Présentation de l’équipe d’Angoulême 2018 : Chloé

Dès maintenant, il est temps de présenter les étudiants qui vont avoir la chance de se rendre à Angoulême pour ce festival international de la bande dessinée… Ils vont encore lire tout le week-end et après, voyage, installation et grand saut dans l’inconnu… Ils deviendront journalistes pour la durée d’un festival et ce sera à vous de découvrir leurs talents…

Voilà donc la composition de cette équipe… Je serai accompagné de Mina, Chloé, Charline, Vincent, Nicolas, Guillaume et Julien… Depuis plusieurs semaines, ils dévorent des bandes dessinées car pour dialoguer avec ces merveilleux auteurs, il faut lire, réfléchir, comprendre et se lancer dans la rencontre ce qui est toujours très impressionnant !

Vous avez déjà croisé certains prénoms sur le site car certains étaient en reportage avec moi à Saint-Malo et Chambéry…

J’ai demandé à chaque journaliste en herbe de se présenter et voici donc la première, Chloé…

« Je suis Chloé et je n’ai pas toujours lu de la bande dessinée. Mais, passionnée par toute forme d’art, cette année je me plonge dans cet univers. J’ai découvert des dizaines de dessinateurs et de scénaristes qui m’ont beaucoup plu et je vais profiter du festival d’Angoulême pour les interroger sur différents aspects de leur travail.

J’espère pouvoir en apprendre encore plus sur la bande dessinée pour ensuite pouvoir partager tout ça avec vous par des articles, des photos… »

Mondrian à Angoulême ???

Parfois, il suffit d’un visuel de couverture pour se décider à lire un ouvrage, qui plus est une bande dessinée. C’est comme cela sans que l’on puisse expliquer son choix. En voyant la couverture de l’album « La Fleur dans l’atelier de Mondrian », j’ai immédiatement eu envie d’interviewer le dessinateur… Pourtant, je connais le scénariste, Jean-Philippe Peyraud depuis longtemps et ignore presque tout de ce peintre…

La lecture de cet album fut, de toute évidence, une grosse claque graphique car en quelques minutes on est plongé dans une ambiance, dans un style, dans une histoire qui, sans nous raconter Mondrian, sans nous expliquer sa peinture, sans vouloir être exhaustive, finit par nous pousser à découvrir un peintre, à nous transmettre des émotions, à nous donner envie de voir les œuvres de Mondrian…Alors, je regrette d’autant moins d’avoir demandé de rencontrer, à l’occasion du prochain festival de la bande dessinée d’Angoulême, le dessinateur de cet album, Antonio Lapone, et si l’occasion se présente je dirai à Jean-Philippe Peyraud tout le bien que je pense de cette bande dessinée !

Partons à Angoulême découvrir l’Egypte antique et le département égyptien du Louvre… en compagnie d’Isabelle Dethan !

Continuons encore la présentation de certains auteurs que nous allons avoir la chance de rencontrer et cette fois-ci, il s’agit d’une autrice que j’aime beaucoup, plus exactement dont j’adore le travail, Isabelle Dethan…

Cette dessinatrice – on pourrait dire aussi scénariste, coloriste, peintre, artiste complète – est passionnée par l’Egypte et depuis très longtemps. Je l’ai découverte avec la série Sur les terres d’Horus mais pas que ! Elle sait à la fois raconter des histoires, souvent de femmes, et nous plonger dans l’Egypte antique sans nous assommer par ses savoirs qui sont bien réels…

Dans son dernier album, Gaspard et la Malédiction du Prince-Fantôme, un ouvrage coédité par les Editions Delcourt et les Editions du Louvre, elle arrive à parler aux jeunes lecteurs – à mon avis à partir de 8/9 ans – de la mort, du jugement et de la vie après la mort – selon les Egyptiens – et tout cela sans jamais être ni trop noire ni soporifique ! L’histoire se lit avec bonheur et simplicité, Gaspard est un héros bien agréable à suivre et son amie Ankhti saura vous surprendre par sa jeunesse millénaire…

