Nathafi
avatar 04/07/2023 @ 22:21:18
« T’as de beaux yeux tu sais. »

« Charles, voyons, tu me gênes ! N’as-tu pas à faire auprès de tes hommes ? Je te rappelle que Saint- Just et Robespierre comptent sur toi, ils t’ont confié l’Armée du Rhin, tu ferais mieux de te concentrer là-dessus, plutôt que de batifoler avec moi ! »
Le Général souffle, il est bientôt temps de partir, il aimerait rester près de son épouse encore quelques temps, mais le devoir l’appelle. Il ne peut pas décevoir ses appuis, ni abandonner ses hommes. A regret, il embrasse ses enfants, puis prend la main de sa belle, lui lance un regard, le dernier peut-être, qui sait ?
Charles Pichegru sait ce qu’on attend de lui, les faits d’arme, c’est sa came ! Il sait qu’il deviendra grand, un grand Général, vieux peut-être, si Dieu le veut. C’est avec panache qu’il quitte son foyer, fière allure et regard droit devant, le stratège retrouve de sa superbe, il est temps d’affronter l’ennemi, et de remettre dans le droit chemin les sous-officiers mollassons ! Le travail ne manque pas !

La jeune femme révoltée mais sans violence regardait le tableau face à elle. « Quel homme ! » pensait-elle. Elle s’interrogeait souvent s’agissant du feu qui l’animait, cette envie de révolte, de liberté, ce combat qu’elle menait pour elle et ses congénères. Son ancêtre lui avait transmis sa fougue, sa stratégie, elle en était certaine. Le Général Charles Pichegru veillait sur elle.
Elle reprit les dessins sur la table. Travailler dans le monde de la mode n’était pas chose aisée. Paradoxalement, les hommes s’en sortaient le mieux, inventaient des tenues pour ces dames. En cette fin des années quarante, un besoin de légèreté se faisait sentir. Les robes devaient être plus aériennes, les chaussures plus échancrées, la femme devait pouvoir enfin montrer un peu plus d’elle-même. La guerre et ses épreuves avaient assez duré, il fallait changer !
Elle partit s’allonger dans le hamac qu’elle avait installé dans le jardin. Elle s’était inspirée de la toile de Gustave Courbet, les grosses branches des arbres supportaient la toile et son petit corps frêle. Se balançant doucement, elle rêvait d’un coup d’éclat, de se démarquer dans ce monde trop masculin, et se mettait à imaginer deux bouts de tissus qui cacheraient le plus intime, simplement, et exposeraient le reste du corps féminin au soleil.
Après cette sieste profitable, elle reprit ses crayons, dessina une silhouette et y ajouta les deux morceaux d’étoffe. Satisfaite de son idée révolutionnaire, elle rejoignit ses parents qui prenaient le thé sous la tonnelle, non sans soumettre à son illustre ancêtre son projet qu’il sembla approuver, et présenta fièrement son dessin.

Ils baissèrent les yeux...

Spirit
avatar 04/07/2023 @ 22:48:41
Fine transitions entre les deux époques et petit clins d'oeil coquin, du bon boulot.

Spirit
avatar 05/07/2023 @ 11:08:00
Fine transitions entre les deux époques et petit clins d'oeil coquin, du bon boulot.


C'est foisonnant, il y a là de quoi faire plus long en dévelopant, j'aime beaucoup. Une sorte de mise en abime de l'histoire et l'Histoire.Bravo

Pieronnelle

avatar 05/07/2023 @ 11:56:48
Oui ça coule vraiment facilement ,liaisons entre les personnages évidente, scène bien ancrée dans l'époque et l'Histoire.
L'héroïne se ŕetrouve surtout dans la deuxième époque, elle est entreprenante et c'est un beau portrait de femme illuminé par cette descendance liée à ce fameux général d'antan ! Pour le hamac je m'en vais rechercher le tableau de Gustave Courbet :-) belle idée...
Bravo Nath !

Marvic

avatar 05/07/2023 @ 21:52:19
Je vois que je ne suis pas la seule à m'être renseignée sur l'époque !
Quelle superbe transition entre les deux époques. Un vraie réussite, bravo, Nath !

Lobe
avatar 06/07/2023 @ 10:33:47
Est-ce qu'on passe bien de la campagne du Rhin à l'invention du bikini ? C'est osé, et ça fonctionne bien ! Que tu brosses Pichegru permet de réviser un peu l'histoire de la période. Il s'avère qu'il n'a pas fait de si vieux os, mais ça c'est parce qu'il n'a pas ménagé son audace...

Darius
avatar 06/07/2023 @ 12:59:23
Génial le lien entre les deux époques grâce à la descendance. Oui j’y crois aussi à la génétique . Ma fille a hérité des batailles de sa grand mère et mon fils de son ardeur au boulot .
J’ai bien aimé la découverte du bikini par une femme qui en avait assez de ces couturiers masculins.
Bravo pour l’idée je m’y retrouve tout à fait

Tistou 06/07/2023 @ 14:23:23
Les contraintes ne semblent pas t'avoir posé de soucis particuliers puisque tu nous proposes quelque chose de cohérent et fluide. Les deux époques sont parfaitement liées. Le plus étonnant c'est de passer de l'armée du Rhin au bikini !! Qu'aurait-on dit si les contraintes avaient été ; ... armée du Rhin, ..., bikini, ... On aurait hurlé à la mort. Hé bien ...
Peut-être faut-il se faire enfermer 42 jours pour que les idées jaillissent claires et drues lors d'un exercice dingo ?! (non, je blague). Content de te savoir mieux.

