Nathafi
avatar 11/08/2020 @ 22:18:59
Quelle journée !

Il faut dire que ce 11 août 2016, je ne m’étais pas loupée ! J’avais été piquée à la jambe gauche, une jolie piqûre de moustique, au début la marque était grosse comme une pièce d’un centime d’euro, mais elle gonflait à vue d’oeil, le diamètre augmentait, augmentait… La douleur était vive, une impression de brûlure montait et me paralysait presque. On était à Paris, ce soir d’été, avec une chaleur étouffante, bien que le ciel soit resté nuageux une bonne partie de la journée, les insectes s’en étaient donné à coeur joie… Et j’étais passée par là, sur le Pont Alexandre III, j’y étais restée un moment, j’aime beaucoup ce pont.
A la tombée de la nuit, j’avais trop mal. Je devais aller consulter, le service SOS Médecins m’avait redirigée vers les urgences, j’entendais un nom savant circuler, « Erysipèle », de quoi s’agissait-il ?

Installée en salle d’attente, je pris un magazine au hasard, sur la petite table. Etonnée, je constatais qu’il était récent, pas comme chez mon généraliste, qui nous servait encore des France Dimanche de 1995 ! Et un article attira mon attention. C’était une interview du sémillant entomologiste, Devon Magicite, qui parlait de diverses variétés rencontrées au cours de sa carrière. Quelle idée d’étudier les insectes… Rien que de voir une araignée, si petite soit-elle, j’ai des frissons, je les trouve hideuses, j’ai l’impression qu’elles me regardent sournoisement, prêtes à me bondir dessus, même quand la pièce fait 200 m², je suis sûre qu’elles sont venues pour moi. Je les regarde avancer, toutes ces pattes qui s’entremêlent, ça m’effraie… Mais je m’égare, il est vrai qu’une araignée n’est pas un insecte !

Dans cet article, Devon Magicite parlait d’autres de mes grands amis, les moustiques ! Ah ! Quelle histoire d’amour avec ces petites bêtes qui m’empêchent de dormir, qui ne piquent que moi parmi cinquante personnes, qui font fi de la citronnelle dont je m’imbibe en soirée…

Le professeur donnait quelques astuces pour contrer l’animal. Porter des vêtements clairs, par exemple, poser des jardinières de géraniums aux fenêtres, éteindre la lumière pour ne pas les attirer, éviter les mares/bassins/fontaines, ou aller vivre en… Antarctique ! Oui, j’avais déjà entendu ces recommandations, on m’avait dit aussi de ne pas porter de bleu, mais j’ignorais pourquoi. Le bleu plutôt sombre en fait, c’est le genre de couleur foncée qui capte la chaleur et qui attire la bête. Une histoire de dioxyde de carbone semble-t’il… Tantôt savant, tantôt accessible, Devon Magicite essayait de nous faire partager sa passion, il insistait auprès du journaliste, telle ou telle remarque devait absolument figurer dans l’interview, il y tenait, vraiment… Comme l’utilité du moustique dans l’écosystème ! Alors non, il ne faut pas les éradiquer, sinon 50 % des oiseaux pourraient disparaître… Encore une espèce à protéger, là je ris jaune quand même, je veux bien préserver l’essaim d’abeille qui peuple ma toiture depuis deux décennies, en essayant toutefois de trouver une solution pour m’en débarrasser, sensibilisant les apiculteurs du coin, mais les moustiques, non, non et non ! Ça piiiique !!!

Après une bonne heure d’attente, c’est le sourire aux lèvres que j’ai suivi le médecin des urgences, emportant par mégarde le magazine sous le bras. Après avoir examiné et mesuré la tache rouge pourpre, il a semblé inquiet, m’a demandé si je souffrais d’allergies. Incontestablement, j’avais une allergie aux moustiques, et toute vêtue de bleu foncé ce jour-là, il semble que, me voyant, le moustique vengeur avait choisi sa proie. Désolé, le docteur m’expliqua la réaction que j’avais faite. La plaie causée par l’insecte, si petite au départ, s’était rapidement infectée et les bactéries s’étaient propagées dans ma jambe. Après m’avoir prescrit une bonne dose d’antibiotique et une semaine de repos, il remarqua le magazine que j’avais posé sur la chaise.
« Gardez-le, l’article du Professeur Devon Magicite est très instructif… Et à l’avenir, portez du bleu mais clair, vous serez moins attaquée. Vous avez eu de la chance, un érysipèle mal soigné peut être mortel, vous avez bien fait de consulter rapidement. »

Lobe
avatar 12/08/2020 @ 10:03:04
Sans vouloir offenser Devon Magicite, lumière ou pas lumière, les moustiques s'en fichent ! Les couleurs claires à privilégier, je ne peux pas m'empêcher d'être dubitative sur ce qui sonne comme des élucubrations pseudo-scientifiques... mais en tout cas ici c'est très bien amené puisqu'on nage dans 50 nuances de bleu :) Le reste du texte est fluide, on plaint la narratrice que le moustique a mis en bien fâcheuse posture: un érisypèle, ça ne rigole pas, et ça a une sale tendance à récidiver...

