AmauryWatremez

avatar 06/08/2013 @ 18:11:11
"C’est une allégorie, un mannequin théorique. Il est l’ombre conceptuelle portée par les masses festives mises en jeu dans On ferme.
C’est l’homme de la fin de l’Histoire, qui ne nie plus rien hormis la fin de l’Histoire. Cette contradiction se retrouve exprimée, en tout ou partie, chez certains personnages d’On ferme. L’homme qui ne nie plus n’a plus d’avenir. Il n’est plus le temps historique (Hegel). Homo festivus est pleinement satisfait par le nouveau monde homogène, mais, pour se donner l’illusion d’avoir encore un avenir, l’instinct de conservation lui souffle de garder auprès de lui un ennemi, un opposant absolu qui, parce qu’il s’oppose à lui absolument, lui permet de se croire lui-même vivant. Cet opposant (en France le Front national, Le Pen ; plus généralement le néo-fascisme, le racisme, etc.), c’est lui qui empêche Homo festivus de n’être plus que pure animalité en accord avec le donné.
Tant qu’il n’y avait pas identité entre monde et homme, il y avait Histoire. L’identité d’Homo festivus et du monde hyperfestif révèle la fin de l’Histoire. Cette identité supprime le désir qui avait fait l’Histoire. Cette fin n’est le nouveau commencement de rien. Les négateurs de la fin de l’Histoire sont ceux qui ont aussi le plus fait pour qu’elle s’arrête, en combattant la négation qui est la possibilité de sa perpétuation. L’individu qui clame que l’Histoire n’est pas finie tout en luttant contre les résidus de barbarie qui la faisaient exister est un personnage comique de notre temps.
Après la fin finale du conflit maître-esclave, plus loin que la réalisation de la reconnaissance mutuelle, dans la situation d’égalité absolue de la fin de l’Histoire, l’Histoire continue sous forme de farce avec le pathos de la lutte pour la reconnaissance. La fiction de la lutte pour la reconnaissance est maintenue. Elle produit une sorte de néo-chant épique dérisoire.
Le post-humain est quelqu’un qui se croit libéré des dettes que ses ancêtres pouvaient avoir envers le passé et qui file sur ses rollers à travers un réel dont la réalité ressemble à du carton-pâte (parc d’abstractions). Il est désinhibé à mort, il fait la fête, mais il ne rit pas parce qu’il est plus ou moins retombé en enfance et que le rire suppose un fond d’incertitude dont l’enfant a horreur."

AmauryWatremez

avatar 06/08/2013 @ 18:55:40
J'ai oublié de préciser que ce texte est de Muray lui-même expliquant ce qu'il entend par festivisme, un article paru en 97, peu connu...

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