Au gré du coeur de Marie-France Mellone

Au gré du coeur de Marie-France Mellone

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Mfm, le 7 juin 2010 (Inscrite le 7 juin 2010, 75 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (4 332ème position).
Visites : 2 443 

Critique de Chirstian Van Moer

Marie-France Mellone : Je me suis décidé à me procurer son recueil de poèmes. Eh bien, je vous le dis d’emblée, Au gré du cœur m’a réellement charmé.
Petit recueil : vingt pages à peine à lire, vingt poèmes seulement, mais qui tous trouvent le chemin du cœur.

Les thèmes lyriques
Ils sont classiques et pour vous, j’ai voulu grappiller dans chacun d’eux.

- Emerveillée par la constance de leur tendresse, Marie-France commence par rendre un hommage émouvant à ses vieux parents :

« Tu es la sève du vieux chêne et moi l’écorce. »

- Tout de suite après, le rêve d’amour, de liberté, de pureté, de ressourcement :

« Ton chant agite en moi des racines profondes,
Par-delà les frontières, très, très loin d’ici,
Grâce à lui j’ai rêvé. Merci gitan, merci
De m’avoir un instant fait oublier le monde. »

- Rêve sans illusion de la mémoire d’un cœur blessé :

« Mon rêve a de grands mâts chargés de mille voiles,
S’élançant dans le ciel pour cueillir les étoiles,
Des haubans de satin pour caresser la lune,
Et Neptune royal, en vigie sur la hune.

Mon rêve a le désir de ces terres lointaines, »

- Les plus sombres ténèbres peuvent finir par se dissiper :

« La brume est dans mon cœur comme elle est sur les monts,
En foulards ondoyant au gré des vents des cimes,
Sanglots effilochés au milieu de l’abîme,
Creuset du désespoir et de ses noirs démons.

… … et le soleil vainqueur
Resplendit dans le ciel et renaît dans mon cœur. »

- Et toujours ce besoin de lumière :

« J’ai ciselé l’aurore
Avec l’or des étoiles,
Afin que puisse éclore
Un jour que rien ne voile. »

- L’horreur de la guerre :

« Sur fond de soleil rouge
S’embrassent deux enfants,
Autour d’eux rien ne bouge,
S’ils baignaient dans le sang ? »

- L’attente de l’être aimé, quel tourment !

« Va, ma plume, cours et bavarde,
Porte-lui mes mots et s’il tarde,
Dis-lui que ma vie se consume, »

- La vraie beauté est intérieure :

« Mais si elle a le cœur humain, …
Alors elle sera aimée. »

- Eloge de la solitude ( où l’on peut douter de la sincérité de l’auteur ) :

« Le chant des solitudes
M’est un chant familier,

Le chant des solitudes
Qu’on croirait de tristesse,
De grise lassitude
Ou d’ultime sagesse,
Le chant des solitudes
Est un chant d’allégresse. »

- Balade nocturne :

« Amoureux d’une étoile, oublieux du soleil.
Je saisis sur le flot la lune vacillante,
Et je peins son visage aux couleurs de l’amour. »

- Cartes postales anciennes qui font mal à relire :

« Te doutais-tu alors que si j’ai pardonné,
Je crierais ton prénom quand ma raison s’égare ? »

- car la vieille blessure ne se referme pas :

« Le vent des anciens jours est le seul confident
De ces secrets d’amour que je porte au-dedans ; »

- Heureusement, l’écriture permet de crever l’abcès :

« Oh non, je ne veux plus me taire, »

- Sous le masque :

« sais-tu combien j’ai mal
sous mon masque de rire »

- Sourire aux autres :

« Derrière les rideaux, cette femme m’attire,
Je voudrais habiller d’espoir ses lendemains,
Qu’en jaillisse la source au milieu de ses mains,
Et qu’à sa bouche éclose une fleur en sourire. »

- Cavatine charnelle :

« Qu’il est bon le toucher
De ta main fol archet »

- Hantise de la page blanche :

« Qui es-tu, belle muse,

Dis-moi, pourquoi t’offrir
Et ne te donner point ? »

