Shelton
avatar 27/04/2021 @ 13:07:01
Il semblerait que certains veuillent faire disparaitre de notre vie, tant à l’écrit qu’à l’oral, le passé simple, ce si beau monument de notre conjugaison qui a enchanté ma jeunesse plus d’une fois même s’il me causait aussi bien des difficultés lors de ces dictées qui m’angoissaient durant les heures qui la précédaient…

Je vous l’avoue bien simplement – pourquoi vous mentirais-je d’ailleurs – même si j’aime le passé simple, je ne l’utilise pas sans arrêt. Il faut pour lui offrir tout son lustre, l’utiliser à bon escient ! Il pourrait être d’ailleurs utile de rappeler les différences entre imparfait, passé simple, passé composé… Mais ne comptez pas sur moi pour me lancer dans de grandes explications qui même si elles eussent déclenché chez moi une joie profonde n’en demeurent pas moins hors de mes compétences. Après tout, je ne suis pas enseignant de la langue française mais seulement de l’Histoire…

D’ailleurs, comment explorer le passé sans faire usage du passé simple ? Que dis-je, de toutes les formes du passé que nous offre notre magnifique langue !

J’ai découvert la grandeur de l’Histoire en troisième avec un enseignant qui ne se contentait pas de nous raconter l’histoire en suivant à la lettre un programme… Il voulait nous transmettre une passion, une envie… Il éveillait notre curiosité, nous donnait envie de découvrir par nous-mêmes, nous guidait vers des livres dans lesquels nous nous laissions tomber avec délectation… C’est ainsi qu’un jour j’ouvris mon premier livre d’histoire…

Je serais bien incapable de citer aujourd’hui l’ordre des lectures de cette douce époque… Si le premier fut, là le doute n’est pas permis, « Le colonel Armand marquis de la Rouerie » de Job Roincé. Après les livres s’enchainèrent à un rythme diabolique : Robespierre de Gérard Walter, La Révolution française de Pierre Gaxotte, Les mémoires de la marquise de la Rochejaquelein… sans oublier les ouvrages de Michelet ! Bref, si c’est bien la Révolution française qui occupait majoritairement mes temps de lecture cette année là, le virus était bien en place et il ne me quitta jamais depuis !

Qu’auraient pu être mes goûts en lecture sans cette rencontre ? Nul ne peut le savoir car il faut imaginer que l’influence d’un bon professeur dans ces classes peut tout changer. Aurais-je été passionné par la littérature réaliste, par les carnets de voyage, par les journaux intimes… Qu’importe, il m’avait transmis le goût de l’histoire définitivement et j’ai eu moult occasions d’enrichir mes lectures par la suite…

Il avait aussi une rigueur absolue de l’usage de notre belle langue et lors des exposés qu’il nous demandait de faire il était d’une exigence totale concernant les mots, les conjugaisons, la concordance des temps… Alors, s’il m’en reste quelques éléments aujourd’hui, c’est aussi à lui que je le dois… une dette dont je ne pourrais pas m’acquitter totalement sauf en transmettant, à mon tour, quelques bribes… La chaine de la transmission de notre langue passe par chacun de nous, sans que nous soyons obligés de dissoudre le passé simple dans l’oubli et le mépris !

Alors, peut-être que cet été, dans ma chronique Internet et radio « L’été c’est fait pour lire », je ferai l’effort d’utiliser régulièrement ce passé simple ! Tant qu’il sera utilisé, il vivra ! Non ?

A vous de jouer ! Que dis-je, à nous de jouer !

Vince92

avatar 27/04/2021 @ 14:38:24
Bravo!

Il faut des actes concrets, des petites choses comme celle-ci .

Myrco

avatar 27/04/2021 @ 14:45:10
J'adhère.
Hélas, cela s'inscrit dans un processus de nivellement par le bas à tous les niveaux;-(

Radetsky 27/04/2021 @ 16:39:36
Il semblerait que certains veuillent faire disparaitre de notre vie, tant à l’écrit qu’à l’oral, le passé simple...


