Alain Fournier et le Paris du Grand Meaulnes de Michel Baranger

Alain Fournier et le Paris du Grand Meaulnes de Michel Baranger

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Numanuma, le 10 octobre 2011 (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 50 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 180ème position).
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Balade en lettres

110 pages pour résumer la vie parisienne d’Alain-Fournier, c’est peu et c’est beaucoup. Mort au feu à 28 ans, en 1914, Fournier, grâce à son Grand Meaulnes, obtient une renommée liée autant à son génie littéraire qu’à sa mort précoce qui en fait le précurseur dans la tombe de Radiguet, décédé lui aussi très jeune, 20 ans, lors de la seconde guerre mondiale. Deux destins tragiques mais, seule la vie du premier nous intéresse ici.
110 pages donc présentées par les éditions Artena comme un guide de promenade littéraire. Excellente idée qui conviendrait à de nombreux auteurs qui ont aimé, ou détesté, Paris. Ecrit avec une lumineuse simplicité, ce texte est richement illustré de nombreuses photos en noir et blanc des lieux que Fournier a fréquentés durant sa vie d’étudiant et de jeune adulte.
Arrivé jeune de son Berry natal, 12 ans, le jeune Henri Fournier, qui n’a pas encore de vocation littéraire et pas encore de pseudonyme, détestera la ville lumière d’une « haine de paysan » pendant trois ans. Pourtant, en 1908, il écrira à son ami Jacques Rivière son intention de rédiger un roman sur Paris.
Grand marcheur, Fournier pratiquera assidûment le pavé parisien, déménageant plusieurs fois, il vagabonde dans plusieurs arrondissement, effectue son service militaire à la caserne de Vincennes puis à celle de Latour-Maubourg, à côté des Invalides, travaille à proximité de la Tour Eiffel. Même si la vie de Fournier est finalement assez pauvre en aventures, il ne franchit quasiment jamais les bornes de la vie estudiantine parisienne classique, c’est à Paris que tout va se jouer pour lui. Sans Paris, pas de rencontre avec celle qui restera comme son grand amour impossible Yvonne de Quievrecourt et que le lecteur retrouvera dans le Grand Meaulnes sous le nom d’Yvonne de Galais. Mais c’est aussi le chemin vers Paris qui est une aventure. Quitter, le dimanche, le lycée Lakanal, à Sceaux, prendre le train vers la capitale, voila qui est tout aussi évocateur et formateur pour Fournier. Paris ne s’offre qu’à celui qui a su la prendre.
D’une grande clarté, le texte de Michel Baranger est entrecoupé, à l’intérieur de son récit, de citations de Fournier issues de sa correspondance, ce qui offre une grande facilité de lecture. Il n’y a qu’à prendre ce petit guide, chausser ses meilleurs souliers et se lancer sur les pas de Fournier. Certes, certains endroits de sa vie ont été détruits ou tellement transformés qu’il faudra faire un effort d’imagination pour retrouver le pensionnat de madame Bijart, première étape de la vie parisienne du jeune Fournier. Les plus voyageurs pourront se procurer le pendant berrichon de ce guide : Sur les chemins du Grand Meaulnes avec Alain-Fournier.
Ce petit ouvrage réussit ce que nombre de biographies ne parviennent que rarement à réaliser : donner un portrait vivant et intime de l’auteur. Etant moi-même un arpenteur du bitume parigot, avec une amplitude moindre il est vrai, j’ai pu marcher dans les pas d’un auteur que ne connais, finalement, que peu. Bien sûr, j’ai lu le Grand Meaulnes mais pour faire comme tout le monde. Je n’en garde à ce jour aucun souvenir et ce guide ne m’aura pas donné envie de le relire. Par contre, il m’a offert une forme de connivence avec Fournier, comme un sourire entendu entre deux personnes qui se connaissent bien. Plus que son œuvre, malheureusement bien maigre, c’est à Fournier lui-même que j’ai envie de m’intéresser : pour une fois, découvrir l’auteur avant l’œuvre, un peu comme refaire mes études de lettres à l’envers.

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Complément de critique

6 étoiles

Critique de Tiziana Orlando (, Inscrite le 8 octobre 2011, 49 ans) - 29 octobre 2011

Juste un ou deux points à propos de cette critique de ce livre "en marge" de l'oeuvre d'Alain-Fournier : tout d'abord, il est complètement inexact à mon avis de prétendre que la renommée immense du "Grand Meaulnes" doit autant à ses qualités qu'à la mort prématurée de son auteur. Il faut vraiment l'avoir lu sans le comprendre et l'avoir "oublié", comme dit le signataire de la critique, pour affirmer cela. Il est évident qu'une telle oeuvre n'aurait pas perduré dans l'admiration collective et dans la culture littéraire française si la mort de son auteur avait tellement importé. Bien au contraire, nous sommes, avec "Le Grand Meaulnes", en présence d'une oeuvre majeure "LE" roman initiatique entre tous, l'un des plus profonds et des plus beaux livres jamais écrits.
Pour en revenir au petit livre de Michel Baranger critiqué ici, il offre en effet une intéressante perspective sur les années de vie parisienne de cet homme mal connu, secret, et pourtant si célèbre. Bien sûr, le parcours des cheminements parisiens d'un auteur peut paraître anecdotique, mais pour une fois la biographie -ou plutôt certains événements de la vie - de cet écrivain sont étroitement mêlés à la narration du roman qu'il allait écrire et qui demeure l'un des chefs d'oeuvre de la littérature.

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