Mathieu971
avatar 24/02/2021 @ 16:17:27
Georges Bonnet est mort le samedi 20 février dernier, âgé de 101 ans

Après une carrière de sportif et de professeur d'éducation physique bien remplie, il reprit, une fois à le retraite, son goût pour la littérature, la poésie, publia une dizaine de volumes de poèmes, s'engagea dans la défense la poésie, participa à diverses revues et rencontres poétiques, puis à l'orée de ses 80 ans, se lança en prose, publia deux romans, deux récits et deux recueils de nouvelles, sans cesser pour autant d'écrire des poèmes, de plus en plus épurés, jusqu'à,l'âge de 97 ans.

En consultant mes carnets de lecture, je vois que j’ai commencé à lire ses livres de poésie en 1993, mais je l’ai connu en chair et en os en 1995-96, quand je suis devenu conseiller pour le livre et la lecture à la Drac Poitou-Charentes et qu’il faisait partie du conseil d’administration du Centre du livre et de la lecture.
Assez rapidement, je me suis rapproché de lui, très admiratif de son œuvre passée et sachant qu’il continuait à écrire et se mettait même à la prose. Et finalement, à partir de 1999, nous sommes devenus amis. Il m’a encouragé à écrire, alors que j’avais cessé depuis une trentaine d’années. Il me faisait lire ses manuscrits (plus exactement « tapuscrits ») et j’en ai tapé quelques-uns sur mon ordinateur pour édition.

Quand j’ai quitté Poitiers, devenue pour moi la ville de la douleur (après la longue maladie et la mort de ma femme), je n’ai pas abandonné Georges et j’ai essayé de venir lui rendre visite le plus souvent possible, chez lui où nous mangions ensemble, puis à l’EHPAD où il a fini sa vie. Je prenais plaisir à m’entretenir avec lui. Ces derniers temps, avec le covid et mes propres soucis de santé, mes visites se sont espacées, mais mon amitié et mon admiration pour lui étaient restées intactes, et le téléphone suppléait un peu à l’absence.

Je n’ai connu dans ma vie que deux amitiés avec des hommes qui auraient pu être mon père. Et à chaque fois, ce fut avec des poètes et écrivains : Marius Noguès, l’écrivain-paysan du Gers (1919-2012) et Georges, lui aussi d’origine paysanne et qui me parlait volontiers de son enfance.

Il laisse une belle œuvre de poète, ses derniers recueils sont admirables : "La claudication des jours" (L'Escampette, 2013), "Derrière un rideau d'ombre" (Océanes, 2014) et "Juste avant la nuit" (Le Temps qu'il fait, 2016). Il connut son plus grand succès avec le beau roman "Les yeux des chies ont toujours soif" (Le temps qu'il fait, 2006, rééd. en poche 2014). Mais son plus formidable livre à mes yeux, c'est le récit poétique qu'il consacra aux derniers moments de sa femme atteinte d'une sorte de maladie d'Alzheimer, "Entre deux mots la nuit" (L'Escampette, 2012), d'une humanité bouleversante.

Adieu, Georges, puisses-tu être lu encore longtemps !

Eric Eliès
avatar 26/02/2021 @ 21:16:28
C'est un très beau et émouvant témoignage et vous avez eu la chance de le rencontrer et de le fréquenter. En tant que lecteur, j'appréciais beaucoup Georges Bonnet, même si je n'ai lu que deux de ses recueils. L'amitié des poètes est un don précieux ! J'avoue que j'ai un peu de peine à imaginer un grand poète, aussi sensible, terminant ses jours dans le silence d'un EHPAD et j'espère qu'il n'a pas trop souffert de l'enfermement du covid...

Cyclo
avatar 27/02/2021 @ 13:45:02
Il s'est cassé le col du fémur en 2017 et n'a pas eu le choix de pouvoir y échapper. Depuis, presqu'à chaque fois que je le voyais, il me disait : "c'est plus une vie, c'est une survie". Non, il n'a pas trop souffert, sauf de solitude et d'ennuis du type DMLA (il n'y voyait plus beaucoup) et d'oreille (il commençait à devenir sourd. Il ne pouvait donc plus lire ni écrire...
Il ne m'a pas donné envie de vivre si vieux, et m'a encouragé à me faire des amis nettement plus jeunes que moi et qui n'ont pas peur des "vieux" ni du vieillissement.
Oui, je suis content de l'avoir connu.

Mathieu971
avatar 27/02/2021 @ 13:52:27
C'est une joie de l'avoir connu. Il faisait partie de la "Maison de la Poésie", association qui regroupe les poètes du Poitou-Charentes, dont il était le plus beau fleuron.

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