Saint Jean-Baptiste 07/02/2017 @ 17:15:58
1. « De qui François Fillon est-il le prête-nom ? », François Denord et Paul Lagneau-Ymonet, sociologues

Cet article est un réquisitoire contre la droite, une droite qui ne peut qu’être d’extrême droite, énarque, opus dei, tricheuse, menteuse et chic et chac et tout ça ! La vertu est réservée à la gauche, n'est-il pas !
Je ne défendrai certes pas Fillon ni sa tendre Pénélope. J’aurais préféré qu’il passe la main.

Mais quand je lis ceci : « Nombre de soutiens de M. Fillon sont des enfants ou des parents de grands commis de l’État, diplômés des écoles publiques les plus renommées (Polytechnique ou École nationale d’administration, ENA), qui ont fait fructifier leur connaissance des arcanes administratifs pour s’enrichir aux marges du secteur public ou dans le privé », je pense qu’on se moque des lecteurs et qu’on les prend pour des imbéciles ! 

Car enfin ! Est-ce une tare, une ignominie, un opprobre d’être né d’un grand commis de l’État ? Le fils d’un grand commis est-il fatalement malhonnête ? Et si le grand commis de l’État est de gauche, alors c’est bien, ça peut passer ? Le grand commis de l’État est tricheur à droite et honnête à gauche ? C’est ça ?
Avoir obtenu un diplôme d’une grande école, c’est obtenir un diplôme de malhonnêteté ? Le diplôme serait-il un privilège accordé aux imbéciles ? Et sélectionnés selon quel critère, alors ? d'abord : être de droite ?

Qui permet à ces illustres sociologues (diplômés ?) d’affirmer que les connaissances acquises dans les hautes écoles servent « à contourner les arcanes administratives pour s’enrichir aux marches du secteur public ou dans le privé » ?

Tout ça est affirmé sans preuves, c’est du bourrage de crâne, du lavage de cerveau, de la manipulation ! Indigne des lecteurs du Monde Diplo.
A force de répéter à longueur de page, tous des pourris ! les politiciens – de droite et pas les autres – sont instruits, donc ils vous exploitent ! ils ont étudié, c’est pour mieux tricher… ! etc, etc, qu’on pousse les braves gens à voter aux extrêmes, droite ou gauche, qu’on les pousse dans le désespoir sinon dans le seul espoir que le pire arrive !


Saule

avatar 07/02/2017 @ 20:11:01
SJB, tu défends une mauvaise cause. Tout le monde a bien vu que Fillon et son entourage on éhontément profité du système pour s'enrichir. Au lieu de faire le pas de côté (on ne lui demandait pas de faire sepokku quand même), il s'incruste et il aura sur la conscience la victoire de l'extrême droite. Comme Clinton avec Trump.

Cette immoralité, cette mentalité d'arriviste et de petit profiteur n'a rien à voir avec gauche / droite, on voit bien en Belgique avec le scandale Publifin dans lequel tout les socialistes (mais pas que) trempent. C'est une affaire de génération. Mon père, par exemple, aurait même refusé de recevoir une bouteille de vin en remerciement d'un service rendu dans son métier. Il parait que de Gaulle insistait pour payer les frais d'éclairage si il utilisait l'Elysée pour une réception privée...

Pieronnelle

avatar 07/02/2017 @ 20:14:21
Mais non SJB ça concerne tous ceux, de droite ou de gauche ou d'ailleurs, qui utilisent les formations du service public, de l'Etat donc qu''il s décriront ensuite quand ils rejoindront le privé ! Il y a donc une incohérence ,ou une malhonnêteté, à se former gratuitement par l'Administration ...pour en profiter dans le privé !
J'ai connu ça dans l'École des impôts qui assure une formation comptable, fiscale, juridique pendant une année pour des inspecteurs ; la condition ? Rester dans l'Administration pendant 5 ou 8 ans je crois pour justifier le coût de cette scolarité. On pourrait penser que ceux qui s' engageaient avaient le sens du Service public. Ben...à mon époque en tout cas, le seul but était de profiter d'une formation d'un trés bon niveau, pour partir ensuite...dans le privé, du côté de ceux qui cherchent à défendre les fraudeurs...et à critiquer les fonctionnaires ! Et ceux qui voulaient rester dans l'Administration (bouuuh les nuls!) étaient méprisés...Heureusement il y en avait des qui s'en moquaient complètement ,tu vois qui ? :-))

