Pour qu'ils soient face au soleil levant de John McGahern

Pour qu'ils soient face au soleil levant de John McGahern
( That they may face the rising sun)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Eireann 32, le 27 septembre 2005 (Lorient, Inscrit le 7 novembre 2004, 76 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 106ème position).
Visites : 4 422  (depuis Novembre 2007)

Les quatre saisons du lac.

Mc Gahern, tel qu’en lui-même, des petits riens de la vie de tous les jours transcendés par son écriture. Ce titre vient d’une vieille croyance païenne qui voulait que les morts soient enterrés en regardant l’Est pour qu’il soit face au soleil levant, l’église a eu du mal à détruire cette habitude.
Un lac, pour le décor, pour les choses immuables, il est le point de ralliement d’une communauté rurale et hétéroclite. Les saisons passent, les gens se côtoient, boivent du thé, du whiskey aussi.
La vie avec ses drames, la maladie d’un des frères célibataires, sa mort prochaine et les mariages aussi. Le retour d’un enfant du pays, travaillant en Angleterre, «Plus tout à fait Irlandais pour les villageois, pas Anglais au Royaume-Uni» est l’évènement de l’été. Les mesquineries de la vie rurale, les coups de mains donnés ou qui se font attendre, le temps ne semble pas avoir de valeur ou du moins pas la même que la nôtre. Le pub et la visite des enfants sont les rares moments de changement.
Tous les personnages sont attachants comme des gens ordinaires, qui pourraient être nos proches ; Les Ruttledge, anglais en retraite, se sont installés près du lac, des travaux et aménagements dans leur maison leur font connaître le voisinage.
Johnny lui, fait partie de cette génération perdue, vivant en Angleterre, il touche une petite retraite et vit dans une minuscule chambre, en contre partie de l’entretien de l’immeuble, il connaîtra cet été là son heure de gloire. John Quinn lui, est un obsédé sexuel, coureur de jupons et de dote, quand les deux vont ensemble. Il deviendra la risée du village, après en avoir été la honte, suite à un dernier mariage qui tournera au fiasco pour lui. Bill Evans est une victime des premières années de la République, orphelin, il est devenu quasi-esclave dans une ferme, choses courantes dans les années 40/50 ; lui est aussi de la génération sacrifiée.
Le temps passera, les gens disparaîtront, le lac et l’Irlande resteront.
Je suis un adepte de longue date de John Mc Gahern, donc je me répèterai, j’adore l’art et la manière d’écrire un très bon roman sur des faits qui semblent insignifiants. Ce livre a eu de bonnes critiques à sa sortie, une lecture apaisante.
Petit dialogue entre Ruttledge et un natif des environs.
-«Nous pourrions boire un verre ou deux et en rester là. Il n’est pas obligatoire de se saouler.
-Vous devriez savoir depuis le temps qu’un Irlandais ne fait pas les choses à moitié. Il faut qu’il aille jusqu’au bout»

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Les éditions

  • Pour qu'ils soient face au soleil levant [Texte imprimé], roman John McGahern trad. de l'anglais, Irlande, par Françoise Cartano
    de McGahern, John Cartano, Françoise (Traducteur)
    Albin Michel / Les Grandes traductions
    ISBN : 9782226137036 ; 22,30 € ; 20/08/2003 ; 444 p. ; Broché
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Trés beau

7 étoiles

Critique de Wakayoda (, Inscrite le 12 septembre 2007, 44 ans) - 6 décembre 2007

C’est l’histoire d’une campagne anglaise en Irlande. C’est un livre d’une simplicité agréable qui nous fait partager la vie d’un village campagnard. C’est cette simplicité qui nous transporte dans un monde aussi ancien. Cette population avec ses caractéristiques de vie, de personnages,… nous donne des leçons de vie.
C’est à partir de cet ouvrage que l’on constate comme la vie a changé : moins d’entraide, entre voisins, moins de tolérance….
On peut voir la difficulté de chaque paysan à vivre mais avec un mode de vie devenant de plus en plus impossible. On voit tout au long la vie des personnages qui varie en fonction de la nature. L’ancienneté se fait rattraper à la fin de l’ouvrage par la modernité (téléphone au domicile).
C’est un livre simple mais d’une beauté splendide

Joies et petits drames au bord du lac

10 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans) - 7 août 2006

Ce livre est le dernier écrit par John McGahern avant sa mort. On y sent nettement une douceur et une sérénité qu’il n’avait pas dans ses premières œuvres. L’amertume et la volonté de dénoncer les rudes conditions de vie des paysans irlandais ne sont plus là. C’est un livre habité d’une profonde sagesse, une célébration de la douceur de vivre au bord d’un lac. Les descriptions que fait l’auteur des abords du plan d’eau sont tout simplement admirables :

« Comme ils descendaient vers le lac, ils rencontrèrent la brume blanche du matin qui rendait floue et fantomatique la silhouette des arbres au bord de l’eau. Caché dans cette brume, le gibier d’eau piaillait et jacassait dans un désordre total, au centre du lac. Dans l’angle, le héron au vieux costume gris s’élança en battant paresseusement des ailes avant de disparaître dans la brume blanche. »

L’auteur a délaissé les sujets sordides et navrants pour se concentrer sur des personnages pétris de tendresse, de compassion et de solidarité les uns envers les autres. Des personnages parfois drôles, humains dans leurs faiblesses et leurs petites misères comme leurs petites joies. La vie à la campagne y est dépeinte d'une façon remarquable, des durs travaux agricoles aux douceurs des belles soirées d’été :

« Pas un souffle de vent ne faisait frémir la prairie. Le seul mouvement était le sautillement des papillons sur l’herbe paisible. Le tracteur paresseux couvrait le bourdonnement des insectes, mais ni la clameur des corbeaux, ni les hurlements des mouettes sur le lac. Une fois en route et à plein régime, la faucheuse noya tous les autres sons. Dans un cocon de bruits, de poussière et d’échappement de diesel, dans la morne chaleur réfléchie par le métal, il était assis au volant tandis que le tracteur et la faucheuse décrivaient des cercles successifs dans la prairie, l’herbe tombant devant le gémissement indistinct des lames. »

Un livre merveilleux qui m’a procuré des moments de lecture inoubliables.

