Pieronnelle

avatar 04/07/2023 @ 23:24:56
Epoque A :

“T’as de beaux yeux tu sais”...la phrase qui se voulait douce et langoureuse arriva si soudainement que Marguerite recula brusquement et renversa le fauteuil de jardin derrière elle ; elle perdit l’équilibre et se raccrocha de justesse à l’attache en corde du hamac qui l’envoya valser sur la pelouse. Martin pétrifié assista à la scène sans aucune réaction et se furent les cris de Marguerite qui le ramenèrent à la réalité, cris qui se transformèrent en éclats de rire noyés dans des mots de reproche envers son compagnon.

“Mais enfin Martin vous pourriez au moins m’aider à me relever ! Je me suis fait piéger par ce hamac que le vieux général Ambert nous a rapporté des îles et qui, je l’avoue est bien agréable quand il est utilisé normalement...”

Martin s’excusa et l’aida doucement à se relever rabaissant au passage avec discrétion la robe et le jupon qui découvraient les genoux de Marguerite...

“Martin, je vous en prie dit-elle, insistant sur le “vous” qu’il avait transformé en “tu” sous le coup de l’émotion, reprenons notre discussion sérieuse concernant toutes ces têtes qui tombent sous cette guillotine sanguinaire. Vous savez à quel point j’aime le peuple et combien je compatis sur leurs difficultés à vivre mais je ne peux cautionner une telle cruauté envers des personnes condamnées sur le simple fait qu’elles sont des aristocrates. Je suis pour un renversement de tous ces privilèges, mais pas pour ces bains de sang. Je vous demande d’intervenir auprès de vos amis girondins à l’assemblée et d’essayer de les convaincre de cesser cette violence ! "

Le visage de Martin s’assombrit ; il aimait Marguerite mais s’il pouvait comprendre sa révolte il savait que la mission serait très difficile vues les dissensions entre les montagnards et les Girondins...Et surtout il risquait aussi sa tête !

Marguerite eut conscience de la gravité de ses propos et de sa demande. Martin le touchait beaucoup car elle sentait bien qu’il se sentait plus à l’aise à faire des vers, même si son engagement révolutionnaire était sincère. Elle s’approcha de lui et lui pris la main avec douceur ; elle vit une rougeur se peindre sur ses joues et une lueur d’espoir illumina son regard. Elle murmura :

“Enfin, mon cher ami, faites ce que vous pourrez mais prenez bien soin de vous, nous devrions nous retrouver très bientôt, j’espère, pour évoquer ce qui pourrait être ,à la fête donnée par le Général Ambert, la confirmation de nos tendres relations...



Epoque B :

La libération de Paris les avait fait hurler de joie ! Toutes ces bombes leur avaient meurtri l’âme ; les morts pesaient dans leurs cœurs aussi lourd que ces tonnes de ruines et gravats qui avaient transformés leur ville ; il allait falloir tout reconstruire aussi bien les vies brisées que les maisons écrasées. Les gens erraient dans les rues sans nom et leurs regards cherchaient ce qu’ils ne pouvaient voir. Odette avait participé à la résistance , elle se retrouvait dans cette ville après avoir participé à une réunion sur les mesures qu’il faudrait prendre pour essayer d’oublier toute cette violence qui avaient marqué ces dernières années. Elle s’arrêta un instant devant une maison qu’elle eut l’impression fugitive de reconnaître. Elle s’approcha et essaya de lire ce qui était écrit au dessus du porche qui était resté presqu’intact :

“Maison Marguerite 1793” , Son cœur se mit à battre , elle s’appelait aussi Marguerite , c’était un prénom qui revenait souvent dans les générations de sa famille ; elle avait entendu dire que ses ancêtres avaient habités cette région et elle se mit à imaginer ce qui avait pu exister dans cette maison même si c’était peu probable. Elle sentie une présence derrière elle et se retourna pour découvrir une vieille dame dont les yeux brillaient d’émotion. Elle s’approcha et lui tendit la main.

“Vous habitiez cette maison Madame?

Elle eut de la peine à entendre le “oui” murmuré , et elle rajouta :

"Je m’appelle Marguerite comme le nom gravé sur le fronton”

Et la vieille dame répondit en sursautant un peu :

“Moi Je m’appelle Olivia Ambert”, cette maison était chère à ma famille de générations en générations , elle avait été rachetée à une autre Marguerite qui était morte dramatiquement pendant la révolution en 1793...