Pieronnelle

avatar 07/02/2017 @ 20:19:39
Et pour rebondir sur le message de Saule que je viens de lire, je peux affirmer que le seul «cadeau » que j'ai accepté dans le cadre des vérifications fiscales est...un rocher praliné , de la part d'une pauvre prostituée du Bois de Boulogne que je devais vérifier !!! :-)

Saint Jean-Baptiste 08/02/2017 @ 18:02:34
Mais non SJB ça concerne tous ceux, de droite ou de gauche ou d'ailleurs, qui utilisent les formations du service public, de l'Etat )
Ah ! Pieronnelle, je ne connaissais pas ces écoles de formation du service public dont tu parles. Merci pour le renseignement. A ma connaissance, ça n’existe pas en Belgique.
C’est certains que ceux qui vont là pour apprendre les lois et s’en servent après pour les contourner sont des malhonnêtes. Et je comprends mieux maintenant le sens de l’article du Monde Diplo.

Moi j’avais compris que, "automatiquement", les fils des grands commis "devaient" être des malhonnêtes parce qu’ils avaient un diplôme d’une grande école. Je n’avais pas compris de quelle école on parlait.

Mais je vais lire les autres articles et je vais trouver autre chose, tu vas voir… ;-))

Saint Jean-Baptiste 08/02/2017 @ 18:14:01
SJB, tu défends une mauvaise cause. Tout le monde a bien vu que Fillon et son entourage on éhontément profité du système pour s'enrichir.


C'est une affaire de génération. Mon père, par exemple, aurait même refusé de recevoir une bouteille de vin en remerciement d'un service rendu dans son métier.
Saule, tu n’as pas lu mon message au-delà de la deuxième ligne, sinon tu aurais vu que je disais :
« Je ne défendrai certes pas Fillon ni sa tendre Pénélope. J’aurais préféré qu’il passe la main ».

Quand aux cadeaux, dessous de table, coups de pouce, matabich, dringueld, etc, je pense que je suis de la même génération que ton père et j’ai connu des gens intègres qui refusaient toutes compromission mais c’était l’exception.
Helas ! Toutes les affaires carburent à coup de « petits coups de pouce ». Enfin, carburaient. Je ne sais pas comment ça se passe aujourd’hui.
Dans l’imprimerie il y avait très peu de clients qui signaient une feuille avant d’avoir reçu leur petit quelque chose. Il y avait un langage codé pour ça. La règle était 15 % de la commande. Plus, c’était considéré comme malhonnête et moins, c’est qu’on avait affaire à un naïf ou à un timide débutant !

C’est triste à dire mais, sans ça, on aurait dû fermer boutique. On aurait perdu tous les ministères, les administrations, les institutions même les ONG, les agences de publicité…
Certains clients, sans doute pour se faire une bonne conscience, nous disaient que leur employeur comptait sur les commissions pour évaluer leur salaire.
C’était le système qui voulait ça. C’est tellement vrai qu’on pouvait déduire de la feuille d’impôt, je crois, 15 % pour commissions, sans devoir dire à qui elles avaient été versées.

Quand aux fournisseurs, ils commençaient par couvrir le bureau, (même pas le dessous du bureau, il n’y avait pas de gène) de l’acheteur et du patron, de bouteilles, enveloppes, cadeaux, avant de parler de leurs produits.
Les marchants d’encre et de papier allaient dans l’atelier distribuer des billets de banque pour que les imprimeurs exigent leur encre et leur papier plutôt que ceux des autres. On a interdit l’entrée aux ateliers, les vendeurs attendaient les imprimeurs à la sortie.

On ne peut pas imaginer ce que c’était : quand on allait, par exemple, à la poste ou à une messagerie, il fallait d’abord passer au guichet avec une enveloppe si on voulait qu’on décharge le camion.

Je ne sais pas comment ça se passe maintenant, mais quand on voit le peu d’indignation que suscite l’affaire Publifin, on se dit que rien n’a changé.

Saule

avatar 08/02/2017 @ 19:35:52
La grande époque de SJB ! Comme quoi rien de changé sous le soleil... Je crois que dans le monde politique c'est comme à ton époque : tout le monde le fait et ils finissent par trouver ça normal.

Saint Jean-Baptiste 10/02/2017 @ 12:26:09
SJB ! ... rien de changé sous le soleil.
Hé ! oui !

