Tistou 05/04/2022 @ 15:26:14
Terminé le "Premier jour" (p105 dans mon édition. (au passage je n'ai pas compris pourquoi "Premier jour" ? Premier jour d'interview ? Pas premier jour à la guerre en tout cas ... Ou peut-être est-ce le premier jour de la menace faite à l'auteur par téléphone ? Je verrai peut-être cela en continuant ...)
Il s'agit d'une succession de témoignages émanant aussi bien de soldats, d'infirmières, de mères, de conseiller militaire plus en retrait, de médecins du front, ... Dans tous les témoignages c'est l'horreur très vite qui perce, l'incompréhension le plus souvent du pourquoi, et un trait evient systématiquement ; celui d'être revenu autre. Et je ne parle pas que des mutilés, nombreux. Non, c'est la psychologie de toutes celles et ceux ayant été confrontés à l'abomination qui est définitivement perturbée.
Et puis la désinformation, le voile opaque jeté sur tout ceci, l'interdiction d'en parler, mentir, mentir (à l'image de ce qui explose au grand jour en Ukraine par exemple ; non, les Russes ne tuent pas de civils, ce sont des machinations, non il n'y a pas de morts russes, ou si peu ... Mentir froidement, avec un aplomb mécanique, cf Lavrov actuellement) ...

"Avant notre retour, l'instructeur politique nous explique ce que nous pouvons raconter et ce que nous devons taire. Pas le droit de parler des morts, parce que nous sommes une grande et puissante armée. Il ne faut pas trop se répandre sur tout ce qui n'est pas réglementaire, car nous nous sommes une grande armée, puissante et saine sur le plan moral. Il faut déchirer les photos. Détruire les pellicules. Ici nous n'avons pas tiré, pas bombardé, pas empoisonné, pas fait sauter. Nous sommes une grande armée, puissante et saine sur le plan moral." Un Adjudant, infirmer-chef.

Svetlana Alexievitch met en mode journalistique, ou littéraire, tous ces témoignages qui sont du coup d'une grande clarté et d'une grande simplicité à lire. D'autant plus glaçants.

Donatien
avatar 05/04/2022 @ 16:03:21
Terminé également le premier jour.

Des problèmes sont parfois évoqués lors des témoignages à propos des équipements, des armes,de la nourriture, des cercueils, etc...
Quel était le pourcentage d'appelés, de volontaires, de conscrits, de militaires de carrière???
"Arrivés à Tachkent, reçus par un instruction politique,nous étions sans formation, sans avoir vraiment appris
à tirer"!
Aussi la violence des "quillards", soit les anciens bientôt libérables. Les bleus sont exploités, battus, dépouillés de leurs biens personnes, etc
"Maintenant que je lis un truc sur la fraternité des Afgantsy (troupes en Afghanistan), je rigole.".
ou
"Les douches (guerriers afghans) faisaient de toi un homme et les nôtres faisaient de toi une merde".


"Des mensonges partout, ras le bol de la caserne, une bouffe dégueulasse, le seul plaisir c'est d'aller à la guerre.
Au retour, comme l'a remarqué Tistou, les libérables sont éclairés sur ce qu'ils doivent taire pou peuvent raconter".
"La douane nous a confisqué les cadeaux que nous rapportions, des produits de beauté, des foulards, des montres".

ET AUJOURD'HUI????

Je ne sais pas si la procédure des "cercueils de zinc" est encore observée dans l'armée rouge.

Si j'ai bien compris, la délégation militaire se rendait chez les proches pour annoncer les décès et
"déposaient" le cercueils sur place! Parfois , sans prévenir.....

Est-ce que tout cela est vrai ou de 'lintox?

Saint Jean-Baptiste 06/04/2022 @ 15:09:54
Je suis arrivé à la page 112(Actes Sud) : Deuxième jour.
Tous ces témoignages sont très forts. Certains plus que d’autres. Les témoignages des mères sont moins forts, je trouve. Elles racontent leur passé heureux avec leur fils, parfois ça remonte à sa naissance et puis elles pleurent leur fils disparu ou revenu handicapé ou complètement déboussolé. c’est très émouvant mais ça reste des généralités. Ça se passe comme ça dans toutes les guerres.