Alors, bien sûr, si les dieux égyptiens – Thot, Bastet et les autres – vous lassent, vous risquez de vous ennuyer un peu ; si les musées vous saoulent, vous serez peut-être obligés de revoir votre jugement ; si vous ne supportez pas l’idée de voir un chat discuter avec le héros, désolé, il faudra passer votre chemin…

Par contre, si tout cela vous convient comme ce fut le cas pour moi, vous allez vous régaler ! Quant à nous, nous espérons avoir le temps de découvrir les arcanes de l’antiquité égyptienne en compagnie d’Isabelle Dethan lors de ce prochain festival de la bande dessinée d’Angoulême qui approche à grands pas, à très grands pas !

Angoulême et le retour de Gil St André…

Dans les auteurs que nous allons rencontrer, il en est un que j’ai beaucoup lu et apprécié, Jean-Charles Kraehn…

Jean-Charles Kraehn est le créateur de ce personnage, Gil St André, que nous sommes très nombreux à avoir suivi. Il faut dire que le premier cycle était absolument extraordinaire. Un homme cherchant à sauver sa femme, un homme pris dans une machination infernale avec de nombreux acteurs, plus ou moins officiels ou maffieux… Sylvain Vallée est venu l’aider à terminer ce premier épisode de la vie tumultueuse de Gil (5 albums), puis ils ont créé ensemble le second volet (3 albums) où il est question d’une femme aux prises avec sa famille en Algérie. Dans le troisième cycle, Jean-Charles se retrouve seul pour nous proposer une nouvelle histoire pas triste du tout…

Tout commence en pleine mer, Gil est en croisière avec son ami Didier et sa famille. Le temps est au beau fixe. Ils croisent un super yacht, le « Familia », et alors qu’une femme vient d’exécuter un superbe saut de l’ange, le drame survient. L’embarcation explose et disparaît entièrement. Une seule survivante…

Il s’agit de Diane que Gil et Didier recueillent à bord. Dès lors, la tranquillité est terminée. Ils sont poursuivis et on sent que les enjeux sont complexes. Il faut dire que l’on va apprendre que Diane est devenue ainsi la seule héritière d’une fortune colossale. Une fortune que de nombreux prédateurs guettent. Mais cette explosion était-elle un attentat politique ? Un crime pour détourner une fortune ? Une opportunité pour mieux signer un accord historique entre un état africain et une société occidentale ?

Ce qui est certain, c’est que Gil est pris dans une grande aventure complexe et alambiquée que j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir. La narration graphique est dynamique et tonique. On retrouve ce rythme de récit où le lecteur est d’abord ballotté et ému avant de comprendre. Tout n’est pas à expliquer et comprendre d’ailleurs. Cela ressemble par certains côtés, tant dans le fond de l’histoire que dans le dessin et les couleurs, aux aventures de Largo Winch, Lady S…

Ce style de thriller en bandes dessinées est une pure merveille et convient parfaitement à Jean-Charles Kraehn qui est déjà l’auteur d’histoires que nous avons adorées comme Tramp. Mais on sent aussi, quand il est seul, qu’il est un auteur heureux qui profite de sa liberté. Il aime avoir à sa merci ses lecteurs et nous, de notre côté, nous apprécions cette situation même si nous ne savons pas à quelle sauce nous allons être mangés, dévorés…

Le troisième cycle comporte trois albums et se termine par un épisode africain somptueux… Nous ne savons toujours pas combien d’albums comportera la série mais ce qui est certain c’est que Gil n’est pas destiné à une petite vie tranquille… Nous allons donc pouvoir entrer dans un nouveau cycle diabolique avec ce tome 12…

Une bonne série bédé, solide et bien ficelée, qui en réjouira plus d’un, et, pour nous, une belle rencontre à venir !!!