Il y avait un vieux représentant à l’imprimerie qui faisait mon éducation, ou plutôt mon initiation dans le métier. Il était impayable. Quand il venait, c’était la récréation. Il me disait toujours : quand on est jeune, on est honnête, on est en pleine forme, on aime bien son métier, on a une brave femme, des gentils enfants… on est incorruptible. Des gens comme toi, ce sont mes mauvais clients.

Mais à cinquante ans, tu verras, on est aigri, on trouve qu’on a trop travaillé, on n’a pas été assez payé, on a une femme bougonne, des enfants qui vous coûtent cher et qui vous emm… Et, à ce moment là, on accepte tous les pots de vin comme si ce n’était que justice. Les gens de cinquante ans, ce sont mes bons clients...

La cheffe du personnel, qui avait le même âge que moi, écoutait tout, évidemment, et après, elle venait me dire : vous ne devez pas l’écouter, c’est un mauvais ami pour vous, c’est un malhonnête, il va vous donner des mauvais conseils…
Un jour le représentant l’avait entendue et il était venu nous dire : elle a raison, moi je suis un malhonnête. Si je trouve 100 francs sur un bureau, je le mettrai de côté et je le rendrai. Mais si un jour je trouve 2 millions, ça, on ne les reverra plus jamais. Pour 100 francs il faut être honnête mais pour des millions…

A midi, on envoyait un garçon de courses chercher des sandwiches et lui lui disait d’en prendre un de plus pour le mendiant qui faisait la manche devant l’imprimerie. Il faut dire que c’était le temps où les affaires marchaient bien. Après, on a supprimé le garçon de courses, on a supprimé du personnel, à midi on mangeait une tartine sur le bureau avec un téléphone dans une main et un bic dans l’autre, et le mendiant a trouvé un endroit plus hospitalier, mais soit !
Alors, au temps des sandwiches, le représentant m’expliquait : la pauvreté ça se partage mais pas la richesse. Tu verras , si un jour tu es riche, tu garderas tout pour toi. Tu diras, les pauvres c’est de leur faute ! (je n’ai pas pu expérimenter si c’était vrai…) ;-))

La cheffe du personnel avait raison, c’était un mauvais garçon mais moi je l’aimais bien. Il était marrant et, à sa manière, il était honnête, il disait la vérité. Et puis, on avait intérêt à le caresser dans le sens du poil, c’est lui qui nous ramenait les plus belles commandes et sans lui on aurait fermé boutique.

(c’était encore un épisode – pas très édifiant, j’ai un peu honte – de l’interminable série : je vous raconte ma vie).
;-))

Martell
avatar 12/02/2017 @ 10:20:02
SJB n'a pas tort. La presse de gauche au lieu de s'en prendre aux avantages des élus du système parlementaire dans son ensemble a choisi le cas Fillon pour l'empêcher le faire une campagne électorale qui risquait de libérer le France d'un système voué à la mort lente du pays.


Saint Jean-Baptiste 12/02/2017 @ 12:39:13
2. « L'Amérique d'abord ! », Serge Halimi

On dirait que cette fois-ci Serge Halami ait vu juste : l’Amérique de Trump va laisser tomber l’Europe.
Mais ça peut être une chance pour l’Europe : elle va devoir jouer seule, prendre ses responsabilités, renforcer son unité.
Mais si elle veut garder une place dans le monde il lui faudra d’abord se constituer une armée puissante. A mon avis elle n’y arrivera pas. L’Européen est devenu pacifique parce qu’il a compris que c’était la seule façon de régler les conflits. Hélas ! les autres puissances du monde sont toujours partisans de la loi du plus fort.

Saint Jean-Baptiste 12/02/2017 @ 12:40:57
3. « Ce dont nous avons (vraiment) besoin », Razmig Keucheyan, professeur de sociologie

L’article de ce sociologue est très pertinent mais ce qu’il propose est utopique : « allonger la durée de vie des objets ». « Passer la garantie des marchandises de deux ans (…) à dix ans ». « Taxer les besoins futiles, démocratiser les besoins authentiques, réguler les choix des consommateurs »... 

Ces propositions sont irréalisables et c’est bien normal : le point de vue d’un sociologue n’est pas celui d’un politicien.
Tous les candidats à la présidentielle proposent plus de services et moins d’impôts. Le financement des services, disent-ils, sera payé par la croissance.
Or la croissance suppose plus de production d’objets, plus de circulation d’argent, plus de dépenses des particuliers.
Et on parle de la relance – donc de la croissance – par la création de grands chantiers dont le but, finalement, est d’accroître la consommation.