D’autres témoignages révèlent la sauvagerie des Afghans et la dureté de leurs traditions.
Un artilleur nous dit que des soldats russes ont demandé à manger chez des Afghans : « Selon leurs lois ils (les Afghans) n’ont pas le droit de refuser une galette à un homme qui entre dans leur maison et qui a faim. (…) après notre départ, dit-il, le village a lapidé à mort ces femmes et leurs enfants ».
Plus loin : une petite afghane a accepté un bonbon d'un soldat russe, le lendemain on lui a coupé les deux mains.
La sauvagerie des uns et des autres est sans limite !

Un autre témoignage nous dit qu’un homme passe sur son âne et salue les Russes puis leur tire dans le dot.
Ou encore, un enfant de dix ans s’approche d’un soldat russe qui répare son camion et lui enfonce un couteau de cuisine dans le dot.
Les afghans découpent leurs victimes en morceaux après les avoir émasculés…
Mais c’est fatal : la haine entraîne la haine et la violence la violence.


Donatien
avatar 07/04/2022 @ 08:03:18
D'accord Sait Jean, mais la spécificité ici, c'est que la plupart étaient fières de leur fils soldat, victimes de l'aliénation politique!
Ce n'est pas le même état d'esprit que de se sacrifier pour la défense de son pays.
C'est alors la terrible culpabilisation d'avoir été grugées ou de ne pas s'être posé de questions.

Par ailleurs, le traitement de ces militaires, la présence constante des instructeurs politiques, etc...
Ces guerres là, sont spéciales et ne peuvent que faire de nombreuses victimes dans deux camps.
A+

Septularisen

avatar 07/04/2022 @ 10:36:59

Je ne sais pas si la procédure des "cercueils de zinc" est encore observée dans l'armée rouge.
Si j'ai bien compris, la délégation militaire se rendait chez les proches pour annoncer les décès et
"déposaient" le cercueils sur place! Parfois , sans prévenir.....
Est-ce que tout cela est vrai ou de 'lintox?


Info! Tout a fait authentique.

Septularisen

avatar 07/04/2022 @ 10:41:57
Je suis arrivé à la page 112(Actes Sud) : Deuxième jour.
Tous ces témoignages sont très forts. Certains plus que d’autres. Les témoignages des mères sont moins forts, je trouve. Elles racontent leur passé heureux avec leur fils, parfois ça remonte à sa naissance et puis elles pleurent leur fils disparu ou revenu handicapé ou complètement déboussolé. c’est très émouvant mais ça reste des généralités. Ça se passe comme ça dans toutes les guerres.


La "banalité" de la guerre, je suppose... Par contre pour les mères je ne pense pas qu'il s'agit de cela, ni de "généralités"!..



D’autres témoignages révèlent la sauvagerie des Afghans et la dureté de leurs traditions.
Un artilleur nous dit que des soldats russes ont demandé à manger chez des Afghans : « Selon leurs lois ils (les Afghans) n’ont pas le droit de refuser une galette à un homme qui entre dans leur maison et qui a faim. (…) après notre départ, dit-il, le village a lapidé à mort ces femmes et leurs enfants ».
Plus loin : une petite afghane a accepté un bonbon d'un soldat russe, le lendemain on lui a coupé les deux mains.
La sauvagerie des uns et des autres est sans limite !

Un autre témoignage nous dit qu’un homme passe sur son âne et salue les Russes puis leur tire dans le dot.
Ou encore, un enfant de dix ans s’approche d’un soldat russe qui répare son camion et lui enfonce un couteau de cuisine dans le dot.
Les afghans découpent leurs victimes en morceaux après les avoir émasculés…
Mais c’est fatal : la haine entraîne la haine et la violence la violence.


Des scènes identiques, - typiques d'une guérilla urbaine -, avaient été rapportés par les soldats américains au Viet-Nam...

Septularisen

avatar 07/04/2022 @ 10:43:34
D'accord Sait Jean, mais la spécificité ici, c'est que la plupart étaient fières de leur fils soldat, victimes de l'aliénation politique!
Ce n'est pas le même état d'esprit que de se sacrifier pour la défense de son pays.
C'est alors la terrible culpabilisation d'avoir été grugées ou de ne pas s'être posé de questions.

Par ailleurs, le traitement de ces militaires, la présence constante des instructeurs politiques, etc...
Ces guerres là, sont spéciales et ne peuvent que faire de nombreuses victimes dans deux camps.
A+


A comparer avec la désinformation actuelle en Russie par rapport a la guerre en Ukraine!..