Angoulême 2018 et l’impatience de rencontrer Fabcaro…

Il y a quelques années, comme beaucoup de lecteurs, j’ai été agréablement surpris par une « petite » bande dessinée qui ne payait pas de mine au premier abord, Zaï Zaï Zaï Zaï ! Je n’ai jamais rencontré l’auteur mais j’ai continué à le suivre dans mes lectures… C’est ainsi que j’ai lu il y a quelques semaines son nouvel opus, Et si l’amour c’était aimer ?, toujours édité dans cette petite maison de Montpellier, 6 pieds sous terre.

Fabcaro est un auteur de bandes dessinées difficile à cerner – il n’est d’ailleurs pas certain qu’il souhaite à tout prix être cerné – et pour résumer on pourrait dire qu’il développe dans ses récits un triptyque incroyable : absurde-humour-humain ! C’est probablement pour cela que je dirais sans trop d’hésitation que sa bande dessinée est profondément contemporaine et qu’elle est dans le digne prolongement d’un Beckett ! Oui, la bande dessinée peut être aussi forte qu’une pièce de théâtre !Son dernier livre est d’une humanité forte et profonde tout en nous plongeant dans l’absurde, un absurde qui touche à notre nature humaine… Il regarde cette humanité au révélateur de l’amour, du coup de foudre et de la séparation… Parfois, le lecteur éclate de rire, tandis que d’autres images ou textes le poussent à la réflexion, voire le plonge dans la mélancolie…

Je vais donc pouvoir rencontrer Fabcaro durant ce festival d’Angoulême 2018, ce sera une première et j’ai hâte d’y être !

Angoulême 2018 pour retrouver Rodolphe !

Rodolphe est un scénariste de bandes dessinées que je connais depuis très longtemps… Je cherchais à quand la première rencontre et j’ai retrouvé des éléments qui datent de 1994… Oui, c’est probablement la date d’une première interview pour la radio… Plus de 20 ans… C’était l’époque d’une série, Trent, que j’adorais… Après plusieurs années où nous nous sommes vus presque une fois par ans, je l’ai perdu de vue tout en continuant à le lire… Puis, depuis trois ou quatre ans, nos rencontres ont réapparu dans mon agenda… Centaurus, Robert Sax, Amazonie, TER…

Comme on le retrouve dans l’actualité BD avec deux ouvrages différents, A la vie à la mort et Je suis un autre, c’était bien l’occasion de lui proposer une nouvelle rencontre… Si A la vie à la mort est une série assez classique – dessin de Gaël Séjourné – qui retrace la vie de Pierre Loutrel dit Pierrot le fou – et le gang des tractions – il faut bien reconnaitre que Je suis un autre est un ouvrage complètement atypique… Un très beau roman graphique, en trois chapitres, dessiné par Laurent Gnoni que j’avais découvert avec son ouvrage sur Camus…Comment définir cet ouvrage ? Complexe mais on pourrait dire qu’il s’agit de l’histoire d’un garçon, Peppo. Nous sommes sur une île, l’été et tout semble paisible… Puis, un drame va se produire, un drame qui prend ses sources dans un passé lointain et enfoui… Et il ne faut pas que je vous en dise beaucoup plus si je ne veux pas vous détruire le suspense magnifiquement bien construit par le scénariste Rodolphe…Quant au dessin et aux couleurs de Laurent Gnoni, c’est tout simplement parfait, doux, artistique, narratif, efficace, bouleversant…

J’attends cette rencontre avec beaucoup d’impatience !

Angoulême 2018, un duo d’auteurs incontournables et un roman graphique à découvrir toute affaire cessante !