Si on devait accepter les propositions du sociologue on devrait accepter moins de sécurité sociale, moins d’enseignement, en un mot, moins de services de l’État. Or nous en exigeons toujours plus…

Pieronnelle

avatar 12/02/2017 @ 20:35:12
3. « Ce dont nous avons (vraiment) besoin », Razmig Keucheyan, professeur de sociologie

L’article de ce sociologue est très pertinent mais ce qu’il propose est utopique : « allonger la durée de vie des objets ». « Passer la garantie des marchandises de deux ans (…) à dix ans ». « Taxer les besoins futiles, démocratiser les besoins authentiques, réguler les choix des consommateurs »... 

Ces propositions sont irréalisables et c’est bien normal : le point de vue d’un sociologue n’est pas celui d’un politicien.
Tous les candidats à la présidentielle proposent plus de services et moins d’impôts. Le financement des services, disent-ils, sera payé par la croissance.
Or la croissance suppose plus de production d’objets, plus de circulation d’argent, plus de dépenses des particuliers.
Et on parle de la relance – donc de la croissance – par la création de grands chantiers dont le but, finalement, est d’accroître la consommation.

Si on devait accepter les propositions du sociologue on devrait accepter moins de sécurité sociale, moins d’enseignement, en un mot, moins de services de l’État. Or nous en exigeons toujours plus…


Ah ah j'étais sûre que ce serait cet artclei-là ! Je l'attendais plus tôt ! :-) J'arrive bientôt car c'est une réflexion vraiment intéressante...
Comme toi la conclusion m'a laissée très dubitative...

Saint Jean-Baptiste 13/02/2017 @ 11:15:25


Ah ah
Comme toi la conclusion m'a laissée très dubitative...
Les grands esprits se rencontrent, n’est-il pas, Pieronnelle.
Je sens que nous allons être, une fois de plus, d’accord.
;-))

Saint Jean-Baptiste 13/02/2017 @ 11:47:37
4. « Au Pentagone, la peur pour carburant », Andrew Cockburn, journaliste

Que Donald Trump augmente les dépenses militaires n’a rien d’étonnant. C’est un homme d’affaire avant d’être un président. Il veut relancer l’économie et l’armement fait partie des grands chantiers qui font marcher les affaires. Ça fait circuler l’argent et c’est ce qui compte, même si finalement, on fabrique de l’inutile.

De plus, il veut que l’Amérique soit, et reste, le maître du monde. Et tant qu’on en restera à « la loi du plus fort », le maître du monde sera le mieux armé.
Tant qu’à faire, réjouissons-nous que le plus fort soit l’Amérique plutôt que la Chine ou la Corée du Nord !

Ceci dit, on hurle de rage en pensant que ces centaines de milliards pourraient servir à nourrir tous les enfants du monde.
Le jour où on comprendra qu’il faut faire tomber la violence, qu’il faut « tendre l’autre joue », comme Quelqu’un l’a dit il y a deux mille ans, plutôt que de taper toujours plus fort, l’humanité sera en progrès.

Bolcho
avatar 07/04/2017 @ 17:53:09
Allez, je ne fais pas long et me contente du meilleur feuilleton du mois. Il faut bien se distraire...