Saint Jean-Baptiste 07/04/2022 @ 12:06:37

La "banalité" de la guerre, je suppose... Par contre pour les mères je ne pense pas qu'il s'agit de cela, ni de "généralités"!..
Non, non, rien de banal, ces témoignages des mères sont très émouvants mais ça pourrait être des témoignages de toutes les mères qui ont perdu un fils. A la guerre ou ailleurs. A la différence qu’ici elles pensent que c’était pour une mauvaise cause mais ça ne se rapporte pas au cas unique de la guerre en Afghanistan.

Cyclo
avatar 07/04/2022 @ 12:29:04
Je suis au milieu du deuxième jour, et ce qui me frappe, c'est la profonde humanité qui se dégage de ce livre étonnant d'interviews de soldats, d'officiers, de personnel médical des armées, de mères, qui sont regroupées dans une structure très littéraire. On sent que Svetlana a beaucoup réfléchi à la succession des témoignages pour nous dire quoi, je ne sais pas encore, sans doute l'horreur de la guerre, la haine, la peur et le courage, l'amertume de ceux qu’elle a floués, par exemple ceux qui y ont perdu un ami, un fils ou qui sont revenus, amputés, brisés et incompris : "Quant à ceux qui nous jugent aujourd’hui, comme quoi nous avons tué… J’ai envie de leur flanquer mon poing dans la gueule ! Ils n’y sont pas allés, eux… Ils ne savent pas ce que c’est… Ils n’ont pas le droit de juger !" dit un commandant. Qui a constaté : "Quand on faisait des prisonniers, on s’étonnait de voir ces gens maigres, épuisés, avec de grandes mains de paysans… Des bandits, ça ? C’était le peuple !"

Un soldat, tireur de mortiers ajoute : "Autrefois j’aimais les défilés sur la Place Rouge, quand on peut voir les armements. Maintenant je sais qu’il n’y rien à admirer là-dedans, et le seul désir que j’éprouve est que ces tanks, ces BTR, ces PM, retrouvent bien vite leur place et soient recouverts de housses. Ce serait même mieux si on faisait défiler tous les « porteurs de prothèses » d’Afghanistan". Il a perdu un ami à la guerre et dit : "Tandis qu’ici je me pose constamment cette question : pour quoi mon ami est-il mort ? Pour ces spéculateurs repus ? Ici, ça ne va pas du tout. Je me sens étranger'. Pareillement, un artilleur nous dit la perte d'idéal et l'absurdité de la guerre : "Comprenez qu’il est difficile de garder un idéal quand on se bat en pays étranger et sans savoir pourquoi".

Les témoignages des femmes me semblent importants et forts, qu'elles aient participé à la guerre ("Comme il faut mal aimer son peuple pour l’envoyer à des choses pareilles. À présent je déteste toutes les guerres, même les bagarres entre gamins", dit une infirmière) ou qu'elles en subissent les conséquences, comme les mères de jeunes soldats morts qui supportent très mal leur survie ("Nous sommes probablement déjà morts… Seulement personne ne le sait… Pas même nous…" dit l'une d'elles).

Et comment vivre, quand on est revenu ? Le commandant poursuit :" Pourquoi nous nous réunissons ? Pour tenir le coup ensemble. Mais quand je rentre chez moi, je suis toujours seul"… Un jeune lieutenant, commandant d’une section de tireurs de mortiers, nous dit : "J’ai vingt-deux ans, j’ai toute me vie devant moi. Je devrais chercher à me marier. J’avais une fiancée. Je lui ai dit que je la détestais afin qu’elle me quitte. Parce qu’elle avait de la pitié pour moi… J’aurais voulu qu’elle m’aime"…

La guerre d'Ukraine est semblable et ce livre nous aide à la comprendre mieux !

Saint Jean-Baptiste 07/04/2022 @ 12:30:10

A comparer avec la désinformation actuelle en Russie par rapport a la guerre en Ukraine!..
J’ai lu une cinquantaine de page dans : Le deuxième jour. (Page 164 dans Actes Sud).
Ce n’est pas beaucoup mais hier soir il y avait du foot à la TV. ;-))

J’ai noté les témoignages qui expliquent comment on s’est engagé.
Un commandant d’infanterie nous dit que c’était par idéal. « Pour se mettre à l’épreuve, par fierté, pour voir de quoi on est capable. A la guerre on devient fort… etc ».
Plus loin une mère raconte que son fils s’est engagé parce qu’il trouvait que les uniformes des Paras étaient beaux avec leur bérets rouges.
Un lieutenant de tireur de mortier nous dit qu’il a obéi aux ordres. Un lieutenant de sapeurs aussi : « Vous irez en Afghanistan »
- « à vos ordres ! ».
Une veuve nous dit que son mari a obéi aux ordres sans se poser de question. C’était un militaire.
Une employée » explique : je voulais vivre une aventure et sortir de la routine.