Des noms, des noms !!!

Sans vouloir noircir le tableau brossé par Shelton, je note que ce type de projet refait surface encore et encore, celui de la réforme de l'orthographe n'étant que le navire amiral de la flotte barbaresque qui compte autant de sous-marins que de barcasses visibles...mais comme la mer est recouverte de déchets, on finit par s'habituer à une saleté de plus...

Il faut (je m'y emploie) conspuer (poliment...c'est difficile) la gent journalistique (écrite et autre) en signalant, critiquant, déconsidérant ces pratiques honteuses.

Quelle ironie ! Les media sont "libres", mais la parole se corrompt.

Frunny
avatar 27/04/2021 @ 19:09:00
J’ai également entendu parler de ce projet.
Décadence accélérée de nos sociétés humaines qui tirent vers le bas.
Tellement plus simple que de faire « l’effort »....

Veneziano
avatar 28/04/2021 @ 08:06:26
Shelton, je partage pleinement ton plaidoyer, l'imparfait et le plus-que-parfait du subjonctif ayant déjà été rayé de l'usage de notre langue.

Veneziano
avatar 28/04/2021 @ 08:06:49
J'adhère.
Hélas, cela s'inscrit dans un processus de nivellement par le bas à tous les niveaux;-(


Hélas.

Saint Jean-Baptiste 28/04/2021 @ 10:45:41

Hélas, cela s'inscrit dans un processus de nivellement par le bas
Hélas.

Hélas ! comme tu dis bien !
C’est comme les chiffres romains, on ne les apprend plus et puis on les supprime.

Feint

avatar 28/04/2021 @ 12:29:50
On enseigne toujours le passé simple, et même le subjonctif imparfait et plus-que-parfait. C'est juste devenu plus difficile à cause de la réduction des horaires dévolues à l'apprentissage de la langue, dès les petites classes. (Cela dit le présent de l'indicatif reste infiniment plus difficile à conjuguer, contrairement aux idées reçues.)
En revanche, employer le passé simple à l'oral où le récit (quand il y a récit) n'est jamais coupé du temps présent, c'est lui donner une valeur d'emploi qu'il n'a pas - autrement dit une faute de français.

Débézed

avatar 28/04/2021 @ 15:26:08
Comme c'est triste, ce temps est magnifique à écrire et à entendre, dommage que ceux qui sont chargés de transmettre l'information et la culture à l'aide des nouveaux médias, télé comprise, l'utilise si mal et si peu !

Ami Shelton, je suis prêt à sortir ma fourche et mon rateau !

Veneziano
avatar 28/04/2021 @ 16:19:33
On enseigne toujours le passé simple, et même le subjonctif imparfait et plus-que-parfait. C'est juste devenu plus difficile à cause de la réduction des horaires dévolues à l'apprentissage de la langue, dès les petites classes. (Cela dit le présent de l'indicatif reste infiniment plus difficile à conjuguer, contrairement aux idées reçues.)
En revanche, employer le passé simple à l'oral où le récit (quand il y a récit) n'est jamais coupé du temps présent, c'est lui donner une valeur d'emploi qu'il n'a pas - autrement dit une faute de français.


Shelton rappelle justement, dans un message originel, l'importance de la rigueur de l'usage.

Cyclo
avatar 28/04/2021 @ 16:51:57
Oui, l'influence des professeurs fut décisive pour moi aussi. Et je regrette aussi qu'on utilise plus tous les temps. Quand je relis "La princesse de Clèves", qui reste mon roman préféré, je suis frappé en premier lieu par la somptuosité de la langue (1ère lecture en 3èmz, à 14 ans, dernière lecture l'an passé).
Mais la langue moderne peut être très intéressante aussi, quand elle est bien maniée, notamment par les auteurs dont ce n'est après tout que la seconde langue, écrivains africains, antillais, issus de l'immigration, etc...
Ceci étant, le passé simple est la langue du racontage de l'histoire ou des contes.

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