Une vie au rythme des saisons

8 étoiles

Critique de Aria (Paris, Inscrite le 20 juin 2005, - ans) - 7 avril 2006

John Mc Gahern, romancier irlandais, est décédé la semaine dernière à l’âge de 71 ans. Ce roman est son dernier ouvrage.
La tradition irlandaise veut que les morts soient enterrés la tête à l’Ouest pour être, le Jour de la Résurrection, face au soleil levant. D’où le titre du roman.
La vie passe tranquillement dans ce petit coin de campagne irlandaise. Deux couples, les Ruttledge et les Murphy, vivent dans deux maisons très proches près d’un lac, qui est presque un personnage à part entière. Ils sont très proches, se rendent mutuellement service pour s’occuper du bétail, faire les foins, aller vendre les agneaux en ville et…passent de bons moments ensemble à déguster l’excellent whisky Powers.
Ils sont entourés par le Shah, l’oncle, qui a fait fortune avec une casse de vieux véhicules, Bill Evans, le pauvre orphelin exploité par des fermiers à qui il a été confié enfant. Il y a John, le frère de Jamesie Murphy, qui vient passer un mois chez son frère tous les ans, John Quinn, toujours à la chasse d’une nouvelle femme à épouser, Patrick Ryan, l’entrepreneur qui commence tout et ne finit pas grand-chose etc. bref beaucoup de personnages bien ancrés dans ce coin d’Irlande.
On peut avoir un peu de mal, au début à entrer dans cette histoire qui semble sans histoire, mais l’on est vite conquis par la façon qu’a Mc Gahern de mêler dialogues enjoués et descriptions magiques de la nature et des saisons qui passent.
Un style simple, avec un regard sur la vie presque juvénile.
« Le vent matinal du lac qui soulevait les rideaux était tombé. L’eau était comme du verre, où se reflétait le ciel clair de chaque côté d’un flot de lumière étincelante…Pas un souffle de vent ne faisait frémir la prairie. Le seul mouvement était le sautillement des papillons sur l’herbe paisible. »

La vie qui défile, lentement

8 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 20 janvier 2006

Compilation de portraits, d’existences, de parcours chaotiques, cet ouvrage est dédié aux êtres et à l’exil. Une valeur sûre, l’exil, dans la littérature irlandaise.
Un livre pas facile à résumer, condensé d’atmosphères et de sensations, des petits gestes de la vie quotidienne qui ont chacun leur importance et sont pourtant si anodins. La lenteur du récit de McGahern offre d’ailleurs à cette évocation du quotidien un beau décor dans lequel la trame évolue à son aise.
Nous voilà face à une tribu de personnages. Les Murphy et les Ruttledge qui bavardent pendant qu’ils travaillent au champ. Il faut rentrer le foin. C’est qu’en Irlande, un jour il fait beau, le lendemain il pleut. Pas de temps à perdre, mais travailler n’empêche pas de réfléchir. Quand ils sont arrivés au village, ces "immigrés" londoniens ont eu du mal à se faire accepter mais leur silence a eu raison des craintes des voisins. Aujourd’hui, on vient chez eux, on pousse la porte pour un dernier verre, on cancane, on s’installe, on raconte. Les jours se passent, les saisons défilent et le monde continue de tourner. Une vie au ralenti, la magie de l’instant présent (la même impression d’importance du temps ressentie à la lecture de "La demande" de Michèle Desbordes).
Au fil des conversations, les personnages se confient, on les découvre, on s’y attache. Pas d’intrigue mouvementée ou de scénario à couper le souffle, c’est le temps qui se promène, la vie de gens simples et terriblement humains que John McGahern nous donne à lire. A première vue, cela pourrait sembler ennuyeux mais il n’en est rien. Ces inconnus ne nous sont plus étrangers après quelques pages, leur vie devient la nôtre, on envie le calme et l’écoulement des heures.
McGahern semble s’effacer, un peu comme si il se contentait de tourner un documentaire sans commentaires personnels. C’est agréable, rien n’entrave la lecture de ce récit qui demande une certaine attention tout en apportant beaucoup de sérénité.

Le goût de l'Irlande

9 étoiles

Critique de Holden (, Inscrit le 17 septembre 2005, 54 ans) - 18 novembre 2005

Un texte étonnant qui ne raconte pas vraiment d'histoire au sens habituel du terme, mais simplement des morceaux choisis de moments de vie.
Autour d'un couple venu à la campagne sans motif évoqué, c'est la vie d'un petit village d'Irlande perdu auprés d'un Lac qui nous est contée. Les petites histoires de ces gens de peu prennent, sous la plume de Mc Gahern des airs de Mythologie.
Cet auteur à un tel talent de conteur que l'on s'accroche à ce récit avec plaisir et l'air de rien le quotidien de ces quelques hommes et femmes relète (dans la lumière du lac?) beaucoup de l'âme humaine, de ses petitesses et de sa grandeur!
Un grand livre.

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