Elles se regardèrent comme si elles se connaissaient depuis toujours et elles baissèrent les yeux en signe de recueillement...

Pieronnelle

avatar 05/07/2023 @ 10:06:32
Bon comme j'ai fait l'erreur de vouloir terminer hier j'ai fait des erreurs de styles et omissions...alors Odette dans le 2ème paragraphe est bien sûr le nom de résistante de la jeune femme...j'ai omis de le signaler losqu'elle dévoile son vrai prénom Marguerite...
Toutes mes excuses...

Tistou 05/07/2023 @ 14:31:50
Je crois percevoir la difficulté de l'exercice dans une fin de texte pas vraiment maîtrisée, comme s'il t'avait manqué le temps de maturation nécessaire pour peaufiner une histoire qui a germé peu à peu (mais certainement trop vite) dans ton esprit.
Pour autant, le ton de la partie 1793 est bien rendu, il y a un vieux général, un hamac, et les moeurs du XVIIIème. La seconde partie, est plus laborieuse et oui, sûrement, il t'a manqué du temps ?
J'espère néanmoins que tu auras retrouvé avec plaisir ce petit shoot d'adrénaline inhérent à cette prise de risque en direct, et puis au fait de se retrouver à 9 sur une même ligne ...

Spirit
avatar 05/07/2023 @ 15:17:48
C'est vrai que l'extréme maitrise du premier texte mettait la barre haute au second. Je trouve tout de même une coerence à l'ensemble et une grande nostalgie ( pour le coup nous sommes en plein dans le théme ).C'est un texte agreable à lire et les défaults que nous pourrions y trouver s'y trouves également dans chacun des notres.

Nathafi
avatar 06/07/2023 @ 08:53:20
Du pur Pieronnelle, à n'en pas douter, avec le stress de l'exo en direct, mais l'ensemble est cohérent et bien décrit.

J'ai préféré la première période, la révolte de Marguerite, et sa pudeur face à Martin... Mais elle finit par baisser les armes :-)


Marvic

avatar 06/07/2023 @ 09:21:21
Une pause douceur bienvenue dans cette période sanguinaire avec cette déclaration d'amour.
Une belle transition entre les deux époques où l'on découvre le triste sort de Marguerite.
Un texte très élégant et très agréable.

Martin1

avatar 06/07/2023 @ 18:10:50
Moi, ce que j'aime dans ton texte, c'est qu'il nous rappelle les "entremetteuses", parfois les "instigatrices" de la Révolution
Le girondin Roland avait une femme, Sophie Roland, qui fut décapitée par ailleurs. Quand au terroriste Tallien, il a fait libérer Madame Tallien, fameuse salonnière, sa future femme et qui fut aussi compagne de Barras.

Bien sûr que certaines femmes tentèrent de peser, par leurs réseaux, sur les évènements.
L'homonyme aidant à l'identification (^^), je pense que j'aurais certainement été troublé par la demande de Marguerite.
Mais que je lui aurais obéi, par amour, car mourir d'amour est une folie que tous les amoureux fous s'autorisent comme une bagatelle.

Que Paris a souffert ! Bravo !

Pieronnelle

avatar 06/07/2023 @ 18:49:24

L'homonyme aidant à l'identification (^^), je pense que j'aurais certainement été troublé par la demande de Marguerite.
Mais que je lui aurais obéi, par amour, car mourir d'amour est une folie que tous les amoureux fous s'autorisent comme une bagatelle.



C'est bien ce que j'ai pensé ! :-)

Si j'avais eu le temps j'aurais aimé dire que tous deux avaient finis sous la guillotine...

Lobe
avatar 09/07/2023 @ 09:28:54
On rentre directement dans ton texte avec la réaction provoquée par le compliment. Ça nous rapproche de ces deux personnages, bien malgré eux placés dans une période à laquelle les têtes tombent vite. La deuxième partie permet d'apprendre que c'est le cas, hélas. Dans les commentaires, tu dis que tu aurais aimé être explicite sur la mort de Martin, mais ne t'en fais pas, on peut s'en douter du fait de leur lien sur le point de d'officialiser. J'étais contente de te lire !

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