Azed 20/10/2004 @ 12:29:42
...Moineau se retourne affolé, il porte déjà la main à sa poche pour se préparer au pire. Un grand gars barbu, large comme une armoire normande, coiffé d’un chapeau de cow-boys à très larges bords, se tient devant eux. Il a les mains sur les hanches mais ne paraît pas agressif.
- Ca peut être que vous Moineau et Lolita, hein ?
Moineau hésite mais décide de ne pas ajouter à l’hécatombe. Ce type a l’air réglo, il faut juste savoir comment il les connait et ce qu’il veut.
- Ouais c’est nous, m’sieur. Qu’est-ce qu’y a ?
- Y a un grand maigre à bout de force qu’a débarqué chez moi tout à l’heure, pas bien du tout. Avant de s’évanouir il a pu me dire d’aller voir dehors pour trouver deux gamins avec ces noms là. Voilà. Il avait sûrement la trouille que vous creviez d’froid. C’est votre grand frère ? Hé ! mais c’est un chat ce truc ?
- Voui papy, c’est Tistou, faut pas lui faire du mal !
- Ok, allez, suivez moi les enfants, on va se réchauffer, y a du feu dans la cheminée.
Le brave cow-boys les précède dans le bois ou court un chemin forestier pas encore recouvert par la neige. 5 minutes après un point lumineux est en vue et une maisonnette en bois apparait. L’homme les fait entrer. Tistou saute aussitôt des bras de Lolita pour filer directement devant la cheminée, comme s’il habitait la depuis toujours ! Et il se roule en boule sur le petit tapis tout près des pierres chaudes.
- Il a du bol, s’écrie le grand barbu en enlevant chapeau et manteau, heureusement que mon chien est mort le mois dernier, sinon t’avais plus de chat !
- Pfffff ! tu parles ! s’écrie Lolita, vexée à la place de son chat. Il l’aurait griffé ton chien !
- Oui, d’accord petite, d’accord ! Allez, venez par ici, je vais vous préparer une soupe chaude.
- Hé, s’écrit Moineau, où il est Jim ?
- Chuuut ! Dans la chambre à côté, il dort, je lui ai fait une piqûre de sédatif, et j’en ai profité pour lui recoudre sa plaie à la fesse. Quand il se réveillera il sera tout neuf avec juste une rustine.
- Vous êtes toubib ? demande l’oisillon super étonné.
- Euh, si on veut, j’étais infirmier dans l’Armée, et puis j’ai fait des petits boulots dans le genre, et puis ça m’intéresse beaucoup. Et puis, bon, et puis j’vous l’dis : j’ai fait pas mal de tôle et là je m’suis fait une réputation ! Alors je me doute que vous êtes pas tout blancs toi et ton copain. Passque le flingue dans sa poche et celui que tu as aussi, là, que je devine, c’est pas des jouets en plastoc. A vos âges !... Moi j’ai commencé plus tard ! Non, vous êtes pas tout blancs. Mais j’m’en fous. J’veux rien savoir. Vous vous requinquez, votre copain se réveille, vous filez, vous parlez jamais de moi et basta ! On est d’accord ?
- Ben oui ! Mais pourquoi vous faites ça m’sieur ?
- Je sais ce que c’est les cavales, les galères et les emmerdes qui n’en finissent pas. Mais tout vaut mieux que le mitard. Alors un coup d’main et moi j’me sens mieux. C’est ma méthode à moi pour me rach’ter ! Cherche pas à comprendre. Allez ! A la soupe !
Moineau et Lolita n’en demandaient pas tant. Ils suivent l’homme dans une toute petite cuisine ou tiennent juste une petite table carrée et 2 chaises. Leur bienfaiteur s’affaire aussitôt à ouvrir un sachet de soupe déshydratée qui cuit en 3 minutes et les sert gentiment, comme s’il avait fait ça toute sa vie. Une bonne odeur de bouillon envahit l’espace. Un miaulement impératif, une boule noire se retrouve sur les genoux de Lolita. Le museau à hauteur de l’assiette fumante, le oreilles baissées, le regard faussement indifférent, il est évident que Tistou veut participer.
- T’as faim aussi mon Tistou ! Papy, t’as du lait siouplait ?
- Ouais j’arrive ! Par terre, pas sur la table ! Voilà, t’as droit à la gamelle du chien en plus ! Bon appétit les enfants.
L’homme quitte la cuisine et pénètre dans la pièce où se trouve Jim. Celui-ci est étendu sur le lit, à plat ventre, il semble dormir profondément dans la peinombre. Son revolver est sur la table de nuit, barillet ouvert, vide. La nuit est silencieuse. Juste une chouette qui pousse son cri sans écho dans le lointain.

