Octobre solitaire de Stephen Marlowe

Octobre solitaire de Stephen Marlowe
( The lighthouse at the end of the world)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Nothingman, le 14 janvier 2010 (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 792ème position).
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Poe, un écrivain maudit de son vivant

La vie, toujours précaire et souvent misérable de’Edgar Allan Poe, ce génie de la littérature américaine, sert de fil conducteur à ce roman foisonnant, entre réalité et fiction, de Stephen Marlowe. L’auteur nous décrit le quotidien de cet écrivain, maudit de son vivant, mais qui deviendra progressivement l’un des grands maîtres de la littérature fantastique, l’inventeur du genre policier avec son « Double assassinat dans la rue Morgue », innovateur dans le conte. Mais avant cette gloire posthume, Poe n’a connu qu’une misère crasse, avec un destin qui semblait s’acharner contre lui. Ce sont ces années de vache maigre que Marlowe retranscrit dans ce roman autobiographique. Condamné à vivre dans l’indigence, Poe inonde les journaux de ses histoires courtes mais souffre de sa mauvaise réputation. On lui reprochait des mœurs dissolues, son mauvais caractère, ses textes trop noirs. On disait de lui que c’était un être dépravé, alcoolique et drogué.
Et sa mort n’a pas fait taire les rumeurs. Loin de là ! Elle est d’ailleurs pour le moins énigmatique. À la fin de sa vie, en octobre 1849, Edgar Allan Poe disparut pendant cinq jours. On sait seulement qu'il s'était embarqué à bord d'un vapeur à Norfolk Le 3 octobre 1849, on l’a trouvé inanimé sur le bitume de Baltimore, dans le Maryland. Il portait, semble-t-il des vêtements trop grands pour lui. Transporté à l’hôpital, il y succombera quatre jours plus tard d’un mal inexpliqué. Juste de quoi renforcer encore sa réputation de poète maudit.
Dans son roman, Marlowe décrit bien la manière dont Poe vivait au jour le jour pour s’en sortir. Son seul soleil fut sa femme, plus jeune que lui mais affreusement malade. Elle mourra très vite. Marlowe peint quelques belle pages en relatant ce bel amour, quelquefois brisé par les crises d’alcoolisme de Poe. Les pages sur son destin tragique à Baltimore sont assez mystérieuses, tout comme les circonstances de sa mort d’ailleurs. L’auteur ne se mouille d’ailleurs pas, faisant baigner cette épisode d’un halo onirique, comme si nous accompagnons Poe dans un mauvais rêve.
Octobre solitaire est donc le récit d’un destin tragique. Celui d’un auteur qui a, heureusement trouvé son public, peu après grâce notamment à Baudelaire, qui fut le traducteur de ses écrits.

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Les éditions

  • Octobre solitaire [Texte imprimé], les derniers jours d'Edgar Allan Poe Stephen Marlowe trad. de l'américain par Dominique Péju
    de Marlowe, Stephen Péju, Dominique (Traducteur)
    Michalon
    ISBN : 9782841860616 ; 15,78 € ; 23/10/1997 ; 368 p. ; Broché
  • Octobre solitaire [Texte imprimé], les derniers jours d'Edgar Allan Poe Stephen Marlowe trad. de l'américain par Dominique Péju
    de Marlowe, Stephen Péju, Dominique (Traducteur)
    Gallimard / Collection Folio.
    ISBN : 9782070411481 ; 8,50 € ; 01/06/2001 ; 587 p. ; Poche
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Un roman "lynchien"

8 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 44 ans) - 11 novembre 2011

Edgar Allan Poe fait partie de ces artistes ayant couru après la reconnaissance toute leur vie. Même s’il connut une certaine célébrité de son vivant, son caractère trempé, caustique – surtout en tant que chroniqueur – et sa tendance à l’alcoolisme lui ont souvent fermé des portes, le laissant sans emploi et dans un dénuement financier presque constant.
De ces fameux jours où Poe, "disparut", Stephen Marlowe fait la trame de son récit, mêlant les époques, la réalité et la fiction, pour révéler la personnalité brusque, exigeante, intraitable, orgueilleuse et sensible de cet écrivain torturé qui ne faisait que rarement entrer l’espoir dans ses contes, nouvelles et poèmes.

Dans une structure décousue, schizophrénique et hallucinée qui fait fortement penser au cinéma de David Lynch, Marlowe s’offre le plaisir d’user de l’univers et des personnages de Poe pour venir habiter et recréer la « conscience » de ce dernier alors qu’il s’approche de la grande fin. Ce sont aussi les souvenirs et les questionnements qui prendront leur place, la relation douloureuse avec sa jeune épouse (et cousine) Virginia, qui mourra à 24 ans des suites de la phtisie. Entre errances et ancrages, Poe tentera longtemps de faire accepter son non-conformisme littéraire (même s’il se montrera parfois opportuniste dans son parcours) et devra se contenter d’un succès d’estime teinté de méfiance et de jugement.

Il fascinait, pourtant, et fascine toujours, que ce soit par sa personnalité ou les thématiques qu’il a abordées. Marlowe dresse un vrai/faux portrait empli de contrastes, d’obscurités et de lumières, de folie et de clairvoyance aiguë, nous donnant bien sûr l’envie de nous replonger dans Le Corbeau, Double assassinat dans la Rue Morgue ou Descente dans le Maelström.

Habile et passionnant.

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