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Forums  :  Vos écrits  :  10 mots

Nathafi
avatar 17/09/2011 @ 10:06:08
dix mots demandés à la volée à votre entourage...

statistiques - réducteur - trombone - cartons - règle - fauteuil - chevrons - side-car - entrecôte - poney

A partir de là, il faut faire un texte, je vous propose le mien...



Astrid avança paisiblement dans ce nouveau village. Le soleil était au rendez-vous, l’air était doux et la lumière magnifique. Elle profita de ces quelques instants avant de rentrer à la fermette qu’elle venait d’acquérir. Loin de la ville et de ses turbulences, elle pourrait se reposer. Elle entra chez l’ébéniste pour lui demander s’il pourrait lui remettre en état quelques vieilles chaises. Elles avaient souffert durant le déménagement, et elle y tenait beaucoup. Avant de quitter la place du village, elle acheta une entrecôte chez le boucher. La proximité des petits commerçants la ravit, elle se sentit renaître : qu’il était agréable de saluer et de sourire ! Sur le chemin du retour, elle croisa son nouveau voisin qui promenait son poney. Paris n’était qu’à cent vingt kilomètres, elle pourrait aisément venir se ressourcer le week-end.

La semaine, elle vivrait chez Elodie, son amie de toujours. Elles ne se gêneraient pas, Astrid travaillant le jour dans un grand bureau d’études statistiques, et Elodie, musicienne dans un quartet de Jazz, jouant du trombone le soir dans divers cabarets parisiens.

La porte d’entrée grinça un peu, les cartons étaient éparpillés dans le salon, mais ces trois jours lui permettraient de mettre de l’ordre dans la maison. Elle se prépara rapidement à manger et se mit en quête des réparations à effectuer dans la bâtisse. L’ensemble était correct, quelques peintures rafraîchiraient les pièces. Au grenier, elle remarqua deux chevrons vermoulus. Son oncle Richard venant prochainement lui rendre visite, elle lui demanderait conseil. Dire qu’elle n’y connaissait rien était peut-être trop réducteur, l’achat d’une maison ancienne supposant quelques compétences, mais elle préférait avoir l’avis d’un professionnel. Richard, gérant d’une entreprise de bâtiment, lui serait d’une grande aide.

Il ne lui restait plus que les deux dépendances à découvrir. L’une d’entre elles était restée close lors des deux visites qu’elle avait faites avec l’agent immobilier, l’ancien propriétaire n’en avait pas rendu la clef. A présent le trousseau était complet et, après avoir jeté un œil rapide au premier bâtiment qui abritait un atelier, elle s’empressa d’ouvrir le second. Il avait l’aspect d’une grange, la paille en recouvrant le sol. Au fond, des stères de bois étaient entreposés. Elle n’en avait jamais vu autant, la quantité l’intrigua et elle s’en approcha. Soudain une trappe céda sous ses pas. Elle chuta d’environ deux mètres et poussa un cri de surprise. Elle se trouva dans une petite pièce, éclairée par un vasistas poussiéreux. Une énorme masse noire était en face d’elle. Emportée par la curiosité, elle se releva et retira un gros tissu épais. Elle découvrit un vieux side-car, probablement de la seconde Guerre Mondiale. Il lui sembla en avoir vu de tels dans un film, « la grande vadrouille ». Un frisson la parcourut, cette trouvaille ne l’enchantait guère et elle songea déjà à se débarrasser de cet engin encombrant. Elle chercha une issue et comprit qu’un mur avait été ajouté, au vu des parpaings récemment posés. Tant de mystère lui donna la chair de poule. Elle trouva une vieille échelle contre un mur, certes pas assez haute, mais peut-être pourrait-elle se hisser ensuite par la trappe d’où elle était tombée. Après quelques efforts, elle parvint à remonter dans la grange.

