Oscar Wilde de Daniel Salvatore Schiffer

Oscar Wilde de Daniel Salvatore Schiffer

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Numanuma, le 23 juin 2009 (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 50 ans)
La note : 8 étoiles
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Le seul moyen de se délivrer de la tentation, c'est d'y céder

Je ne vais pas mentir, ma connaissance d’Oscar Wilde approchait du zéro ; hormis Le Portrait de Dorian Gray, lu il a bien longtemps et sans vraiment en prendre la mesure, et quelques citations marquées du sceau du génie, il faut bien l’avouer, je ne savais rien.
C’est d’ailleurs grâce, entre autre, à une citation que j’ai eu envie de lire cette biographie absolument remarquable éditée dans la collection Biographie (original, non ?) chez Folio : « les folies sont les seules choses que l’on ne regrette jamais ».
Voila ! Tous les trucs un peu dingue que nous faisons sont finalement les seuls qui sont dignes de rester dans nos mémoires et ce sont ces souvenirs-là qui sont vraiment importants ; vivons à nous en fabriquer tous les jours ! Je trouve ça particulièrement positif et encourageant mais à chacun son interprétation, bien entendu.
Wilde donc. L’auteur de la biographie, Daniel Salvatore Schieffer, agrégé de philo, ancien prof, maître de conférences, dresse le portrait d’un véritable génie de la littérature mais surtout d’un incroyable esprit.
Wilde n’était brillant, il incarnait la brillance, le panache et la pensée libre. Dandy jusqu’au bout des ongles, il a toujours fait rimer audace intellectuelle et vestimentaire, traits d’esprits fulgurants et exigence intellectuelle. Wilde était une tronche ! Et un people !
Et de là vient la surprise car Wilde, bien que doté d’une immense culture aussi bien classique que moderne, Wilde, capable d’élaborer sa propre théorie sur l’esthétisme, capable de créer des pièces à succès et des poèmes de premier ordre, Wilde a été capable malgré tout cela d’être d’une parfaite et sidérant stupidité en amour !
Wilde était riche, célèbre, apprécié et n’en faisait souvent qu’à sa tête, c’est ce qui l’a perdu. Je l’ignorais, il n’a pas toujours été homosexuel. Marié à une femme qu’il admira, père attentionné et aimant de deux enfants, son goût pour les amours clandestines et hors-la-loi en cette Angleterre de fin du XIX° siècle ne se développa que progressivement. Et même là, c’est son goût absolu pour le Beau qui le guide : les éphèbes qu’il croisera évoqueront toujours pour lui les marbres de la Grèce antique et les tableaux des maîtres italiens.
Son bourreau, si l’on peut dire, se nomme Lord Alfred Douglas, surnommé Bosie, fils de Lord Queensberry, un esprit obtus qui verra toujours d’un très mauvais œil les relations de son fils avec le sulfureux auteur. Et cela d’autant plus que l’autre fils de Queensberry était lui aussi soupçonné d’homosexualité… C’est lui qui sera à l’origine du procès qui mènera Wilde à sa perte à la fois phy-sique et financière.
Mais c’est Bosie, par son incroyable et scandaleuse conduite qui est le véritable destructeur de Wilde. En effet, son égoïsme n’a d’égale que son arrogance et son dédain ! C’est un bien piètre amant et un homme encore plus minable que ce Bosie ! Autant Wilde sera généreux envers lui de ses attentions et de sa fortune, autant lui sera distant et profiteur. Jamais il ne viendra voir Wilde en prison, trop occupé à fréquenter des hommes plus jeunes sur la Riviera italienne… Je ne fais là qu’effleurer le caractère ignoble de cet homme ; lisez ce livre pour vous faire idée.
Et pourtant, pourtant, Wilde ne pourra jamais se défaire de l’amour qu’il porte à cet homme qui en est bien indigne. Certes, Wilde batifole, fréquente les bordels mais conservera toujours cet amour inconditionnel pour son amant ainsi d’une admiration et une tendresse particulière pour son épouse. C’est d’ailleurs à cause de son désir d’absolu qu’il s’éloigne de son épouse : son corps rendu disgracieux suite à ses deux grossesses, Wilde ne trouve plus en elle l’expression du Beau. On peut poser un jugement sur cette attitude, Wilde l’aura balayée d’un revers de main, la morale n’a pas place dans son système de pensée.
Bosie, restera sa drogue ; conseils et avertissements n’y feront rien. Excentrique et insouciant, voire inconscient, Wilde n’en fera qu’à sa tête et choquera une fois de trop la société anglaise de l’époque.
Wilde mourra pauvre, déchu et sous un nom d’emprunt en France ; il est enterré au Père Lachaise en 1909, après un transfert difficile depuis le cimetière de Bagneux ou il reposait depuis 1900. Pire encore, il ne sera réhabilité en son pays qu’en 1995 !!!
« Le public est vraiment tolérant, il pardonne tout sauf le génie ».

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  Oscar Wilde - pour aller plus loin 3 Mieke Maaike 8 juillet 2009 @ 22:54

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