La confession frivole, autobiographie d'un citoyen du temps de Lóránt Kabdebó, Miklós Szentkuthy

La confession frivole, autobiographie d'un citoyen du temps de Lóránt Kabdebó, Miklós Szentkuthy

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Débézed, le 16 mars 2008 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 8 étoiles
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L'Ogre de Budapest à confesse

Ca y est j’ai fini la traversée du XX° siècle à bord de « La confession frivole » de Miklos Szentkuthy, écrivain hongrois (1908-1988), qui avec ses 700 pages raconte le siècle qu’il a vécu à travers sa famille, ses amis, ses professeurs, ses œuvres et tous les écrivains et autres artistes qu’il a côtoyés au cours de sa longue vie sans oublier les femmes qu’il a courtisées, aimées, séduites quand les sentiments ou les circonstances lui furent favorables.
Ce livre n’est pas une narration ni une dissertation, c’est le résultat de vingt-sept entretiens que Miklos Szentkuthy accorda entre 6 janvier et le 7 mai 1983 à Lorànt Kabdebo, directeur de la phonothèque du musée Littéraire de Budapest, et qu’il mit ensuite en forme avec sa secrétaire Mària Tompa. « L’Ogre de Budapest », comme un critique du Monde l’avait baptisé, définit lui-même son œuvre : « Le titre de l’ouvrage, Confession frivole, caractérise non seulement son contenu, mais aussi la forme dans laquelle celui-ci est exposé. J’espère que Mària Tompa saura trouver l’équilibre entre l’aimable bavardage, le ton badin, les clins d’œil du comédien hâbleur et les graves harmoniques dignes des grandes interrogations sur l’humaine destinée ».
L’Ogre croque avec une réelle férocité les portraits de famille notamment celui d’un père qui rejette la littérature et d’une mère qui n’utilise guère plus de cinquante mots pour s’exprimer. Et les portraits se succèdent au fil des pages sans concession même pour les femmes qu’il a séduites sauf quelques unes avec lesquelles il eut des relations passionnées et parfois simultanées.
Szentkuthy impressionne par son savoir encyclopédique, il était passionné par les sciences et les mathématiques, était professeur d’Anglais, parlait le Français, l’Allemand et avait étudié les langues anciennes dont certaines étaient déjà très rares. C’est le véritable Pic de Mirandole du Danube qui dresse un tableau très complet de la vie culturelle de la Mitteleuropa dans la première partie du XX° siècle. Mais son savoir déborde très largement sur l’Angleterre où il fut boursier, résidant dans le quartier de Bloomsbury éponyme du célèbre groupe littéraire, en France où il séjourna aussi et même en Turquie dont la culture inspira une partie de son œuvre. Les arts figuratifs ont été un aliment essentiel pour ses écrits et la musique une des passions qui l’habitèrent dès son plus jeune âge. Et ce n’est ni Liszt, ni Bartok qui tient la baguette mais Mozart pour qui il a une folle admiration : « Mozart a toujours constitué mon principal centre d’intérêt. Il est mon idéal, ma tragédie, ma religion, l’objet de mes prières, de ma passion, la source de mon humour, l’inspirateur de mon esprit ludique. Mozart est tout pour moi ! »
Le vieil Ogre a gardé une excellente mémoire, il est très volubile, trop peut-être, et il rapporte avec beaucoup de précision comment il a conçu ses œuvres, les inspirations qu’il reçu et toutes les embûches qu’il a dû surmonter pour écrire et publier ses livres et même, tout simplement, pour vivre. Son érudition, sa lucidité et l’acuité de ses analyses lui ont permis de constituer une somme extrêmement importante pour comprendre la vie intellectuelle de son époque qu’il agrémente de très nombreuses citations bibliographiques faisant de son œuvre une source incontournable pour les historiens et érudits qui s’intéressent à cette période.
Un seul regret, l’Ogre de Budapest qui se considérait comme un exilé de l’intérieur répugne à parler de la guerre (un chapitre rapidement expédié pour narrer sa vie d’officier fantaisiste dans une armée fantoche), de l’extermination du peuple juif de Hongrie, du communisme, de la révolution de 1956 et même de la défaite en finale de la Coupe du monde de foot ball en 1954 contre l’Allemagne. Tous ces événements étaient pour lui des épiphénomènes sur l’échelle de la vie de la planète. Sa grande ambition a toujours été de réconcilier sainteté et érotisme ! Et il ne manque pas de le répéter à chaque occasion propice !

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