De la mort sans exagérer de Wisława Szymborska

De la mort sans exagérer de Wisława Szymborska

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie , Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Septularisen, le 21 avril 2013 (Luxembourg, Inscrit le 7 août 2004, 56 ans)
La note : 8 étoiles
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LA CHERCHEUSE DE MOTS!

Le 1er février 2012 s’est éteinte, dans l’indifférence générale, celle qui à la surprise du monde littéraire, et à la sienne en particulier, fut la lauréate du prix Nobel de Littérature 1996.
En dépit d’une immense popularité dans son pays natal, et de traductions dans le monde entier, seul deux petits recueils sont disponibles en langue française, «Je ne sais quelle gens» et celui-ci, (tous les deux magnifiquement traduits du Polonais par Piotr KAMINSKI.), où nous sont présentés un choix de poèmes tirés de sept livres de l’écrivain s’échelonnant de 1957 à 1993.

Vous êtes-vous jamais demandés ce que serait une poésie traitant de métaphysique mais sur le mode de la plaisanterie? Ce que serait une poésie distante et ironique, mais d’une extrême sensibilité? Ce que serait une poésie de révolte, grinçante, mais jamais amère? Ce que serait une poésie simple et limpide, écrite par un grand, très grand écrivain, et pourtant à la portée de tous?
Ne cherchez plus! Lisez la poésie de Wislawa SZYMBORSKA!...

Vous découvrirez une façon unique de voir et d’observer le monde, une vision distante mais réaliste du désarroi de notre époque, avec des vers légers, simples, coulant de source. Des mots, parfois pathétiques, qui soufflent comme le vent, des phrases brèves tout en toucher et en finesse, d’une sensibilité à fleur de peau. Une poésie affranchie de toute forme, aimable, ouverte, avec des acrobaties verbales qui en surprendrons plus d’un!... Une poésie de l’équilibre et du sublime, qui surprendra l’écorché vif qui est en vous…

Je pourrais encore longtemps vous parler de la poésie de Mme. SZYMBORSKA, bien qu’il ne soit jamais facile de parler, et à fortiori de critiquer, de la poésie, mais comme j’aime à le faire avec les plus grands des poètes, je préfère me «réfugier» derrière eux et laisser la parole à qui de droit.

Voici donc extrait du recueil «Grand Nombre» (Wielka liczba) de 1976, le poème «Portrait féminin» (Portret kobiecy):

Il lui faut être toujours au choix.
Changer, à condition que rien de change.
C’est facile, impossible, difficile, ça vaut la peine.
Ses yeux sont, au besoin, bleus ou gris
Noirs, gais, pleins de larmes sans raison.
Elle couche avec lui comme la première venue, unique au monde.
Elle lui donnera quatre enfants, pas d’enfants, un seul.
Naïve, elle est du meilleur conseil.
Faible, elle soutiendra.
Sans cervelle, elle s’en fera bien une.
Elle lit Jaspers et les magazines.
Ignore ce que c’est cette vis, mais construira le pont.
Jeune, jeune comme toujours, toujours jeune.
Elle tient dans sa main un moineau à l’aile cassée,
Son propre argent pour un long et lointain voyage,
hachoir à viande, compresse et verre de rouge.
Où court-elle, n’est-elle jamais fatiguée.
Mais non, juste un peu, beaucoup, ça ne fait rien.
Soit elle est amoureuse, ou alors elle s’entête.
Pour le bien, pour le mal, et pour l’amour de Dieu.

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Les éditions

  • De la mort sans exagérer [Texte imprimé] Wisława Szymborska trad. du polonais par Piotr Kaminski
    de Szymborska, Wisława Kamiński, Piotr (Traducteur)
    Fayard / Poésie (Paris. 1988).
    ISBN : 9782213598536 ; 5,97 € ; 11/12/1996 ; 132 p. ; Broché
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