Mendiants et orgueilleux de Albert Cossery

Mendiants et orgueilleux de Albert Cossery

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Arabe

Critiqué par Falgo, le 12 septembre 2008 (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 84 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 320ème position).
Visites : 5 930 

Un peu décevant

Meurtre d'une prostituée. On en connaît l'auteur dès le début du livre. Le commissaire Nour El Dine enquête dans un milieu de mendiants et de marginaux qui finissent par lui donner le tournis et le dégoûter de son métier. Cela nous vaut quelques passages de bravoure sur la résistance qu'offrent les illettrés et les pauvres aux menées d'un pouvoir absurde. Malheureusement l'histoire elle-même se traîne un peu et on a du mal, pour une fois, à croire en ces personnages que Cossery veut nous présenter comme réels. L'aspect "fable" qui est la marque de fabrique de l'auteur est ici masqué par un souci de réalisme qui, à mon sens, ne fonctionne pas bien.

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Les éditions

  • Mendiants et orgueilleux [Texte imprimé], roman Albert Cossery
    de Cossery, Albert
    Joëlle Losfeld / Collection Arcanes (Paris).
    ISBN : 9782844120311 ; 12,50 € ; 12/10/1999 ; 213 p. ; Broché
  • Oeuvres complètes [Texte imprimé] Albert Cossery
    de Cossery, Albert
    Joëlle Losfeld / Littérature française (Paris. 2004)
    ISBN : 9782070789900 ; 25,00 € ; 06/10/2005 ; 608 p. ; Broché
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Perplexe

7 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 11 décembre 2017

Gohar est un philosophe pauvre. Sans attache, vivant dans la pauvreté la plus totale -des journaux forment sa couche- il se nourrit chichement d'offrandes d'admirateurs, pour le seul plaisir de l'écouter, ou d'être écouté.
Sa seule servitude est la drogue, en avoir, en trouver ; et son seul rêve de partir cultiver des champs de hachisch en Syrie.
Son meilleur ami, Yéghen, est son fournisseur entre deux séjours en prison où il est administrateur !
Homme laid, voleur avec panache, il arnaque tout le monde mais poète, il garde sa popularité et sa joie de vivre.
Dans cette galerie de personnages incroyables, qui fréquentent la maison close de Set Amina, il y a El Kordi. Amoureux d'une prostituée malade, qu'il rêve de sortir de son travail, il est fonctionnaire révolutionnaire... mais pas téméraire. Son plus grand acte de rébellion consistant à aller à son bureau pour donner son travail à ses collègues contre rémunération.
Ou à s'accuser du meurtre de la jeune Arnaba, pensionnaire de Set Amina.
Et Nour El Dine, le policier chargé de l'enquête, aura bien des difficultés à enquêter parmi ces habitués.
Seul personnage qui semble raisonnable, il va au contact de Gohar, s'apercevoir de la vanité des ambitions, des possessions, et lentement comprendre les raisons du bonheur de ces "miséreux" ; aucune richesse, aucun attachement, aucune obligation, ce qui signifie une liberté absolument totale. À l'instar de l'homme-tronc à qui on ne peut plus rien enlever.

Albert Cossery nous plonge dans les bas quartiers du Caire, dans une espèce d'intemporalité où règne une anarchie "légale", une joie de vivre immense associée à une extrême pauvreté.

Une lecture découverte très déstabilisante. On hésite entre éclats de rire et effroi, compassion ou irritation tant les codes sociaux sont renversés.
Mais une écriture superbe, un réel plaisir de lire des phrases ciselées, élégantes.

Mendiants et orgueilleux

10 étoiles

Critique de Dudule (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans) - 9 mai 2013

Avec " Mendiants et orgueilleux ", l’écrivain signe un roman où l’intrigue policière se double d’une lancinante interrogation sur le sens de la vie, les personnages ont fait le choix d’être dans la misère et la mendicité.

