Les saisons de l'envol de Manjushree Thapa

Les saisons de l'envol de Manjushree Thapa
(Seasons of flight)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Asiatique

Critiqué par Pucksimberg, le 10 février 2013 (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 069ème position).
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L'american dream d'une népali

La jeune et jolie Prema, grâce à l'obtention d'une green card lors de la grande loterie américaine, se voit parachutée aux Etats-Unis. C'est le choc des cultures ! Elle laisse derrière elle son pays le Népal, tout comme son père veuf depuis la naissance de la petite soeur de Prema. L'héroïne de ce roman ne peut oublier son pays en proie à de vifs événements, à une guerre civile sans merci dans laquelle sa propre soeur est embrigadée aux côtés des maoïstes.

Dans ce roman, le lecteur suit cette héroïne qui découvre les Etats-Unis et ses codes avec naïveté. Tout y est différent : l'intérêt porté à la carrière professionnelle, l'importance de l'argent, les relations amoureuses, les manifestations amicales ... Son regard vierge souligne les travers de nos sociétés occidentales, sans être pour autant être un pamphlet contre les Etats-Unis. L'occidental fait preuve aussi de naïveté, tout en témoignant un fort besoin de coller rapidement une étiquette sur tout. Prema n'échappera aux poncifs et aux jugements à l'emporte-pièce.

Manjushree Thapa aborde les thèmes de la différence, du monde spirituel en opposition au monde matérialiste, de l'immigration et de la liberté. La quête de Prema va dans ce sens. Elle cherche un sens à son existence et une véritable identité. Vivre aux Etats-Unis n'est-ce pas renier ce qu'elle était ?

Le roman est plaisant à lire et vif. Le texte contient la plupart des scènes que l'on pourrait imaginer lorsqu'une jeune étrangère débarque dans un pays occidental. Le roman ne tombe absolument pas dans le pathétique malgré quelques scènes émouvantes. L'écriture est un peu trop simple, manque de caractère. Les épisodes s'enchaînent sans véritable surprise et rappellent quelques films américains traitant ce sujet.

Une histoire universelle puisqu'elle touche de millions d'individus, des allusions écologiques fortement appréciées, des évocations historiques éclairantes ( Népal et Guatemala ) et une agréable bluette amoureuse.

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Du Népal aux Etats-Unis, quelle différence ?

7 étoiles

Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 12 février 2013

‘C’est la première fois que je lis le roman d’une écrivain originaire du Népal’, me suis-je dit en entamant Les saisons de l’envol. Comme si la nationalité de l’auteur pesait dans les attentes et le ressenti que l’on se fait d’une lecture. Comme si la représentation que l’on se crée du pays originel du narrateur influençait notre manière d’aborder l’histoire.

C’est bien entendu le cas. Manjushree Thapa semble en être pleinement consciente lorsqu’on considère le contenu des premiers dialogues du livre. Les répliques faites à la jeune femme dont nous suivons la vie reflètent les préjugés absurdes que l’on se fait sur des pays et des populations que nous ne connaissons que de nom ou par l'intermédiaire de voyages et récits. Pour les protagonistes américains, le Népal se résume à l’Himalaya et à un attachement plus fort aux valeurs humaines. L’écrivain insiste pour que l’on sorte de ces idées préconçues, qu’elles soient positives ou négatives.

Elle effleure également le sujet de la guerre civile en établissant le parallèle avec celles qui sévissent partout à travers le monde, et dont on n’entend parler que de manière superficielle dans l’actualité. Au travers de la profession de l’héroïne, initialement forestière dans une ONG, elle nous sensibilise aussi à l’écologie et à l’impact majeur que peuvent avoir des mesures anodines enclenchées par les industries.

L’essentiel de l’histoire porte sur le quotidien de Prema, immigrée Népalaise au Etats-Unis un peu par hasard. Sa vie au Népal puis aux Etats-Unis nous est contée de manière alternée et fluide : ses emplois et logements successifs, ses rencontres, ses regrets, ses questionnements…

On embarque facilement dans l’histoire, malgré une prose simplissime.
Lorsqu’on lit un auteur originaire d’un pays d’où peu de livres sont traduits, on peut être déçu que l’action ne se déroule finalement sur un autre continent. Mais peut-être que cela illustre mieux la thèse de Manjushree Thapa, à savoir que peu importe où l’on soit, il est légitime de se questionner sur sa situation, son avenir ; même si dans nos pays industrialisés, nous avons peut-être plus de cartes en main.

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