Ma dernière relève au bois des Caures (18-22 Février 1916, Verdun, souvenirs d'un chasseur de Driant) de Marc Stéphane

Ma dernière relève au bois des Caures (18-22 Février 1916, Verdun, souvenirs d'un chasseur de Driant) de Marc Stéphane

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Herculine Zabulon, le 6 septembre 2010 (Inscrit le 6 septembre 2010, - ans)
La note : 10 étoiles
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Chroniques du front en français haletant

Un petit miracle est en train de se produire : loin des célébrations officielles, l'œuvre de Marc Stéphane, que tout prédestinait à passer à la trappe de la postérité, prend très lentement et sûrement racine dans le paysage. Tempérons d’emblée ; Marc Stéphane ne sort pas du désert. Reconnu par Bloy, épaulé par le gros Léon (Daudet) qui faillit le faire partir en reportage en Amérique. Mais surtout, son œuvre put compter sur des passeurs avisés, qui, hors pâturages universitaires, l’ont tiré des oubliettes où elle manquait sombrer ; aux premiers rangs desquels il faut citer le libraire-éditeur René-Louis Doyon dans les années 60 et Eric Dussert qui depuis le début des années 2000 a permis la réédition de quelques chefs d'œuvre du sulfureux stéphanois.

Ma Dernière relève au bois des Caures, donc. C’est un peu le Casse-pipe de Marc Stéphane, engagé volontaire à 44 ans en première ligne dans les tranchées de Verdun. Et c’est autre chose. Car son timbre, son modelé, ses intonations sont uniques. Pas superflu de le rappeler, tant Marc Stéphane, né en 187O, soit vingt-quatre ans avant Céline, ferait belle figure de précurseur. Chroniques du front, en français haletant, froncé, qui tournique ; du témoignage pris à la volée puis savamment élaboré en récit, hérissé sur les récifs du Verbe. L’art de tenir en haleine en dynamitant les poncifs. C'est la griffe Marc Stéphane.

Éric Dussert explique superbement dans sa postface dans quelle lignée s’inscrit son œuvre. Précisons qu’à la différence d’un Roger Rabiniaux, M.S. n’est pas un préfet qui s’amuse à manipuler (d’ailleurs génialement) de l’acide, mais un vivant réfrac’, inétiquetable insoumis dont la vie est une légende et dont l'œuvre s’inscrit sous le pavillon noir, en plein grain de satire. C’est en filigrane ce portrait de lui que l’on devine dans Ma Dernière relève, écrit des tranchées qu’il crapahutait sous les quolibets de la bleusaille poilue qui le surnommait « Grand-père ». M.S., athée fini tirant sous les obus sur sa bouffarde au milieu de ses copains à genoux priant ; rampant dans la boue les bronches en feu, prêt à tout pour un verre d’eau, bénite ou pas. C’est l’un des talents de M.S. de portraiturer sur le vif, de saisir la scène tantôt au fusain gras, tantôt à l’encre de chine. Raison pour laquelle le livre fermé, mots et images restent gravés. Du grand art.


Herculine Zabulon

Septembre 2010

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Les éditions

  • Ma dernière relève au bois des Caures [Texte imprimé], 18-22 février 1916, Verdun, souvenirs d'un chasseur de Driant Marc Stéphane par Éric Dussert
    de Stéphane, Marc
    Editions Italiques / Les Immortelles
    ISBN : 9782910536749 ; 29,32 € ; 17/03/2007 ; 151 p. ; Broché
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