Magicite
avatar 12/08/2020 @ 11:09:16
Un texte d'actualité d'être buffet pour les moustiques. Ton histoire se tient et nous tient en haleine.
Je ne savait pas que j'avais un éminent et sémillant homonyme, qui rythme l'histoire de remarques assez incroyables.
Les géraniums ça me dit quelque chose mais un toit d'abeilles sauvages ça c'est fantastique.

Martin1

avatar 12/08/2020 @ 11:46:08
Alors j'ai quand même dû faire une petite recherche Internet (ça s'impose!) : et j'ai lu que L'érysipèle est une dermo-hypodermite bactérienne aiguë, essentiellement streptococcique, non nécrosante affectant le plus souvent les membres inférieurs.
Du coup, ce point-là est clair ;-)
Ton texte respire une sorte de vécu inconscient (en tout cas l'environnement de la salle d'attente du médecin semble familier), et un humour communicatif et j'ai éprouvé un plaisir à la lecture !
Oui, certains laborantins débattent encore de savoir s'il serait souhaitable d'éradiquer les moustiques de la surface de la terre... débat inutile d'ailleurs puisque c'est matériellement impossible et que dans l'hypothèse absurde où on essaierait par traitement chimique violent, on s'expose au risque de mithridatisation évolutive... je crois que la meilleure solution reste l'Antarctique.

Et tout à fait, les moustiques sont attirés par le dioxyde de carbone que nous émettons.

Tistou 12/08/2020 @ 18:47:43
Un texte qui sent le vécu, en effet. Et pas que pour les magazines de la salle d'attente ! Serais-tu victime expiatoire désignée aux moustiques, avec sale allergie subséquente ?
Toujours est-il qu'on suit avec intérêt les propos du sémillant entomologiste Devon Magicite. On ne connaissait pas son prénom, c'est chose faite ! Salut Devon !
Erysipèle était clairement inconnu pour moi (et je souhaite qu'il le demeure).
Une histoire consistante et construite, qui ne souffre pas des contraintes et du temps réduit.
En passant donne le bonjour à tes abeilles de toiture. Ca vaut mieux que des guêpes ou des frelons (yeux bridés ou non). L'année dernière j'ai du faire éliminer un maousse nid de guêpes sous mon toit. Et même pas de miel !

SpaceCadet
avatar 15/08/2020 @ 11:46:56
'Quelle journée !
Il faut dire que ce 11 août 2016, je ne m’étais pas loupée !'
Cette entrée en matière doublée d'une narration au 'je' crée dès le départ une impression de réalisme, si bien que, comme il a été souligné précédemment, on pense à une situation qui relève du 'vécu', ce qui forcément engage le lecteur. Bref, la forme est bien maîtrisée et ce qui apparaît comme une petite anecdote, un chapitre de vie, non seulement se lit bien mais semble tout à fait crédible. Même ce fameux entomologiste (dont le nom ne peut manquer de nous tirer un sourire), et l'article dont il est l'auteur semblent bien réels. Effet réussi!

SpaceCadet
avatar 15/08/2020 @ 11:47:46
Ah! J'oubliais... le titre, le titre me plaît beaucoup!

Cyclo
avatar 18/08/2020 @ 10:29:54
Je m'attendais à un truc sur la maltraitance médicale, avec ce séjour aux urgences. Mais non, c'est surtout la maltraitance du moustique dont ile est question. Et bravo pour le généraliste et ses magazines (France dimanche en est-il un ?) périmés ! Un brin d'écologie en prime : faut respecter les moustiques si on veut avoir des oiseaux.

Nathafi
avatar 18/08/2020 @ 22:26:06

Merci pour vos lectures et commentaires !

Et oui, ça sent le vécu puisque c'est une histoire vraie, sauf que ce n'était pas à Paris, mais l'érysipèle, c'était bien pour ma pomme à la suite d'une piqûre de moustique ! Autant vous dire que ces bestioles, je les fuis au maximum :-) Comme les guêpes, araignées,taons, etc...

Quant aux abeilles, elles nichent bien sous mon toit et je ne trouve pas de solution pour les extraire... Le couvreur ne veut pas enlever la tôle à cause des abeilles, et l'apiculteur ne peut pas les récupérer s'il y a la tôle... On tourne en rond !

Ah! J'oubliais... le titre, le titre me plaît beaucoup!


Merci SpaceCadet !

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