Monde Diplomatique, avril 2017

1. Et cette fois encore, le piège du vote utile ?, Serge Halimi
La perception de la nature profondément antidémocratique des institutions françaises et européennes gagne les esprits. 
De son pouvoir M. Hollande a fait un usage discrétionnaire autant que solitaire. C’est lui qui a décidé l’état d’urgence, engagé la France dans plusieurs conflits extérieurs, autorisé l’assassinat de simples suspects par voie de drone. Lui, aussi, qui a fait modifier le code du travail, contraignant sa majorité parlementaire à une réforme qu’elle refusait d’endosser (recours à l’article 49-3 de la Constitution) et pour laquelle ni elle ni lui n’avaient reçu mandat du peuple. 
Voilà qui pose avec acuité la question des institutions de la Ve République, que M. Hamon et M. Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) se sont engagés à remettre en cause.
Aucune autre démocratie occidentale ne connaît une telle concentration du pouvoir entre les mains d’un seul : l’exercice solitaire du pouvoir conforte la faculté illimitée de piétiner les engagements d’une campagne qui pourtant devrait fonder le mandat du peuple souverain.
Une phrase de M. Hollande a marqué sa campagne de 2012 et chacun l'a réentendue cent fois depuis : « Mon seul adversaire, c’est le monde de la finance. » Or M. Hollande a pris sitôt élu un ancien banquier de Rothschild pour conseiller à l’Élysée, avant de lui confier les clés du ministère de l’économie.
L’actuelle faveur dont semble bénéficier M. Macron dans l’opinion est d’autant plus déconcertante qu’elle risque de propulser vers le pouvoir suprême le digne héritier, fût-il parricide, de ce président sortant à l’impopularité inégalée. « Emmanuel Macron, c’est moi, a lâché un jour M. Hollande, il sait ce qu’il me doit. » Assurément, M. Macron n’est pas socialiste, mais M. Hollande non plus. 
Entendre M. Macron, c’est réécouter ce que proclamaient M. William Clinton dès 1990, MM. Anthony Blair et Gerhard Schröder quelques années plus tard. Et le suivre reviendrait à s’engager plus hardiment encore que M. Hollande dans la « troisième voie » du progressisme néolibéral. 
Quand, dans ses réunions publiques, M. Macron exalte la mobilité, réclame la « relance par les marges des entreprises » et s’engage à supprimer les indemnités de chômage après le deuxième refus d’une « offre d’emploi décente  », comment distinguer ses propositions des intérêts des oligarques de l’argent ?
Depuis plus de vingt ans, prôner le « vote utile » revient à présenter les deux partis dominants en remparts contre une extrême droite dont leurs choix successifs et concordants ont favorisé l’envol. « Aujourd’hui, estime M. Hamon, le projet d’Emmanuel Macron, c’est le marchepied du Front national.  » La droite n’a plus qu’à devancer le PS dans n’importe quel scrutin, national ou local, pour devenir aussitôt aux yeux de presque toute la gauche l’archange de la démocratie, de la culture, de la République.
M. Hamon espère modifier la donne grâce à un « arc d’alliance des gauches européennes ».  L’espérance de M. Mélenchon, elle, a changé depuis 2012. Puisque « aucune politique progressiste n’est possible » dans l’Union telle qu’elle existe, à défaut d’une « sortie concertée des traités européens » ou de leur refonte (plan A) il n’exclut plus une « sortie unilatérale » (plan B). Comme il ne croit pas trop à une poussée prochaine et simultanée des forces de gauche, lesquelles auraient plutôt tendance à refluer ces dernières années.

2. La fin des partis politiques ?, Allan Popelard
La décomposition du champ politique semble aujourd’hui due à un affaiblissement des partis sous l’effet du présidentialisme. Désormais, c’est à peine si les candidats à l’élection présidentielle osent se réclamer des partis qui les soutiennent. 
Les réseaux militants du PS sont sinistrés.  Dans le mouvement de M. Macron, les chefs d’entreprise sont nombreux à occuper les fonctions d’encadrement.
En marche ! doit son essor rapide aux réseaux partisans d’organisations anciennes. Des pans entiers de fédérations socialistes ont basculé dans son giron. Et nombre de grands élus soutiennent M. Macron. « Aujourd’hui, le vrai clivage n’est plus entre la gauche et la droite, estime M. Richard Ferrand, député socialiste du Finistère et secrétaire général d’En marche !, mais entre les conservateurs et les progressistes. (...) Aujourd’hui, la relation entre patrons et salariés est une relation de compagnonnage. Il y a un intérêt commun (...) mais le conflit de classe a perdu de son évidence. »
M. Mélenchon n’en croit rien.  « On m’a dit : “Ce n’est pas la peine de faire du Zola”, dit-il. Je ne fais pas du Zola. C’est la vie qui fait du Zola. » La France insoumise est devenue l’une des premières forces politiques organisées du pays.
M. Mélenchon explique : « On ne demande à personne d’avoir une carte — il peut en avoir une, il ne faut pas avoir honte d’appartenir à un parti, mais le mouvement de La France insoumise n’est pas un parti (7).  » De fait, elle rassemble des signataires et non des adhérents, fonctionne grâce à des dons et non à des cotisations. Et, pour le moment, il n’existe ni statuts, ni instances représentatives, ni courants.
M. Mélenchon s’applique en outre à effacer l’existence des partis, y compris ceux qui sont proches de lui. Certains attributs des partis ouvriers ont été abandonnés ; on y chante rarement L’Internationale, par exemple. 
Depuis Mai 68, les mouvements sociaux apparaissent comme les lieux où s’inventerait une autre façon de faire de la politique, par opposition aux partis. 
Quant au FN.
« Je me refuse à dire que le FN serait de gauche ou de droite, nous rappelle M. Louis Aliot, vice-président du parti. Le FN n’est ni de droite ni de gauche, ou peut-être, plus précisément, je dirais qu’il est et de gauche et de droite. » 
Le maire d'Hayange, M. Fabrice Engelmann, symbolise le basculent d'une fraction du monde ouvrier vers l'extrême droite. Mme Le Pen cherche à se dégager de l'étiquette du FN, encore lourde à porter.
Le FN illustre lui aussi la dégénérescence des organisations collectives. Bien que l’article 4 de la Constitution énonce que « les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage »,rares sont ceux qui contribuent à la formation de consciences souveraines. La plupart se contentent du rôle de machines électorales au service d’aventures personnelles. Signe des temps : la France comptait 20 partis en 1990 ; en 2016, ils sont 451.

