Ludmilla
avatar 04/03/2019 @ 12:01:44
Quelques commentaires d'Eliane Viennot sur ce rapport (l'article complet est ici: https://arretsurimages.net/articles/…, mais peut-être pas en accès libre)

"Il n'y a pas de ""formes féminines dérivées de substantifs masculins"", les deux viennent d'un radical commun. "Danseuse" ne vient pas de "danseur", mais les deux viennent du radical "danse". C'est le B.A-BA, on apprend cela à nos étudiants en première année de linguistique, mais visiblement les académiciens ne l'ont toujours pas intégré. "

"l'Académie a levé ses fatwas, et c'est déjà très bien. Jusqu'à présent, ceux qui s'opposaient à la reféminisation du français s'appuyaient sur les positions de l'Académie française."

Saule

avatar 04/03/2019 @ 14:22:40
Tres intéressant Ludmilla

Je suis assez convaincu que féminiser les noms de métiers soit une bonne idée mais je trouve les considérations de Feint sur l'absence de masculin/féminin en français super intéressantes. C'est vraiment étonnant (et triste) que des spécialistes tel que l'académie françaises et la linguiste citée plus haut escamotent cet aspect (ou alors ils ne connaissent pas ?). Du coup ils disent des bêtises meme si leur intentions sont bonnes ont a l'impression qu'ils ont un agenda...

Comme le dit l'excellent article que je citais plus haut (https://canada.justice.gc.ca/eng/rp-pr/…), cette question à trait plus à l'idéologie, voire à la « rectitude politique », qu'à la linguistique ...

Fanou03
avatar 04/03/2019 @ 16:48:32

Comme le dit l'excellent article que je citais plus haut (https://canada.justice.gc.ca/eng/rp-pr/…), cette question à trait plus à l'idéologie, voire à la « rectitude politique », qu'à la linguistique ...


Il y a beaucoup d'idéologie dans tout cela, c'est sûr, c'est ce qui rend la question compliquée ! Par exemple, au paragraphe suivant de l'article que tu cites, Saule :

Au surplus, la féminisation systématique des appellations de fonctions ou professions peut jouer contre les femmes elles-mêmes. Il y a en effet une grande différence, selon qu'on use du masculin ou du féminin, entre les deux jugements suivants :

1) Gabrielle Roy est la plus grande écrivaine canadienne française / Gabrielle Roy est le plus grand écrivain canadien français;

2) Mme X a été la meilleure ministre de l'Éducation de l'après-guerre / Mme X a été le meilleur ministre de l'Éducation de l'après-guerre.

Si l'on vise tous les écrivains ou ministres, c'est-à-dire les hommes et les femmes, il convient donc, même avec un épicène comme ministre, de recourir au masculin; sinon, on limite le champ de comparaison aux seules femmes auteures ou ministres. Un autre très bon exemple nous est fourni par une revue internationale d'échecs, dans laquelle on peut lire que « Judit Polgar, la première joueuse mondiale, est classée trente-troisième joueur mondial


Eliane Viennot répond (http://elianeviennot.fr/Langue/preconisations.pdf/):

Ne pas craindre les féminins génériques !

Exemples: «Germaine de Staël est l’écrivaine la plus importante de son temps.»
«Virginie Despentes est l’une des meilleures autrices que la France ait eues depuis longtemps.»

N’en déplaise à Bernard Pivot, on ne voit pas pourquoi les personnes lisant ou écoutant ces phrases se méprendraient, et iraient chercher à quelles autres femmes elles peuvent bien être comparées. L’idée selon laquelle, pour qu’il soit clair qu’on les compare aussi à des hommes, il faut recourir à un nom masculin (GS est l’auteur le plus important...) ou à une périphrase (VD fait partie des meilleurs auteurs ou autrices...) n’est que le produit d’un très long bourrage de crâne. Si nos interlocuteurs et interlocutrices ont un doute, elles poseront la question... et ce sera l’occasion d’une intéressante discussion.


Pour ma part je suis partagée: je trouve bien plus facile d'utiliser la forme "non marquée", c'est certain ! D'un autre côté on s'habitue aux nouvelles formes, comme le faisais remarquer Ludmilla, comme le terme "Préfète" que je vois chez moi utiliser depuis 1 an ou deux dans la presse depuis que le préfet est une femme.

Saule

avatar 04/03/2019 @ 17:39:19
Ah j'avais pas vu ce texte, a priori je trouve qu'elle a raison cette Eliane Viennot, tout ça me semble juste. Meme si je pense que la forme non-marquée se justifie aussi parfois. Par exemple quand on écrit "Les migrants de Calais", je ne vois pasl'utilité d'allourdir la typographie en écrivant "Les migrant.e.s de Calais", et à l'oral je ne vois pas vraiment un probleme non plus. Si elle pouvait lire le blog de Feint, elle serait encore meilleure.

Par rapport aux féminins génériques, le site canadien mentionne « Judit Polgar, la première joueuse mondiale, est classée trente-troisième joueur mondial » pour montrer que la forme non-marquée garde son sens et qu'on ne peut pas toujours féminiser.

Saint Jean-Baptiste 05/03/2019 @ 11:24:45
Tout ça parce que les femmes veulent être l’équivalent des hommes. Elles voudraient être sur le même pied et qu’on ne fasse plus la différence.
Alors, quel est l’intérêt de savoir si le meilleur ministre – ou le meilleur écrivain – était un homme ou une femme.

Ludmilla
avatar 05/03/2019 @ 12:52:51
"Essayez de dire une femme savante, une grande femme, une femme d'affaires, une femme d'Etat - autant parler d'un homme de ménage"
Adolphe Monod, 1848

....

Pour en revenir au sujet initial,
J'avoue avoir du mal à écrire ou dire auteur, autrice, écrivaine : sans doute parce que leur apparition est récente.

"autrice" n'est pas un mot récent, il a été utilisé jusqu'au XVIIème siècle
"Un homme est un auteur,[...] une femme est une autrice. Appelez donc Madame autrice et non auteur"
La Thuillerie

Septularisen

avatar 05/03/2019 @ 21:05:18


Par rapport aux féminins génériques, le site canadien mentionne « Judit Polgar, la première joueuse mondiale, est classée trente-troisième joueur mondial » pour montrer que la forme non-marquée garde son sens et qu'on ne peut pas toujours féminiser.


En fait je crois que c'est parce-que Judit POLGAR est la seule joueuse qui joue contre des hommes.
C'est donc la seule femme qui figure au tableau des classements ELO des... hommes, elle est donc bien la première joueuse mondiale mais est classée trente-troisième "joueur" mondial...

Débézed

avatar 07/03/2019 @ 16:56:26
Moi, j'ai longtemps rêvé d'être une idole, une star, une vedette , je n'ai réussi qu'à être une pauvre sentinelle qui gardait le camp.

Saule

avatar 07/03/2019 @ 20:13:45
Ca montre que le genre grammatical ne devrait pas être confondu avec le genre naturel, (cfr une chenille qui devient un papillon, sans qu'elle n'ait eu recours à un changement de sexe !)
Cependant c'est curieux: une sentinelle, une start,.. ce sont des substantif non-marqué mais pourtant c'est le féminin... la langue est décidément pleine de pièges.

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