Frunny 30/09/2012 @ 16:24:17
Félicité HERZOG - fille de Maurice HERZOG - était invitée à l'émission littéraire de Busnel sur France 5 (La Grande Librairie)
Je craignais le règlement de compte mais elle est restée "soft " sur son père.
Néanmoins, elle a laissé planer un doute sur la véracité de cette ascension mythique.
Il semble que les 2 comparses (Maurice Herzog et Louis Lachenal) aient "arrangé" la vérité.
Des carnets de Lachenal n'ont jamais été retrouvés après sa mort en 1955 ( ? )
L'auteur a affirmé -sur la plateau- que la France avait besoin de héros à cette époque et qu'Herzog arrivait à point nommé.
Quoiqu'il en soit, le mythe est écorné et l'Homme pas aussi " grand" qu'on pourrait le penser.
Je n'ai pas lu le livre mais le témoignage de sa fille semble sans concession.
Un avis, Gnome ?

Palorel

avatar 30/09/2012 @ 16:57:20
Ah, j'en aurais mis ma main à couper !

Gnome
avatar 30/09/2012 @ 18:00:57
Il y a en effet des doutes sur le fait qu'Herzog et Lachenal aient ou non atteint le sommet de l'Annapurna en 1950. La parution dans sa version non-censurée il y a quelques années des "Carnets du vertige", l'excellentissime autobiographie de Lachenal, laisse entrevoir cette possibilité, ainsi que le très bon bouquin de David Roberts "Annapurna, une affaire de cordée", qui appuie plus encore cette hypothèse en parlant d'une sorte de pacte entre les deux français...

Ce 3 juin 1950, il y avait d'un côté Lachenal qui souhaitait plus que tout redescendre car ses pieds étaient déjà très gelés (il sera amputé de tous ses orteils) et parce que le sommet importait infiniment moins pour lui que de rentrer sain et sauf, et de l'autre se trouvait Herzog, prêt à tout sacrifier pour aller jusqu'au bout (sacrifice qu'il sût exploiter à toutes les sauces, toute sa vie durant). Le problème c'est que ni l'un ni l'autre ne pouvait suivre son envie sans être accompagné de l'autre... Selon certains, à l'initiative d'Herzog, ils auraient donc conclu un pacte qui pourrait ressembler à quelque chose comme cela : "D'accord, nous n'irons pas jusqu'en haut, mais comme nous ne sommes pas loin du sommet, tu prends une photo de moi sur l'arête qui fera croire que nous y sommes et je prends une photo de toi qui ne permettra pas de savoir que nous n'y sommes pas (nota : elle s'est en plus avérée complètement floue). Pour le reste, nous serons les seuls au monde et à tout jamais à savoir que nous ne sommes pas allé au sommet".

Nous ne saurons probablement jamais s'ils sont arrivés ou non au sommet et c'est peut être mieux comme cela. Les montagnes sont pleines de ce genre d'histoires. Personnellement, je ne pense pas qu'ils y soient arrivés. Mais ils ne devaient vraiment pas en être loin. Quelques détails sont assez troublants. parmi eux, on peut noter :
- Ils n'ont rien laissé au sommet, ce qui est quasiment toujours le cas lors d'une première, afin que les suivants puissent avoir une preuve qu'il y a déjà eu quelqu'un là-haut avant eux. A titre de comparaison, lorsque Herman Buhl parvint (seul !) au sommet du Nanga Parbat (8125m) en 1953,il y laissa son piolet, quitte à mettre sa vie en péril lors de la descente.
- Les photos ne prouvent pas de façon irréfutable qu'elles aient été prises au sommet. Même épuisé, on fait gaffe à ce genre de détails quand on est le premier au sommet d'une montagne de plus de 8000m...
- Maurice Herzog a systématiquement eu un droit de regard sur ce que Lachenal à pu écrire et, comme je l'indiquais plus haut, ce n'est que bien après la mort de ce dernier que son autobiographie non-censurée a enfin pu paraître, et ce sous le mépris et la désapprobation d'Herzog qui, jusqu'au bout, s'était opposé à cette sortie.

