La Légende dorée de Jacques de Voragine

La Légende dorée de Jacques de Voragine
( Legenda aurea)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Alouette, le 22 juin 2008 (Seine Saint Denis, Inscrite le 8 mai 2008, 38 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 189ème position).
Visites : 4 968 

Un livre adoré ou à dorer

J’ai découvert ce bijou grâce à Emile Zola. Je m’explique. Dans Le rêve, Angélique tombe par hasard sur ce livre (en même temps que le lecteur) qui va bouleverser sa vie. Les descriptions de Zola m’ont donné envie de le lire (j’aime bien les sujets religieux et mythologiques).
J’ai eu la chance de le découvrir dans la version Pléiade qui est vraiment magnifique.
Ce texte, paru en 1260 rassemble des histoires de saints (en tout 180), des épisodes de la vie de Jésus ainsi que des explications de fêtes religieuses, selon les dates du calendrier liturgiques. La légende dorée est devenue même aussi célèbre que la Bible.
Le but de cet ouvrage était de compiler les vies des saints pour les mettre à la portée du peuple dans un but moralisateur (les vertus des saints doivent être perçues comme des modèles à suivre). Beaucoup de sermons de l’époque ont d'ailleurs été inspiré de cette œuvre.
Tous les épisodes (ou presque) sont accompagnés d’une gravure montrant le martyre subi par les saints. Voragine propose à chaque fois une brève étymologie des prénoms.
Ce texte est une référence aussi bien en art, en inspirant par exemple les peintres italiens de la Renaissance (ça tombe bien, j’adore cette période) qu’en littérature où Flaubert a par exemple repris une des légendes dans son célèbre Trois contes (Saint Julien l’Hospitalier).

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

  • La légende dorée [Texte imprimé] Jacques de Voragine éd. publ. sous la dir. d'Alain Boureau, avec Monique Goullet et la collab. de Pascal Collomb, Laurence Moulinier et Stefano Mula préf. de Jacques Le Goff
    de Jacques de Voragine, Le Goff, Jacques (Préfacier) Boureau, Alain (Editeur scientifique) Goullet, Monique (Editeur scientifique)
    Gallimard / Bibliothèque de la Pléiade
    ISBN : 9782070114177 ; 69,00 € ; 11/03/2004 ; 1550 p. ; Reliure cuir
»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Merveilleux

10 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 12 décembre 2009

Un livre merveilleux… Oui un livre merveilleux au sens premier du terme : c’est un livre de merveilles.
Il a été écrit au XIIIème siècle, le siècle d’or du Moyen-Âge par un homme, à la fois savant et saint, le bienheureux Jacques de Voragine.
De sa vie, on ne sait pratiquement rien, sinon qu’il était né « de condition basse dans une petite terre » à Varage près de Gênes, en 1228, et qu’il était Dominicain.
Mais qu’importe nous possédons son œuvre et, on le sait, c’est en lisant l’œuvre d’un auteur qu’on apprend à le connaître le mieux.

Le Légende Dorée est l’œuvre de toute une vie de méditation, de recherche et d’écriture.
Elle nous raconte la vie des saints du paradis répertoriés au XIIIème siècle.
Ces vies nous sont racontées d’après les documents authentiques que l’auteur a pu trouver dans toutes les archives des bibliothèques d’Italie ou même parfois d’Europe. Ces documents sont le plus souvent des correspondances entre les Églises, qui s’échangeaient les nouvelles de leurs communautés disséminées un peu partout dans le monde.

Il a été écrit pour édifier le monde chrétien mais son plus grand intérêt, pour nous, est qu’il a été écrit pour le public du Moyen-Âge. Et on constate à quel point le Moyen-Âge était : «crédule», diront certains, croyant diront les autres.

Le Moyen-Âge ne doutait pas !

Il faut absolument se rappeler cette vérité si on veut comprendre l’esprit du Moyen-Âge : le Moyen-Âge ne doutait pas, le Moyen-Âge avait la foi !
Quand, par exemple, le bienheureux Jacques de Voragine raconte qu’un ange a apporté le bâton de saint Pierre à saint Materne pour qu’il ressuscite son ami assassiné en cours de route, il se pourrait que certains d’entre nous, aujourd’hui, émettent un léger doute sur la véracité de cet événement ; mais le lecteur du Moyen-Âge y croyait dur comme fer. Et l’auteur du livre y croyait aussi.
Pourtant ces gens la n’étaient certainement pas plus bêtes que nous. Mais eux, ils ne doutaient pas…

Heureux siècle qui avait la foi, la foi du charbonnier, celle qui soulève les montagnes…!

Pourtant dans ce livre, il arrive que l’auteur emploie le conditionnel. Quand il constate qu’il existe plusieurs versions merveilleuses de la vie d’un saint, il les donne pour ce qu’elles valent, en disant bien, qu’à son avis, il s’agit de légendes et que ses sources sont incertaines.
C’est un livre de biographies, rigoureusement historique, mais c’est l’Histoire racontée à la manière du Moyen-Âge.

Toute l’iconographie chrétienne qu’on retrouve en peinture et en sculpture est inspirée de La Légende Dorée : toutes les peintures des peintres italiens, espagnols et flamands qui racontent la vie ou le martyre des saints, toutes les statues de saints qu’on voit dans nos églises, sont inspirées directement de ce précieux livre. C’est dire si cet ouvrage était connu.
Alouette, qui en a fait la première critique, a raison quand elle dit que ce livre est aussi célèbre que la Bible - mais dans un autre registre évidemment.

Il a été écrit en latin, il a été traduit au fil des siècles dans toutes les langues, on y a ajouté quelques saints à chaque nouvelle édition… Et je crois que quiconque aurait le projet de raconter une vie de saint, devrait passer par une lecture de ce livre, avant d’écrire le premier mot.

On en faisait la lecture en famille jusqu’à la fin du XIXème siècle, comme en témoigne Émile Zola.
Mais il semblerait que, de nos jours, il soit quelque peu tombé en désuétude… Aujourd’hui le besoin de merveilleux se satisfait des Da Vinci Code ; et pourtant, si c’est dans la durée qu’on reconnaît la qualité d’une œuvre, on peut se demander si Dan Brown sera encore lu dans 800 ans… Tant il est vrai qu’il n’y a pas de justice en ce bas monde !

Je recommanderai de faire une lecture quotidienne de quelques pages de ce merveilleux livre, plutôt que de le lire, tout d’un coup, de A à Z.
Une tranche de pieux émerveillement tous les jours, avant d’aller dormir… ne serait-ce pas le début d’un monde meilleur ?

Forums: La Légende dorée

Il n'y a pas encore de discussion autour de "La Légende dorée".