Dans le duo d’auteurs du roman graphique, L’homme gribouillé, qui vient de sortir aux éditions Delcourt, l’un est une connaissance amicale, Serge Lehman (L’œil de la nuit, Metropolis…) , l’autre est un auteur dont j’ai beaucoup apprécié le travail (Pilules bleues, Koma, Château de sable…) mais que je n’ai jamais rencontré. Il était donc normale que je propose à ce duo une rencontre à Angoulême, lors du festival international de la bande dessinée…

Depuis, l’envie est beaucoup plus forte car je viens de terminer L’homme gribouillé, un roman graphique étonnant et surprenant, génial et profond…

Plus de 300 pages en noir et blanc. Graphisme très soigné.
C’est l’histoire de trois femmes (et plus), la grand mère, sa fille et sa petite fille. La grand-mère est autrice de livres qui font peur… Sa fille est éditrice…

La grand-mère est victime d’un maitre chanteur – un certain Max – mais cet ouvrage s’avère beaucoup plus fantastique que policier… Un Golem serait-il en liberté ? Y aurait-il une malédiction au cœur de la montagne ou dans la vie de ces femmes ? Allez savoir !

On lit ce roman graphique d’une seule traite… C’est le livre du passage, de la transmission, de la réflexion sur la vie, sur l’humanité…

Excellent, quoi ! Alors, à très bientôt pour la rencontre…

Angoulême 2018, du côté des Comics…

Il y a des bandes dessinées que l’on lit vite et que l’on oublie assez rapidement… Les cases se suivent et disparaissent sans laisser de trace dans nos mémoires… et il y a, de temps en temps, des lectures étonnantes qui viennent nous perturber. Dès que l’on a fermé l’ouvrage on sait bien que plus rien ne sera comme avant car cette fois-ci la mémoire restera marquée définitivement par cette histoire, ces personnages, ce graphisme, cette bande dessinée… C’est bien ce qui m’est arrivé avec Fondu au noir et cela m’a poussé a demandé une rencontre avec Sean Phillips, le dessinateur… Ce sera donc durant le prochain festival de la bande dessinée d’Angoulême !

Précisons tout de suite que cette bande dessinée n’a qu’un seul défaut… Elle est lourde et dans le lit cela rend la lecture un peu délicate. Il vaut donc mieux penser la lire assis dans son salon avec un petit fond musical américain, puisque l’histoire se déroule sur la côte ouest des Etats-Unis, du côté d’Hollywood…

Hollywood ? Cinéma ? Oui, c’est bien cela mais nous allons nous éloigner considérablement d’un Hollywood pur et sain pour plonger dans un Hollywood noir, très noir… Tout commence par une soirée qui finit en drame avec le décès d’une jeune actrice, Valeria Sommers… L’alcool a coulé à flots et celui qui se réveille dans sa baignoire, non loin de Val, ne se souvient de rien…

Celui qui se réveille dans sa baignoire est Charlie, un scénariste usé par Hollywood à moins que ce soit par la guerre, un homme faible qui a du mal à s’assumer, alcoolique et un peu amoureux de cette petite Val… Quand les studios maquillent ce décès en suicide d’une starlette, il a envie d’en savoir plus…

On va ainsi naviguer dans la face cachée et glauque d’un Hollywood marqué par la chasse aux sorcières – les communistes – et j’avoue que l’on ne voit pas le temps passer… A la fin, qui sait, on saura peut-être ce qui s’est réellement passé cette nuit-là…

La version proposée par les éditions Delcourt regroupe les 12 fascicules de l’histoire parue sous le titre de « The fade out ». C’est un très bel objet en plus d’être une excellente bande dessinée…

Cette bande dessinée – certains diront Comics – restera comme un essentiel, un incontournable ou un petit trésor… Chacun choisira son terme et pour moi ce sera une très belle surprise ! espérons que la rencontre avec Sean Phillips soit de même nature…

