandaise rousse flamboyante. O’Connor, Donehue, Flanagan, … mais Métisme ?
Il faillit renverser un étal de fruits, perdu dans ses pensées qu’il était. Il souleva son haut de forme machinalement, « excusez-moi », et repartit avec son rêve.
Il l’avait vue au cabaret il y avait trois nuits de cela. L’avait trouvé amusante. Il était revenu le lendemain. C’était pour elle, il s’en était rendu compte et il avait attendu avec impatience la nuit suivante. La nuit suivante c’était hier et hier il n’y avait pas eu d’Esther Métisme. Son jour de relâche lui avait le concierge. Le concierge avait aussi fini par lui lâcher l’adresse, avec une moue fatiguée. Pas la première fois qu’il devait donner le renseignement. D’ailleurs c’était quasiment tarifé, Nicéphore l’avait vite compris. Quand il n’était pas amoureux, Nicéphore n’était pas si bête !
Lucette s’était fait une raison. Elle ne regardait plus le miroir verdâtre. Déprimant. Elle attendait. Elle avait la sensation très nette de se trouver dans les entrailles d’un organisme, d’être comme un corps étranger en cours de digestion. Quelques sons de la rue lui parvenaient, étouffés, ouatés. Seul un rayon de soleil qui traversait en diagonale une lucarne de l’escalier lui procurait un peu de lumière. De la poussière tournoyait dans le faisceau et donnait l’impression de vie. Elle avait bien retenté d’alerter des occupants en secouant la grille du vieil ascenseur, d’appeler ; « Quelqu’un ?». Mais la solitude était implacable. Dans l’ascenseur elle était, dans l’ascenseur elle resterait. Au moins pour l’instant.
La camionnette de Deliver-Express venait de déboucher rue Sous-l’Eau. La circulation était calme ce samedi, la lumière étonnamment belle et Benoit se surprit à rêver à autre chose qu’au boulot. Il avait de l’avance sur ses livraisons, il faisait beau. Bon sang, il irait se poser tout à l’heure à la terrasse du café là. Il dût se pencher pour lire le nom sur la toile fatiguée qui procurait de l’ombre aux trois guéridons disposés sur le trottoir, … café de … l’espér… Il pila net ! Un mec en redingote et haut de forme, à 10 cm du pare-choc, soulevait son haut de forme, et murmurait quelque chose. Il avait l’air aussi concerné qu’un platane et repartait dans sa traversée de la rue sous les klaxons d’une voiture qui venait de piler elle aussi. Benoit le regarda s’éloigner en soupirant. Le soleil rendait indulgent. Aujourd’hui l’agressivité faisait relâche et … Bon, le n°9 ? Ce sera à gauche et on est au 51. Allez, encore deux cents mètres.
Nicéphore Nyet était heureux. Il remontait la rue des Clichés-détournés, bientôt ce serait la rue Sous-l-Eau. Dans la rue Sous-l’Eau il y aurait un immeuble, au n°9, un immeuble de cinq étages. Et tout en haut, l’appartement d’Esther. Esther Métisme. Il se répètait le nom silencieusement. Ses lèvres articulaient amoureusement le prénom adoré, mais butaient toujours sur Métisme. Quel drôle de nom ! Métisme. Une Irlandaise rousse flamboyante. O’Connor, Donehue, Flanagan, … mais Métisme ?
Il faillit renverser un étal de fruits, perdu dans ses pensées qu’il était. Il souleva son haut de forme machinalement, « excusez-moi », et repartit avec son rêve.
Il l’avait vue au cabaret il y avait trois nuits de cela. L’avait trouvé amusante. Il était revenu le lendemain. C’était pour elle, il s’en était rendu compte et il avait attendu avec impatience la nuit suivante. La nuit suivante c’était hier et hier il n’y avait pas eu d’Esther Métisme. Son jour de relâche lui avait le concierge. Le concierge avait aussi fini par lui lâcher l’adresse, avec une moue fatiguée. Pas la première fois qu’il devait donner le renseignement. D’ailleurs c’était quasiment tarifé, Nicéphore l’avait vite compris. Quand il n’était pas amoureux, Nicéphore n’était pas si bête !
Lucette s’était fait une raison. Elle ne regardait plus le miroir verdâtre. Déprimant. Elle attendait. Elle avait la sensation très nette de se trouver dans les entrailles d’un organisme, d’être comme un corps étranger en cours de digestion. Quelques sons de la rue lui parvenaient, étouffés, ouatés. Seul un rayon de soleil qui traversait en diagonale une lucarne de l’escalier lui procurait un peu de lumière. De la poussière tournoyait dans le faisceau et donnait l’impression de vie. Elle avait bien retenté d’alerter des occupants en secouant la grille du vieil ascenseur, d’appeler ; « Quelqu’un ?». Mais la solitude était implacable. Dans l’ascenseur elle était, dans l’ascenseur elle resterait. Au moins pour l’instant.
