Entre rêve et réalité

On a beau dire, ces scandinaves maîtrisent tout de même l'art de créer un bon roman policier, sans jouer avec des super héros ou d'autres effets inutiles. Tout réside dans l'ambiance souvent sombre et désabusée, dans les décors vastes et tristes et dans des personnages à contre-courant de ce qu'on pourrait attendre de la part d'un inspecteur de police renommé ou d'un commissaire efficace.
C'est le cas avec Malin Fors, redoutable policière qui entend des voix pendant les enquêtes, les entend et les écoute. Les voix des disparus, les voix des indices, des voix qui la mettent progressivement sur la bonne piste sans qu'elle en soit toujours réellement consciente.
D'autant plus que dans ce volume, le troisième de la série qui en compte quatre comme les saisons, Malin Fors est en proie au démon de l'alcoolisme. La peur animale qu'elle a ressentie lors de sa précédente grosse affaire, lorsqu'elle a cru que sa fille Tove allait mourir, l'a poussée à trouver refuge dans la boisson, ce qu'elle refuse d'admettre tout en n'arrivant pas à s'en dépêtrer. Aussi, lorsque le corps du châtelain Jerry Petersson est retrouvé, assassiné, dans les douves de sa propriété de Skogsa, elle doit se battre pour assembler ses pensées et retrouver ce qui l'a rendue si pertinente. Ce n'est pas simple car ses collègues qui connaissent son problème la protègent et la famille Fagelsjö, celle-là même qui a vendu contrainte et forcée le château à Petersson, s'entend bien pour brouiller toutes les pistes.
L'ambiance est plombée, Malin ne s'en sort pas avec son ex Jan et sa fille, les démons lui rongent la tête et elle devient agressive, de plus en plus portée sur les cuites violentes.
Petit à petit, toutefois, elle parvient à démêler certains fils et ouvrir des portes qui la conduiront à l'aboutissement de l'enquête. Sans que ce soit pour autant la fin de ses soucis...

Une fois de plus, Mons Kallentoft dont j'apprécie décidément le travail, fait preuve de brio pour nous faire ressentir les ambiances et le mal-être de ses personnages. Dans ce récit placé sous les couleurs humides et chaudes de l'automne, il est beaucoup question de misère humaine, de tristesse et d'une mise en veille qui s'avère nécessaire avant de pouvoir renaître. Le personnage de Malin Fors prend beaucoup de place mais elle n'est pas la seule, chacun de ses collègues est tour à tour l'objet principal de telle ou telle histoire, afin de mieux cerner la psychologie et les soucis de chacun. Ce procédé rend toute l'équipe plutôt attachante malgré ses défauts, et aide le lecteur à se plonger dans cette enquête en la vivant de l'intérieur, avec toutes les douleurs que cela peut engendrer.
A découvrir si vous ne connaissez pas encore l'oeuvre de Kallentoft, mais je vous conseille de lire les volumes précédents pour mieux comprendre et apprécier ce qui se passe dans celui-ci, même si l'enquête présente tient bien la route sans cela.

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  Automne [Texte imprimé] Mons Kallentoft traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss

  de Kallentoft, Mons Clauss, Lucile (Traducteur) Stadler, Max (Traducteur)
  le Serpent à plumes / Serpent noir
  ISBN : 9782268070834 ; 24,40 € ; 03/03/2011 ; 475 p. ; Broché

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