Angoulême 2018, en attendant de croiser François Boucq…

J’ai toujours aimé les westerns, depuis très longtemps, en films comme en bédés, en dessins animés comme en romans. Cette passion remonte, probablement, à mes lectures de Blueberry, une des grandes bandes dessinées de ma jeunesse marquée par un grand magazine, Pilote. Le seul problème quand on aime les westerns, c’est que la mode les a fait disparaître ou presque… C’est probablement pour cela que je viens de dévorer le tome 10 de Bouncer et que j’ai demandé un rendez-vous avec François Boucq lors de ce prochain festival international de la bande dessinée…

Ce fut une grande surprise quand j’ai appris, il y a quelques années, que deux géants de la bédé allaient créer une série western. Boucq et Jodorowsky ! Excusez du peu… Le premier est un dessinateur étonnant et on peut mettre à son actif Jérôme Moucherot, Lao Tseu et une série d’albums de très grande qualité comme La femme du magicien… Sur un scénario de Jodorowsky, déjà, il avait dessiné les aventures de Face de lune… Quant à Jodorowsky, lui-même, il était l’homme de L’Incal, de la Caste des Méta-barons, des Technopères, du Lama blanc, de Juan Solo… Un très grand duo pour un grand western ! Quel programme ! Quelle promesse ! Quelle réussite !

Dès le premier album, Un diamant pour l’Au-delà, nous sommes plongés dans la violence de l’Ouest, celle qui a suivi la grande guerre civile des Etats-Unis… En effet, la guerre de Sécession est enfin terminée, c’est sûr, mais certains combattants sudistes jouent les prolongations. Le capitaine Ralton, sombre personnage qui ne voit plus que d’un œil, mène d’une main de fer quelques hommes n’hésitant pas à piller pour survivre…

« Ceux qui ont perdu la volonté de se battre ne sont pas le Sud. Le Sud c’est moi, c’est nous, nous ne nous rendrons jamais ! » Le capitaine serait-il le dernier des fidèles, le pur des durs, l’ultime rempart des états du Sud ? Aurait-il des raisons autres de continuer le combat ? Qu’est-ce qui le fait avancer ? C’est ce que l’on va, très rapidement, découvrir dans ce premier album…

Ce premier cycle est aussi l’histoire d’un diamant hors norme, d’une taille exceptionnelle qui est entré dans une famille un peu par hasard… Enfin, une famille, c’est vite dit… une femme, plus prostituée que mère, plus intéressée qu’aimante… Trois frères unis pour le pire, sans aucune pitié pour personne, pas même pour les membres de la famille…

L’histoire est connue par Bouncer qui la raconte à Seth, un de ses neveux, être triste animé par la haine depuis qu’il est devenu orphelin, ses parents ayant été assassinés sous ses yeux…

Du grand art, une narration graphique époustouflante, une histoire qui tient en haleine le lecteur de la première à la dernière page… Le travail combiné de Boucq et Jodorowsky montre que le western n’est pas mort et qu’il ne le sera certainement pas tant que des auteurs de ce niveau nous raconteront des histoires qui traitent de l’humanité profonde… Haine, amour, argent, mort, tout ce que la littérature nous donne depuis des siècles, y compris dans la bande dessinée, y compris dans le grand Ouest américain…

Bouncer, l’homme qui n’a plus qu’un bras et qui est videur d’un saloon du côté de Baro-City, est un personnage très attachant que l’on a envie de suivre durant de longues années… Comme Jodorowsky n’était pas assez disponible et comme Boucq voulait qu’un nouvel album sorte assez vite, le dessinateur de Bouncer a endossé le costume de scénariste durant une histoire – en deux tomes – et il s’est attelé au travail avec énergie, dynamisme et conviction…

J’ai adoré ce tome 10 qui nous replonge dans un grand classique du western, la recherche d’un trésor incroyable avec plusieurs chasseurs de fortune sur la piste… Que vient faire le Bouncer dans cette aventure ? Vous le saurez très vite et il reste bien le grand Bouncer !

