L'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme de Max Weber

L'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme de Max Weber
( Kirchen und Sekten)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Avada, le 14 avril 2010 (Inscrite le 26 avril 2007, - ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 084ème position).
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Justifié par la foi

Max Weber est un sociologue et économiste allemand, considéré comme le fondateur de la sociologie moderne. L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, paru en 1904, est un livre fondamental qui sert encore de référence à tous ceux qui s’intéressent à ce sujet.

Partant du constat que les chefs d’entreprise et les détenteurs de capitaux sont souvent de confession protestante, Max Weber démontre de façon rigoureuse et toujours nuancée, que le protestantisme, né au XVIè siècle, a permis l’émergence du capitalisme et répondait à une attente dans les régions économiquement les plus avancées.

Au Moyen Age, l’activité est en grande partie conditionnée par les besoins personnels. L’Eglise condamne la pratique de l’usure. Le plus bel « investissement » est dans le salut par l’aumône.
Les mentalités vont progressivement changer à l’époque moderne avec pour point de départ, la Réforme. Au XVIè siècle, une contestation profonde des pratiques de l’Eglise, menée par Luther puis par Calvin va bouleverser l’horizon religieux. La Réforme s’impose dans certains Etats du Nord de l’Europe et permet la diffusion de l’éthique protestante.
Calvin considère que l’homme ne peut gagner la grâce par ses œuvres. Dieu, seul, décide de qui sera élu. En attendant le salut éternel et pour plaire à Dieu, chaque homme doit assumer la tâche qui lui est impartie sur terre. L’exercice d’une profession devient une fin, un but en soi, une vocation « envers laquelle l’individu se sent une obligation morale ». L’acquisition de richesses trouve ainsi une justification éthique et se lit comme un signe de l’élection divine. Mais le fidèle se garde de jouir des biens matériels. Alors l’argent est réinvesti pour augmenter la gloire de Dieu.
On comprend ainsi comment, progressivement, les profits seront poursuivis au-delà de la limite fixée pour les besoins…

Ceci n’est qu’une partie de l’argumentation complexe, subtile et largement illustrée de Max Weber. L’auteur analyse en profondeur l’éthique protestante et le changement qu’elle a opéré dans les mentalités au point de bouleverser l’économie traditionnelle des pays occidentaux.

Pour illustrer ce propos, j’ajouterais un extrait du « sermon » de Benjamin Franklin, l'un des « pères fondateurs des États-Unis », cité par Max Weber dans son livre :
« Souviens toi, que le temps, c’est de l’argent. Celui qui, pouvant gagner dix shillings par jour en travaillant, se promène ou reste à paresser la moitié du temps, bien que ses plaisirs, sa paresse ne lui coûtent que six pence, celui-là ne doit pas se borner à compter cette seule dépense. Il a dépensé en outre, jeté plutôt, cinq autres shillings.» (Conseils à un jeune négociant, 1748)


Un livre passionnant et essentiel pour comprendre le monde actuel et sa genèse.

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Les éditions

  • L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme [Texte imprimé] Max Weber [traduits de l'allemand par Jacques Chavy]
    de Weber, Max Chavy, Jacques (Traducteur)
    Pocket / Agora (Paris. 1985).
    ISBN : 9782266034029 ; 7,95 € ; 01/11/1989 ; 285 p. ; Poche
  • L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme [Texte imprimé] Max Weber éd., trad. [de l'allemand] et présenté par Jean-Pierre Grossein...
    de Weber, Max Grossein, Jean-Pierre (Editeur scientifique)
    Gallimard / Collection Tel
    ISBN : 9782070771097 ; 14,50 € ; 08/04/2004 ; 602 p. ; Broché
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La démarche plutôt que la thèse

8 étoiles

Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 31 octobre 2013

Ce livre comme la plupart de ceux que j’ai lu ces derniers temps a été édité par Flammarion/Le Monde dans la collection Les livres qui ont changé le monde, en 2009. Il a été écrit en 1904-1905 et a été publié depuis à de nombreuses reprises. J’ai trouvé la préface de cette édition agréable et utile. Elle ne se contente pas de résumer l’ouvrage, mais resitue aussi l’œuvre et surtout son écrivain dans leur contexte. Elle délimite aussi la place qu’a aujourd’hui Max Weber en sociologie. L’édition serait ainsi parfaite si l’auteur n’avait pas décidé d’enlever toutes les notes de l’ouvrage, prétextant une concision. Malheureusement celles-ci contenaient entre autres des précisions méthodologiques que j’aurais bien aimé connaître. Pour cela, il m’a fallu compléter cette lecture par une consultation d’un ouvrage plus complet, disponible heureusement en livre électronique PDF sur mon site fétiche de l’Université du Québec à Chicoutimi. Je me suis ainsi rendue compte que les notes étaient très nombreuses et qu’elles étaient parfois enrichies de tableaux ou d’extraits d’ouvrages, manquant dans l’édition que j’avais jusqu’alors entre les mains. J’étais bonne pour finalement relire l’intégralité du texte et je recommande d’éviter l’édition du Monde pour ceux qui souhaitent découvrir plus qu’un aperçu de L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. Cette relecture ne m’a pour autant pas déplu. J’ai pu mieux saisir la trame de raisonnement de Weber et essayé de distinguer ce qui tenait plutôt de la méthode de ce qui traitait de sa thèse.

De multiples descriptions, analyses et commentaires sont disponibles un peu partout au sujet de ce texte, réalisées par des gens qui ont sans doute passé du temps dessus, aussi je ne vois pas l’utilité de trop m’attarder à donner mon point de vue.
J’aimerais cependant souligner la rigueur de la présentation de Weber. Partant du constat quantitatif permis par les statistiques que les détenteurs de capitaux étaient très souvent protestants, il explicite alors petit à petit une (nuance importante) des causes qui peut être à l’origine de cette particularité. Tout au long de l’ouvrage, Weber n’hésite pas à nous alerter quand à la nécessité de bien formuler ses questions et d’essayer de ne pas y répondre de manière trop réductrice ou affirmative lorsqu’il s’agit de traiter des phénomènes historiques. Par exemple, p26 « Notre tâche devra précisément consister à formuler ce dont nous avons confusément l’intuition aussi clairement que l’inépuisable multiplicité inhérente à tout phénomène historique le permet », p36 « (…) il ne s’agit pas d’enfermer la réalité dans des concepts génériques abstraits pour remplir certains objectifs méthodologiques, mais de la rattacher à des contextes génétiques concrets qui possèdent toujours une coloration individuelle nécessairement spécifique. », p189 « nous n’avons cependant évidemment pas l’intention de substituer à une interprétation causale unilatéralement « matérialiste » des faits culturels et historiques une interprétation causale tout aussi unilatéralement spiritualiste. L’un et l’autre sont également possibles (…) ».

C’est surtout cette démarche méthodologique qui m’a attirée dans cet ouvrage, plutôt que sa thèse en elle-même. La description des différents dogmes protestants dans la deuxième moitié de l’ouvrage ne m’a pas franchement emballée, mais elle était sans doute nécessaire pour conserver une rigueur dans la méthode.

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  Sur l'alchimie du capitalisme 53 Radetsky 6 novembre 2011 @ 16:48

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