Gohar, professeur de philosophie, préfère être mendiant qu’être complice du système social, afin de trouver la paix de l’âme. Yéghen poète et fournisseur de haschisch est physiquement très laid mais très heureux, très généreux et plein d'humour. El Kardi, petit employé de ministère rêve de gloire, cherchant à justifier ses idéaux révolutionnaires. L’inspecteur policier Nour El Dine pédéraste, qui enquête sur le meurtre, sa rencontre avec tous les personnages lui font subir une profonde transformation, il finira à son tour mendiant pour suivre la voie de la sagesse et retrouver la paix comme le lui avait enseigné Gohar. Et c’est sans oublier l’humour de l’auteur qui introduit un personnage cocasse, le voisin de Gohar, un homme tronc , mendiant de son métier, que sa femme dépose sur un trottoir de la ville européenne et revient chercher à la nuit tombées. Certain soir, il subit les crises de jalousies de sa femme, qui l’accuse de séduction.


l’auteur nous offre une belle leçon d’humilité et une belle réflexion sur nos manières d’envisager la vie.

Symbolique et flagrant

7 étoiles

Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 20 octobre 2011

Un polar, au sujet de ces "ploucs, rustres, beaufs" auxquels il faut également joindre ces ploutocrates et parvenus; qui ne comprennent que rarement quoi que ce soit à la finesse comme au vrai, ainsi que de toute façon cette harpie hystérique en rut qui n'aura jamais ce dont elle a réellement besoin - à part peut-être une taloche !..

Un livre méchant, à envisager sous différents sens, qui ne vise d'ailleurs pas ceux-là à qui l'on pense au premier abord, qui surprendra nombre d'entre nous. D'autant plus que le mystère en filigrane du volume apportera de la lumière pour qui va jusqu'à la fin: Ne remettez rien à plus tard, ne dites pas "non" ou "pas maintenant"...

Un conte cruel.

Sagesse légère

8 étoiles

Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 80 ans) - 6 février 2009

Albert Cossery, mort l’an dernier, était l’un des derniers survivants de la grande époque de Saint Germain des Prés. Egyptien qui pensait en arabe et écrivait en français, grand séducteur, comme son ami Camus, toujours élégant, il est resté fidèle à son quartier, à son hôtel- le Louisiane- où il a gardé la même chambre pendant plus de cinquante ans. Il a vécu avec une économie de moyens tout à fait admirable dans notre monde d’hyperconsommation. Il écrivait très lentement, tant il polissait ses phrases, et son œuvre se compose de 7 romans et un recueil de nouvelles. J’ai retrouvé chez Gohar, le personnage principal de ce livre, certaines ressemblances comme ce détachement aux affaires du monde - « Cette misère inaliénable, ce refus de participer au destin du monde civilisé recelaient une telle force que nulle puissance terrestre ne pouvait en venir à bout » - cette oisiveté créatrice, cet art de vivre nonchalant et cette paresse heureuse.
L’histoire n’a pas grande importance. Ce qui compte ici c’est la façon de raconter, le style économe et précis, la description de ce monde marginal du Caire, au cœur de la « ville indigène » si loin de la ville européenne des années cinquante. Falgo, que je trouve ici bien sévère, parle de fable dont le réalisme ne fonctionnerait pas. J’ai davantage perçu, pour ma part, la poésie de cette histoire et l’art de la dire. Ce monde où la misère et la dignité ne sont que futilités, où le charme de la conversation vaut table ouverte chez ceux que vous ravissez, où le rire est « comme un blasphème à la misère », où l’humour et la poésie « fleurissent malgré les pires misères », ce monde est la recréation d’un grand écrivain qui, mine de rien, nous raconte une fable philosophique. Et c’est très beau. Ce monde de mendiants n’est pas un monde de tristesse ou de résignation, c’est un monde de sagesse légère où rien ne pèse. Peut-être parce que ces miséreux possèdent quelque chose d’inestimable : l’orgueil de leur condition qui les met au dessus des puissants. « Tout un peuple banni se moquait de ses oppresseurs. Il y avait plus d’espoir dans les huttes en fer blanc des terrains vagues que dans cette cité opulente ».

Vraiment un très beau roman que je vous recommande.

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