Toute ébouriffée, elle rentra à la maison et se dirigea vers les papiers qu’elle avait signés en début de semaine. Il lui fallait retrouver le propriétaire pour lui dire qu’il avait oublié son trésor de guerre ! La secrétaire de l’agence immobilière lui promit d’avertir le vendeur. Commença alors une attente interminable. Astrid ne reçut aucun appel durant ces trois jours. Elle rangea et aménagea les pièces de façon agréable. Pourtant le secret du side-car lui pesait et elle était de plus en plus intriguée. Le lundi, elle retourna à Paris pour sa semaine de travail. Elle eut hâte que le vendredi soir se profilât afin de prendre la route. A vingt et une heure trente elle arriva enfin, et sa patience fût récompensée. En ouvrant la boîte aux lettres, elle trouva un courrier de l’ancien propriétaire. Nerveusement, elle lit ce qui suit :

« Mademoiselle,

L’agent immobilier m’a fait part de votre découverte. J’ai oublié délibérément ce side-car, il fait partie de l’histoire de la maison que vous habitez. Ma mère, pendant la Seconde Guerre Mondiale, a trouvé un matin dans la cour un soldat allemand blessé, inanimé sur ce side-car. Elle l’a caché chez elle pour le soigner, il était très mal en point. Il ne cessait de répéter qu’il ne voulait pas faire la guerre, qu’il n’était pas à sa place et qu’il préfèrerait mourir. Ma mère, émue et révoltée à la fois, le soigna pendant des semaines, avec l’aide d’une amie infirmière au-delà de tout préjugé. Dès qu’il se sentit mieux, il voulut rentrer en Allemagne et déserter l’Armée. Ma mère, s’étant déjà profondément attachée à lui, le lui déconseilla, craignant pour sa vie. C’est ainsi qu’il demeura à la ferme. Il apprit le français du mieux qu’il pût, son accent était quasi-imperceptible. La moindre règle de grammaire n’avait point de secret pour lui. Il décéda cinq ans plus tard, il s’appelait Hans, c’était mon père.

Avant de mourir, ma mère, Francine, me fit jurer de toujours laisser le side-car dans la propriété, même si la ferme était vendue.

J’ai juré, Mademoiselle, et je suis bien gêné de cette situation, mais que puis-je donc faire ? Trahir ma mère ? Je vous laisse seule juge de ce qui adviendra de cet engin.

Bien sincèrement

Mathieu CAPON (je n’ai jamais pu porter le nom de mon père). »

Astrid replia la lettre et s’installa dans un fauteuil. Après tout, cette grange ne lui servirait pas beaucoup. Elle consoliderait l’accès par la trappe pour éviter de nouvelles chutes, et la maison garderait son secret…

Lolita
avatar 17/09/2011 @ 10:57:31
Oh j'avais envie de savoir la suite moi !

Pieronnelle

avatar 17/09/2011 @ 20:11:22
Histoire bien menée, tambour battant! Tu as l'écriture facile Nathafi! Les dix mots y sont bien placés et de façon cohérente. L'histoire de l'allemand m'a rappelé un roman dont je ne me souviens plus du nom et que j'ai lu il y a longtemps. Pas banal ce side-car emmuré!:-)). Moi je crois que je l'aurais sorti et m'en serait servi...

Faut-il choisir dix autres mots parmi son entourage ou utiliser les mêmes?

Nathafi
avatar 17/09/2011 @ 20:26:15
Comme tu veux Pieronnelle, tu peux te servir des mêmes ou demander une autre liste ! Je suis heureuse que tu veuilles partager cet exercice avec moi. J'ai hâte de lire tes écrits !

Spirit
avatar 18/09/2011 @ 14:55:31
Joli récit en effet et exercice bien mené, pourtant ce n'est pas facile...

Pieronnelle

avatar 18/09/2011 @ 15:06:03
Voilà, comme je n'ai pas beaucoup de personnes dans mon entourage j'ai choisi 10 mots au hasard en ouvrant un livre, à la dixième ligne à chaque fois.
Bon je me mets au travail! :-)))

Pieronnelle

avatar 18/09/2011 @ 15:17:17
J'ai oublié! les mots sont :
feuille; beauté; sagesse; occasion; grand; pays; ouvrage; point; blâme; raison!
Pour le moment aucune idée....

