Naissance de l'idéologie fasciste de Maia Asheri, Zeev Sternhell, Mario Sznajder

Naissance de l'idéologie fasciste de Maia Asheri, Zeev Sternhell, Mario Sznajder

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire , Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités , Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par Radetsky, le 9 février 2012 (Inscrit le 13 août 2009, 81 ans)
La note : 10 étoiles
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Les grenouilles qui demandent un roi

Voici une critique dont le titre pourra paraître outrageusement lapidaire... C'est en tout cas la conclusion générale qui me vient à l'esprit une fois refermé cet opus , où Zeev Sternhell, devenu un spécialiste de ces questions, s'emploie à détailler la genèse d'un mouvement d'idées : en gros débusquer toutes les racines intellectuelles et politiques d'un ensemble de pensées qui conduiront à bâtir les régimes totalitaires européens, depuis leurs prémisses du XIXe siècle jusqu'aux paroxysmes du XXe siècle.
La France, avec Georges Sorel, est perçue comme le berceau d'une réaction qui veut proposer une idéologie susceptible de s'opposer au capitalisme tout en récusant le matérialisme marxiste. Lorsqu'on prétend s'affranchir du concret et de la matérialité des choses et des êtres, on devine vite quel peut être le destin d'une idée... On peut d'ailleurs se demander si cette aventure sorélienne n'est pas l'un des derniers avatars d'un Romantisme qui aurait déserté la littérature pour dériver en pose, en mode, en caprice décadent lequel, afin de retrouver une jeunesse perdue définitivement, se serait reconverti dans l'agitation des masses et les rêves de puissance. Certes, le côté rigoriste et très intellectualisé du marxisme, en grande partie dû au parti social-démocrate allemand (bien vite astucieusement neutralisé par l'institutionnalisation des syndicats, caisses de retraite ouvrières et autres, par Bismarck et ses successeurs) était-il de nature à plus difficilement pénétrer la sphère culturelle des pays latins notamment, sans oublier que la main-mise progressive des bureaucraties politiques ou syndicales sur les organisations ne contribuaient pas à donner l'image d'une émancipation et de décisions partagées, aux masses laborieuses. Le marais idéologique où se sont retrouvés et agités vrais ou faux anarchistes, syndicalistes révolutionnaires, futuristes, etc. à la charnière des deux siècles, puis la violence d'une guerre industrialisée à partir de 1914, ont favorisé l'avènement de l'éternel recours de ceux qui n'en ont plus par ailleurs : un chef providentiel.
Lénine avait défini le gauchisme comme "maladie infantile du communisme" ; que faudrait-il donc penser du fascisme ... ! Il procède en fait d'une régression où concourent l'exaltation de l'individu, de l'énergie, de la nation comme substitut de la classe, des sentiments, des "tripes" si on veut, au détriment de l'analyse, de la réflexion, de la conviction d'un sort commun aux hommes. Pour faire bref, un rêve d'adolescent boutonneux et vindicatif, contre le principe de réalité.
Cette confusion a bien sûr profité à ceux qui voyaient d'un oeil toujours plus intéressé une bonne partie des pauvres, tout comme de la classe cultivée, abandonner, en émiettant leurs troupes, le terrain de la lutte contre un système, au profit d'une agitation que les habiles mettraient au service d'une idole et, pour finir, d'un retour aux bonnes vieilles méthodes autoritaires qui dispensent tout un chacun de penser sa vie et de la construire.
Abondante bibliographie.

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