Lfrobin 20/10/2004 @ 13:04:28
boone idée pour bousculer l'etat de l'histoire.
Mais une question me chiffone :
nos heros vont-ils se convertir a la religion catholique aprés un si heureux hazard pour remercier le ciel de tent de chance ?

Benoit
avatar 20/10/2004 @ 15:55:48
Une petite pause, ça fait du bien! Ca roule tout seul du début jusqu'à la fin : excellent!!!
Je me demande bien ce qui va bien leur arriver, surtout qu'on entend plus parler des flics qui vont sûrement grouiller dans la région!! Ca promet un final de toute beauté!!!

Bluewitch
avatar 20/10/2004 @ 18:44:28
Oui, une petite pause, un souffle, une parenthèse. C'est fou comme des pistes lancées peuvent prendre des directions inattendues. Bien bien, tout ça!
Petit bémol, je n'ai pas accroché au "brave cow-boy" et à la "maisonnette en bois". Un peu tout fait.
Sinon, ça nous laisse plein d'opportunités pour la suite.
Allez Kicilou!

Kilis 20/10/2004 @ 19:30:38
Ouis, ils avaient bien besoin d'un peu de calme, ces personnages. Et le lecteur aussi d'ailleurs. Et puis un peu de bonté même en sachet, ça réchauffe. Merci Azed.

Monique 20/10/2004 @ 19:35:29
Au théâtre, Azed, la spécialiste, ça s'appelle un entracte ! Ca fait du bien.
Le soi-disant cow-boy prend bien des risques je trouve, et il ne s'inquiète pas trop de savoir ce que la petite fait là... Il va vraiment les renvoyer comme ça ? On verra.
A suivre...

Olivier Michael Kim
20/10/2004 @ 20:56:44
C'est vraiment très bien.
L'alternance de narration et de dialogues est faite dans un équilibre parfait.
Pour le déroulement de l'histoire, tout se tient.

Question à deux francs et six sous pour ma petite Provencale : Pourquoi employer le présent ?

Détail linguistique : au départ je pensait que "tôle" s'écrivait "taule". En fait les deux orthographes sont acceptées d'après mon Larousse.

Tistou 20/10/2004 @ 21:29:58
Azed reste dans le mood de l'exercice "Théâtre", je veux dire ; excellent. A lire les 2 épisodes dans la foulée (c'est mon cas ce soir), on ressent physiquement le sentiment de sécurité, de chaleurs (y compris humaine), du chalet en bois dans la forêt. Et Jim pas mort, je l'aurais parié. Il y a une grande qualité d'écriture, (et pas trop de fautes Azed, tu as vraiment fait attention!, sauf cow boy où le s est de trop), qui vraiment traduit parfaitement le havre à l'écart du monde et du temps, pour panser les plaies de nos lascars. Et le mythe du bon taulard qui trouve là un emploi. Pourquoi pas?
Très bien Azed. Et maintenant c'est Kicilou qui s'y colle?

Kicilou 21/10/2004 @ 10:29:46
Vi je m'y colle! Je cogite dur mais il faut me dire vite si je vais vers la fin ou non.

Au fait, très bonne parenthèse de calme, ça m'inspire...

Balamento 21/10/2004 @ 12:28:31
"Leur bienfaiteur s'affaire aussitôt à ouvrir un sachet de soupe déshydratée qui cuit en 3 minutes et les sert gentiment, comme s'il avait fait ça toute sa vie."

Sur cette phrase là et ensuite, le texte devient "sensible", fond et forme, avec un ton plus personnel et on fait avec ton épisode enfin une pause, c'est bien ;-)

Beautoucan 21/10/2004 @ 12:47:43
Une jolie parenthèse dans cette histoire parfois essoufflante. Les dialogues sont assez réalistes, parfois un peu longs ? Mais l'ensemble est bien homogène. Sympathique.

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