Pieronnelle

avatar 18/09/2011 @ 22:49:36
Voilà mon texte avec les 10 mots :

Le jardin des romanciers

Ce n’était pas un jardin ordinaire.
Des céramiques de toute beauté ornaient le fronton du portail. Elles représentaient principalement des roses et des feuilles mais aussi trois portraits d’écrivains célèbres ; Balzac, Cervantès et Dickens. Rien d’étonnant à cela puisque, juste au dessous, on pouvait lire :
"El Jardín de los Novelistas"

Il était en restauration ; c’était sans doute la raison pour laquelle il y avait peu de visiteurs. Il restait beaucoup d’oeuvres à restaurer mais on pouvait néanmoins admirer les jolis bancs de pierre entièrement recouverts de céramiques et mosaïques de toutes couleurs.
Celui qui avait crée ce jardin venait d’Espagne ; il avait désiré réunir dans cet espace tout ce qui pouvait lui rappeler son pays. Un pays qu’il avait dû fuir suite à son engagement républicain au début du XXème siècle et à ses activités politiques. Il créa des pergolas, bassins et colonnes recouverts de faïences d’inspiration espagnole. Il mit en place des lieux de lecture dont un, surprenant, qui forçait l’admiration par sa fresque tout en céramiques représentant les principales scènes du « Don Quichotte » de Cervantès.
Grand romancier lui-même, il avait désiré qu’a sa mort le jardin et sa demeure deviennent un refuge pour écrivains. Hélas, si la décoration avait été remarquable, la construction elle-même n’avait pas bénéficié de la même qualité et tout se dégrada très vite. Car, dans sa hâte à construire ce jardin parce qu’il était déjà âgé et malade, il n’avait pas eu la sagesse de choisir des matériaux de qualité. Ce merveilleux lieu de rencontre où se côtoyaient écrivains, cinéastes, artistes périclita très vite après sa mort car, après les dégâts occasionnés par la guerre, les héritiers ne firent pas l’effort de l’entretenir, et on ne pouvait que les blâmer de l’avoir laissé dans un tel état d’abandon
Bien des années plus tard, la municipalité avait saisi une occasion pour le racheter et ce fut un point positif car depuis, une restauration avait été entreprise mais s’avérait difficile du fait de la reconstitution des céramiques et faïences dans la tradition et telles qu’elles étaient à l’origine.
Vincente Blasco Ibañez, qui créa ce jardin dans les années 20, avait une passion pour les roses c’est pourquoi on en trouvait de toutes sortes sur les frises qui ornaient les grands bancs de pierre en arc de cercle autour de bassins de nénuphars ainsi que sur les colonnes des pergolas. On pouvait facilement imaginer les discussions animées autour des œuvres de l’écrivain qui avaient donné lieu à la réalisation de films comme « arènes sanglantes » et « les quatre cavaliers de l’apocalypse ».
« Le jardin des romanciers » dut son nom aux nombreuses statues d’écrivains célèbres, réalisées par un grand sculpteur Léopold Bernstamm ; elles habitent toujours les lieux et lorsqu’on passe près d’elles on croit entendre chuchoter les noms des plus grands ouvrages de la littérature.

Un jardin qui pouvait parler, entendre, et nous transporter dans le monde des livres et des arts, au gré des pas sous les tonnelles où couraient les roses et des pauses sur les bancs aux céramiques multicolores , décidément oui;
ce n’était pas un jardin ordinaire…

Nathafi
avatar 18/09/2011 @ 23:43:02
Fontana Rosa...

C'est original d'inclure les 10 mots dans un texte de ce type, c'est une approche à laquelle je n'avais pas pensé. Il faut bien sûr à la base bien connaître son sujet.

Bravo Pieronnelle, je te ferai part d'une autre liste prochainement si tu veux.

Nathafi
avatar 18/09/2011 @ 23:51:24
Joli récit en effet et exercice bien mené, pourtant ce n'est pas facile...