- Besoin de s’épancher, de se livrer :

« Quelques flocons se couchent
Sur le seuil de mon âme,
Esclaves consentants
De mes moindres désirs,
Mes intimes soupirs.
Puis-je taire longtemps,
Même si l’on m’en blâme,
Ce frisson à ma bouche ? »

- Respect des vieux murs :

« Ces secrets confessés sous le couvert du lierre,
Je les ai enfouis sous la plus humble pierre. »

- Enfin, l’invitation au voyage imaginaire, à deux :

« Veillés
Par des oiseaux au regard de rubis
Quand nous serons au bout de ce monde
Nous glisserons dans un autre
Sur une larme d’or
Tombée
D’une étoile endormie »

L’écriture poétique.
Marie-France Mellone nous touche par des mots simples, mais ne choisit pas pour autant la voie de la facilité : elle écrit en vers classiques. Elle nous offre même deux sonnets, dans ce recueil ( Cœur en brume – Les ponts de la nuit ).
Alexandrins, octosyllabes, hexamètres rigoureux, fluides ou cadencés, musicaux.
Rimes suivies, croisées, embrassées dans une composition parfois savamment élaborée.
Notre poétesse n’est pas esclave de la rime toutefois : une terminaison féminine peut faire écho à une terminaison masculine ; dans Carnaval, les rimes se bousculent un peu ; mais la rime n’est absente que d’un seul poème, le dernier.
La ponctuation, que Marie-France sait parfaitement placer, est supprimée dans trois textes : à bon escient, à mon sens, pour des musiques sans pauses, débridées : la danse ( Carnaval ), la frénésie ( Amour ), l’imaginaire ( Là-bas ).
C’est d’ailleurs dans cet ultime poème que tout éclate, comme dans le bouquet final d’un feu d’artifice. Marie-France, en même temps que des contraintes classiques ( mètre, rime, ponctuation…) se serait-elle affranchie des « affres du style » ? Non, bien sûr ; elle ouvre là davantage encore l’éventail de son talent. Et les muses classiques, si rétives, exigeantes sont tellement belles, et si désireuses de se laisser séduire par de vrais poètes !

Bravo, Marie-France ! N’abandonne pas ta muse, elle ne t’abandonnera pas.

Christian Van Moer

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J'ai lu "Au gré du coeur" de Marie-France Mellone

10 étoiles

Critique de Martine_12 (, Inscrite le 4 mars 2009, 71 ans) - 25 février 2011

J’ai lu « Au gré du coeur » de Marie-France Mellone
………Editions Chloé des Lys (*)
ISBN : 978-2-87459-249-2-.

MARIE-FRANCE MELLONE nous offre ici un pas de deux exécuté seule sur une scène quasi vide. Un pas de deux mélancolique et triste qui emmène notre regard vers la toile de fond. On y distingue tour à tour : deux petits vieux bien tendres, des amours de passage ou de toujours, une maison douce, des montagnes, un flocon de neige et des rues d’Italie.

Un pas de deux dansé seule. Un pas de deux mélancolique et doux. Omniprésente, une plume bleue flotte dans les airs. MARIE-FRANCE MELLONE a une formation classique et cela se sent. Elle manie la plume avec élégance et délicatesse. Le trait est des plus classiques et ne lasse jamais. Cette auteure (Oh ! que je déteste mettre ce mot au féminin !) écrit fichtrement bien.

Connue pour ses magnifiques photos de fleurs et de montagnes, pour ses réparties toutes fraîches sur les marmottes, elle nous sert avec « Au gré du cœur », le sien. Celui qu’elle dissimule sous ses couleurs vives. La justesse de son style fait vibrer le lecteur et on se surprend à aimer la beauté d’une écriture classique.

Avec ce livre, MARIE-FRANCE MELLONE, j’en suis certaine, en ravira plus d’un.

Mais le rideau de la scène est fermé, la danseuse est rentrée dans sa loge, tandis que je n’ai pas encore quitté mon fauteuil. L’atmosphère m’enveloppe...

m.
25/02/2011

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