Vivement la rencontre avec Boucq…

Angoulême 2018, en se préparant à rencontrer Philippe Jarbinet…

Toujours dans nos lectures pour préparer Angoulême et les rencontres avec les auteurs, voici la série Airborne de Philippe Jarbinet. Certes, on va plonger dans la guerre mais l’auteur le fait d’une façon profondément humaine, respectueuse de l’histoire et sans aucun parti pris vis-à-vis des combattants… Avec lui on oublie les nations pour ne plus porter attention qu’aux êtres humains…Cette série se compose de diptyques et d’une certaine façon on peut considérer qu’ils sont indépendants même si les Ardennes – la région de Jarbinet – est très présente et que l’on peut croiser quelques personnages d’une histoire à une autre… Néanmoins, ces diptyques sont bien indépendant… Actuellement trois histoires sont complètes et une a commencé, donc sept albums de parus…

Voici quelques éléments sur le premier diptyque pour vous donner envie de plonger dans cette magnifique série…

Tout commence avec deux jeunes qui sont dans la neige et le froid. Les Ardennes profondes, en pleine guerre, plus exactement en pleine bataille des Ardennes, en 1944. Les dernières forces allemandes s’accrochent et veulent empêcher la libération de la Belgique par les forces américaines.

Deux enfants seuls ? Très vite, on apprend que ce sont deux frère et sœur juifs qui se sont échappés, Rachel et Louis. Les parents ont dû être déportés et les voilà en train de chercher une liberté improbable, surtout s’ils meurent de froid dans cette forêt.

On va, bien sûr, croiser des soldats. Eux aussi, ils ont froid, sont fatigués et prêts à s’entretuer sans toujours bien comprendre pourquoi… La guerre est un mystère quand on ne cherche pas à s’anesthésier avec quelques slogans à bon marché… avant de libérer, sauver, délivrer, triompher… il faudra survivre, voir ses copains mourir, résister au froid et à la fin, être courageux mais en faisant attention à soi…

Au cœur de la forêt, il y a aussi d’autres habitants comme les lapins que certains aimeraient manger, ou comme une jeune femme que d’autres mangeraient bien à leur façon… Gabrielle, par exemple, une belle femme, courageuse aussi car elle n’hésite pas à aider François quand il cherche un lieu pour cacher les restes d’un des derniers parachutages alliés destinés à la résistance locale…

C’est chez Gabrielle que l’histoire va prendre consistance avec l’arrivée de soldats américains isolés qui ont, en plus, récupéré les deux enfants en partance… Ils vont tous ensemble fêter une fête de Noël, le 25 décembre 1944. Il y aura de la musique, des cadeaux et un repas de fête. La guerre est oubliée un court instant, l’espace de quelques jours…

Puis elle revient, avec son lot de violence, de souffrance, mais ici avec en plus une dose d’amour, de jalousie et d’incompréhension qui viennent noircir l’avenir. L’histoire pourrait s’enfermer dans des clichés et se refermer dans la banalité. C’est alors que dans la deuxième partie de l’histoire certaines évidences s’opacifient tandis que les doutes et interrogations s’éclaircissent. Rien n’était prévu ainsi et tout s’explique… reste une guerre à finir !

Il y a comme une « happy end » à cette belle histoire. Oh, certes, il ne s’agira pas d’oublier les atrocités vécues durant ce conflit, mais plutôt de sourire en voyant les survivants retrouver un sens à leur vie… Mais je ne vous en dis pas plus !

Il est à noter dans cette histoire le remarquable travail graphique de Philippe Jarbinet. Les costumes, les armes, les matériels des militaires sont représentés avec beaucoup de précision tandis qu’il fait vivre sa région avec à la fois de très nombreux aspects réalistes et une passion évidente et touchante. Il aime sa région et nous la rend attrayante même si on n’évitera d’y planter notre tente en plein hiver !

Ce sera donc un plaisir de discuter avec lui, je n’en doute même pas un seul instant !