Tistou 06/07/2023 @ 14:39:38
Mais voir, le titre ? J'avoue ne pas trop le comprendre ?

Radetsky 06/07/2023 @ 14:42:18
«T’as de beaux yeux tu sais.»

..........la femme devait pouvoir enfin montrer un peu plus d’elle-même. La guerre et ses épreuves avaient assez duré, il fallait changer !
Elle partit s’allonger dans le hamac qu’elle avait installé dans le jardin. Elle s’était inspirée de la toile de Gustave Courbet...........................................

Courbet ? Serait-ce "L'origine du monde" ??? J'adorerais...
Mino va encore me traiter de vieux libidineux ;)

J'aime beaucoup, Nath ! Un bel été (et la suite) pour toi.

Nathafi
avatar 06/07/2023 @ 14:56:23
Mais voir, le titre ? J'avoue ne pas trop le comprendre ?


« Du sang ce n’est pas de l’eau » (Du sang ch’n’est pos d’l’iau) : A Lille, Gohelle et Aubers, l’expression souligne l’idée que les liens du sang et de la famille sont des éléments importants dans toute société et qu’il convient d’être solidaire de sa fratrie.

C'est une expression courante dans le nord, j'entendais par là que le sang qui coulait dans ses veines était bien celui de son ancêtre.
Et puis, le sang, ça me connait ! :-)

«T’as de beaux yeux tu sais.»

..........la femme devait pouvoir enfin montrer un peu plus d’elle-même. La guerre et ses épreuves avaient assez duré, il fallait changer !
Elle partit s’allonger dans le hamac qu’elle avait installé dans le jardin. Elle s’était inspirée de la toile de Gustave Courbet...........................................

Courbet ? Serait-ce "L'origine du monde" ??? J'adorerais...
Mino va encore me traiter de vieux libidineux ;)

J'aime beaucoup, Nath ! Un bel été (et la suite) pour toi.


Dis donc mon ours préféré, tu es bien dévergondé !!!
Tape donc sur ton navigateur le hamac de Gustave Courbet, à l'époque c'était plus chaste quand même :-))))

Radetsky 06/07/2023 @ 16:35:33


Courbet ? Serait-ce "L'origine du monde" ??? J'adorerais...
Mino va encore me traiter de vieux libidineux ;)
J'aime beaucoup, Nath ! Un bel été (et la suite) pour toi.

Dis donc mon ours préféré, tu es bien dévergondé !!!
Tape donc sur ton navigateur le hamac de Gustave Courbet, à l'époque c'était plus chaste quand même :-))))

Merci pour la référence ! Je ne connaissais pas ce tableau. C'est sûr que c'est plus chaste que l'autre, mais dans un hamac, qu'est-ce que tu veux faire, hein...? La provocation y serait improductive, à moins d'avoir suivi un stage de parachutiste pour les protagonistes.
Dévergondé ? Ce n'est pas à mon âge que je vais cultiver la pudibonderie.
Bises !! ;)

Martin1

avatar 06/07/2023 @ 17:55:17
Très bon texte, transition originale
Une petite pensée pour Pichegru, incarcéré et mort au Temple, peut-être supprimé sur demande de Napoléon
Heureusement que Rad a levé le doute, je ne comprenais pas cette histoire avec Courbet et j'ai aussi pensé à l'origine du monde, tandis que celui-ci est bien plus intéressant

Tistou 07/07/2023 @ 08:24:52
Mais voir, le titre ? J'avoue ne pas trop le comprendre ?



« Du sang ce n’est pas de l’eau » (Du sang ch’n’est pos d’l’iau) : A Lille, Gohelle et Aubers, l’expression souligne l’idée que les liens du sang et de la famille sont des éléments importants dans toute société et qu’il convient d’être solidaire de sa fratrie.

C'est une expression courante dans le nord, j'entendais par là que le sang qui coulait dans ses veines était bien celui de son ancêtre.
Et puis, le sang, ça me connait ! :-)

«T’as de beaux yeux tu sais.»

..........la femme devait pouvoir enfin montrer un peu plus d’elle-même. La guerre et ses épreuves avaient assez duré, il fallait changer !
Elle partit s’allonger dans le hamac qu’elle avait installé dans le jardin. Elle s’était inspirée de la toile de Gustave Courbet...........................................

Courbet ? Serait-ce "L'origine du monde" ??? J'adorerais...
Mino va encore me traiter de vieux libidineux ;)

J'aime beaucoup, Nath ! Un bel été (et la suite) pour toi.



Dis donc mon ours préféré, tu es bien dévergondé !!!
Tape donc sur ton navigateur le hamac de Gustave Courbet, à l'époque c'était plus chaste quand même :-))))


Même ayant passé 6 ans de ma vie dans le Nord, entre Lille et Roubaix, pour mes études, je ne connaissais par vraiment cette expression. Je pressentais l'idée mais merci de la confirmation.

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