Il est vrai qu'il est difficile de trouver, entre les mots, un fil conducteur... Passer des chevrons au side-car me paraissait impossible...

Mais en jouant sur la longueur du texte, on y parvient.

Le concours établi lors de la semaine de la langue française et de la francophonie impose souvent 10 mots à caser en très peu de lignes, voire en un poème très court qui, sorti de son contexte, parait complètement absurde.

Je préfère, et de loin, cette façon-là.

Pieronnelle

avatar 19/09/2011 @ 11:14:32
C'est parce que ce jardin est à côté de chez moi et que j'aime aller le retrouver de temps en temps.... et c'est ce que je venais juste de faire!:-). J'ai donc écris à la suite...

C'est curieux ce que tu dis sur le fait de placer ces mots sur peu de lignes car en fait je les avais tous casés dans les 17 premières lignes et au dernier moment j'ai changé "ouvrages" par "oeuvres" pour justifier la longueur du texte en ramenant ouvrages à la fin...

Amusant comme exercice...
Merci Nathafi!

Spirit
avatar 19/09/2011 @ 19:43:22
Belle réussite Pieronnelle, je vais peut être m'y risquer si je trouve le temps de le prendre (le temps)...

Nathafi
avatar 19/09/2011 @ 21:31:52
Aurons-nous un adepte de plus... ?

Prends le temps, Spirit... Quand on veut,..................
De plus on attend tes écrits avec impatience

Alors, à bientôt

Spirit
avatar 20/09/2011 @ 14:18:21
...:)
...je préférerais que l'on me donne les dix mots....

Tistou 20/09/2011 @ 15:25:53
...:)
...je préférerais que l'on me donne les dix mots....

Viens le 23 au soir à notre exo. Ce ne seront pas 10 mots, mais 2 3 ou 4 et un contexte déterminé ... En plus c'est stimulant de savoir qu'on est plusieurs à plancher avec les mêmes outils en même temps.

Pieronnelle

avatar 20/09/2011 @ 16:38:06
Je confirme, c'est même excitant!

Patman
avatar 20/09/2011 @ 17:45:32
Je confirme, c'est même excitant!


http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…
Les vieilles recettes refont surface ????

Nathafi
avatar 20/09/2011 @ 18:04:46


Les vieilles recettes refont surface ????



Oui je connaissais ça, j'y ai d'ailleurs participé, mais l'exercice proposé ici permet d'écrire beaucoup plus longuement. "Dis moi dix mots" imposait un texte court.

C'est dans une formation d'écrivain public que j'ai trouvé cet exercice, tout simplement, et je trouve que c'est un bon entraînement.

Pieronnelle

avatar 20/09/2011 @ 19:34:36
Personnellement je trouve que des textes courts sont plus appropriés pour ce genre d'exercice car ça nécessite un effort de synthèse, permet au lecteur de se repérer plus vite pour retrouver les mots et surtout donne des textes souvent amusants. Mais bien sûr on peut faire ce qu'on veut..:-))

Spirit
avatar 20/09/2011 @ 20:44:17
Les mots: Oiseau, mystère, partager, bleu, train, modestie, jolie, reflet, feuille.



Il prit le "train bleu" au départ de la ligne, c'était un train qu'il affectionnait tout particulièrement pour le mystère qui l'entourait. Son compartiment était le dernier du wagon, il s’assied à sa place après avoir vérifié l'emplacement sur la feuille de réservation estampillé du logo de la compagnie: un oiseau multicolore, c'était bien la bonne.
Peu de temps après le départ la porte s’ouvrit, il devrait partager le compartiment avec une autre personne. Un peu dérangé par le fait il ne leva la tête que pour apercevoir dans la vitre le reflet du perturbateur, il s'agissait d'une jolie jeune femme qui prit la peine de le saluer malgré son air renfrogné.
Soudain dans de tout autres disposition que l'instant précèdent il plaqua un large sourire sur sa face et se dit en lui même et sans aucunes modestie, que ce voyage allait être encore plus agréable qu'il ne l'imaginait...

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