La camionnette de Deliver-Express venait de déboucher rue Sous-l’Eau. La circulation était calme ce samedi, la lumière étonnamment belle et Benoit se surprit à rêver à autre chose qu’au boulot. Il avait de l’avance sur ses livraisons, il faisait beau. Bon sang, il irait se poser tout à l’heure à la terrasse du café là. Il dût se pencher pour lire le nom sur la toile fatiguée qui procurait de l’ombre aux trois guéridons disposés sur le trottoir, … café de … l’espér… Il pila net ! Un mec en redingote et haut de forme, à 10 cm du pare-choc, soulevait son haut de forme, et murmurait quelque chose. Il avait l’air aussi concerné qu’un platane et repartait dans sa traversée de la rue sous les klaxons d’une voiture qui venait de piler elle aussi. Benoit le regarda s’éloigner en soupirant. Le soleil rendait indulgent. Aujourd’hui l’agressivité faisait relâche et … Bon, le n°9 ? Ce sera à gauche et on est au 51. Allez, encore deux cents mètres.
Ben dis donc, ça va vite. Ca démarre sur les chapeaux de roues !
Je constate qu’on va s’amuser avec les noms, tu gardes la veine. C’est une bonne idée.
Très joli, le paragraphe de Lucette dans les entrailles de la maison, mais « retenté » ? T’es sûr ?
Et voilà Benoît ! Il ne voulait pas venir ? Il y est quand même et nous ferons de lui ce que nous voudrons.
Ce second mille mains commence vraiment bien, pas de massacre (chacun ses goûts, mais il est bon de changer) et déjà tout un petit monde qui s’agite sous nos yeux (et nos doigts, à nous qui participons).
Une dernière chose, pour Nicéphore, tu n’avais pas une image d’Hergé en tête ? Parce que moi je l’ai, quand je te lis.
Je constate qu’on va s’amuser avec les noms, tu gardes la veine. C’est une bonne idée.
Très joli, le paragraphe de Lucette dans les entrailles de la maison, mais « retenté » ? T’es sûr ?
Et voilà Benoît ! Il ne voulait pas venir ? Il y est quand même et nous ferons de lui ce que nous voudrons.
Ce second mille mains commence vraiment bien, pas de massacre (chacun ses goûts, mais il est bon de changer) et déjà tout un petit monde qui s’agite sous nos yeux (et nos doigts, à nous qui participons).
Une dernière chose, pour Nicéphore, tu n’avais pas une image d’Hergé en tête ? Parce que moi je l’ai, quand je te lis.
Une dernière chose, pour Nicéphore, tu n’avais pas une image d’Hergé en tête ? Parce que moi je l’ai, quand je te lis.
Je crois qu'on a la même!
Retenter? Pourquoi pas?
Je crois qu'on a la même!
Retenter? Pourquoi pas?
Et qui doit se débrouiller avec d’un côté une Lucette attendant un ordinateur G5 (année 2004 au minimum donc) et un type en redingote et haut de forme laissant supposer les années 1900 ? ;-) Bon Youpiiiiiiiiiiiiiii!!!!!!!!!!!!!!!! et tout ça, et au boulot Yali ! Elle commence à me plaire cette histoire ;-)
ah ! déjà des nouveaux personnages... :0)
merci pour cette suite Tistou.
Oui, c'est marrant, le haut de forme, en 2004.
J'ai hâte de voir ce que Yali va faire de tout ça; Bon courage ;0)
merci pour cette suite Tistou.
Oui, c'est marrant, le haut de forme, en 2004.
J'ai hâte de voir ce que Yali va faire de tout ça; Bon courage ;0)
Pas de doute, j'adore! Le haut de forme, mais que ça me plait! Nicéphore, en plus...
Ca part dans tous les sens, on sème des petits cailloux pour les petits poucets qui vont suivre. Si avec ça, il n'y a pas matière, où allons-nous??
Et Benoît, en livreur, tu vas avoir du boulot!! ;o)
Ca part dans tous les sens, on sème des petits cailloux pour les petits poucets qui vont suivre. Si avec ça, il n'y a pas matière, où allons-nous??
Et Benoît, en livreur, tu vas avoir du boulot!! ;o)
Le nouveau MM change de style mais ça commence bien, il y a matière à s'amuser!
J'aime les pensées de "M. haut-de-forme", cette répétition de la fin de la phrase au début de la suivante. Je trouve que ça accentue bien le côté rêveur... Enfin, C'est juste l'impression que ça me donne.
(en fait je stresse... mon tour arrive trop vite!!!)
J'aime les pensées de "M. haut-de-forme", cette répétition de la fin de la phrase au début de la suivante. Je trouve que ça accentue bien le côté rêveur... Enfin, C'est juste l'impression que ça me donne.
(en fait je stresse... mon tour arrive trop vite!!!)