D’autres , plus nombreux expliquent qu’ils se sont fait rouler par l’endoctrinement.
Une mère nous dit « très peu de gens savaient que l’Afghanistan était un hachoir, un abattoir. A la TV on nous montrait des soldats soviétiques fraternisant avec les Afghans, nos véhicules de transport de troupes décorés de fleurs, des paysans qui embrassaient la terre qu’on leur avait donnée... ».

Dans ces pays totalitaire la manipulation n’a pas d’obstacle.

Koudoux

avatar 07/04/2022 @ 18:48:54
Terminés les 2 jours.
Tous ces témoignages sont très forts.
Grâce à ces témoignages, l'auteure nous montre une vérité difficile.
Je me demande pourquoi les bleus subissent de tels sévices.
Pour les anciens, est-ce un besoin de montrer leur supériorité ou un besoin de faire mal à défaut de tuer ou encore "une procédure" ancienne et on ne se pose pas de question ?
Qu'en pensez-vous?

Patman
avatar 07/04/2022 @ 19:09:44
Terminés les 2 jours.
Tous ces témoignages sont très forts.
Grâce à ces témoignages, l'auteure nous montre une vérité difficile.
Je me demande pourquoi les bleus subissent de tels sévices.
Pour les anciens, est-ce un besoin de montrer leur supériorité ou un besoin de faire mal à défaut de tuer ou encore "une procédure" ancienne et on ne se pose pas de question ?
Qu'en pensez-vous?


C'est la dedovchtchina, une tradition dans l'armée russe. C'est à cause de ça que mon neveu Vitaly avait déserté lors de son service militaire dans les années 90. Par chance, il a pu quitter le pays pour Israël (sa mère était juive) puis pour l'Allemagne.

Septularisen

avatar 07/04/2022 @ 23:07:34

La "banalité" de la guerre, je suppose... Par contre pour les mères je ne pense pas qu'il s'agit de cela, ni de "généralités"!..

Non, non, rien de banal, ces témoignages des mères sont très émouvants mais ça pourrait être des témoignages de toutes les mères qui ont perdu un fils. A la guerre ou ailleurs.


Oui. Par "banalités" je veux dire ici des malheurs qui se produisent dans toutes les guerres!


A la différence qu’ici elles pensent que c’était pour une mauvaise cause mais ça ne se rapporte pas au cas unique de la guerre en Afghanistan.


Oui.

Septularisen

avatar 07/04/2022 @ 23:08:41

La guerre d'Ukraine est semblable et ce livre nous aide à la comprendre mieux !


Oui.

Septularisen

avatar 07/04/2022 @ 23:09:42

A comparer avec la désinformation actuelle en Russie par rapport a la guerre en Ukraine!..
Dans ces pays totalitaire la manipulation n’a pas d’obstacle.


Et encore... Oui!

Septularisen

avatar 07/04/2022 @ 23:12:34
Terminés les 2 jours.
Tous ces témoignages sont très forts.
Grâce à ces témoignages, l'auteure nous montre une vérité difficile.
Je me demande pourquoi les bleus subissent de tels sévices.
Pour les anciens, est-ce un besoin de montrer leur supériorité ou un besoin de faire mal à défaut de tuer ou encore "une procédure" ancienne et on ne se pose pas de question ?
Qu'en pensez-vous?


C'est un fait très connu qu'il y a une grande brutalité et des châtiments corporels dans l'armée Russe, notamment de la part des instructeurs envers les jeunes recrues. On voit cela dans beaucoup de reportages sur l'armée Russe...

Septularisen

avatar 07/04/2022 @ 23:14:46
La preuve que parfois la relecture de livres déjà lu des années auparavant sert à quelque chose :
Pg . 31 de l’édition CB nous avons le témoignage d’un soldat russe qui dit ceci vers la fin de son récit :
«A l’hôpital j’avais reçu une lettre d’un ami. C’est par lui que j’ai appris que notre BTR (véhicule de transport de troupes blindé) avait sauté sur une mine italienne. Il avait vu un homme éjecté avec le moteur: c’était moi…».