Ce que Félicité Herzog soulève dans son mauvais livre, est donc une controverse de polichinelle car cette polémique court depuis des années dans le milieu de la montagne. Elle n'était jusqu'alors pas trop relayée en dehors, car Herzog est encore en vie et son influence sur le fait que tout le monde continue à croire que l'histoire se soit bien passée comme il l'a écrit dans son livre ("Annapurna, premier 8000") est belle et bien énorme.

Cette histoire de la conquête de l'Annapurna (8091m) par Herzog et Lachenal revêt selon moi un autre aspect négatif : elle a totalement occulté le fait que, bien plus tôt, quelques hommes dont George Mallory (l'homme qui est sur la photo de mon avatar) et Norton sur l'Everest étaient déjà montés beaucoup plus haut... Dans l'esprit de beaucoup de français, Herzog et Lachenal sont non seulement les premier hommes à avoir gravi un sommet de plus de 8000m, mais également les premiers hommes à avoir dépassé les 8000m, ce qui est bien entendu faux pour cette dernière assertion et a malheureusement passé à la trappe quelques incroyables exploits antérieurs.

Gnome
avatar 30/09/2012 @ 18:20:05
Je profite au passage de cette discussion ouverte par Frunny pour indiquer mon étonnement au sujet de la critique de Bertie sur ce même livre. Il écrit que le vrai héros du livre de Félicité Herzog est Simon Nora, alors que cet homme n'y est évoqué qu'une ou deux fois et très succinctement. D'autre part, je n'ai pas ressenti que l'auteur "adorait" sa mère (mais bon, je suis peut-être passé à côté de cette adoration). Enfin, je suis surpris par la dernière phrase de sa critique, qui me fait penser qu'elle est probablement motivée par autre chose que la lecture du livre (dans lequel il n'est à aucun moment mention des enfants et du compagnon de l'auteur).

Frunny 30/09/2012 @ 21:50:13


Ce que Félicité Herzog soulève dans son mauvais livre, est donc une controverse de polichinelle car cette polémique court depuis des années dans le milieu de la montagne. Elle n'était jusqu'alors pas trop relayée en dehors, car Herzog est encore en vie et son influence sur le fait que tout le monde continue à croire que l'histoire se soit bien passée comme il l'a écrit dans son livre ("Annapurna, premier 8000") est belle et bien énorme.



Merci pour ces éclaircissements Gnome .
Je n'ai pas lu le livre mais elle n'est pas venue sur le plateau de "La Grande Librairie" pour révéler que son père n'avait peut-être pas atteint le sommet revendiqué. Elle souhaitait démystifier l'image de héros national (d'ou le titre du livre) qui lui colle à la peau. Si j'ai bien compris son propos, les comportements "en privé" de son père étaient indignes d'un homme de ce niveau ( collectionneur de femmes, ne s'occupant que peu de ses enfants,caractère irascible,...)
En un mot, elle le rend un peu coupable de la mort de son frère (le frère de l'auteur)
Elle ne semble pas fonder son argumentation sur l'atteinte (ou non) du sommet mythique.
Est-ce cela qui se dégage du livre ?

Gnome
avatar 30/09/2012 @ 22:11:12
En un mot, elle le rend un peu coupable de la mort de son frère (le frère de l'auteur)

Je n'ai pas particulièrement ressenti qu'elle accusait son père pour la mort de son frère. Elle laisse au lecteur le soin de se faire sa propre opinion.
Elle ne semble pas fonder son argumentation sur l'atteinte (ou non) du sommet mythique.
Est-ce cela qui se dégage du livre ?

En effet, la montagne et cette polémique sur l'Annapurna prennent une part peu importante dans ce livre... dommage car je pense qu'il y avait pas mal à en dire et sans doute des pistes à explorer sur les motivations d'Herzog avec peut-être des explications à son comportement à rechercher dans sa jeunesse... c'est un peu pour cela que j'avais acheté ce bouquin !

Débézed

avatar 01/10/2012 @ 12:06:10
Ce n'est plus un soop, ça fait des lustres qu'on parle de cette affaire qui semble bien avoir été arrangée. Est-ce un faux souvenir mais il me semble qu'un sherpa de la cordée s'est déjà exprimé sur le sujet il y a un certain nombre d'années.

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