3. Aux origines du présidentialisme, Sylvie Aprile
Fondé sur l’élection directe du chef de l’État, le régime présidentiel français découle d’une révision constitutionnelle adoptée par référendum le 28 octobre 1962. De tradition bonapartiste, le général de Gaulle choisit de revenir à un mode de désignation qui, dès sa naissance en 1848, avait posé le problème du respect de la souveraineté populaire par le pouvoir exécutif.
Plusieurs candidats à l’élection française dénoncent la « monarchie présidentielle » et font campagne pour une profonde transformation des institutions, voire pour l’instauration d’une VIe République. Celui de La France insoumise, M. Jean-Luc Mélenchon, s’engage même, s’il est élu, à être « le dernier président de la Ve République ».En prônant la mise en place d’une Assemblée constituante, ce mouvement entend redonner du pouvoir au peuple en suivant les pas des révolutionnaires de la IIe République.
En février 1848, une révolution met fin à la monarchie de Juillet. Le gouvernement provisoire veut organiser au plus vite des élections afin de désigner une Assemblée constituante. Aussitôt, des voix s’élèvent pour dénoncer un processus prématuré et dangereux : le peuple ne serait pas prêt ; il faudrait l’éduquer avant de lui confier cette responsabilité.
Élu dans cinq départements, Louis-Napoléon Bonaparte triomphe lors des élections complémentaires du 17 septembre. Ce succès renforce les craintes des constituants qui, comme le député de gauche Félix Pyat, y voient une royauté déguisée. Jules Grévy, député républicain du Jura, prévient solennellement l’Assemblée par un amendement resté célèbre : « Je dis que le seul fait de l’élection populaire donnera au président une force excessive. Oubliez-vous que ce sont les élections de l’an X qui ont donné à Bonaparte la force de relever le trône et de s’y asseoir ? Voilà le pouvoir que vous élevez ! Et vous dites que vous voulez fonder une république démocratique ! Un semblable pouvoir conféré à un seul, quelque nom qu’on lui donne, roi ou président, est un pouvoir monarchique.
On est déjà loin de la république démocratique et sociale rêvée par les ouvriers au printemps 1848. 
Le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte est élu par 5 434 226 voix. Son plus proche rival, Eugène Cavaignac, n’en recueille que 1 448 107, et le candidat socialiste François-Vincent Raspail seulement 37 000. Si le nouveau président incarne la continuité de la légende napoléonienne, il apparaît également comme un homme neuf, qui n’appartient à aucun parti. Auteur d’une brochure teintée de socialisme utopique (De l’extinction du paupérisme, 1844), ce candidat « attrape-tout » séduit une partie de l’électorat de gauche. Défenseur de l’ordre, de la famille, de la religion, de la propriété, il bénéficie du soutien de la droite monarchiste.
La question de l’échéance de 1852 devient cruciale en 1851. L’élection de mai 1852 n’aura finalement pas lieu. Louis-Napoléon Bonaparte raye cette échéance par le coup d’État du 2 décembre 1851. La répression parisienne fait 400 morts ; 30 000 arrestations ont lieu en France ; l’état de siège est institué dans un tiers du pays. Louis-Napoléon décide cependant d’une élection présidentielle au suffrage universel, sous la forme d’un plébiscite organisé à peine quinze jours plus tard. Sept millions de Français disent « oui » à cet appel au peuple ; 640 737 courageux votent « non », surtout à Paris. 
La restauration de l’empire un an plus tard consacre le retour d’un monarque et achève de discréditer le principe de l’élection du président au suffrage universel pour... un siècle. 