Niais ou pas tant que ça, Nicéphore promet comme personnage, du moins s'il fait plus attention quand il traverse... Tout cela prend bonne tournure... et que Benoit prenne garde lui aussi où il met les pieds...
Yali, à toi de prendre le volant? Ah? Déjà les deux mains dessus?
Yali, à toi de prendre le volant? Ah? Déjà les deux mains dessus?
(en fait je stresse... mon tour arrive trop vite!!!)
Mais c'est que tu as raison Kicilou. Tu viens juste après Yali!
C'est quand même le bonheur d'écrire des petits bouts ensemble. Je trouve.
Mais c'est que tu as raison Kicilou. Tu viens juste après Yali!
C'est quand même le bonheur d'écrire des petits bouts ensemble. Je trouve.
Tistou, toi aussi tu connais le quartier !
C'est tout à fait ça : allure coquine d'école buissonnière, avec les petit bistrots !
C'est bien vu et bien décrit.
C'est tout à fait ça : allure coquine d'école buissonnière, avec les petit bistrots !
C'est bien vu et bien décrit.
Super!!! Plein de petits bouts d'histoire qui vont se raccrocher les uns les autres... Et je sais déjà qui est mon personnage préféré... Ne le tuez pas, s'îou-plaît!!!
Cet exercice offre de multiples possibilités grâce aux personnages.
Question : J'ai relu l'épisode 1, il me semble que Lucette parlait à la première personne. Pourquoi ici tu as choisi de ne plus utiliser Lucette comme narrateur?
Question : J'ai relu l'épisode 1, il me semble que Lucette parlait à la première personne. Pourquoi ici tu as choisi de ne plus utiliser Lucette comme narrateur?
Tu es le premier à m'en faire la remarque. Je ne l'avais remarqué qu'hier en relisant. C'est une erreur, mais ça ne gêne pas.
Non, ça ne gêne pas. D'ailleurs, Lucette pourrait continuer à s'exprimer à la première personne..? Ou non? Je dirais oui. A voir.
Je n'avais même pas remarqué cette histoire de narration à la première personne puis à la troisième.
Question de vocabulaire: ça veut dire quoi "piler"? C'est sûrement un mot simple et connu mais j'ai de ces grosses lacunes en français qui ne me quittent pas.
Le texte me semble prendre davantage forme dans ce second épisode, il rebondit très bien sur les débuts de Kilis et suis son idée tout en donnant une identité propre. Pas de rupture dans les styles, c'est une belle continuité d'écriture.
J'aime bien ces longues réflexions sur un détail, une situation... ça pose bien l'ambiance et le décor.
Question de vocabulaire: ça veut dire quoi "piler"? C'est sûrement un mot simple et connu mais j'ai de ces grosses lacunes en français qui ne me quittent pas.
Le texte me semble prendre davantage forme dans ce second épisode, il rebondit très bien sur les débuts de Kilis et suis son idée tout en donnant une identité propre. Pas de rupture dans les styles, c'est une belle continuité d'écriture.
J'aime bien ces longues réflexions sur un détail, une situation... ça pose bien l'ambiance et le décor.
Question de vocabulaire: ça veut dire quoi "piler"? C'est sûrement un mot simple et connu mais j'ai de ces grosses lacunes en français qui ne me quittent pas.
Sahkti?
1) Piler ; freiner brutalement. Pas de l'argot, du langage courant.
2) Grosses lacunes en français? Tu n'as pas suivi ton éducation en langue française? J'ai du mal à comprendre comment quelqu'un qui intervient autant dans les critiques, avec pertinence, peut dire avoir de grosses lacunes en français??
Sahkti?
1) Piler ; freiner brutalement. Pas de l'argot, du langage courant.
2) Grosses lacunes en français? Tu n'as pas suivi ton éducation en langue française? J'ai du mal à comprendre comment quelqu'un qui intervient autant dans les critiques, avec pertinence, peut dire avoir de grosses lacunes en français??
Ecoute, je n'ai jamais entendu ce terme "piler" dans les conversations autour de moi ou dans ma famille. Me voici moins bête :)
Si, si, j'ai reçu une éducation en français pour la plus grande partie de celle-ci, mais pas très exhaustive pour un tas d'expressions que j'ai découvertes au fur et à mesure. J'ai des lacunes en vocabulaire expressif, oui, et pour ça, vivre à cheval sur la Suisse et la Belgique, c'est plaisir :) Il ne me manque que les expressions de la Belle Province que je trouve si colorées!
Si, si, j'ai reçu une éducation en français pour la plus grande partie de celle-ci, mais pas très exhaustive pour un tas d'expressions que j'ai découvertes au fur et à mesure. J'ai des lacunes en vocabulaire expressif, oui, et pour ça, vivre à cheval sur la Suisse et la Belgique, c'est plaisir :) Il ne me manque que les expressions de la Belle Province que je trouve si colorées!
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