Ce détail m’avait échappé lors de ma première lecture en 2015, mais pas cette fois-ci!.. Et bien, figurez-vous que des images de l’embuscade dont parle ce soldat existent! Lors de cette lecture je me suis souvenu les avoir vues dans les années 80 à la télévision… On voit en effet nettement le véhicule exploser sur une route à flanc de montagne et un soldat voler dans les airs. Je me rappelle même m’être fait la réflexion à l’époque me disant que ce soldat était sûrement mort… Il semble que je me suis trompé!

Je suis actuellement en train de rechercher ces images sur le net…


Et je pense qu'il s'agit de ceci (âmes sensibles s'abstenir) :
https://www.youtube.com/watch?v=yPGSoGWzUeg

Koudoux

avatar 08/04/2022 @ 08:26:26
Merci pour vos réponses par rapport aux bleus.
J'ai terminé le troisième jour, toujours des atrocités, des victimes chez les soldats et les familles.
Reste le procès à lire avant de passer à un livre plus cool...

Tistou 08/04/2022 @ 11:01:21
Jusqu'à la moitié du deuxième jour :

Finalement Svetlana Alexievitch met beaucoup l'accent sur le décalage entre celles et ceux qui vivent la guerre dans leur chair, et ceux qui n'en ont rien à f..., au pays. L'accent aussi sur la tromperie qui a pu inciter certains à se laisser embrigader dans cette horreur, et le rejet que ceux-ci subissent à leur retour ; la double peine.

Elle cite cette petite histoire :

"..., nous ne faisons que blaguer :
- Les enfants, racontez-moi ce que font vos papas.Tout le monde lève le doigt :
- Mon papa est médecin ...
- Mon papa est plombier ...
- Mon papa travaille au cirque ...
Mais le petit Vova ne dit rien, lui.
- Alors, Vova, tu ne sais pas ce que fait ton papa ?
- Avant, il était pilote, maintenant il travaille comme fasciste en Afghanistan ..."


"En temps de guerre, l'insubordination, c'est la peine de mort ! Et nous étions bien en guerre. Evidemment les généraux ne tirent pas sur les femmes et les enfants, mais ce sont eux qui donnent des ordres. et maintenant c'est nous les seuls coupables ..."

"Ici on voit cette guerre autrement. Rien d'héroïque. On a perdu la guerre. Et puis qui en avait besoin, de cette guerre ? Brejnev et ses généraux ? Ca fait que mes amis sont morts pour rien. Moi aussi j'aurais pu y rester. Mais ma mère, quand elle m'a vu arriver par la fenêtre, elle s'est élancée dehors et s'est mise à courir dans la rue en criant de joie. Alors je me dis que le monde peut s'écrouler, mais qu'une chose est sûre : ce sont des héros qui reposent dans la terre d'Afghanistan. Des héros !
Dans mon institut, un vieux professeur nous a dit :
- Vous avez été victimes d'une erreur politique ... On vous a rendus complices d'un crime ...
Je lui ai répliqué :
- Moi j'avais dix-huit ans. Et vous, quel âge aviez-vous à ce moment-là ? Quand on avait la peau qui pétait de chaleur, vous n'avez rien dit. Quand vous avez su qu'on ramenait nos corps dans les "tulipes noires", vous n'avez rien dit ..."


En fait Svetlana Alexievitch pointe le doigt sur la désinformation, l'intoxication médiatique, le contrôle de toute parole opposante qui a pu abuser ceux qui partaient et un temps la population d'URSS. Et puis ...
Le parallèle actuel est saisissant et le retour de bâton sera rude, sans nul doute. Mais la responsabilité entière repose sur ceux qui imposent une "information alternative", pourchassent ceux qui pourraient opposer un avis différent. Ca allié à l'absence d'état d'âme maintes fois relevé de l'armée russe - et notamment par Svetlana Alexievitch ici -, de l'armée russe ou de ses supplétifs mercenaires, ça donne des Bouchta, des Borodianka maintenant et ça obère pour l'avenir la perception de la Russie par les autres pays. Et notamment ceux qui ont eu déjà à souffrir d'elle.

Saint Jean-Baptiste 08/04/2022 @ 15:28:31
Terminé le deuxième jour. (page 190 dans Actes Sud).
Curieusement il n’y a jamais de témoignage d’un père.
Le seul père dont j’ai retenu le témoignage, un témoignage très court, avait dit à son fils : qu’as-tu été faire en Afghanistan ? Tu ne rapportes pas d’appareil japonais ni des manteaux en fourrure.

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