Saint Jean-Baptiste 08/04/2017 @ 14:49:35
L'article de Serge Halimi est niveau « café du Commerce ». (Mais, entre nous, ce n’est pas nécessairement un mauvais niveau ; il y a bien souvent autant de bon sens au café du Commerce que dans les grandes analyses des grands journaux tels que le Monde Diplomatique ! Il faut toujours écouter le bon sens populaire mais, passons !)

Serge Halimi cite les grandes décisions prises par Hollande : état d’urgence, emploi de drones, réforme du code du travail… Ce sont des mesures qui auraient été autant critiquées si elles n’avaient été prises.
Mais il ne parle pas de la seule des 60 promesses que Hollande a tenue et qui a été catastrophique : le mariage pour tous. Une mesure parfaitement inutile, dont personne n’était demandeur et qui a monté la moitié des Français contre l’autre moitié.

Sinon, il critique le régime « profondément antidémocratique » de la Vème république… Allons donc !
Ce qui est antidémocratique c’est la représentation majoritaire à l’Assemblée au lieu d’être proportionnelle. Mais c’est une mesure qui a été prise par Mitterrand, si je ne me trompe, pour éliminer les petits partis, en fait le FN, ce qui n’est pas démocratique.

En fin de compte, tout cet article ne sert qu’à critiquer Macron parce que Macron serait de droite. Mais comme il est dit à l’article suivant, que veut encore dire la droite et la gauche ? J’ai l’impression que le fait qu’il vient de chez Rothschild serait plutôt une preuve de compétence.

Par ailleurs, je trouve que Mélanchon a raison quand il dit que « aucune politique progressiste n’est possible dans l’Union telle qu’elle existe » et qu’il faut une refonte, ce qu’il appelle le plan A. Parce que la constitution de l'UE favorise une mauvaise répartition des richesses. La constitution européenne est outrageusement libérale. Elle impose l’austérité, la mondialisation et la libre concurrence sans limite ni règle, c’est la loi de la jungle. C’est ça qu’il faut changer.

Ludmilla
avatar 08/04/2017 @ 15:39:30
SJB, tu exagères...
Si François Hollande n'a pas tenu toutes ses promesses, il en a tenu plus d'une. Va voir là : http://www.luipresident.fr/60-engagements , par exemple.

Quant à la réforme du code du travail, s'il y a bien une réforme qui aurait mérité d'être négociée en amont plutôt que de passer en force avec plusieurs 49/3, c'est bien celle-là!

Lobe
avatar 08/04/2017 @ 15:41:17
Une fois n'est pas coutume, j'ai feuilleté le Monde Diplo, précisément les articles que tu reprends ici, de quoi confirmer (mais il n'y en avais pas besoin!) que tu fais un excellent travail de resserrage, sans perdre les nuances. Merci...

Minoritaire

avatar 08/04/2017 @ 15:58:38

Sinon, il critique le régime « profondément antidémocratique » de la Vème république… Allons donc !
Ce qui est antidémocratique c’est la représentation majoritaire à l’Assemblée au lieu d’être proportionnelle. Mais c’est une mesure qui a été prise par Mitterrand, si je ne me trompe, pour éliminer les petits partis, en fait le FN, ce qui n’est pas démocratique.
Et tu te trompes.
Le scrutin majoritaire est l'essence même de la Vème République -avec son régime présidentiel taillé pour de Gaulle-.
Ce que Mitterrand a fait durant son premier mandat, c'est d'instaurer la proportionnalité dans certains scrutins (municipaux, d'abord). Il savait, faisant cela, qu'il favorisait l'émergence du FN. Mais ce n'était pas tant par souci démocratique que pour embêter la droite traditionnelle en lui donnant du grain à moudre sur sa droite extrême.

Saint Jean-Baptiste 10/04/2017 @ 10:25:14
Ludmilla et Minoritaire puisque vous êtes si forts, ce sera à vous de faire le commentaire, na !
;-))
Oui, c’est pour rire, je tâcherai de faire mieux la prochaine fois…

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